Le 12 mai prochain, l’on saura si le président Trump décide de faire des confettis avec l’accord sur le programme nucléaire iranien, conclu le 14 juillet 2015 à Vienne entre le groupe dit 5+1 (les membres permanent du Conseil de sécurité et l’Allemagne) et l’Iran.
Pour le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, ce serait une bonne nouvelle, étant donné qu’il a toujours été hostile à ce texte. En revanche, les responsables de Tsahal sont plus mesurés, à commencer par son chef d’état-major, le général Gadi Eiseinkot. Pour lui, en effet, l’accord de Vienne, « fonctionne avec tous ses défauts » et il « retarde de 10 à 15 ans la concrétisation des ambitions nucléaires » de l’Iran. Et sa remise en cause impliquerait de « repenser notre gestion du risque stratégique », a-t-il dit.
Pour la Russie, il n’est pas question de changer une virgule de cet accord. « Nous sommes pour qu’il soit préservé dans son état actuel. Nous estimons que pour l’heure, il est sans alternative », ainsi récemment déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin. Quant à la France, elle souhaite conserver ce texte, quitte à le remanier pour l’étendre aux activités iraniennes dans le domaine des missiles balistiques. Ce que Téhéran refuse.
L’Iran « construira autant de missiles et d’armes nécessaires pour sa défense », a ainsi lancé le président iranien, Hassan Rohani lors d’une allocution télévisée, le 6 mai. Et « si les États-Unis quittent l’accord nucléaire, […] ils le regretteront comme jamais dans l’Histoire », a-t-il prévenu, sans plus de précision.
Peut-être que le 12 mai, soit le jour où M. Trump annoncera sa décision sur l’accord de Vienne, l’Iran mettra à exécution ses menaces de représailles contre Israël, après les frappes de Tsahal ayant récemment visé des sites militaires iraniens en Syrie.
« L’agression de l’entité sioniste (Israël) contre nos conseillers en Syrie nous garantit le droit de répliquer », a en effet déclaré, le 1er mai déclaré Allaeddine Boroujerdi, le président de la commission parlementaire iranienne des Affaires étrangères, lors d’une visite à Damas. « Nous répliquerons (contre Israël) en temps et lieu », a-t-il assuré, avant de préciser que la présence militaire iranienne en Syrie intervenait « à la demande du gouvernement syrien ».
En tout cas, le 7 mai au soir, l’état-major israélien a affirmé avoir détecté des « préparations » iraniennes en vue d’un lancement de missiles depuis la Syrie. Et cela, sous la supervision du général Qasem Soleimani, le commandant des unités al-Qods, c’est à dire les forces spéciales des Gardiens de la Révolution.
Des milices chiites inféodées à Téhéran seraient chargées de procéder aux tirs, de telle sorte que l’Iran pourra décliner toute responsabilité, a expliqué l’armée israélienne. « L’idée est d’utiliser des missiles iraniens lourds, notamment le Fateh-110 – sous le commandement et avec les conseils du Hezbollah – mais hors de la présence des Gardiens de la Révolution », a précisé la 2e chaîne israélienne.
C’est dans ce contexte que le ministre de l’Infrastructure nationale, de l’Energie et des ressources en eau, Yuval Steinitz, par ailleurs membre du cabinet de sécurité israélien, a tenu des propos sentant la poudre. « Si Assad continue de laisser les Iraniens opérer à partir du sol syrien, il doit savoir qu’il signe son propre arrêt de mort et que ce sera sa fin. Nous allons renverser son régime », a-t-il averti. Et d’insister : « Assad ne peut pas rester assis calmement dans son palais et réhabiliter son régime tout en laissant la Syrie devenir une base d’attaques contre l’Etat d’Israël. C’est très clair. »
Toutefois, M. Steinitz a ensuite publié un communiqué afin de préciser qu’il s’était exprimé « à titre personnel ».
Reste que la question de l’implantation militaire iranienne en Syrie sera au menu de l’entretien que doit avoir Benjamin Netanyahu avec Vladimir Poutine, le chef du Kremlin.
« Mes entretiens avec le président russe sont toujours importants pour l’armée israélienne et le pays mais cette rencontre, cette semaine, est tout particulièrement importante au vu des tentatives de l’Iran de s’établir en Syrie », a affirmé le Premier ministre israélien, le 6 mai
« Les Gardiens de la Révolution islamique transfèrent depuis déjà plusieurs mois des armes sophistiquées en Syrie afin d’attaquer Israël. Il s’agit de drones militaires, de missiles sol-sol, ainsi que des missiles anti-aériens » a expliqué M. Netanyahou, pour qui l’État hébreu est « déterminé à faire face à toute agression. »
« Nous ne voulons pas d’escalade, mais nous sommes préparés à tous les scénarios. Nous ne voulons pas la confrontation mais s’il doit y avoir une, il vaudrait mieux qu’elle survienne maintenant plutôt que plus tard » a fait valoir le chef du gouvernement israélien.