La France a-t-elle accepté de louer deux frégates multimissions (FREMM) à la Grèce à partir de l’été prochain et pour une durée de cinq ans, dans l’attente de l’achat de deux frégates de type intermédiaire (FTI ou Belh@ra)?
En tout cas, c’est ce qu’a affirmé, le 20 avril, le quotidien grec Kathimerini, qui y a vu un « message de soutien ferme » de la France à la Grèce, sur fond de tensions avec la Turquie. Plus tard, le ministre-adjoint grec de la Défense, Fotis Kouvelis, a confirmé l’information donnée par le journal lors d’un entretien donné à la radio Skaï.
« La France nous a donné deux frégates en ‘leasing' », a en effet affirmé M. Kouvelis, précisant qu’un accord avait été récemment « finalisé » lors d’un échange téléphonique entre le président Macron et le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, et que les deux FREMM seraient livrées en juillet ou août. Et d’ajouter que d’autres discussions sont en cours pour l’achat de « deux autres frégates » dont le type n’a pas été précisé.
Seulement, une telle annonce est suprenante à plus d’un titre. La Marine nationale dispose, à ce jour, de quatre FREMM (« Aquitaine », « Languedoc », « Provence », « Auvergne ») et une cinquième, la « Bretagne », doit bientôt être admise en service.
Et comme il n’est plus question de prolonger des navires d’ancienne génération à bout de souffle, l’on voit mal comment Paris aurait pu donner un tel accord à Athènes alors que le format retenu pour la force d’action navale est de 15 frégates dites de premier rang. Qui est plus, des navires de cette classe constituant l’épine dorsale d’une marine, on n’en a jamais assez (l’amiral Christophe Prazuck, le chef d’état-major de la Marine nationale, en voudrait 18).
Par ailleurs, Athènes avait effectivement envisagé l’acquisition d’au moins deux FREMM avant la crise financière de 2008 et celle de l’euro. Seulement, ce projet avait tourné cours et les discussions furent rompues. En 2013, il fut question à nouveau d’une location de deux FREMM mais cette idée resta lettre morte.
D’après Mer&Marine, des négociations entre Paris et Athène ont cependant repris en février dernier. Mais il n’est plus question désormais pour la France de vendre à la Grèce des FREMM mais des frégates Belharra (version export de la FTI) ou des corvettes de la gamme Gowind, ces bâtiments semblant plus adaptés aux ressources de la marine grecque.
Aussi, la ministre française des Armées, Florence Parly, a démenti les affirmations grecques. « Cette nouvelle […] n’est pas d’actualité, même si bien sûr nous sommes à la disposition de nos amis grecs pour continuer à travailler de manière encore plus étroite », a-t-elle réagi, en marge d’une visite à la base navale de Toulon, où elle a salué les équipages ayant participé à l’opération Hamilton.
Toutefois, malgré ce démenti, une source du ministère grec de la Défense, sollicitée par l’AFP, a maintenu les déclarations de M. Kouvelis, tout en faisant part de sa « surprise » après les propos de Mme Parly.
Cette source a d’ailleurs donné des précisions au sujet de cet accord. Ainsi, il serait bien question d’un achat en leasing de deux FREMM et d’une acquisition de deux FTI à l’horizone de « trois ou quatre ans ». En outre, a-t-elle ajouté, le Premier ministre grec aurait lui-même autorisé son ministre-adjoint de la Défense à évoquer cet accord publiquement. Bref, dans cette histoire, on pédale dans le straggisto (le yaourt grec).