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Alors que l’industrie française de l’armement attend plusieurs commandes, le prince héritier (et ministre de la Défense) saoudien, Mohammed ben Salman n’a signé aucun contrat lors de sa visite à Paris, cette semaine. Ce sera pour plus tard, vraisemblablement lors du déplacement du président Macron à Riyad, en fin d’année.
Même si le gouvernement a opposé une fin de non-recevoir à la campagne médiatique lancée par plusieurs ONG pour exiger la suspension des ventes d’armes françaises à l’Arabie Saoudite, en raison de l’implication du royaume au Yémen, le climat n’était sans doute pas propice.
Cela étant, interpellé sur ce sujet, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Grivaux, a fait une mise au point, le 9 avril, lors de l’émission « l’Epreuve de vérité » [Public Sénat / Radio Classique /AFP]. « Ça ne veut pas dire qu’on ferme les yeux mais […] pour restaurer l’influence de la France dans certaines zones du monde, et bien c’est un élément important de notre diplomatie. Notre industrie a aussi besoin de trouver des débouchés sur ces marchés », a-t-il dit.
« Tout dépend à qui vous vendez des armes, la façon dont elles peuvent être utilisées par la suite. En l’occurrence là, il y a un intérêt clair pour l’industrie française à pouvoir procéder à ces échanges de nature commerciale avec l’Arabie Saoudite », a encore expliqué M. Grivaux. Et d’ajouter : « C’est là un partenaire commercial important pour la France, il y a une industrie en France importante avec des milliers d’emplois à la clé sur cette industrie particulière qu’est l’industrie de l’armement. »
Alors que CMN (patrouilleurs), Naval Group (corvettes Gowind), Thales (radars GM200 et GM400), Nexter (blindés Titus, canons de 105 mm), ou encore Airbus (A330MRTT supplémentaires, voire A400M) espèrent voir des commandes se concrétiser, d’autres pays n’hésitent pas avancer leurs pions sur l’échiquier du marché saoudien. Tel est le cas de la Chine, des États-Unis, qui ont encore récemment autorisé la vente d’obusiers pour 1,31 milliards de dollars, du Royaume-Uni (48 avions Eurofighter de plus) ou de l’Espagne, où le prince Salman s’est rendu après sa visite à Paris.
Là aussi, les ONG ont tenté de mettre la pression sur le gouvernement espagnol. Mais cela ne l’a pas empêché de signer un protocole d’accord sur la vente, à la marine saoudienne, de cinq corvettes Avante 2200, conçues par Navantia.
Ce contrat, d’un montant de 1,8 milliard d’euros, doit être signé dans les « prochaines semaines » entre le constructeur naval espagnol et la Saudi Arabian Military Industries (SAMI). En outre, il est aussi question de construitre, à Djeddah, des infrastructures pour accueillir ces 5 corvettes, qui seront construites dans la baie de Cadix, à San Fernando, et de former les futurs équipages saoudiens (600 marins).
D’une longueur de 99 mètres pour un déplacement de 2.500 tonnes, les corvettes Avante 2200 sont armées par des missiles de défense aérienne (8 cellules de lancement), de missiles anti-navires, d’un canon de 76 mm, d’un autre de 30 mm, de torpilles et de 4 mitrailleuses de 12,7 mm. Elles peuvent également mettre en oeuvre un hélicoptère.