A l'attention des enfants de René Trombetta ,mon camarade de combat,
Sa blessure que je cite
L'accrochage contre le FLN à AGOUNENDA est célèbre ...
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3ème Régiment de Parachutistes Coloniaux...
Lieutenant/Colonel Bigeard indicatif "Bruno " pour ses compagnies ...
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Après l'opération "Atlas "de mars /avril qui nous à mis sur les genoux , le régiment part à Médéa à 80 km au sud ouest d'ALGER.
nous sommes mis à la disposition du Général commandant la 20ème division d'Infanterie , du 7 au 15 avril 1957.
Nous crapahutons les 500km2 de djebel, des nuits entières de marche à la recherche de fells dans les fonds d'oueds les moindres talwegs, tout y passe; les Mechtas, les grottes, les moindres trous . Sans trop de problèmes nous "cassons 39 rebelles ", celà sera une autre histoire.
Le 17 mai retour à notre base de Sidi-Ferruch ou la détente nous attend si l'on peut dire car, le sport, les corvées etc nous occupent sans relâche, un peu de temps pour aller faire trempètte à la plage de Sidi-Férruch qui est vaste et belle ..!
Le 21 mai ,une grosse bande rebelles ,tend une embuscade à une compagnie de tirailleurs algériens, les pertes son fortes: un Capitaine et une quinzaine de ses hommes sont tués , sept autres sont fait prisonniers ,tout les véhicules sont brulés ,les armes volées...!
22 mai 1957.......Sidi Férruch...
Base arriére de l'Escadron de Jeeps Armées du ...3éme R.P.C...
La Colonie de vacances qui nous serrent de Base de repos,dans un grand bois de pins..
Cà sent bon la résine de pins et le sous bois...
Je fais sécher mon linge et une tenue de rechange camouflée...
Quand je m'aperçois d'un remue-ménage vers le PC Le Boudec , notre capitaine, il est au environ de 14h, je préviens les gars de l'équipe, qu'il y à de l'agitation dans l'air..!
15 heures..
Branle-bas de combat...! Les chefs de sections sont appelés au PC, le Ct LEBOUDEC est en vacance, et c'est le lieutenant SUBREJIS qui commande l'Escadron.
Je me dis "ce n'est plus le moment de bouger du coin", je ramasse en vitesse mon linge étendue sur le fil tendue entre deux pins, je commence à ranger mes affaires, imité par mon groupe fusil-mitrailleur 24/29..!
Je fait place nette dans la tente et procède à la confection de mon sac OPS (TAP), vérifie mon brélage, mon FM, mes boites chargeur la dotation à 1200 cartouches, bidon rempli, chaussettes de rechange, veste molletonnée et paire de pataugas de rechange.
15 h 20...
Les chefs sont de retour, plus personne ne s'étonne que l'on soit prêt, avec l'habitude les gestes sont automatiques..!
La piéce FM est OK. Tabourin..Groisil..Martignon..et un jeune, Binder...
15 h30
les rations en boite pour deux jours sont perçues, le pain arrive livré par un 4X4 venant du centre de ravitaillement, la musette est pleine avec deux jours de ration..
Je met dans la musétte TAP, ma veste molletonnée, j'ai eu froid la derniére fois sans la veste dans les OP de l'ATLAS à 1500 mètres d'altitude, pas question de s'alléger si c'est de la montagne, on se les géles la nuit sur les sommets...!
L'Escadron au complet se rassemble à côté du mât aux couleurs, tout les pelotons forment le carré et attendent les commentaires des chefs de peloton
les sacs aux pieds, on attend que les sergents viennent faires leurs vérifications d'armement, des sacs TAP, grenades, dotations de cartouches pour le FM, trousse à pansements etc...
Le caporal PIACENZA Mario(7 ans d'armée) à chargé son sac de "Bibines" comme d'habitude... Le Sgt. REUSSER, lui fait vider ses boites en vitésse à l'inssu du Lieutenant MICHEL, qui lui a déjà donné un avertissement.....!
Le gros Piacenza un boeuf de 90kg.. mais brave malgrés tout (en sortie à Alger il m'a sortie d'un traquenard, pris à partis par cinq biffins à la sortie du "Chat Noir" un bordel près de la Casbah d'Alger, avec mon pote FUSEE, ont n'étaient pas en force, lorsqu'est arrivé Mario ,il a virait les cinq biffins à grand coups de battoires (des mains comme des jambonneaux) depuis c'est mon pote....!
16 heures..
le convoi de camions GMC est arrivé. Ont embarquent pour rejoindre le Régiment au grand complet au Camp des Pins..(le grand PC Bigeard.).
Nous roulons direction MEDEA...40 km d'Alger.. Mais sans notre Chef de compagnie le Cp.LEBOUDEC ..en vacances..C'est le LT.SUBREJIS son adjoint qui à pris le commandement de l'Escadron (grand, athlétique, baraqué à fortes moustaches à la Mongol)...
19 h..
..Sommes sorties de MEDEA...Nous sautons des camions pour faire un casse croute , car aprés ce ne sera plus la peine....!
Boite de bœuf, un sachet de poudre d'orange dans le "quart",puis ont se vident la véssie... Tout les Chefs sont à faire le point avec "Bruno"...
20 heures..
Le convoi redémarre tout feu éteint.. Quelle angoisse de savoir qu'un rien peut nous balancer dans un ravin, au moins 5h de trajet, chaoter, coup de frein brutal, les camions se suivent parfois de trés prés...! Chapeaux les chauffeurs..!!
Nous roulons toujours feux éteints en direction de Champlain et bifurquons vers le nord, Les roues des GMC passent très près du ravin que l'on distingue à peine. Les camions montent à vitesse réduite sur une piste à peine tracée, côte 895.....
les compagnies s'articulent ainsi: 1er compagnie Capitaine Pétot , 2ème compagnie Capitaine Planet..3ème compagnie Capitaine Llamby ..4ème compagnie Capitaine Florès (dit Bir Hakeim)..Compagnie d'appui Capitaine Chabanne... Commando Lieutenant Tiger....commandement Mortier et protection PC et l'Escadron Capitaine Le Boudec....
Enfin vers 1 h 30
Tout le monde descend des bahuts...En file indienne nous prenons la piste, il fait frisquet, l'Escadron au complet grimpe en crête de piton pour prendre position par peloton, en embuscades dans ce secteur à risques. Pas un bruit dans la file indienne, seul le souffle puissant des gars portant leur charge de 25kg et même 30 pour certain....
Les fells sont signalés dans les parages...! La marche nous a réchauffés le sang, de nuit c'est une marche d'aveugles, quel merdier ! ,ont se rentrent dedans sans arrêt, la piste est séche donc pas de casse -gueules....
3 h30 de marche nous porte sur notre lieu d'embuscades s'étendant sur 1000 mètres de distance au sommet d'un piton..
La piéce FM est positionnée dans un amas de roches, bien planquée...
5h30
Le jour se lève sur ce sommet rocheux, je commence à me repérer un peu mieux, la descente du djebel est recouvert d'une végétation plus dense dans les contres-bas du talweg...
Sommes en attente, d'un ordre du PC "Bruno" nous sommes en réserve. Une progréssion de mille mètres sur la hauteur pour étendre le bouclage vers l'autre compagnie que l'on aperçoit un peu plus loin....
8 heures
Je me fait un casse-croute vite avalé en conservant un œil sur l'équipe prête à démarrer à la minute..
Très loin vers le Nord une fusillade sourde se fait entendre.
J'apprend que la 2ème compagnie à accrochée ,j'entend des explosions assourdies vers le combat qui se déroule à quelques milliers de mètres de notre position. Le fond de l'oued(oued Boulbane).ou nous avons monté une embuscade jusqu'à 7 h...
La compagnie à ordre de se regrouper sur une zone balisée pour les hélicos.....
Marche commando ! . Pour atteindre la zône d'héliportage nous souffrons, les hélicos ne vont pas tarder, le Lieutenant Michel nous précise que l'on va couper la fuite des fellaghas, par les hauteurs, ou se bat férocement la 2éme Compagnie du Ct. Chabanne, les autre compagnies foncent à marche forcée dans les fonds de l'oued pour avoir le contact avec l'ennemi...! Chabanne accroche méchamment et signal au moins 300 fells devant lui !!...
Les commandos dégringolent la pente au pas de course pour couper la retraite des Fells qui seraient en nombre important.
11h30
Je vois les hélicos arriver...C'est la sarabande des Sikorski 56 qui se posent dans un souffle puissant du bruit des pales, je trépigne d'impatience, toute la fatigue à disparue...
Les pelotons partent en courant à la porte, tirés, poussés les paras montent avec leur charge, muscles bondés dans le violent effort à fournir...!
Je suis du deuxième voyage, après 8 à10 minutes d'héliportage, je m'éjecte et tombe sur le cul avec mon FM en bandoulière, dans un boucan de pales, de coup de gueule, et de commandement du sergent Reusser....
Sortie à la volée avec mon groupe, dans l'éspoir de l'accrochage, je court en arriére de la voltige, celle-ci descend la pente du talweg impressionnant. Je suis en position de protection pour les hélicos qui arrivent et déchargent les paras qui s'étendent sur le pourtour des hauteurs de l'oued Boulbane...
J'aperçois les gars de la 4éme compagnie faire mouvement dans les fonds d'une profondeur de 300 mètres que déjà ils accrochent brutalement....
J'entend le bruit de la bataille et la vois comme dans un film de guerre..
Deux avions T6 apparaissent au sommet du djebel que déjà ils se positionnent pour prendre en ligne de mire les fellaghas, les explosions se succèdent, ayant vidés leur soutes et leurs mitrailleuses qu'ils remontent pour laisser la place aux deux autres T6 qui dans un virage suivit du rugissement des moteurs surchauffés, reprennent le travail de destruction commencée . Les explosions des straffing font vibrer l'air de cet immense fond buissonneux ou sont planqués les HLL .. Des explosions de grenades, des rafales de pistolets mitrailleur MAT 49 assourdissent l'air par une résonnance ininterrompue de 4 à 500 combattants qui montent à l'assaut pour aller jusqu'au contact du corps à corps et s'entretuer avec fureur, le grondement de la bataille résonne dans les fond de l'immense talweg, et continue dans les rochers et les grottes au dessus de l'oued Agounneda
J'entend des cris, les appels des camarades se battant dans les bas touffus de l'oued... La voltige de mon peloton avance par bond en tirant car il y à des fells qui nous allument pas très loin des balles sifflent très près,je voie les impacts qui dégagent une petite poussière en pénètrant dans la roche autour de moi..!! Mon FM a était repéré par un tireur bien caché dans les rochers.
J'entend le miaulement des balles qui nous sont destinées, je balances des rafales à cadences rapprochées dans la zône d'où partent les coups de feu..
La voltige , se trouve nettement en dessous de moi, elle avance vers les fonds du talweg en liaison avec les autres sections... Toutes les armes tirent sans discontinuer faisant un barrage de feu terrible, je me demande comment on arrive pas à se flinguer entre nous....!
J'entend gueuler la voltige de mon groupe, entre temps, j'ai fait plusieurs bonds pour me retrouver en bonne position pour les protéger au mieux de la progression...
Le combat fait toujours rage dans les fonds à 2000m. de notre position...!
Plusieurs cris provenant de la voltige de tête de mon peloton hurle :
Trombetta est touché !! une balle a traversée la cuisse"...! L'infirmier St Dubouil, arrive en courant au niveau du blessé qui doit souffrir ....
Les premiers soins lui sont fait , ce n'est pas trés grave mais sérieux malgrés tout....
Je vois bouger partout dans le talweg à travers les feuillages ! Se sont les sections qui se frayent un passage pour faire la jonction, "Halte au feux"..!crie le Sergent..!!.
Pour moi cela se termine dans le soir qui arrive sur ce champs de bataille. Un peu déçu de n'avoir accroché au moins quelques fells dans cette bagarre qui va durer encore presque deux dure journées...
Massu s'est posé au PC. BIGEARD, étonnait de voir avec quelle rapidité l'affaire a était réglée. Et quel bilan !!. 96 fellaghas au tapis dont des chefs importants, 12 prisonniers, 5 tirailleurs de l'embuscade du 21 mai sont récupérés...
Malheureusement de la casse chez nous: huit paras sont morts et 29 blessés dont certains grièvement..!
Les rebelles décimés étaient l'élite de la wilaya N° 4. Les deux commandos de Azzedine et de Si Mohamed le Balafré, avec deux compagnies soit 300 hommes.
Les combats arrivérent bien souvent au corps à corps..
Mais les Paras du ..3 e RPC..restèrent maitre du terrain..