Pour la troisième année consécutive, les dépenses militaires de la Chine ne dépasseront pas les 10%, alors que, par le passé, une telle progression était la norme. Du moins si l’on se fit aux déclarations officielles, les autorités chinoises étant régulièrement accusées d’entretenir une certaine opacité sur les crédits alloués à l’Armée populaire de libération (APL).
Ainsi, à l’occasion d’un discours devant le Parlement, le Premier ministre chinois, Li Keqiang, a annoncé, ce 5 mars, que le budget militaire du pays augmentera de 8,1% en 2018 (contre 7% l’an passé), pour atteindre 1.107 milliards de yuans (175 milliards de dollars).
Récemment, et après une hausse de son budget infériere aux 10% auxquels elle était jusqu’alors habituée, l’APL a fait valoir qu’elle avait besoin de davantage d’argent pour mener à bien ses projets et faire face à une contexte mondial incertain.
Cependant, M. Li a également fixé à environ 6,5% l’objectif de croissance du PIB chinois, ce qui marquerait un ralentissement de l’économie et serait la pire performance au cours des 28 dernières années. En 2017, la progression de la richesse nationale avait été de 6,9%. En outre, il est aussi question de réduire les risques financiers lié à l’endettement public et privé du pays, lequel représente 250% du PIB.
Cela étant, la fiabilité des indicateurs économiques chinois suscite du scepticisme. En 2016, la Chine a décidé d’avoir de nouveau changé le mode de calcul de son PIB afin de « mieux refléter la contribution de l’innovation à la croissance ». Du coup, ses performances économiques depuis 1952 ont été revues à la hausse. Qui plus est, il a été constaté un écart significatif entre le PIB national et les PIB régionaux, ce qui laisse penser à des manipulations au niveau local afin de présenter un tableau économique plus flatteur.
Quoi qu’il en soit, et au-delà des chiffres, la Chine a accéléré la modernisation de ses forces armées, avec, notamment, la mise en service récente du chasseur-bombardier « furtif » Chengdu J-20 et du destroyer lance-missiles de type 052D. L’APL verra ses capacités aéronavales augmenter significativement dans les années qui viennent (un second porte-avions a été lancé et un troisième serait en chantier) et de nouveaux équipements sont en cours de développement (canon électromagnétique, arsenal ship, arme hypersonique, drones, etc).
L’objectif fixé par le président chinois, Xi Jinping, est de faire de l’APL une armée de « classe mondiale » à l’horizon 2050. D’où l’effort en matière d’armement et les réformes actuellement conduites, lesquelles se traduisent par une réduction des effectifs et la recherche d’une meilleure coordination interarmes et interarmées.
Pour le moment, la Chine, qui participe aux missions des Nations unies, est présente militairement à Djibouti, où elle a inauguré une base en août 2017. Et ses forces navales ont vocation, désormais, à avoir une dimension océanique.
Cependant, c’est dans son environnement proche que le pays concentre ses efforts, avec l’accélération de la militarisation des plusieurs îlots en mer de Chine méridionale en y installant des capacités d’interdiction et de déni d’accès (A2/AD), malgré les disputes territoriales avec les autres pays riverains, qui ont également des prétentions dans la région.
La Chine a également des différends territoriaux avec le Japon (frontière maritime et archipel « Senkaku ») et l’Inde. Ce qui donne régulièrement lieu à des face-à-face tendus. En outre, elle suit de près la situation dans l’extrême-nord de l’Afghanistan, afin d’éviter d’éventuelles infiltrations jihadistes dans la province du Xinjiang.
Enfin, le point le plus sensible reste Taïwan, notamment avec la pression mise par Pékin avec la multiplication d’exercices militaires autour de l’île « rebelle ». Le Premier ministre chinois a une nouvelle fois mis en garde Taipeh, où un parti indépendandiste est au pouvoir. La Chine « continuera à promouvoir une « réunification pacifique » mais « défendra fermement la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays et ne tolérera jamais aucune tentative ou action séparatiste », a-t-il dit.