Décès de Claude Lepeu, Compagnon de la Libération et ancien de Bir-Hakeim Compagnon de la Libération , gravement blessé lors de la bataille de Bir-Hakeim, Claude Lepeu, 95 ans, s’est éteint le 11 juillet à Paris.Né le 3 mars 1921 dans un milieu aisé n’ayant pas spécialement la fibre militaire, Claude Lepeu est étudiant à l’École des hautes études commerciales (HEC) lors de la campagne de France de mai-juin 1940.
Le jeune homme, plutôt insouciant, quitte alors la capitale pour rejoindre sa famille à Orléans, qui ne tarde pas à se replier à Aubusson devant l’avancée allemande.
C’est là qu’il entend l’allocution du maréchal Pétain, dans laquelle ce dernier annonce qu’il va demander l’armistice avec l’Allemagne.
Ce que n’admet pas Claude Lepeu, qui estime que la guerre continuera avec les Britanniques, aidés par les Américains.
Il part alors à Saint-Jean-de-Luz dans l’espoir de gagner l’Afrique du Nord, via l’Espagne.Mais les circonstances vont en décider autrement.
Au Pays Basque, il tombe sur Roger Touny, un camarade parisien… ainsi que sur des soldats polonais qui attendent d’embarquer à bord du Sobieski.
Les deux copains se glissent parmi eux et partent vers Londres le 21 juin.
À bord, ils s’aperçoivent qu’ils ne sont pas les seuls Français : 110 de leurs compatriotes sont aussi du voyage! Et, pour la première fois, Claude Lepeu entend parler de l’appel du général de Gaulle.
Arrivé à Plymouth, puis à Londres, le jeune homme s’engage dans les Forces françaises libres le 29 juin. Il part alors pour le camp d’entraînement d’Aldershot.
Là, il rencontre deux lieutenants artilleurs – Albert Chavanac et André Quirot – chargés de constituer la 1ere Batterie d’artillerie qu’il finira par rejoindre.
Fin août, Claude Lepeu participe, avec ses camarades, à l’expédition de Dakar, qui sera un échec cuisant, puis débarque à Douala.
Il prend part ensuite à la campagne de Syrie, en juin 1941.
Puis il est affecté au 1er Régiment d’Artillerie du chef d’escadron Jean-Claude Laurent-Champrosay.
Cette unité est intégrée à la 1ère Brigade française libre commandée par le général Koening.
Début 1942, Claude Lepeu combat en Libye.
C’est ainsi qu’il prendra part à la défense héroïque de Bir-Hakeim.
Les choses sérieuses commencent le 26 mai, avec offensive des troupes de l’Axe, commandée par le maréchal allemand Erwin Rommel.
Puis, le lendemain, la division blindée italienne Ariete passe à l’attaque : les artilleurs français lui opposent un puissant tir de barrage, ce qui l’oblige à reculer, laisser une trentaine de blindés sur le terrain.
Jusqu’au 11 juin, l’AfrikaKorps et les troupes italiennes multiplient les attaques.
Toujours sans succès.
Le maréchal Rommel dira : « Sur le théâtre des opérations africaines, j’ai rarement vu combat plus acharné. » Puis, estimant que le sacrifice des Français libres était inutile, l’état-major britannique donna l’ordre à la 1ère BFL de décrocher.
C’est à ce moment que Claude Lepeu, chef de pièce de 75, est gravement touché par une balle explosive à la cheville.
D’abord soigné à Alexandrie (Égypte) puis à l’hôpital Maurice Rottier de Beyrouth, l’état de Claude Lepeu donne de l’inquiétude.
Il reçoit même l’extrême-onction. « Moi, je savais que je n’allais pas y passer, je suis un optimiste de nature », dira-t-il, en 2013, dans les colonnes du Journal du Dimanche.
En août 1942, sur son lit de douleurs, il est décoré de la Croix de la Libération par le général de Gaulle.
« Cela ne représentait pas grand-chose, je ne savais pas qu’il allait me décorer, moi je ne pensais qu’à une chose, être à Paris pour vivre la Libération », confiera-t-il.
Après plusieurs opérations, Claude Lepeu ne peut plus prétendre combattre en première ligne.
Après sa convalescence, il est affecté à l’intendance du Levant, avant de revenir enfin à Paris en janvier 1945, avec le galon de sous-lieutenant.
Affecté au ministère de la Guerre, il est démobilisé en juin.
Sans le sou, il créé une entreprise de confection de vêtements pour enfants.
Modeste et humble (« Je suis un très mauvais ancien combattant », avait-il avoué), Claude Lepeu était Commandeur de la Légion d’Honneur, Compagnon de la Libération et titulaire de la Croix de Guerre 39/45.