Le cabinet indien chargé de la sécurité, présidé par le Premier ministre, Narendra Modi, a approuvé, cette semaine, l’achat de cinq systèmes russes de défense aérienne S-400 « Triumph » pour un montant légèrement inférieur à 5,5 milliards de dollars. Le contrat de gouvernement à gouvernement devrait être signé le 5 octobre, à l’occasion d’une visite à New Delhi de Vladimir Poutine, le président russe.
Cette acquisition expose théoriquement l’Inde à des sanctions ciblées de la part des États-Unis, conformément à ce que prévoit le Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act [CAATSA], c’est à dire le dispositif américain qui vise à empêcher tout commerce avec des entreprises russes du secteur de l’armement. La Chine en a récemment fait les frais après l’achat d’avions Su-35 et de systèmes S-400.
Cependant, la loi de financement du Pentagone pour 2019 [National Defense Authorization Act – NDAA], promulguée en août par le président Trump, prévoit des exemptions au cas par cas. Pour autant, Washington a fait savoir au gouvernement indien que le choix du système S-400 n’était pas le plus approprié en terme d’inter-opérabilité, à l’heure où les deux pays ont l’intention de renforcer leur coopération militaire face à la Chine.
Ainsi, Randall Schriver, le secrétaire américain à la Défense adjoint, chargé de l’Asie et du Pacifique, avait prévenu qu’une dérogation ne serait pas automatiquement accordée à New Delhi. « Nous préférerions nettement […] que l’Inde cherche des alternatives et qu’elle voie si nous ne pourrions pas devenir un partenaire pour répondre à ce genre de besoins », avait-il affirmé.
Mais cela n’avait pas empêché la signature d’un accord dit « COMCASA » [Communications Compatibility and Security Agreement / Accord sur la sécurité et la compatibilité des communications] par le chef du Pentagone, James Mattis, lors d’un récent déplacement en Inde. Cet accord donne la possibilité aux forces indiennes d’avoir accès aux réseaux sécurisés d’information utilisés par les avions américains.
« Notre relation de défense avec la Russie dure depuis plusieurs décennies et nous en avons parlé à une délégation du Congrès américain qui s’est rendue récemment en Inde », a fait valoir la ministre de la Défense, Nirmala Sitharaman, à propos des complications éventuelles avec Washington.
Le premiere batterie S-400 devrait être livrée aux forces indiennes deux ans après la signature du contrat. Pour rappel, ce système est capable d’intercepter et de détruire des cibles à une distance allant jusqu’à 400 kilomètres.
Cela étant, les S-400 ne seraient pas les seuls concernés. En effet, il est également question d’une commande portant sur au moins deux frégates russes dérivées de la classe Krivak et d’un accord intergouvernemental pour la production de fusils d’assaut AK-103 en Inde.