« Nous pensons que les armes nucléaires appartiennent au passé et à la génération d’avant… Nous ne voyons aucun besoin pour ce type d’armes », avait assuré Mahmoud Ahmadinejad, l’ex-président iranien, en septembre 2009. Une position réaffirmée par son successeur, Hassan Rohani, trois ans plus tard. « L’Iran n’a jamais cherché et ne cherchera jamais à fabriquer l’arme atomique », avait-il dit, avant d’aller plus loin. « Les armes nucléaires et autres armes de destruction massive n’ont pas leur place dans la sécurité iranienne. la doctrine de la défense, et contredisent nos convictions religieuses et morales fondamentales », insitera-t-il plus tard.
Pourtant, ces propos furent régulièrement mis en doute par les faits, comme le fit l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dans un rapport publié en novembre 2011. « L’Iran a mené des activités visant à développer un engin explosif nucléaire » avait-elle alors avancé. Et de préciser : « Avant 2003, ces activités se sont déroulées dans le cadre d’un programme structuré » mené par une entité clandestine appelée AMAD et « certains d’entre-elles pourraient être toujours en cours ».
Plusieurs éléments pouvaient alors faire douter de la sincérité des déclarations iraniennes. Le site de Fordo, dont l’existence a été reconnue par Téhéran après avoir été mis devant le fait accompli en 2009, en est un exemple. Enfoui sous une montagne et protégé par des moyens importants, il abritait plus de 2.000 centrifugeuses servant à enrichir l’uranium jusqu’à l’accord de Vienne de 2015, relatif au programme nucléaire iranien.
L’on pourrait aussi citer le cas du site de Parchin, vraisemblement utilisé pour des expériences de détonique et dont l’accès fut longtemps interdit aux inspecteurs de l’AIEA. Finalement, ces derniers obtinrent des échantillons prélevés sur cette emprise militaire par les autorités iraniennes.
Alors que le président américain, Donald Trump, annoncera, le 12 mai, sa décision de faire ou non des confettis avec l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a produit les « preuves » de la duplicité de Téhéran.
« Après avoir signé l’accord nucléaire en 2015, l’Iran a intensifié ses efforts pour cacher ses dossiers nucléaires secrets. En 2017, l’Iran a déplacé ses fichiers d’armes nucléaires dans un endroit hautement secret à Téhéran. C’est le district de Shorabad dans le sud de Téhéran. C’est là qu’ils ont gardé les archives atomiques. Peu d’Iraniens savaient où c’était, très peu, et aussi quelques Israéliens », a commencé par dire, non sans malice, M. Netanahyu.
Et ces « quelques Iraéliens » au courant de l’existence de ce lieu ont donc mis la main sur 100.000 documents contenus dans des classeurs ou stockés sur des CD lors d’une « grande opération de renseignement. »
Ainsi, M. Netanyahu a assuré, document à l’appui, que l’Iran a cherché à « concevoir, produire et tester cinq ogives, chacune avec un rendement TNT de dix kilotonnes pour l’intégration sur un missile », en l’occurrence un Shahab 3. « Ces fichiers prouvent de façon concluante que l’Iran ment effrontément quand il dit qu’il n’a jamais eu de programme d’armement nucléaire. Les fichiers le prouvent », a encore insisté le Premier ministre israélien.
Cela étant, que l’Iran ait menti sur la nature de ses activités nucléaire est une chose. Mais qu’en est-il après l’accord de Vienne, que le président Macron, par exemple, voudrait amender pour y inclure un contrôle du programme iranien de missiles balistiques?
Sur ce point, M. Netanyahu n’a pas apporté de faits concrets prouvant que Téhéran ne respecte pas ses engagements dans le domaine du nucléaire, si ce n’est qu’il a indiqué que le chef du projet AMAD, le Dr Mohsen Fakhrizadeh, est désormais à la tête du agence appelée SPND, dont tous les membres auraient par le passé travaillé sur le développement d’une arme nucléaire. « Ces archives, a-t-il dit, « montrent donc clairement que l’Iran prévoyait, au plus haut niveau, de continuer à travailler sur les armes nucléaires sous différentes formes et en utilisant le même personnel. »
Aussi, pour le Premier ministre israélien, l’accord de 2015 repose « sur les mensonges iraniens » et l’Iran manque à ses obligations en ne disant pas la vérité ur ses activités passées. « Même après l’accord (de 2015), l’Iran a conservé et continué à développer son savoir-faire nucléaire militaire pour un usage ultérieur », a-t-il assuré. Pour résumer la pensée de M. Netanyahu, si Téhéran a menti par le passé, pourquoi en irait-il autrement depuis trois ans?
À Téhéran, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, qui affirmait naguère que « les armes nucléaires » étaient « à la fois irrationnelles et immorales », a balayé les preuves présentées par M. Netanyahu. « Comme c’est pratique. Timing parfait: le garçon qui crie au loup fait des pseudo-révélations sur la base de renseignements à quelque jours de la date du 12 mai », a-t-il réagi, via Twitter.
« On avait connaissance de ce matériel depuis un certain temps et on en a bien entendu discuté hier lorsque nous étions ensemble » avec M. Netanyahu, a commenté, plus tard, Mike Pompeo, le secrétaire d’État américain. « Il y a des milliers de nouveaux documents et de nouvelles informations » et « nous sommes encore en train de les analyser », a-t-il aussi dit. « Je sais qu’il y a des gens qui disent que ces documents ne sont pas authentiques. Je peux vous confirmer, pour vous, que ces documents sont réels, qu’ils sont authentiques », a-t-il encore fait valoir.
« Dans 7 ans, cet accord [de Vienne] aura expiré et l’Iran pourra développer des armes nucléaires », a réagi le président Trump. « Ce n’est pas acceptable, sept ans c’est demain », a-t-il insisté. « C’est un accord qui n’a pas été approuvé par beaucoup de monde et c’est un accord horrible pour les États-Unis », a-t-il martelé.
Plus tard, via un communiqué, le locataire de la Maison Blanche a souligné que les faits rapportés par M. Netanyahu « sont en accord avec ce que les États-Unis savent depuis longtemps » à savoir que « l’Iran a un solide programme d’armes nucléaires clandestin qu’il a essayé, en vain, de cacher au monde et à son propre peuple. » Des propos qui ont l’air d’annoncer l’oraison funèbre de l’accord de Vienne.