Le 30 avril, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a présenté une masse de documents censés démontrer que les dirigeants iraniens avaient menti quand qu’ils affirmaient que l’Iran ne cherchait pas à mettre au point une arme nucléaire.
Au total, 55.000 pages de documents et 55.000 fichiers stockés sur 183 CD-ROM ont ainsi été dérobés à Téhéran par le Mossad, le service de renseignement extérieur israélien. D’après M. Netanyahu, une telle masse d’informations sensibles représenteraient 500 kg. Aussi, ce qu’ont réalisé les agents israéliens est un tour de force.
Le Premier ministre israélien n’a livré que très peu de détails sur la façon dont ces documents sont arrivés jusqu’à lui. En effet, il a seulement indiqué qu’ils se trouvaient dans un entrepôt situé dans le district de Shorabad, au sud de Téhéran. Mais comme c’est le cas généralement après un gros coup, les précisions sont dévoilées au compte-goutte par des responsables sans doute un peu trop bavards.
Ainsi, l’un d’eux a confié au New York Times que l’entrepôt où étaient stockés les documents avait été repéré par le Mossad en février 2016, soit après l’entrée en vigueur de l’accord de Vienne relatif au programme nucléaire iranien. Et c’est à partir de cette époque qu’il a commencé à le surveiller de près. Ce qu’a confirmé une autre source auprès de la chaîne de télévision israélienne Channel 10.
« Les Iraniens ont secrétement transféré des dizaines de milliers de documents provenant de plusieurs sites nucléaires vers un entrepôt civil d’apparence innocente, dans une zone industrielle de Téhéran. Seul un très petit group de hauts responsables iraniens était au courant de ce mouvement, qui visait à empêcher les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique de mettre la main dessus », a expliqué la chaîne israélienne.
Dès la découverte de cet entrepôt, le Mossad a cherché à élaborer une opération pour récupérer les documents qu’il recelait. « Plus de 100 personnes ont participé à la planification et à l’éxécution de l’opération », précise Channel 10.
Finalement, cette opération, planifiée pendant deux ans, a été menée en une nuit, en janvier dernier. « Nous n’avons pas pris toutes les archives parce que c’était trop lourd », a déclaré un haut responsable du renseignement israélien. Comment le Mossad s’est-il pris pour faire sortir 500 kg de documents, hors d’Iran pour les acheminer en Israël? Un mystère (ou un exploit) qui rappelle les exploits du « les exploits du « Service 7 » » du colonel Leroy-Finville, du temps du SDECE (l’ancêtre de la DGSE).
Quoi qu’il en soit, une équipe spéciale d’une cinquantaine d’analystes et d’experts a été mise sur pied pour étudier les archives récupérées. « Les documents en farsi sont très complexes et techniques. Ils sont toujours en cours d’analyse », a indiqué le haut responsable.
Cela étant, la communication autour de cette opération réussie a ses détracteurs. Comme Ram Ben-Barak, ancien chef-adjoint du Mossad, désormais engagé en politique. « Je ne vois pas de bonnes raison à agir ainsi », a-t-il dit. « Il est possible de supposer que les Iraniens sont en train de se casser la tête pour comprendre comment une telle opération a pu avoir lieu. Ils vont enquêter et à la fin, ils vont découvrir toutes sortes de choses », a-t-il ajouté.
Aussi, la question est de savoir si le jeu en valait la chandelle. Autrement dit, il y a-t-il des informations inédites par rapport aux déclarations faites par Téhéran au sujet de son programme nucléaire à l’AIEA? Pour le moment, rien, dans les éléments apportés par M. Netanyahu, ne montre que l’Iran est en faute depuis l’entrée en vigueur de l’accord de Vienne, du moins pour ce qui concerne ses activités nucléaires [il en va autrement pour son programme de missiles balistiques… Mais c’est une histoire d’interprétation du texte, ndlr].
En outre, l’AIEA a indiqué, le 1er mai, n’avoir « aucune indication crédible d’activités en Iran liées au développement d’un engin nucléaire après 2009 », tout en soulignant « évaluer toutes les informations pertinentes à sa disposition » concernant les activités nucléaires de l’Iran. »
Photo : capture d’écran