Alors que la Russie disculpe par avance le régime syrien de toute nouvelle attaque chimique en affirmant que les rebelles de la province d’Idleb seraient sur le point d’en commettre une [la même ficelle a été utilisée peu avant celle, au chlore, de Douma, ndlr], l’Allemagne s’interroge.
En effet, d’après le quotidien Bild, Berlin envisagerait de participer à une éventuelle opération militaire aux côtés de la France, des États-Unis et du Royaume-Uni si jamais le gouvernement syrien lançait une nouvelle attaque chimique lors de l’offensive annoncée contre les groupes rebelles dont la coalition jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS), qui contrôle 60% de la province d’Idleb.
Cette information a été confirmée, plus tard, par Steffen Seibert, le porte-parole du gouvernement allemand. « L’Allemagne est en discussion avec ses alliés sur une possible intervention militaire en Syrie si les forces pro-gouvernementales venaient à utiliser des armes chimiques dans la province d’Idleb », a-t-il en effet déclaré, rapporte l’agence Reuters.
« Nous sommes en discussion avec nos partenaires américains et européens sur ce sujet. Nous n’en sommes pas au point où une décision a été prise », a encore ajouté M. Seibert.
D’après Bild, la participation de chasseurs-bombardiers Panavia Tornado pour des missions de renseignements, voire des frappes (ce qui serait une première depuis la fin des années 1990 et les opérations au Kosovo), serait ainsi envisagée.
Cela étant, il n’y a que très peu de chance de voir l’aviation allemande se joindre à une action militaire si le cas d’une attaque chimique en Syrie devait à nouveau se présenter. Et d’ailleurs, l’on peut s’interroger sur les raisons qui poussent Berlin à évoquer sa participation à une telle opération…
En effet, les sociaux-démocrates du SPD, parti membre de la coalition gouvernementale emmenée par la chancelière Angela Merkel, du parti chrétien-démocrate (CDU/CSU), ont vite mis le holà.
Leur chef de file, Mme Andrea Nahles a d’ores et déjà prévenu que le SPD « n’acceptera pas, que ce soit au Parlement ou au gouvernement, la participation de l’Allemagne à la guerre en Syrie. » Et d’ajouter : « Nous soutenons le ministre des Affaires étrangères [le social-démocrate Heiko Maas, ndlr] dans ses efforts visant à éviter une crise humanitaire via des discussions avec la Turquie et la Russie. »
En attendant, les États-Unis et la France ont plusieurs fois mis en garde Damas contre un autre recours aux armes chimiques. Le chef d’état-major des armées [CEMA], le général François Lecointre, a ainsi rappelé, la semaine passée, que les forces françaises étaient « prêtes » à frapper de nouveau le régime syrien, comme elles le firent en avril dernier, dans le cadre de l’opération Hamilton.
Cela étant, comme la province d’Idleb est devenue un « abcès de fixation » des organisations jihadistes par l’action délibérée des forces syriennes et russes, le CEMA estime aussi souhaitable que « cette poche soit résorbée » afin d’éviter qu’elle ne devienne une « une base » pour la planification d’attentats « en Europe et en France en particulier. »
Le 8 septembre, le chef d’état-major interarmées américain, le général Joseph Dunford, a indiqué qu’il préparait des « options militaires » pour la Maison Blanche si Damas franchissait encore une fois la « ligne rouge » que constitue l’usage d’armes chimiques.
« Nous sommes dans un dialogue de routine avec le président pour nous assurer qu’il sait où nous en sommes en ce qui concerne la planification au cas où des armes chimiques seraient utilisées », a expliqué le général Dunford.