Alexis Troude
Les relations franco-serbes au sein de l’Armée d’Orient
1915 - 1918
La Serbie en 1914 : un allié récent mais solide de la France
détails à voir dans : http://www.doiserbia.nb.rs/img/doi/0350-7653/2006/0350-76530637221T.pdf
Découvertes réciproques
Fraternite d’armes et reconnaissance des Serbes
paragraphe tiré du document pdf ci-dessous, retraçant les circonstances de leur présence à Bizerte.....
Au debut du front de Salonique, soldats serbes et francais se jaugeaient car la vision de l’autre etait difficile : les Etats-majors n’avaient pas prepare leurs soldats a une cohabitation et aucune explication des cultures autochtones n’avait été faite auprès des poilus d’Orient. Radenko Ivić, arrivant a Salonique en avril 1916 expliquait ainsi sa peur des Français.
Nous avons été mis en garde a vue et le bateau qui nous accueillait etait empli d’hommes en armes qui nous défiguraient ; le bateau était inonde de lumière venant de grands projecteurs ..
Mihajlo Milojević se souvient aussi quel accueil il a reçu a Bizerte au printemps 1916: .
Les Français nous attendaient sur des chevaux, le revolver au ceinturon, la carabine au flanc et le sabre a la
Main ».
Or les Français expliquaient leur attitude suspicieuse, voire craintive : « Nous avions entendu parler de vous [les Serbes] comme de sauvages qui veulent fuir. Mais quand vous avez montre que personne n’essayait de fuir, notre peur a disparu.
Cette incrédulité et cette peur du coté français provenaient d’une méconnaissance totale des peuples balkaniques par le poilu d’Orient a son arrivée en Macédoine.
Le lieutenant Maurice Tetenoir, dans son journal de guerre, expliquait bien le long temps d’acclimatation pour ces soldats brutalement jetés dans une guerre qui se déroulait loin de leur patrie. Arrive le 26 septembre 1915 sur le front de Salonique et place dans le secteur de Kereves, Tetenoir reconnut d’abord avoir peu de contacts avec la population locale.
Ainsi le 8 octobre 1915 : . Nous partons au camp installé à 4 km. La pluie tombe a torrents, nous traversons la ville arme sur l’épaule.
La population nous regarde ; les soldats et les officiers grecs nous dévisagent. .
Le lieutenant savait que l’armée française allait devoir se battre aux côtés de l’armée serbe, mais il ne la connaissait pas encore.
Ainsi toujours le 8 octobre, Tetenoir écrivait : . La 176° etait partie a 11 heures pour embarquer a destination de la Serbie.
Arrivés a la gare, contre-ordre ; il ne peut partir pour raison diplomatique.
Le train venu de Serbie repart vide…
Quelle est notre situation ici ? .
Sa mission était donc peu claire : aider des Serbes qu’il n’avait pas encore vus.
Or même lorsqu’il dut les accueillir, Tetenoir avait peur de ne pas les reconnaître. Le 19 octobre, parti avec un peloton occuper le village de Gradec incendié par les Bulgares, le lieutenant dira : . Devant nous des Serbes qui parait-il vont se replier cette nuit. Comment les reconnaitrons-nous ?
Malheureusement, le lieutenant Tetenoir mourait trois jours apres dans une embuscade, sans avoir connu lessoldats serbes.
Mais la proximité des garnisons – les Serbes furent placés au centre du dispositif de l’Armee d’Orient – et surtout la fraternité d’armes à partir de la percée du Kaimaktchalan [Kajmakčalan] en septembre 1916 allaient vite aider a se étaient et s’apprécier. Un rapport établi par l’officier de liaison a Corfou en mars 1917 semble indiquer que les soldats français s’entendaient bien avec ceux des autres nationalités.
Notamment, les liens entretenus avec les Serbes étaient très cordiaux et suivis.
Un an plus tard, l’officier de liaison Strauss auprès de l’armée serbe, confirmait le sentiment d’un fort rapprochement des poilus d’Orient avec leurs homologues serbes. Il dit ainsi :
"Parfaitement accueillis en France et à Bizerte, lors des séjours de convalescence qu’ils y ont fait, les soldats serbes ont pour la France un sentiment marqué de reconnaissance.
Ce sentiment des officiers de liaison français est corroboré par les remarques et écrits d’après-guerre des intéressés, les soldats serbes. Ranko Aleksandrović raconte son voyage de Valona a Corfou : . Les Français nous ont accueillis comme des frères ; ce sont des mères pour nous, je ne sais comment décrire combien ils nous ont sauvé a Corfou.
Radojica Petrović accomplit un parcours impressionnant pour rejoindre le front. Il est parti de Londres, puis a embarqué a Toulon pour Bizerte en juin 1917 avant se retrouver sur le front de Salonique a l’été 1917. Le plus important pour lui était que les Français aient montré tout de suite un fort sentiment de solidarité :
« Je remercie les Francais de nous avoir fourni des bouées pour le sauvetage à Bizerte, avant même de nous donner des vêtements.
Mais c’est Danilo Kuzmić qui le mieux parviendra à decrire le sentiment d’amitié qui naquit a Salonique entre Serbes et Francais. A son arrivée a Salonique, il nota que . les Français étaient joyeux de nous voir et nous joyeux d'être revenus ….
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L’hôpital N°2 et les réfugiés serbes de Ferryville
Les Serbes à Ferryville.... http://menzelbourguiba-ex-ferryville.over-blog.fr/article-l-hopital-n-2-et-les-refugies-serbes-de-ferryville-68318411.html
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Il s’agit comme le précise le document de la construction d’un hôpital destiné à recevoir les blessés des combats des Balkans et surtout des milliers de réfugiés civils et militaires serbes. Et effectivement on sait qu’une importante communauté serbe s’installa dans la région de Bizerte et à Ferryville. Alors avant d’aller plus loin un petit rappel sur l’histoire des relations entre la France et la Serbie. Chacun se souvient de l’assassinat, par deux jeunes nationalistes serbes, originaires de Bosnie-Herzégovine, de François-Ferdinand héritier d’Autriche-Hongrie. Nous sommes le 28 juin 1914 et l’Europe était alors une véritable poudrière qui n’attendait qu’une étincelle pour éclater. Et ce qui devait arriver arriva : la guerre de 1914-1918 et qui causa la mort de 8 millions de personnes. L’Autriche-Hongrie, soutenue par l’Allemagne, déclara la guerre à la Serbie. Puis s’ensuivit une escalade qui fit entrer les principales puissances européennes dans le conflit. La Russie d’abord, puis la France et l’Allemagne vont décréter la mobilisation générale suivie de l’Angleterre quelque temps après. La première guerre venait ainsi d’éclater. La France et la Serbie se retrouvèrent alliées dans ce conflit. Mais il faut savoir que la Serbie devenait un très bon client de l’industrie d’armement français.
Et Ferryville dans tout cela ? Eh bien Ferryville, du moins l’usine d’hydravions, située dans les « Hangars Donné » va se retrouver, dès 1914, totalement mobilisé par la guerre. Puis à nouveau elle va se retrouver à l’avant poste, pour accueillir les centaines de soldats serbes blessés ou réfugiés après l’échec du débarquement franco-britannique en 1915-16 qui donne lieu à une retraite massive. Les Blessés et les réfugiés serbes sont environ 13 000 dans la région de Bizerte et à Ferryville. Et c’est dans ce contexte que va intervenir le Dr Etienne Barbe à qui sera confiée l’extension de l’hôpital N°2 pour accueillir les blessés serbes. A l’époque le vice-amiral Paul-Emile Guépratte, qui rappelons-le avait dirigé les troupes françaises au cours du fameux débarquement franco-britanniques des Dardanelles, avait été nommé Préfet maritime à Bizerte. Qui plus est l’épouse du Dr Barbe devint même la vice-président de la Croix Rouge à Ferryville qui entreprit un travail important pour les blessés serbes accueillis dans le fameux hôpital N°2. Anne Barbe, née en 1885 décèdera en 1957 à Boulogne dans la région parisienne. Le Dr Etienne Barbe né en 1874 décèdera en 1938. Il ne faut pas oublier que le Dr Etienne Barge a été médecin-major à Bizerte en 1901 et 1902.
Ferryville une ville qui, dès l’origine, a accueilli des étrangers venus de toutes parts et de tous horizons. Et les serbes comme on l’a vu ne sont pas en reste. Pour preuve de leur passage et de leur présence cet ossuaire, inauguré le 1er novembre 1920 au cœur du cimetière de Ferryville à la mémoire des soldats serbes et français. J’ouvre une parenthèse ici pour signaler que le cimetière de Ferryville est « de tous les cimetières de Tunisie, celui qui renferme, le plus grand nombre de tombes militaires (…) où l'on en compte près de trois mille. C'est en effet là que reposent les malheureux blessés, naufragés et réfugiés, évacués sur Bizerte. Qui n'ont pas pu échapper à la mort, en dépit des soins qui leur ont été prodigués par le Service de Santé » (cf. L’Afrique du nord illustré décembre 1920). Il y aurait 1800 tombes serbes dans ce cimetière.
http://menzelbourguiba-ex-ferryville.over-blog.fr/article-l-hopital-n-2-et-les-refugies-serbes-de-ferryville-68318411.html
http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Bizerte_-_R%C3%A9sident_g%C3%A9n%C3%A9ral_-_troupes_serbes.jpg
Français : Le résident général passant des toupes serbes en Revue, Bizerte, Tunisie
Voir article
La Presse (Paris. 1836)
1916/01/15 (Numéro 8554) évoquant l'accueil de l'Amiral Guépratte aux Serbes, à Bizerte
http://militaires-d-hier.forumgratuit.org/t3798-l-amiral-guepratte-accueille-les-serbes-a-bizerte#26685[/center]