Parachutistes d'Infanterie de Marine (volet 6 )
[Au retour du Tonkin le 28 février 1946, ouvre une nouvelle phase du conflit indochinois. Les besoins en effectifs se font pressants et le coup de force d'Ho Chi Minh au mois de novembre suivant entraîne une situation militaire difficile. Des renforts sont nécessaires, notamment des soldats aguerris : Troupes coloniales, Légion et parachutistes. Dans ce dernier cas, outre la demi-brigade SAS, l'état major des armées décide de former une demi-brigade coloniale de commandos parachutistes en Bretagne à compter du 1er octobre 1947.
Les seuls parachutistes coloniaux existant alors étaient des éléments brevetés du Commando léger d'intervention (CLI), ceux des commandos Conus et du Laos, et ceux du groupement Ponchardier SAS à un groupe issu des fusiliers marins et trois groupes coloniaux. Le CLI et le groupement Ponchardier étaient rattachés administrativement au 5e RIC.
En février 1947, le 5e bataillon d'infanterie coloniale (BPIC) se constitue à Tarbes sous les ordres du chef de bataillon Dupuis, ancien du groupement Ponchardier. Maintenant les traditions du 5e RIC-CLI dont il prend le drapeau, il regroupe progressivement tous les cadres rapatriés d'Extrême-Orient et les jeunes engagés du CATCM de Toulon. A la fin de 1946, un premier détachement de 200 volontaires part en Indochine au titre de la maintenance de la Demi-brigade SAS. D'autres suivent au cours du premier semestre 1947. Le 5e BIC devient l'élément de base des relèves individuelles des unités coloniales de parachutistes en Extrême-Orient.
Le 23 juin, bien que les engagements pour la futur demi-brigade soient reçus au titre du 3/2e RCP, le bataillon met sur pied un détachement de 700 hommes qui devront être prêts à embarquer le 15 octobre pour former le 2e BCCP-SAS à l'arrivée en Indochine.
Le reste du 5e BPIC est restructuré en compagnie de passage et d'instruction pour les volontaires à venir. Après diverses études – en particulier la création d'un GAP colonial au sein de la 25e DAP – l'état-major de l'armée décide la création en 3e région militaire, le 1er octobre 1947, de la Demi-brigade coloniale de commandos parachutistes formés initialement d'un état-major, d'un bataillon de commandement et du 5e BPIC.
Cette DBCCP relève des traditions parachutistes SAS : béret rouge et la devise « qui ose gagne », le drapeau, qui est celui du 2e RCP/SAS et était détenu par la demi-brigade SAS en Indochine.
Elle s'installe dans les derniers jours de septembre 1947 au camp de Meucon, au nord de Vannes.
Le colonel Massu, fraîchement breveté parachutiste, en prend le commandement ; le chef de bataillon Ayrolles est à la tête du Bataillon de commandement, le capitaine Coqueret est officier adjoint, le commandant Fourcade commande l'école de jungle. Secondé par les capitaines Mantes, Lesecq, Escarpit et Guéritie, le chef de bataillon Rosel dirige le bureau opérations instruction et organise les différentes activités de la demi-brigade.
Très rapidement, la DBCCP se développe et comporte une compagnie d'instruction : la CI n°1 aux ordres du lieutenant Camus, une compagnie de jeeps armées et un centre d'entraînement au saut dirigé par le capitaine Moilié. Pour constituer et instruire les unités destinées à l'Indochine et à l'Afrique, trois compagnies de passage sont mises sur pied en 1948 : la CP n°1 à Meucon, la CP n°2 à Saint-Brieuc, la CP n°3 à Quimper.
L'état-major et le bataillon de commandement occupent la caserne Delestraint à Vannes, le centre commando et d'entraînement au saut, le camp de Meucon. La Demi-brigade coloniale de commandos parachutistes compte environ 2 200 hommes, officiers compris. A la fin de 1947, répondant à l'appel du lieutenant-colonel de Bollardière, sans prendre le moindre congé de fin de campagne, un certain nombres d'officiers et de sous-officiers de la Demi-brigade SAS rejoignent Meucon pour animer l'école de commandos et le centre d'entraînement au saut, compléments indispensables de l'ETAP de Pau-Idron et du camp de jungle de Caïs, près de Fréjus.
En cette première année de création, le colonel Massu, tout en assurant une liaison constante en Indochine après de la 2e DBCCP achève la montée en puissance de la demi-brigade avec la mise sur pied des éléments organiques de brigade ( génie,train, ACP, matériel et intendance, transmissions et observation d'artillerie ).
Avec la création de la DBCCP, le système de relève des unités aéroportées devient plus cohérent, notamment pour les parachutistes coloniaux qui seront renforcés à la fin par les métropolitains. Un bataillon, « B» est constitué en Bretagne et administré par une compagnie de passage de la DBCCP. Son instruction terminée, il embarque pour l'Indochine après un stage au camp de Caïs.
A son arrivée en Extrême-Orient, il remplace le bataillon « A » qui rentre en France et disparaît administrativement. Le bataillon « B » sera ensuite relevé par un bataillon « C » tandis qu'un bataillon « A » - le deuxième « A » est constitué avec de nouveaux éléments provenant bien souvent d'autres bataillons rapatriés précédemment et de nouveaux volontaires. Alors que les deux BEP restent à demeure en Indochine, le 10e BPCP dissous le 30 août 1952, puis l'essentiel d'un bataillon de parachutistes coloniaux qui va connaître un parcours administratif assez étonnant : cette unité constitue tout d'abord le 10e BCCP, puis à son arrivée, il devient le 10e BPCP de deuxième formation avant de reprendre quelques jours plus tard l'Appellation définitive de 2e bataillon du 1er RCP (2/1 RCP ).
Le principe de la relève collective des bataillons étant décidé en mai 1948, ces unités porterons le nom de bataillons coloniaux de commandos parachutistes, numérotés à partir de « 1 ». Après les deux BCCP-SAS, un troisième bataillon de combat doit être constitué en décembre 1947 à partir de la 4e demi-brigade coloniale dissoute. En fait, il sera mis sur pied en 1948 avec les rapatriés de la demi-brigade SAS et les engagés recrutés d'ici et là. Ce sera le 3e bataillon colonial de commandos parachutistes créé le 8 janvier1948 à Saint-Brieuc.
Aux cours de la période indochinoise de son existence, le bataillon set soumis aux règles qui régissent les unités de parachutistes coloniaux en matière de relève en Extrême-Orient. Ainsi, le 3e BCCP, première unité de parachutistes coloniaux formée par la demi-brigade à destination de l'Indochine est créé à Saint-Brieuc le 1er janvier 1948 sous le commandement du chef de bataillon Ayrolles. Il sera dissous le 1er novembre 1950 à la suite du désastre de la RC 4. Son recrutement son organisation, son instruction et son entraînement constituent le modèle de base de tous les bataillons de parachutistes coloniaux qui, seront formés à Vannes, Quimper ou Saint-Brieuc pour servir en Indochine.
Le 3e BCCP qui compte dans son état d'encadrement le chef de bataillon Romain-Desfossés, les capitaines Mollo, Bigeard et Escarpit quitte Meucon pour l'Extrême-Orient à la fin du mois d'octobre. Cette année 1948 voit également la formation et le départ de nombreuses unités sur le théâtre d'opérations extérieurs, dont le 5e BCCP formé à Saint-Brieuc.
Aux ordres du chef de bataillon Grall, il compte dans ses rangs les capitaines Sorret, Picherit, Bonnigal et Il embarque pour l'Extrême-Orient au mois de juin. Une compagnie commandée par le capitaine Souquet est dirigée à la même époque sur Dakar pour former le GCCP-AOF qui sera à l'origine du 4e BCCP. Un groupement de commandos aux ordres du capitaine Pins fait mouvement sur Tananarive en août tandis qu'un autre GCCP embarque pour Brazzaville sous le commandement du capitaine Ferrano. L'année se termine par une intervention de deux bataillons (6e BCCP et BCI ) dans la région de Bruay-en-Artois et de Lièvin , au titre du maintien de l'ordre lors des grandes grèves des mineurs du Nord.
A SUIVRE....................