Il y a quelques années le 29 septembre 2003, le jour de la St Michel, l'adjudant-chef Henri Georges SIMON s'éteignait frappé par un mal implacable après avoir longuement lutté. Guerrier de légende, il venait d'être élevé au grade de commandeur dans l'ordre national de la légion d'honneur;
Il était également médaillé militaire, décoré de la croix de guerre des TOE, de la croix de la valeur militaire et de nombreuses décorations attestant son engagement permanent au service des armes de la France. Ces faits d'armes se comptaient plus, et il était titulaire de dix citations dont quatre à l'ordre de l'armée et il avait été trois fois blessé.
Bachelier à 19 ans, Henri Georges s'engage à la 1er DBCCP de Vannes-Meucon . Bientôt, il débarque à Haiphong où il est affecté à la 202e compagnie supplétive militaire, puis au 52e bataillon vietnamien. Avec ces soldats autochtones à l'aise dans l'environnement hostile des rizières et de la jungle, rustiques et courageux, il découvre une nouvelle forme de guerre qui lui convient parfaitement et rapidement, il adopte les méthodes de la guérilla qu'il combat.
Au cours d'une embuscade à Mao-Khé, il est blessé à deux reprises et le sera à nouveau à Sontay. Durant ses séjours, de 1951 à 1955, sa belle conduite au feu lui vaut trois citations.
Alors que l'Algérie s'enflamme à son tour, après son congé de fin de campagne d'Indochine, début 1956, le caporal, puis caporal-chef SIMON est affecté au 3e RPC du colonel BIGEARD alors en pleine restructuration. BIGEARD fera de lui un sous-officier d'élite qui entame sa nouvelle au sein de la compagnie d'appui commandée par le capitaine Chabanne, ancien chef du 21e commando du Nord-Vietnam, secondé par le lieutenant Schmitt, futur CEMA au moment de la guerre du Golf e 1991. Sous les ordres de tels chefs, le sergent SIMON se révèle être un combattant et meneur d'hommes hors du commun.
En moins de deux ans, il est trois fois cité dont une à l'ordre de l'armée: (Dans la région de Djeurf, il a donné une preuve exceptionnelle de sa valeur en s'emparant d'une mitrailleuse, après avoir abattu tous les servants dans un corps à corps à la grenade et au poignard).
A la création de la 5e compagnie du 3e RPIMa, au mois de juin 1958, le sergent SIMON est muté dans cette unité dont il devient le porte-fanion. Chef de groupe, puis adjoint au chef de section, le sergent-chef SIMON participe à tous les combats de la 5e compagnie de 1958 à 1962; notamment à celui du 8 septembre 1960, où le lieutenant Chenevière, sera tué à ses côtés: " Au cours de l'exploration d'une cache, un groupe rebelle ayant surgi, le commandant d'unité, un sous-officier et trois parachutistes ayant été tués, il se trouve seul et sans armes.
Récupérant alors le PM d'un tué, a mis personnellement hors de combat 4 rebelles".
Cette même année 1960, le sergent-chef SIMON est décoré de la médaille militaire. Au mois de juillet 1961, il participe à l'opération "Charrue" à Bizerte avec son unité. A la fin du conflit algérien, alors que le 3e RPIMa se prépare à rentrer en France, l'Adjudant SIMON a obtenu quatre nouvelles citations, dont deux à l'ordre de l'armée.
Baroudeur dans l'âme, soldat colonial dans toute l'acceptation du terme, Henri Georges SIMON ne peut se contenter des nouvelles orientations de l'armée sur le théâtre européen. Après un bref passage au 8e RPIMa, il est affecté en aoùt 1962 à la mission militaire de Ventiane, au Laos, en qualité d'instructeur des troupes laotiennes confrontées à la guérilla très active du Pathet-Lao. Participant aux combats avec ses hommes, il est fait prisonnier à deux reprises. Il s'échappe une première fois, mais la deuxième fois, seule l'intervention de la commission internationale de contrôle permet sa libération. Il obtient néanmoins une prolongation de séjour d'un an et rentre en France en 1966.
Il retrouve avec plaisir le 3e RPIMa où il est affecté à la 1er compagnie en qualité de chef de section de blanc 3. Il est alors adjudant-chef et chevalier de la légion d'honneur. L'adjudant-chef SIMON quitte officiellement l'armée en 1968 pour un service de coopératio spéciale en Afrique centrale qui s'achèvera en 1986.
Il revient alors à Besançon où il rassemble ses souvenirs dans un livre intitulé "La Harka- 5e compagnie- 3e RPIMa". En 1991, un besoin d'intériorisation le conduit sur l'île de Robinson Crusoé qui se trouve dans l'archipel Juan-Fernandez, à 650 kilomètres au large de Valparaiso du Chili. Il en reviendra en 2000. Entre-temps, il a fait paraître un deuxième livre: " Sur les traces de Robinson Crusoé" et a été promu officier de la légion d'honneur. En septembre 2003, l'adjudant-chef Henri Georges SIMON est hospitalisé à Besançon. C'est sur son lit de souffrance qu'il reçoit, le 22 septembre, des mains de son ami, l'adjudant-chef Lame, ancien de la 4e compagnie, les insignes de commandeur de la légion d'honneur. Le 29 septembre 2003, jour de la Saint- Michel, Henri Georges SIMON effectuait son dernier saut dans l'inconnu.
Cette histoire provient du livre "Être Durer" de Pierre Dufour