Jacques Rançon est jugé à partir de ce lundi par la cour d'assises des Pyrénées-Orientales. Il est accusé d’avoir violé, tué et mutilé deux femmes, et tenté de violer deux autres victimes en 1997 et 1998. Il a reconnu deux des meurtres et au moins deux agressions.
Les enquêteurs l’avaient surnommé le « tueur de lagare de Perpignan ». Jacques Rançon est jugé à partir de ce lundi par la cour d’assises des Pyrénées-Orientales. Il est accusé d’avoir violé, tué et atrocement mutilé deux femmes, et tenté de violer deux autres victimes en 1997 et 1998.
Cette affaire avait provoqué à la fin des années 1990 une véritable psychose dans la cité catalane. L’enquête avait été longue et difficile, les fausses pistes nombreuses. Rançon avait été entendu en 1998 mais à ce moment-là, rien n’avait été retenu contre lui. Il n’a pu être identifié qu’en 2014 grâce à un nouveau logiciel sur le fichier national des empreintes génétiques (FNAEG).
Originaire de Picardie, cet ancien cariste-magasinier âgé de 58 ans, dont la première agression sexuelle date de plus de quarante ans, encourt la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 22 ans.
Il pourrait aussi se voir infliger une période de rétention de sûreté en fin de peine, car il était en état de récidive légale. Rançon avait été condamné en 1994 pour viol aggravé, et avait été incarcéré à Amiens avant d’arriver à Perpignan. Le verdict est attendu le 26 mars.
Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité
Avant l'audience, Rançon a demandé à ne pas être photographié ou filmé en gros plan. Il a cependant accepté des images sous forme de balayage effectuées par les nombreux journalistes présents pour ce procès, épilogue 20 ans après de l'affaire dite des « disparues de Perpignan » à l'origine d'une psychose dans la cité catalane dans les années 1990.
À l'ouverture des débats, encadré par trois policiers, l'accusé a décliné clairement son identité. Il s'est rassis ensuite bras croisés, le regard perdu dans le vide et a gardé la tête baissée pendant la lecture des faits par le président de la cour, Régis Cayrol.
Originaire de Picardie, Rançon dont la première agression sexuelle remonte à plus de quarante ans, encourt la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sureté de 22 ans.
Il pourrait aussi se voir infliger une période de rétention de sûreté en fin de peine, car il était en état de récidive légale. Cet homme au lourd passé judiciaire avait été condamné en 1994 pour viol aggravé, et avait été incarcéré à Amiens avant d'arriver à Perpignan.
« Il faut qu'il paye »
Avant l'audience, les parties civiles installées en face de l'accusé ont refusé de s'exprimer. Mais beaucoup ne l'ont pas quitté des yeux, parfois en larmes.
« Il faut qu'il paye pour ce qu'il a fait, à ma fille, aux autres victimes, à moi, mon mari, ma famille », avait déclaré il y a quelques jours Conception Gonzalez, mère de la dernière victime, Marie-Hélène, 22 ans, tuée le 16 juin 1998.
Une enquête longue de 17 ans
Le 21 décembre 1997, une étudiante française de 19 ans, Moktaria Chaïb, est découverte atrocement mutilée sur un terrain vague entre gare et cité universitaire.
En janvier 1998, la police interpelle un chirurgien péruvien au diplôme douteux qui exerce à l’hôpital de Perpignan. C’est la première fausse piste de l’enquête : il bénéficiera d’un non-lieu en 2003 et trouvera la mort, étranglé, en 2012 en Espagne.
Le 16 juin 1998, Marie-Hélène Gonzales, 22 ans, disparaît près de la gare de Perpignan. Son corps est découvert dix jours plus tard, décapité, amputé des mains, avec les mêmes mutilations que Moktaria Chaïb. Sa tête et ses mains seront retrouvées six mois plus tard dans un sac plastique.
En 2000, les enquêteurs croient à nouveau tenir le coupable en la personne d’Esteban Reig, arrêté à Lyon alors qu’il vient de tuer et découper en morceaux son colocataire. Décrit comme ultra-violent, toujours en possession d’un couteau, l’Espagnol vivait à Perpignan au moment des meurtres de Moktaria et Marie-Hélène.
Un profli ADN partiel sur une chaussure
Mais le 9 février 2001, Fatima Idrahou, 23 ans, disparaît à Perpignan. Elle est retrouvée étranglée au bord de l’étang de Canet-en-Roussillon (Pyrénées-Orientales) un mois plus tard. Le tenancier d’un bar, Marc Delpech, avoue rapidement et il est condamné le 18 juin 2004 à 30 ans de prison pour ce seul crime.
Le 9 septembre 2012, le principal suspect de l’époque, Esteban Reig, se suicide dans sa prison, à Lyon. Il y purgeait sa peine pour le meurtre de son colocataire.
Pour les meurtres de Moktaria et Marie-Hélène, de nombreuses analyses ADN avaient déjà été effectuées. Sans résultat.
De nouvelles analyses sont entreprises en 2012 et 2013. Et c’est l’une d’elle, sur la chaussure droite de Moktaria retrouvée un mois après le corps, qu’un profil partiel pouvant « servir à d’éventuelles comparaisons ultérieures » est mis en évidence.
Rançon a reconnu deux meurtres
Le 10 octobre 2014, le pas décisif dans l’enquête va être franchi grâce au nouveau logiciel installé sur le fichier national des empreintes génétiques. Il permet de travailler sur les profils partiels. Ressort ainsi le nom de Jacques Rançon, plusieurs fois condamné pour agressions sexuelles. Interpellé le 14 octobre, il reconnaît le viol et le meurtre de Moktaria Chaïb au bout de sa garde à vue.
Le lendemain, Sabrina l’identifie comme son agresseur d 9 mars 1998 grâce à sa photo dans les journaux. Il l’avait laissée pour morte sous un porche. Le 4 juin 2015, il est mis en examen dans ce volet de l’affaire.
Cinq jours plus tard, Rançon reconnaît le meurtre de Marie-Hélène Gonzales. Plus tard, il avoue également une tentative de viol : le 10 septembre 1997, Nadjet, 18 ans, avait été agressée sur un pont à Perpignan.
À ce jour, seule la disparition de Tatiana Andujar reste un mystère, car au moment des faits, en septembre 1995, Rançon purgeait une peine pour viol à Amiens.