Les forces russes disent avoir éliminé le « ministre de la guerre » de l’État islamique
En juin, le ministère russe de la Défense prétendit avoir éliminé, « selon une forte probabilité », Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l’État islamique (EI ou Daesh), au cours d’une frappe ayant décimé la direction de l’organisation jihadiste à Raqqa.
Seulement, il n’en a visiblement rien été : le calife auto-proclamé serait probablement toujours vivant. Et selon Hisham al-Hashimi, spécialiste irakien des mouvements jihadistes, il aurait même été aperçu dans la vallée de l’Euphrate, précisément entre Boukamal (en Syrie) et al-Qaïm (en Irak). En outre, la disparition d’al-Baghdadi n’aurait pas manqué d’être évoquée par EI étant donné que dans la logique jihadiste, la mort d’un chef jihadiste est souvent promue.
Aussi, l’affirmation selon laquelle les forces russes auraient éliminé le « ministre de la guerre » de Daesh est à prendre avec précaution, tant qu’elle n’aura pas été confirmée par le groupe terroriste ou recoupée par d’autres sources. En tout, le ministère russe de la Défense a bel et bien assuré, ce 8 septembre, qu’il a été tué lors d’une frappe aérienne effectuée dans la région de Deir ez-Zor, où les forces syriennes viennent de briser le siège de la ville du même nom par les jihadistes.
« Selon des informations confirmées, quatre commandants de terrain influents se trouvaient parmi les terroristes éliminés, y compris ‘l’émir de Deir ez-Zor’, Abou Mohammed al-Chemali, qui était responsable des finances ainsi que du redéploiement des nouvelles recrues dans les camps d’entraînement de Daesh », a commencé par dire le ministère russe de la Défense. « Le ministre de la Guerre du groupe terroriste international Daesh était à la réunion, et il a succombé à une blessure mortelle », a-t-il ajouté.
Le ministre de la guerre de l’EI est une vieille connaissance : il s’agit en effet du colonel Gulmurod Khalimov, qui, formé en Russie et aux États-Unis, était le chef de l’Omon, c’est à dire les forces spéciales de la police tadjike, au moment de son ralliement à l’EI, en avril 2015. Autant dire que la défection d’un responsable d’une unité chargée justement de combattre le terrorisme a été un coup dur pour Douchambé.
Au Levant, Gulmurod Khalimov a d’abord été le second d’Abou Omar al-Chichani, le responsable des opérations militaires de Daesh. Puis, c’est à la mort de ce dernier, tué par une frappe de la coalition antijihadiste en juillet 2016, qu’il est devenu le « ministre de la guerre » de l’organisation jihadiste.
Cela étant, ce n’est pas la première fois que Khalimov, dont la tête a été mise à prix pour 3 millions de dollars par Washington, est donné pour mort. Cela a notamment été le cas en mars dernier, quand le quotidien britannique The Times a assuré qu’il avait été la cible d’une frappe de la coalition alors qu’il commandait la défense de Mossoul. Pour le moment, le ministère tadjik de l’Intérieur se veut prudent après l’annonce russe, en disant « ne pas avoir encore d’information » au sujet du décès de l’ex-chef de l’Omon.
Quant à Abou Mohammed al-Chemali, alias Tarek al-Jarba, il s’agit d’un ressortissant saoudien chargé du recrutement de jihadistes étrangers. Les États-Unis avaient promis 5 millions de dollars pour toute information permettant sa capture.
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