La bataille du Tran Ninh
Xieng Khouang et la Plaine des JarresDébut avril 1953 le corps de bataille Vietminh était en place pour son offensive sur le LAOS : la Division 304 à l'est près de NONG HET, 10 bataillons au centre à MOC CHAU, 2 régiments à l'ouest sur l'axe du MEKONG tandis que 4 régiments fixaient les Forces Françaises de NA SAN et surveillaient la R.P. 41.
Les détachements Vietminh du centre et de l'est étaient chargés de s'emparer de SAM NEUA et de poursuivre en direction du TRAN NINH.
Le Général SALAN décide très vite de faire évacuer la garnison de SAM NEUA vers le Centre de Résistance de la Plaine des Jarres. Cette garnison n'était constituée que de trois bataillons.
Par suite d'une accumulation de retards, le repli des troupes Laotiennes (1er BPL, 5e et 8e BCL) se transforme en une véritable déroute avec la perte de près de la moitié des effectifs de ces trois bataillons.
SAM NEUA est prise par le Vietminh. A l'est, la D.304, accourue à marches forcées s'empare de BAN BAN et XIENG KHOUANG dont les garnisons sont repliées sur la Plaine des JARRES le 20 avril.
A l'ouest le Régiment 148 parvient à proximité de LUANG PRABANG, la capitale royale.
Le dispositif Vietminh a investi en un mois le nord de la zone du Haut MEKONG et l'est de la zone du TRAN NINH.
Par ordre du 17 avril (Réf. SHAT 16H1641), le Colonel DUCOURNEAU, commandant les TAP Nord met en alerte le 2e Bataillon Etranger de Parachutistes.
Le lendemain le bataillon, 800 hommes et 8 tonnes de matériel, est aérotransporté de HANOI au camp retranché de la Plaine des JARRES à bord de 38 Dakotas.
Le 27 avril, la mission du Colonel commandant la Zone Opérationnelle du TRAN NINH lui est fixée Rechercher le contact et détruire l'adversaire sur trois axes •C.R.P.J. - XIENG KHOUANG
•C.R.P.J. - BAN BAN
•C.R.P.J. - MUONG SUI
Les forces en position dans la Plaine des JARRES comprennent alors en résumé 6 bataillons dont 2 Parachutistes et 2 batteries de 105 mm.
Le dispositif V. M. est le suivant •Au nord, Régiments de la division 308 qui cherchent à intercepter les colonnes françaises de la garnison de SAM NEUA dispersées à HUA MONG.
•Sur l'axe RC 7, le Régiment 9 de la division 304 occupe la cuvette de BAN BAN en se couvrant vers le CRPJ par le Bataillon 400 étalé en bouchon. A l'est le Régiment 57 de la division 304 occupe XIENG KHOUANG, chef-lieu de la province avec un bataillon en défense rapprochée de la ville, un bataillon en couverture entre le CRPJ et la ville, où se trouve le P.C. du Colonel et un ministre LAO rebelle, et un bataillon en défense des autres pistes.
•Le bataillon régional 195 est en réserve à MUONG NGAT et le Régiment 66 protège le P. C. de la Division 304 vers NONG HET.
Les opérations, conformément à l'idée de manœuvre du Colonel commandant la Z.O.T., vont se dérouler en trois phases
•a) Reconquête de XIEN KHOUANG, capitale politique du pays MEO (du 9 mai au 1er juin)
•b) Reconquête de BAN BAN, clef du plateau du TRAN NINH et important carrefour de routes (du 25 mai au 1er juin).
•c) Reconquête de MUONG SOVI.
Le 9 mai 53 l'opération MUGUET débute par le départ du 3e B.P.C. Georges HAMACEK voit partir son "petit co" de corniche Marcel GUILLEMINOT, commandant alors une unité du B.P.C., qu'il avait retrouvé peu avant en Plaine des JARRES.
Empruntant des pistes MEO au sud et au nord de la vallée, ce bataillon vient border la RC 4 à hauteur de la TUILLERIE et repère très précisément le dispositif en profondeur du Régiment 57.
Le 2e B.E.P. entame sa progression le 10 mai. Sa mission est de détruire sur l'axe principal toutes les résistances ennemies rencontrées.
Le Général VIAL qui commandait alors la 6e Compagnie du B.E.P. témoigne «Le 11 mai 1953, (...) dans la nuit, la progression fut stoppée par des Viet-minh qui occupaient solidement le village de DONG DAHN et le calcaire voisin.
Les dispositions furent prises pour attaquer au lever du jour, ce qui fut fait, quasi frontalement par une compagnie (la 6) alors que celle du Capitaine HAMACEK débordait par l'est pour prendre le calcaire à revers.
Voulant se rendre compte personnellement de la situation, il s'avança au plus près de l'ennemi et là il fut mortellement frappé d'une balle en plein front.
J'entends encore le Lieutenant GILLOT, son adjoint, déclarer à la radio, des sanglots dans la voix, "Soleil de 400 vient d'être tué".
L'annonce de cette tragique fin jeta la consternation et la tristesse sur tout le bataillon, personne ne pouvant imaginer que le Capitaine HAMACEK, l'ami de tous, n'était plus.
Les cœurs étaient serrés, des soldats pourtant aguerris pleurèrent.
Et les pensées de tous ses compagnons furent immédiatement par sa jeune femme, Paulette, qui l'attendait à PHILIPPEVILLE où ils s'étaient mariés pour ne bénéficier, ensemble, que de quelques semaines de bonheur...».
Le Capitaine HAMACEK est mort pour la FRANCE à DONG DAHN cote 155 au LAOS le 11 mai 1953.
Sept jours plus tard, les bataillons PARA parviennent. à entrer dans XIENG KHOUANG. La ville pillée et en partie incendiée est abandonnée en toute hâte par l'ennemi.
Pris de vitesse par les reconnaissances, l'ennemi subit des pertes sensibles.
L'opération MYOSOTIS permet l'occupation définitive de BAN BAN par la Légion le 30 mai après une progression et des accrochages extrêmement difficiles dans la jungle.
Le 12 juin le nettoyage de MUONG SOUI permet la reprise en main de la totalité de la zone du TRAN NINH par le dispositif français.