Quelques heures après les frappes françaises, américaines et britanniques contre le programme chimique syrien, une forte explosion a été signalée dans la région d’Alep, précisément au mont Azzan, près d’un site militaire abritant des forces iraniennes et la milice chiite afghane Liwaa Fartimiyoun.
D’après certaines sources, un dépôt d’armes aurait été visé par un raid aérien, attribué à l’aviation israélienne. Mais, faute de détails et surtout de confirmation, il est difficile d’en dire plus.
D’autant plus que, ce 17 avril, Damas a affirmé que sa défense aérienne avait « intercepté » des missiles « entrés dans l’espace aérien au-dessus de la province de Hom » (et l’Observatoire syrien des droits de l’Homme a même parlé de « fortes explosions » près de la base d’al-Shayrat) avant de rétracter plus tard, en parlant d’une « fausse alerte ».
En revanche, il est quasiment acquis que le raid ayant visé la base syrienne de Tiyas (ou T4), le 9 avril dernier, a été effectué par des chasseurs-bombardiers israéliens. Un responsable de Tsahal l’a confirmé dans les colonnes du New York Times et, fait inhabituel, la Russie a rapidement pointé la responsabilité d’Israël.
Peu après ce raid, le président russe, Vladimir Poutine, a demandé au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, de « s’abstenir de toute action qui déstabiliserait encore plus la situation » en Syrie. Pour rappel, la Russie a déployé des systèmes de défense aérienne S-400, ayant une portée, affirme leur notice, de 400 km.
Une demande inacceptable pour l’État hébreu, pour qui le territoire syrien ne doit pas servir à l’Iran ainsi qu’à ses milices de base avancée. « Nous ne permettrons pas d’ancrage iranien en Syrie quel que soit le prix à payer, nous n’avons pas d’autre option. […] Autoriser cet ancrage en Syrie serait accepter que l’Iran nous étrangle », a ainsi rappelé, la semaine passée, Avigdor Lieberman, le ministre israélien de la Défense.
D’ailleurs, dans une vidéo diffusée le 16 avril par le site d’information Walla, M. Lieberman a répondu à Moscou. « Nous allons garder une liberté d’action totale, nous n’accepterons aucune limitation pour ce qui est de la défense de nos intérêts de sécurité », a-t-il dit. Toutefois, a-t-il continué, « nous ne voulons pas provoquer les Russes, nous avons une ligne de dialogue ouverte au niveau d’officiers supérieurs. »
Sur ce point, le ministre fait référence à un accord trouvé entre les états-majors russe et israélien en octobre 2015. À l’époque, il avait été convenu d’un « partage mutuel d’informations sur les opérations » de chaque force aérienne en Syrie. Théoriquement, les forces russes sont donc au courant des raids menés par Tsahal contre les Iraniens et le Hezbollah.
« Les Russes nous comprennent et le fait est que depuis des années nous avons réussi à éviter des frictions (militaires) avec eux », a souligné M. Lieberman. Et d’avertir, à nouveau : « Nous ne tolérerons pas de force militaire iranienne significative en Syrie sous forme de ports et d’aéroports militaires ou de déploiement d’armements sophistiqués. »
Photo : F-35 « Adir » (c) Lockheed-Martin