Il y a 600 ans, le premier gendarme français tombait au champ d’Honneur "La bataille d’Azincourt, miniature extraite des Vigiles du roi Charles VII de Martial d’Auvergne, fin du XVe siècle, Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Manuscrits"Ce 26 octobre 1415, c’est la désolation à Azincourt : la fine fleur de la chevalerie française y a été anéantie la veille par l’armée anglaise du jeune roi Henri V, débarquée à Cap-de-Caux, à l’embouchure de la Seine, quelques semaines plus tôt, avec l’intention de marcher vers Paris.Après la très difficile conquête d’Harfleur, cette dernière, fatiguée et frappée de dysenterie, se dirige ensuite vers Calais pour s’y retrancher, le projet de s’emparer de la capitale du royaume de France étant remis à plus tard, le temps d’attendre des circonstances plus favorables.
Et c’est donc à Azincourt que la chevalerie française tente de couper la route aux Anglais et à leurs alliés.
Le rapport de force est alors largement en faveur des Français. Mais ces derniers, ayant oublié les leçons de la bataille de Crécy, vont donc subir une écrasante défaite.
Manquant de discipline tactique, portant une armure de 30 à 50 kg, embourbés dans un terrain détrempés, les chevaliers français sont « fixés » par les archers gallois capables de tirer 10 flèches à la minute alors que leurs adversaires, dotés d’arbalètes, ne peuvent aligner qu’un carreau dans le même temps.
C’est ainsi que de nombreux chevaliers du roi de France – qui n’avait pas toute sa tête – seront faits prisonniers. Mais Henri V n’aura aucune mansuétude à leur égard, craignant leur attitude : à de rares exceptions, ils seront tous exécutés avec des méthodes que n’aurait pas renié Daesh!
Seule satisfaction dans ce désastre pour les Français : la prise de la couronne royale anglaise par les hommes emmenés par Ysembart, seigneur d’Azincourt, lors d’une attaque d’arrière-garde.
Cette bataille, qui inspirera Shakespeare, aura mis à mal certaines croyances alors bien ancrées chez les Français : la supériorité numérique n’est pas forcément un avantage, surtout quand on utilise des moyens et des méthodes totalement dépassés, quand on ne tient pas compte de la nature du terrain, quand on prive l’avant-garde de ses soutiens ou encore quand on refuse de voir les évidences et les réalités, parce qu’on « a toujours fait comme ça ».
Pourtant, le souvenir de Crécy ou même celui de Poitiers aurait dû éviter de telles erreurs.Cela étant, parmi les chevaliers français tués à Azincourt, Le Gallois de Fougières tient une place particulière dans la mesure où il est considéré comme étant le premier gendarme à être tombé au champ d’Honneur.
Ou du moins identifié comme tel.En effet, ce noble occupait les fonctions de Prévôt des Maréchaux, qui était à l’époque une sorte de gendarme chargé d’empêcher et de sanctionner toute atteinte de la part de la troupe à l’égard des populations civiles.
C’est plus probablement pendant la Guerre de Cent Ans qu’apparaît la Gendarmerie, alors nommée Maréchaussée, ainsi que le mot Gendarme, qui désignait alors des combattants d’élite à cheval, de noble origine :
Les Gens d’armes. Ces derniers, exerçaient essentiellement une fonction de police militaire », a expliqué, à France3, Christophe Gilliot, le directeur du Centre Historique Médiéval d’Azincourt.
Dans les années 1930, et grâce aux recherches du capitaine de gendarmerie Georges Benoît-Guyot, la dépouille de Gallois de Fougières est retrouvée, avec celles de son écuyer – « petit Hollandes, fils du bailly de Rouen » -, et du connétable Charles d’Albret, dans l’abbatiale d’Auchy-lès-Hesdin.
Les restes du « Prévôt des Maréchaux » seront par la suite transférés à Versaille, puis placés sous le monument nationale de la Gendarmerie.
Le nom de « Gallois de Fougières » sera donné à la 109e promotion de l’École des officiers de la Gendarmerie nationale (EOGN) en 2002.