En novembre 2017, l’Administration suédoise du matériel de défense [Försvarets Materielverk – FMV] annonça avoir choisi le système de défense aérienne américain Patriot PAC-3 aux dépens du Mamba (ou SAMP-T pour Système air-sol moyenne portée – Terrestre) du consortium franco-italien Eurosam. Le coût de ce programme d’équipement était alors évalué à 10 milliards de couronnes suédoises [soit 1,2 milliard de dollars].
A priori, sur les quatre batteries Patriot PAC-3 que souhaite acquérir les forces armées suédoises, au moins une devrait être déployée sur l’île de Gotland, dont la position stratégique en fait le « porte-avions » de la Baltique.
Après l’annonce du choix en faveur du système américain, il restait encore à Stockholm à négocier les termes du contrat d’achat. « Il est important de prendre le temps de s’assurer que tous les détails concernant la technologie, la performance, le temps et les coûts sont corrects. C’est un investissement majeur dans la capacité de défense suédoise ainsi que le début d’une coopération à long terme entre la Suède et les Etats-Unis dans le domaine de la défense surface-air », avait ainsi expliqué Joakim Lewin, un responsable de la FMV.
Seulement, à en croire l’avis publié le 20 février par la Defense Security Cooperation Agency (DSCA), une agence chargée de l’exportation des équipements militaires américains dans le cadre des « Foreign Military Sales » (FMS), le montant de l’achat des quatre batteries Patriot, avec 100 missiles Patriot MIM-104E et 200 Patriot PAC-3 MSE dépasse, est de loin, l’enveloppe prévue par Stokholm puisqu’il y est question d’un coût estimé à 3,2 milliards de dollars.
« La Suède utilisera le système Patriot pour défendre son intégrité territoriale et promouvoir la stabilité régionale. La vente proposée augmentera les capacités défensives de l’armée suédoise et soutiendra l’interopérabilité avec les forces américaines et de l’OTAN. La Suède n’aura aucune difficulté à absorber cet équipement dans ses forces armées », fait valoir la DSCA dans son avis destiné au Congrès des États-Unis, qui a le pouvoir d’éventuellement bloquer ce contrat.
Pour autant, la DSCA prend bien soin de souligner, comme d’habitude, que « cet avis de vente potentielle est requis par la loi » et qu’il « ne signifie pas que la vente a été conclue. » En tout cas, c’est sur cette base que le gouvernement suédois aura à négocier l’achat des 4 batteries Patriot PAC-3 et des 200 missiles intercepteurs.
Mais a priori, la marge de manoeuvre est réduite. Il serait possible de faire comme la Roumanie, qui a commandé une puissance de feu moindre pour les 7 batteries et les missiles qu’elle a commandés (pour 3,9 milliards de dollars). Ou de réduire le nombre de batteries (ce qui reviendrait également à diminuer le volume de missiles nécessaires). Ou bien encore de faire marche arrière et de reconsidérer l’offre d’Eurosam.