Le colonel TRINQUIER Devint commandant du 3e R.P.C au mois d'avril 1958 remplaçant le colonel BIGEARD à la tête du régiment et fut mon chef d'avril à août 1958 date de la fin des trois ans de mon contrat chez les Paras.Roger TRINQUIER, '' centurion '' d'Algérie; l'image est vivace, de l'officier politique et du mercenaire qu'il n'a jamais été.
Né en 1908 dans un village des Basses-Alpes, très robuste mais d'un caractère un peu fermé.
Brillant élève durant la communale, il rêve déjà des colonies Française et de voyager vers ces immenses étendues.
Il rentre à l'École Normale d'Aix-en-Provence, devenu officier de réserve dans cette entre-guerre il sort dans les premiers et choisi les troupes coloniales.
Muté en Extrême-orientale sur la frontière de Chine.A cette époque l'Empire Français est immense, beaucoup de futurs chef des armées y feront leurs preuves.
En Indochine, sur la frontière de Chine, il commande un petit poste de frontière sous les ordres du capitaine Salan; à son retour en métropole, il est en garnison avec le lieutenant Massu, puis il repart, en Chine cette fois.
En poste à Pékin, Tien-Tsin, puis à Shanghai, il suit avec angoisse les combats qui précipite la défaite du pays en 1940.
Il assiste, impuissant, au déferlement des troupes nippones et, le 9 mars 1945 au coup de force japonais en Indochine.
A la fin du conflit, Trinquier est rapatrié en Indochine où il retrouve nombre de ses anciens camarades couverts de galons et de décorations.
Il n'est pas dans son tempérament de les envier. Mais il veut lui aussi goûter à cette aventure qui l'a fui depuis sept ans.
Pour cela, il sert au commando SAS B sous les ordres du capitaine de frégate Ponchardier lors du retour de la France au Tonkin.
Il s'initie à la technique de la guérilla: coups de main, embuscades, destruction d'objectifs,,,
Doué d'un caractère bien trempé et d'un solide bon sens, il est animé par une conviction profonde de la valeur rigoriste, traditionnelle qui lui permette de jugé la situation au premier coup d'œil et d'avoir une grande confiance en lui-même.
Adepte des solutions simples et efficaces , il se révèle être un remarquable meneur d'hommes au baroud.
Il sait que dans ces rizières où la densité adverse est relativement faible, l'audace basée sur des renseignements fiables paie.
Rapatrié, il découvre les techniques de la guerre moderne et surtout les TAP qui ajoutent la troisième dimension à la forme de guerre qu'il préconise en Indochine.
Puis il repart comme capitaine adjoint du commandant Dupuid au 2e BCCP. Lorsque son chef est tué à côté de lui dans une embuscade , il prend le commandement de l'unité et en fait le fer de lance des troupes du Sud-Vietnam.
Deux ans de combat, trente opérations aéroportées, la Cochinchine dans tous les sens...
C'est ici qu'il trouve sa vocation. Et lorsqu'il revient pour un quatrième séjour, à la tête du groupement de commandos mixtes aéroportés ( GCMA), son goût de l'étude, sa connaissance de l'âme asiatique, sa discrétion naturelle, feront merveille parmi tous les anticonformistes qui composent le groupement.
C'est le temps des maquis anti communistes implantés dans les zones contrôlées par le vietminh, de la surprise, des combats et de l'insécurité sur les arrières de l'ennemi, des promesses aux populations,,,
Mais aussi celui du reniement et de l'abandon.
Le commandant Trinquier ne l'oubliera pas.Vient l'Algérie, une guerre qu'il faut gagner cette fois , Trinquier sert à l'état-major de la 10e DP .
Trinquier, un homme des Services Spéciaux, il était le frère d'armes de Massu, il était plus particulièrement chargé de l'élaboration d'un plan de contre-subversion et du contrôle de la population Trinquier et Massu étaient très proches,.
Ils avaient été nommés sous-lieutenant le même jour, l'un à Saint-Cyr et l'autre à Saint-Maixent.
Il seconde le colonel Godard durant la Bataille d'Alger .Son pragmatisme allié à une grande connaissance de la guerre révolutionnaire en font un adversaire redouté des chefs du FLN.
Pour empêcher que les terroristes se fondent dans la population, et s'inspirant de l'organisation de la défense passive, il crée le dispositif de protection urbaine (DPU ) selon lequel, la ville d'Alger est entièrement compartimentée sous une forme pyramidale avec, à chaque niveau, un responsable mis dans l'obligation de déclarer toute présence insolite dans les limites de sa zone et de ses responsabilités.
Ce système combiné avec l'action des régiments parachutistes se révélera d'une redoutable efficacité. Lors des événements du « 13 mai 1958 », Trinquier se servira du DPU pour peser sur la population européenne et lui faire adopter le collège unique qu'elle refusait vigoureusement quelques jours plutôt.
Toutefois, il sera débordé par les gaullistes qui toucheront les dividendes de son activisme lorsque Massu en appellera au général de Gaulle.
En 1958, il remplacera Bigeard à la tête du 3e Régiment de Parachutistes Coloniaux qui deviendra au mois de août 58, le 3e Régiment de Parachutistes d'Infanterie de Marine.
Il trouve la « boutique » parfaitement rôdée, et sous son commandement, le régiment traquera impitoyablement les katibas sur la frontière algéro-tunisienne, dans les Aurè-Németchas et en Kabylie lors des grandes opérations du général Challe.
Il quitte le commandement du « 3 » un an plus tard, en mars 1959, il luttera jusqu'au bout pour une certaine idée de la France.
Dans cet ultime combat, il engagera son âme et son honneur. Ce qui lui vaut d'être relégué dans un commandement éloigné et difficile.
Adaptant ses méthodes à la situation, il obtient néanmoins des résultats très honorables
Plus tard, ayant quitté le service actif, on le retrouve en Afrique, avec Faulques aux côtés de Tschombé lors de la sécession du Katanga.
La sécession katangaise est un échec Roger Trinquier rentre en France et se consacre à l'écriture et aux anciens parachutistes.
Avec le colonel Buchoud, il crée l'Union National des Parachutistes dont il fut le premier président.
Décédé accidentellement le 11 janvier 1985, le colonel Trinquier fut l'une des figures marquantes des troupes aéroportées.
Il était commandeur de la Légion d'Honneur et titulaire de quatorze citations. Colonel Roger Trinquier : la bataille d'Alger