Le 7 avril, les casques blancs, c’est à dire des secouristes présents dans les zones contrôlées par les rebelles syriens, ont accusé le régime de Damas d’avoir eu recours à des « gaz toxiques » lors de bombardements effectués à Douma, une ville de la Ghouta orientale tenue par le Jaish al-Islam.
Et d’avancer des bilans imprécis parlant de 40 à 70 tués. Puis, dans un communiqué publié conjointement par l’ONG SAMS (American Medical Society), ils ont évoqué « plus de 500 cas, en majorité des femmes et des enfants », qui présentent « symptômes d’une exposition à un agent chimique », avec des « difficultés respiratoires, de brûlures de la cornée ; une mousse excessive s’échappe de leur bouche et ils dégageaient une odeur semblable à celle du chlore. »
Peu après, la diplomatie américaine a réagi, via sa porte-parole, Heather Nauert. « Ces informations, si elles sont confirmées, sont terrifiantes et exigent une réponse immédiate de la communauté internationale », a-t-elle dit. « Le régime d’Assad et ses soutiens doivent être tenus responsables, et toute nouvelle attaque doit être empêchée immédiatement », a-t-elle poursuivi. Et d’accuser la Russie, qui, « avec son soutien sans faille au régime, porte la responsabilité finale de ces attaques brutales. »
Plus tard, le président Trump s’est fait plus incisif. « La zone des atrocités est confinée et encerclée par l’armée syrienne, la rendant totalement inaccessible au reste du monde. Le président Poutine, la Russie et l’Iran sont responsables pour leur soutien à l’Animal Assad. Il faudra payer le prix fort », a-t-il lancé.
Cela étant, la Russie a démenti « fermement » toute attaque chimique dans la Ghouta orientale. « Nous sommes prêts, une fois que Douma sera libérée, à envoyer immédiatement des spécialistes russes en défense nucléaire, chimique et biologique pour recueillir les données qui confirmeront que ces assertions sont montées de toutes pièces », a dit le le général Youri Evtouchenko, chef du Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie.
L’Iran, ferme soutien au régime syrien, a dénoncé une machination. « De telles allégations et accusations par les Américains et certains pays occidentaux sont le signe d’un nouveau complot contre le gouvernement et le peuple syriens, et un prétexte pour une action militaire, qui va certainement compliquer davantage la situation dans ce pays et la région », a affirmé le ministère iranien des Affaires étrangères.
Quant au régime syrien, il a dénoncé une « une rengaine ennuyeuse et pas convaincante, si ce n’est pour quelques pays qui (…) soutiennent le terrorisme en Syrie. »
Reste que, via son Service pour l’action extérieure (SEAE), l’Union européenne a estimé que « les indices pointent vers une nouvelle attaque chimique par le régime » [syrien]. « Nous appelons les alliés du régime, la Russie et l’Iran, à user de leur influence pour empêcher une nouvelle attaque », a-t-elle ajouté.
À Paris, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a déclaré que la France assumera « toutes ses responsabilités au titre de la lutte contre la prolifération chimique » et qu’elle « demande que le Conseil de sécurité des Nations unies se réunisse dans les meilleurs délais pour examiner la situation dans la Ghouta orientale. »
Pour rappel, une attaque chimique était une « ligne rouge » fixée par le président Macron. « Nous frapperons l’endroit d’où ces envois sont faits ou là où ils sont organisés », avait encore dit ce dernier, en février.
Aussi, dans lors d’un entretien téléphonique, les présidents Macron et Trump ont convenu, à nouveau, d’apporter une « réponse forte et commune » à cette attaque chimique présumée, dont ils accusent le régime de Damas d’être le responsable. Selon un communiqué de l’Élysée, la France et les États-Unis prévoient de « coordonner leurs actions et leurs initiatives au sein du Conseil de sécurité des Nations unies », lequel tiendra une réunion ce 9 avril à New York.
Plus tôt, le conseiller à la sécurité intérieure du président Trump, Tom Bossert, a indiqué qu’une nouvelle opération militaire n’était pas exclue, après celle ayant visé, en avril 2017, la base d’al-Shayrat, en réponse à l’attaque chimique de Khan Cheikhoun.
« C’est une de ces questions sur lesquelles toutes les nations, tous les peuples sont d’accord et le sont depuis la Seconde guerre mondiale, c’est une pratique inacceptable », a dit M. Bossert, à l’antenne de la chaîne de télévision ABC, au sujet des attaques chimiques. « Je n’écarterais pas » l’action militaire, a-t-il ajouté.