Les relations entre le Danemark et la Russie sont au plus bas depuis maintenant plus de quatre ans. L’affaire de l’annexion de la Crimée y est évidemment pour beaucoup. Mais pas seulement.
Dans un rapport publié en octobre 2014, le Forsvarets Efterretningstjeneste, c’est à dire le service de renseignement militaire danois, révéla que l’aviation russe avait simulé, au cours de l’été précédent, une « attaque » contre l’île de Bornholm, au moment précis où se tenait une réunion politique annuelle (Folkemødet) rassemblant responsables politiques et journalistes.
Moins d’un plus tard, et alors que Copenhague avait fait part de son éventuelle participation au bouclier antimissile de l’Otan, Mikhaïl Vanin, alors ambassadeur de Russie au Danemark, avait affirmé : « Je ne pense pas que les Danois réalisent les conséquences de leur potentielle adhésion à ce système de défense antimissile. Si cela devait se produire, leurs navires deviendraient la cible de nos missiles nucléaires. » On ne saurait être plus clair.
En 2016, le ministère danois de la Défense a indiqué qu’il avait été la cible d’un cyberattaque attribuée à Moscou. « Cela participe d’une guerre continue dans ce domaine (…), où nous assistons à une attitude très agressive de la Russie », avait alors fait valoir Copenhague.
Quoi qu’il en soit, Copenhague a récemment annoncé une hausse substantielle du budget de ses forces armées, dont le montant est d’environ 3 milliards d’euros actuellement (1,14% du PIB seulement). D’ici 5 ans, il en effet question d’augmenter les dépenses militaires du pays de 20%.
Cet effort doit permettre de moderniser les capacités de la marine danoise, de créer une brigade « projetable » de 4.000 soldats, d’augmenter le nombre d’appelés (jusqu’à 4.700 par an, le service militaire étant facultatif au Danemark) et de préparer l’entrée en service de l’avion de combat F-35, qui doit remplacer les F-16 de la Flyvevåbnet.
Le 15 janvier, lors d’un déplacement en Lettonie, le Premier ministre danois (centre-droit), Lars Lokke Rasmussen, a justifié cet effort budgétaire.
« Quand j’ai reçu [Vladimir] Poutine à Copenhague lors de mon premier mandat, en 2010, tout le monde pensait que ce serait le début d’une nouvelle ère de coopération beaucoup plus amicale entre l’Europe et la Russe et que nous pourrions diminuer nos dépenses militaires », a dit M. Rasmussen. « Mais étant donné l’agression russe et ce qui s’est passé en Crimée, je pense que nous devons simplement être réalistes et investir davantage dans notre sécurité », a-t-il ajouté.
En outre, a-t-il continué, le Danemark veut se « considérer comme un membre fondamental de l’Otan. Et pour ce comporter comme tel, nous devons augmenter nos dépenses [militaires]. « Il y a cinq ans, a encore dit le Premier ministre danois, nous pensions que la ligne de défense, pour ainsi dire, ne serait pas en Europe mais sur des théâtres extérieurs. Maintenant, nous réalisons que nous devons avoir la capacité pour les deux. »
Cela étant, le Parlement danois a encore son mot à dire. Mais M. Rasmussen a dit s’attendre à ce que cette hausse des dépenses militaires soit adoptée à une « très grande majorité ».
Actuellement, le Danemark, membre de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis en Irak et en Syrie, est fortement engagé, au vu de ses moyens, dans les pays baltes, avec 4 avions F-16 envoyés en Lituanie au titre de la mission de l’Otan Baltic Air Policing, et 200 soldats présents en Estonie, dans le cadre des mesures de réassurance décidées lors du sommet de l’Alliance organisé à Varsovie, en juillet 2016.