En dépit des critiques d’ONG sur le soutien apporté par les Occidentaux à la coalition arabe active au Yémen contre les rebelles Houthis (appuyés par l’Iran), la France et l’Arabie entendent maintenir leur bonne relation, en particulier dans le domaine de la défense.
Mais Paris entretient également des relations avec Doha, actuellement en froid avec Riyad. Et cela se traduit par la vente d’avions Rafale ou encore une déclaration d’intention pour l’acquisition de Véhicules blindés de combat d’infanterie (VBCI).
En raison de cette position particulière, l’Arabie Saoudite aurait d’ailleurs demandé à la France d’user de son influence auprès du Qatar pour convaincre ce dernier de renoncer à se procurer de systèmes russes de défense aérienne S-400. Du moins, c’est ce qu’a affirmé le quotidien Le Monde qui cité un courrier envoyé par la couronne saoudienne à l’Élysée.
D’après le journal, le roi Salman se serait dit « profondément préoccupée » par un « risque s’escalade » si jamais le Qatar obtenait les systèmes russes, de nature, selon lui, à menacer la sécurité de l’espace aérien saoudien. Et de promettre, le cas échéant, une action militaire contre Doha.
Lors d’un déplacement en France, où il a notamment visité la base aérienne de Mont-de-Marsan, l’émir du Qatar, cheikh Tamim Bin Hamad Al Thani a calmé le jeu sur le dossier des S-400 russes. « Il n’y a pas d’accord, jusqu’à maintenant il n’y a rien », a-t-il dit.
Faut-il y voir l’empreinte de l’influence française? Pas si sûr… « Nous ne nous immisçons pas dans des dialogues à trois ou quatre », a en effet commenté le président Macron, pour qui le Qatar est un « partenaire fiable », en particulier dans la lutte antiterroriste. En outre, le chef de l’Élysée a réaffirmé que Paris allait « continuer à parler à toutes les parties et à appeler à la réconciliation » entre Doha et Riyad.
Dans le même temps, au cours d’un déplacement en Arabie Saoudite, la ministre française des armées, Florence Parly, a rencontré le prince héritier Mohammed ben Salmane, qui dirige également la politique de défense du royaume.
À cette occasion, un nouvel accord bilatéral a été signé par la France et l’Arabie Saoudite, le 8 juillet. L’agence saudienne officielle a évoqué un texte portant sur « la protection des données classées », dans donner plus de détails.
Le ministère des Armées s’est fait plus précis. Ainsi, cet accord « technique » concernerait « le statut juridique d’échanges d’informations, dans le domaine du renseignement notamment. » Par ailleurs, Mme Parly et le prince ben Salman ont également parlé de l’avenir de la coopération bilatérale, formalisée en 1982, ainsi que des « opportunités de développement. »
Selon le rapport annuel sur les exportations d’armement, le Koweït a été, en 2017 et en terme de prises de commandes, le premier client de la France, avec 1,1 milliard d’euros de contrats, suivi par le Qatar (1,08 milliard), les Émirats arabes unis (701 millions) et l’Arabie Saoudite (626 millions). Mais cette hiérarchie pourrait être bousculée si plusieurs contrats attendus de longue date sont signés lors du prochain déplacement de M. Macron à Riyad, à la fin de cette année.
« Tout dépend à qui vous vendez des armes, la façon dont elles peuvent être utilisées par la suite. En l’occurrence, là, il y a un intérêt clair pour l’industrie française à pouvoir procéder à ces échanges de nature commerciale avec l’Arabie Saoudite », avait expliqué, sur ce point, Benjamin Grivaux, le porte-parole du gouvernement, sur les ondes de Radio Classique, en avril.
« Ca ne veut pas dire qu’on ferme les yeux, mais, pour restaurer l’influence de la France dans certaines zones du monde, eh bien c’est un élément important de notre diplomatie. Notre industrie a aussi besoin de trouver des débouchés sur ces marchés », avait-il ajouté, avant de souligner que l’Arabie Saoudite était « un partenaire commercial important pour la France. »