Afin de remplacer ses 11 vieux drones B-Hunter du 80e Squadron UAV , la Défense belge envisage l’acquisition de quatre nouveaux appareils de type MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) susceptibles d’être armés pour 226 millions d’euros. Seraient en effet en lice le SkyGuardian du constructeur américain General Atomics Aeronautical Systems Inc (qui est une évolution plus endurante du MQ-9 Reaper) et le Heron TP de l’israélien IAI.
Seulement, le fait que ces futurs drones puissent être armés fait débat au sein de la classe politique d’outre-Quiévrain. Lors d’une séance de questions à la Chambre des représentants, le ministre belge de la Défense, Steven Vandeput, a été interpellé sur ce dossier.
« Il s’agit d’une question politique essentielle qui mérite un débat public, puisque ces drones sont présentés comme étant finalement du matériel qui va nous servir à améliorer nos capacités de renseignement et de surveillance. […] Mais, de facto, ce sont des drones de combat. Ils ont cette capacité », a ainsi souligné le député centriste Georges Dallemagne.
« Pour la première fois, la Belgique se dote d’armements permettant d’avoir des combats à distance, sur des terrains éloignés de celui où opèrent les militaires. A priori, je ne suis pas opposé à de tels équipements mais vous comprenez bien que nous rentrons dans un autre environnement qui mérite un débat sur les questions déontologiques et juridiques », a ajouté le parlementaire, qui s’est ainsi fait l’écho de préoccupations exprimées par d’autres responsables politiques.
Pour M. Vandeput, ce débat n’est pas d’actualité. Du moins pas encore. « Ce seront des drones armables mais ils ne seront pas armés. Si, dans le cas où il serait nécessaire – ou semblerait nécessaire – d’avoir vraiment la capacité de bombardement [pour ces drones], ce sera alors une nouvelle discussion et une nouvelle décision au sein du gouvernement », a-t-il répondu.
Ce débat d’armer ou non des drones ne concerne pas seulement la Belgique. Il s’est posé en France, où, finalement, il a récemment été décidé de permettre aux drones MQ-9 Reaper de l’armée de l’Air d’emporter des munitions.
« Un drone armé n’est pas un robot tueur. Ce sont deux systèmes qui n’ont rien de semblable. Cette décision ne change rien aux règles d’usage de la force, au respect du droit des conflits armés et je reste plus que jamais attachée au respect du droit international et de nos engagements relatifs à la maîtrise des armements et à la préservation des populations civiles dans les conflits », fit valoir, en septembre dernier, Florence Parly, la ministre des Armées.
En Allemagne, cette question divise la classe politique, les élus de la CDU/CSU (droite) y étant favorables alors que ceux du SPD (gauche) y sont hostiles, quitte à refuser de voter les crédits nécessaires à la location de 5 drones Heron TP auprès d’IAI.