Le programme d’avion russe de 5e génération Su-57 est dans une situation délicate. L’Inde, qui y était associée dans le cadre de son projet FGFA [Fifth Generation Fighter Aircraft] a décidé de suspendre sa participation et les contraintes budgétaires en Russie font que cet appareil ne devrait pas être produit à grande échelle. C’est d’ailleur ce qu’a avancé Youri Borisov, le vice-ministre russe de la Défense, dans un entretien télévisé donné le 2 juillet.
Cet avion « s’est avéré être très bon, y compris en Syrie [2 exemplaires y ont été brièvement déployés, ndlr] où il a confirmé ses performances et ses capacités de combat », a affirmé M. Borisov. « Vous savez qu’aujourd’hui le Su-57 est considéré comme l’un des meilleurs avions produits dans le monde. Par conséquent, il n’est pas logique d’accélérer le travail de production de masse de cet appareil de cinquième génération », a-t-il ajouté.
En clair, et si l’on s’en tient à ce type de propos, le Su-57 ne constituera pas l’épine dorsale des forces aérospatiales russes. Du moins pour le moment. Et il devrait en être de même pour le char de combat T-14 Armata, lequel fait l’objet d’une communication soutenue dans les médias russes depuis sa présentation officielle, le 9 mai 2015.
Comme le Su-57, le T-14 Armata a subi des tests opérationnels concluants, selon Moscou. Toutefois, sa production en série a été renvoyée à des jours meilleurs. C’est en effet ce qu’a annoncé le même Youri Borissov au service d’information RIA Novosti.
« Eh bien, pourquoi submerger l’armée avec des T-14 Armata alors que les T-72 restent très demandés et qu’ils sont supérieurs aux Abrams, au Leclerc et aux Leopard tant sur le prix, l’efficacité et la qualité? [ndlr, sur ces deux derniers points, cela reste à prouver…] », a demandé M. Borissov. « Nous n’avons pas vraiment besoin d’achter de nouveaux chars. Ces modèles sont très chers par rapport à ceux qui existent déjà », a-t-il insisté.
Le responsable russe ne fait que confirmer ce dont on pouvait se douter. Ainsi, en septembre 2017, Uralvagonzavod (UVZ) avait levé le voile sur une nouvelle version du char T-90, dotée d’un canon lisse 2A46M-4 de 125 mm et de technologies issues du programme Armata, en particulier au niveau du blindage. Et il fut annoncé que ces chars modernisés allaient commencer à être livrés à l’armée russe à partir de 2018.
En outre, les unités blindées russes ont reçu – ou sont en train de recevoir – des chars T-72 et T-80 remis au goût du jour. Si le T-14, dont il fut dit que 2.300 exemplaires allaient être mis en service d’ici 2020, devait être le char principal des forces russes, alors pourquoi dépenser de l’argent pour moderniser des plateformes plus anciennes?
Le T-14 Armata « est encore en phase de test alors que la situation géopolitique actuelle exige une réponse rapide à la ‘menace’ de l’Otan. Or, l’achat de T-72 modernisés résout ce problème », a expliqué, à l’agence Bloomberg, Igor Korotchenko, le directeur du Centre d’analyse du commerce mondial des armes basé à Moscou.
Pour rappel, le T-14, commandé à seulement 100 exemplaires (pour le moment), se veut être un concentré d’innovations technologiques. D’une massé de 57 tonnes en configuration de combat, il dispose d’une tourelle automatisée (donc inhabitée) ainsi que du système de protection active Afganit et de différents capteurs. Son équipage (3 soldats) prend place dans une capsule blindée à couches multiples séparée des munitions.