Votée à l’unanimité, le 24 février, par le Conseil de sécurité des Nations unies, la résolution 2401 réclamant une trêve « sans délai » d’un mois pour permettre la livraison de l’aide humanitaire dont ont besoin les civils pris dans les affrontement en Syrie risque d’être sans effet. Les combats continuent en effet dans la Ghouta orientale et la Turquie n’a visiblement pas l’intention de stopper l’offensive qu’elle a lancée contre les milices kurdes syriennes (YPG) dans le canton d’Afrin.
Cette opération turque (appelée « Rameau d’olivier ») plonge les chancelleries occidentales dans l’embarras : les milices kurdes syriennes ont joué un rôle déterminant contre l’État islamique (EI ou Daesh) mais elles sont considérées comme étant « terroristes » par Ankara, en raison de leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan, à l’origine d’une guérilla meurtrière en Turquie.
Lors d’un entretien téléphonique, ce 26 février, le président Macron a rappelé à son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, que cette trêve humanitaire prévue par cette résolution 2401 « s’appliquait à l’ensemble du territoire syrien, y compris à Afrin ».
« Cette trêve doit être mise en oeuvre partout et par tous sans délai pour enrayer l’engrenage de la violence en cours susceptible de mener à une déflagration régionale et d’éloigner toute perspective de règlement politique », a fait valoir l’Élysée.
Qui plus est, toujours lors de sa conversation avec le président turc, M. Macron a mis en avant « l’impératif absolu que la cessation des hostilités (…) soit immédiatement et pleinement respectée afin de mettre un terme aux bombardements indiscriminés et de permettre de toute urgence, dans les prochaines heures et les prochains jours, l’acheminement de l’aide humanitaire et l’évacuation des blessés et malades. »
Quoi qu’il en soit, le rappel du président français n’a nullement empêché Ankara de déployer, à Afrin, des unités spéciales appartenant à ses forces intérieures (police et gendarmerie).
« Le déploiement des forces spéciales se fait dans le cadre de préparatifs pour la nouvelle bataille qui approche », a déclaré Bekir Bozdag, le porte-parole du gouvernement turc. « Pour l’instant, les combats se concentrent surtout dans des villages, hameaux et zones rurales éloignées des villes mais les affrontements glisseront vers les zones où vivent des civils au fur et à mesure que l’espace se réduit », a-t-il expliqué.
En outre, a continué M. Bozdag, les unités déployées ont acquis « l’expérience » des « combats antiterroristes en zone urbaine » lors d’opérations menées par Ankara contre les rebelles kurdes dans le sud-est de la Turquie et lors de l’opération « Bouclier de l’Euphrate », lancée en Syrie en août 2016.
La « nouvelle bataille qui approche », évoquée par le responsable turc, est très probablement le siège de la ville d’Afrin, annoncé la semaine passée par M. Erdogan.