Opération « SOUKIES II » Opération de FOU-EL-MECHRAAprés un bref repos dans notre base avancée de Négrine, le temps de remettre le matériel en ordre de marche, surtout les jeeps qui souffrent de rouler sur des pistes caillouteuses, les pneus sont malmenés par l'agressivité du terrain.
Je suis heureux de retrouver l'oued du fort de Négrine, avec ses excavations naturelles en forme de piscine ou une eau limpide est fraîche coule en cascade pour finir sur une sorte de plage faite de galets arrondis et bordée de lauriers rose, un petit paradis dans cette région aride, étonnant décor en bordure du Grand Erg Oriental, c'est le début du Sahara.
Le 07 avril 1958 -20 heuresLe temps de réviser notre équipement, la dotation de munitions, la propreté des armes et le plein des bidons, nous sommes avertis d'un départ cette nuit pour une intervention éventuelle sur un passage de rebelles à la frontière tunisienne. Les compagnies sont maintenant sur la piste et notre Escadron commandé par le capitaine Calès, se positionne en bouclage sur un itinéraire emprunté par les bandes venant de Tunisie.
Le 8 avril 1958: 5 h 30.J'apprends que l'embuscade tendue par la 2e compagnie du capitaine Planet est payante; une bande de HLL s'est jetée dans la nasse, l'accrochage est violent, panique dans la Katiba qui cherche à fuir par les hauteurs.
L'escadron fonce vers la position de la 2e compagnie avec nos jeeps sur une piste difficile d'accès, il faut par tous les moyens, bloquer les fuyards.
Nous sautons des jeeps et prenons au pas course les lieux de la fusillade, le peloton de tête tombe sur un groupe de fells en fuite ils sont neutralisés presque à bout portant, les tireurs FM mitraillent l'arme à la hanche au hasard dans les fourrés touffus de l'oued, alors que la voltige vide chargeur sur chargeur, faisant une terrible ligne de feu infranchissable. Nous n'avons aucun blessé ; c'est un miracle !
Nous récupérons une mitrailleuse MG, un FM et 12 armes de guerre 16 rebelles perdent la vie.
Durant ce temps les T6 venus à la rescousse traitent les zones difficiles d'accès à la roquette, maintenant la bataille fait rage de partout deux à trois katibas son dans la nasse, l'artillerie pilonne un versant du djebel; quand soudain un T6 avec un panache de fumée disparaît de ma vue, il va se crashé au sol.
Vers dix heures les chars sont passés et prennent à partis des éléments en fuites.
Les canons tonnent, le vacarme de la bataille résonne dans un grondement continu.
Vers onze heures nouvelle accrochage avec une forte résistance de la part des rebelles, c'est encore Planet qui est en première ligne.
Les héliportages se succèdent à un rythme infernale, la troisième compagnie du capitaine de Lamby héliportée, se trouve au contact presque aussitôt, sa ferraille dure dans leur secteur.
Il est 13h 30 quand nous sommes héliporté à notre tour au plus prés de la bagarre, je suis en troisième rotation des Sikorky, à l'arrivée il faut faire un saut de plus de deux mètres pour toucher le sol, que le Siko est déjà entrain de s'élever, le bruit assourdissant des pales brassant l'air, se joint à l'odeur d'huile brûlée du moteur, l'hélicoptère dans un dernier effort s'élève péniblement, vibrant de toute sa carcasse, prend de la hauteur et part chercher une autre cargaison de paras.
Nous marchons au canon pour couper la route au fells qui galopent vers le seul point de sortie.
C'est nous qui arrivons les premiers. Le contact est brutal, je suis en position avec le groupe FM sur une passe entre deux rochers quand la galopade des premiers fuyards apparaît à 50 mètres, le feu de toutes les armes est simultanés, les lances grenades font mouchent, cela n'arrête pas l'élan des combattants rebelles, ils viennent buter mais en vain sur notre ligne de feu, cent paras font parler les armes de toute leur puissance, c'est un roulement continu l'air est saturée de l'odeur de la poudre.
Pas un ne réussi à passer le barrage de feu, la voltige lancée en avant, grenade par bonds, les points possible ou se s'abrite les combattant du FLN, c'est un carnage.
Cela dure dix minutes intense, avant l'assaut des pelotons, je me suis déplacé pour mieux protéger mon équipe voltige, je mitraille le versant du talweg ou des fells se sont abrités derrière de grosses roches, le deuxième peloton contourne les gus retranchés et les allume, pris entre-deux feu, certains se rendent les autres se font tuer sur place.
A seize heures, tout est finie, la fouille et la récupération des armes, le dénombrement des cadavres HLL, un court arrêt pour reprendre notre souffle et déjà, un héliportage de l'Escadron pour rejoindre nos jeeps, laissées à la garde de plusieurs éclopés, les camions du groupe de transport sont arrivés pour ramener une compagnie je pense que c'est celle de Planet et le PC avec également la compagnie d'appui portant ses mortiers et ses canons de 75 SR.
Nous revenons sur Soukiès par une piste en mauvaise état. Il est 19 heures.
Le bilan est significatif pour notre seul régiment du 3e R.P.C, durant ces quinze jours d'opération, avec « Soukiès I » et « Soukiès II » et « Méhari »
BilanPertes rebelles pour l'ensemble des opérations =
420 .
Prisonniers =
102 Arrestations =
106Armement récupéré :
345 :
Mitrailleuses =
14Fusils-mitrailleurs =
11Pistolets-mitrailleurs =
62Mortiers de 50 =
03Pia =
02Fusils =
253Divers:Fusils de chasse =
0505 tonnes de munition
05 dépôts de vivres
Médicaments et documents
Malheureusement pour notre régiment; des pertes , nos camarades de combat. Pour notre seul unité, il y a:
11 tués dont 1 officier.18 blessés dont 2 officiers