Près d’un siècle après l’armistice du 11 novembre 1918, les restes de soldats portés disparus pendant les combat sont régulièrement découverts au gré du hasard. C’est ce qui arriva le 6 mai 2015, quand, lors de travaux au Mémorial de Fleury-devant-Douaumont, dans la Meuse, trois squelettes quasiment entiers furent trouvés.
Casque Adrian, balles de fusil Lebel, baïonnettes Rosalie et même une fiole de Ricqlès… les objets découverts auprès de ces restes humains ne laissèrent guère de place au doute : les trois squelettes étaient ceux de soldats français. Mais un élément sera déterminant pour la suite : une plaque d’identité militaire, au nom de Claude Fournier, soldat incorporé à Mâcon en 1900, fut mise au jour.
Cette découverte sera capitale pour la suite, étant donné que la seule étude de ces restes humains par le médecin légiste, en l’occurrence le docteur Bruno Frémont, était évidemment insuffisante pour identifier ces trois soldats. Cela étant, elle permit de préciser leur profil morphologique.
Avec la plaque d’identité militaire, la consultation des archives permit de déterminer que Claude Fournier, né le 27 novembre 1880 à Colombier-en-Brionnais (Saône-et-Loire) était un sergent du 134e Régiment d’Infanterie, qu’il fut « tué à l’ennemi » le 4 août 1916 devant Douaumont, après avoir reçu la Croix de guerre avec cette citation : « Gradé énergique et dévoué d’une grande bravoure, s’est signalé particulièrement aux combats du 6 au 8 octobre 1915 et du 7 au 12 juillet 1915, s’est offert comme gradé de quart volontairement, prenant avec calme toute disposition. » Et que le profil morphologique de sa fiche matricule correspondait à l’un des trois squelettes.
Des recherches généalogiques furent ensuite menées, notamment par Jean-Paul Malatier, le maire de Colombier-en-Brionnais. C’est ainsi qu’un petit-fils du sergent Fournier put être retrouvé. Restait donc à faire un prélèvement d’ADN afin d’effectuer des analyses génétiques. Analyses qui permirent d’idenfier formellement l’un de ces trois soldats tués à l’ennemi.
« C’est la première fois qu’on identifie par son ADN un soldat français de la guerre 14-18 », a souligné le docteur Frémont auprès de l’AFP.
Mais il fallait aller encore plus loin en lui donnant… un visage. Ce qui fut fait, grâce à l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN). Une première, là-aussi, pour un soldat de la Grande Guerre.
Grâce au crâne et aux données génétiques, l’IRCGN procéda à une reconstitution faciale du sergent Claude Fournier. Les quatre portraits-robots ainsi établis (avec barbes, moustaches et coiffures différentes) furent ensuite comparés à une photographie d’un groupe de soldats parmi lequel figurait le sous-officier.
Désormais, le sergent Claude Fournier, qui était jardinier dans le civil, pourra avoir une sépulture. Il sera inhumé dans la nécropole nationale de Douaumont, le 21 février, en présence de son petit-fils et d’une délégation de Colombier-en-Brionnais.