LE CLIMAT
LES TEMPERATURES
Tout le monde sait que l'Algérie est un pays où il fait assez chaud:
les températures moyennes sont presque partout assez élevées,
mais beaucoup ignorent que c'est aussi un pays où il peut faire froid et même très froid.
Ceci, non seulement dans l'Algérie septentrionale
où seul le littoral est à l'abri des grands froids,
mais aussi dans le sud où les claires nuits d'hiver sont généralement froides,
et peuvent même être très froides. Au Sahara on a pu voir, en hiver,
des chameliers casser la glace d'un point d'eau pour, au petit matin,
faire boire les chameaux.
L'auteur de ces lignes a rarement eu aussi froid
qu'une nuit passée en plein air, sur la Hammada de Tinrhert,
à mi-chemin entre Flatters et Ghadamès,
où juste après le lever du soleil, de l'eau répandue sur le sol gelait immédiatement;
j'appris peu après que cette nuit-là,
quoiqu'il ait fait certainement moins froid à Flatters,
oasis située à une altitude bien moindre,
le thermomètre était pourtant descendu là-bas à 7° en dessous de zéro.
Ceci est d'ailleurs un fait observé depuis fort longtemps dans un pays analogue,
la Judée, entre la Méditerranée et le désert arabique,
puisque la Bible fait dire au patriarche Jacob:
"la chaleur me dévorait pendant le jour et le froid pendant la nuit" (Genèse XXXI, 40).
De nos jours on exprime parfois le même fait en disant:
"l'Afrique du Nord est un pays froid où le soleil est chaud".
Oui, il fait chaud partout en été, même si, en altitude,
au dessus de 1500 mètres la chaleur est supportable, et là,
parfois atténuée quand vient l'automne, par des pluies d'orage.
Chaleur généralement supportable quoique parfois excessive.
Donnons des chiffres,
d'abord celui du maximum absolu observé dans l'Algérie du Nord,
à Ard el Beida, entre Relizane et Orléansville,
dans la plaine du Chélif, donc dans une de ces plaines qui,
séparées de la Méditerranée par les reliefs côtiers,
ne bénéficient pas de la "brise de mer" et sont donc particulièrement chaudes.
Là, dans les conditions très strictes définies par les météorologistes
de l'Institut de Physique du Globe de l'Université d'Alger,
c'est-à-dire à 1 mètre au-dessus du sol et sous abri, donc à l'ombre,
on a observé, le 5 Août 1920, 50°,3 centigrades.
Cette température et toutes celles au voisinage de 50° sont exceptionnelles,
mais dans toutes les plaines du nord, le mercure du thermomètre monte
assez souvent entre la fin juin et la mi-septembre entre 44 et 48°.
Cependant
, ce ne sont pas ces maxima qui sont ce qu'il y a de plus difficile à supporter.
Sont bien plus pénibles les nuits chaudes qui les accompagnent,
et où il arrive que l'on ne puisse voir le sommet de la colonne du thermomètre
s'abaisser en dessous de 40°.
Durant ces nuits le sommeil tarde à venir, quels que soient les artifices employés,
tels que la serviette imbibée d'eau étendue sur le corps,
à même la peau, et qui procure une passagère sensation de fraîcheur
qui permet l'assoupissement. De toutes façons,
ces excès de chaleur sont difficiles à supporter pour tous,
même les personnes habituées, et ce, sans distinction de race!
A côté de la chaleur fréquente, le froid plus rare et moins extrême,
sévit partout dès qu'on s'éloigne de la Méditerranée;
il gêle très fréquemment de décembre à février dans toutes les régions,
surtout près des montagnes. A titre d'exemple on a observé, le 31 Janvier 1935,
15° en dessous de zéro à Géryville dans le sud oranais et en montagne,
au-dessus de 2000 mètres, le froid était bien plus intense.