de type 70 est urgent
Initialement, le programme « Horizon », lancé en coopération avec le Royaume-Uni (qui s’en retira en 1999 pour développer ses destroyers de type 45) et l’Italie, prévoyait de doter la Marine nationale de quatre frégates de défense aérienne (FDA). Deux, seulement, furent construites pour la France, à savoir le « Forbin » et le « Chevalier Paul », dont la mise en service fut prononcé au tournant des années 2010.
La décision de réduire la commande de frégates Horizon avait été annoncée en 2005 par l’amiral Alain Oudot de Dainville, alors chef d’état-major de la Marine nationale (CEMM). Le coût de ces navires fut alors mis en avant pour justifier cette mesure.
Seulement, les deux bâtiments annulés devaient remplacer les deux frégates anti-aérienne de type 70, c’est à dire le Jean Bart et le Cassard, à partir de 2012. Aussi, l’une des pistes évoquées à l’époque consistait à doter deux frégates multimissions (FREMM) de capacités de défense aérienne (d’où la désignation de FREDA). Et c’est actuellement la solution envisagée.
En effet, les FREDA « Alsace » et « Lorraine » devraient ainsi être mise en service à partir de 2022, alors que, dans le même temps, l’objectif du programme FREMM a été revu à la baisse (8 exemplaires au lieu de 13, voire 17 si l’on remonte encore plus dans le temps).
Les frégates de type 70 auront-elles le temps d’attendre? La question se pose après les propos tenus par l’amiral Christophe Prazuck, l’actuel CEMM, lors de son dernier passage devant les sénateurs de la commission des Affaires étrangères et des Forces armées.
« Nous avons des difficultés avec les unités les plus anciennes. La priorité serait de les changer, mais s’il est relativement facile de changer un patrouilleur car beaucoup de chantiers sont capables de construire ce bateau assez simple en un ou deux ans, c’est plus compliqué pour une frégate de premier rang, dont la construction demande six ans, voire dix ans avec la conception », expliqué l’amiral Prazuck.
Et quand ce dernier évoque des « difficultés », c’est un euphémisme. Ainsi, récemment, la ligne d’arbes de la frégate « Cassard » s’est cassée en pleine mer, ce qui a affecté son système de propulsion. Quant au « Jean Bart », un incendie s’est déclaré dans sa salle des machines alors qu’il était en mission dans le golfe arabo-persique.
« L »équipage est parvenu à éteindre cet incendie puis à réparer les dommages causés quelques jours plus tard. Cette frégate est déployée aujourd’hui [jour de l’audition, ndlr] dans le golfe Arabo-Persique où elle participe notamment à l’escorte du porte-avions américain Nimitz », a en effet raconté l’amiral Prazuck. On n’est donc pas passé loin d’un drame… Et cela relativise le propos qui consiste à dire que les étalements de programme sont sans conséquence sur les opérations et la vie des militaires…
Le « Cassard » et le « Jean Bart », entrés en service à la fin des années 1980, sont « à bout de souffle » et « doivent être remplacés par de nouvelles frégates de défense aérienne à partir de 2022 », a rappelé l’amiral Prazuck. « Je dois donc prendre des mesures palliatives sur les bateaux les plus anciens pour qu’ils continuent à naviguer en sécurité pour les équipages », a-t-il ajouté.
Ces mesures visent à « surveiller et réparer les fissures dans les coques et les chaises de lignes d’arbres », ce qui devrait coûter « une centaine de millions d’euros dans le projet de Loi de programmation militaire », a expliqué le CEMM. « La priorité est d’accueillir des bateaux neufs, mais avec l’étalement des programmes, il faut bien adopter des mesures palliatives. Je n’ai aujourd’hui que quatre frégates de défense aérienne et si j’enlève celles de l’ancienne génération, il ne m’en reste plus que deux », a-t-il déploré.
Photo : Marine nationale