Les "CHASSEURS ALPINS" .

1° COMPAGNIE.

               Récit du Sergent BOST - Combat de US.

           Le 10 Juin la 1ére Compagnie reçoit l'ordre de s'installer à US en bouchon interdisant les routes venant du Nord et de l'Est, en liaison à l'Ouest avac la C.E. installée sur la Chaussée de César, à l'Est la situation est imprécise, et il n'y a, semble-t-il, personne.
           Cette compagnie ne dispose plus que de deux sections. La section de l'Adjudant-Chef ASSENARD s'installe sur la route qui rejoint US à MARINES, à hauteur du château.
            La section de l'Adjudant-Chef CHEVILLARD, au Nord, sur un chemin de crête qui rejoint la grande route de MARINES. Le groupe LAMBOLEY s'organise dans une maison et bat les lisières du village à l'Est du château. Le groupe BOST interdit le chemin lui-même. Le groupe MAGNENOT, à droite, surveille la voie ferrée.
            La Compagnie arrive sur la position vers 7 h 30. A 11 heures, l'ennemi est signalé à MARINES par des cavaliers amis qui se replient. A 11 h 30, les premiers coups de feu sont échangés. Les éléments de reconnaissance se replient suivis immédiatement par des cavaliers ennemis.
            De face, l'avance ennemie est arrêtée, mais des infiltrations se produisent vers l'Est. Quelques Allemands tombent, d'autres parviennent à 50 mètres de nous et nous coupent la liaison avec la section ASSENARD.
            Nous apprendrons d'ailleurs, par la suite, que cette section ayant été touchée par l'ordre de repli a évacué ses positions, mais l'agent de liaison ne pourra parvenir jusqu'à nous pour nous communiquer l'ordre.
            L'étreinte ennemie se resserant et nous trouvant sur le point d'être complètement encerclés, l'Ajudant-Chef CHEVILLARD donne l'ordre de repli. Le groupe LAMBOLEY amorce le mouvement, puis celui de MAGNENOT suit, enfin en dernier lieu mon groupe quitte la position. L'Ajudant-Chef CHEVILLARD part avec mon groupe en serre-file.
             Sous le feu des mitraillettes nous atteignons la rivière, nous essayons de passer celle-ci, mais la profondeur est grande et surtout le fond est formé d'une couche épaisse de vase où l'on s'enlise. Il ne nous reste plus que la possibilité d'essayer d'atteindrele passage à niveau plus au Sud, en longeant la rive. Malgré le feu des mitraillettes ennemies qui nous accompagne, nous y parviendrons.
            Mais la route est battue par des armes automatiques ennemies déjà installées à la sortie Sud du village. L'Adjudant-Chef CHEVILLARD décide alors de gagner, en traversant la route, un bois situé à l'Ouest de celle-ci et ensuite de partir vers le Sud à travers champs.
            L'Adjudant-Chef part le premier reconnaître le bois, il s'y trouve nez à nez avec des éléments allemands; on se bat dans le bois. Je me porte à mon tour avec le Chasseur ROCHE à ce bois. Je n'y trouve plus l'Adjudant-Chef CHEVILLARD ni aucun des hommes de la Section de Commandement envoyés  par un Lieutenant de chars pour faire replier un char que se trouvait encore à l'intérieur du village.
           MAGNENOT ne peut dépasser le bois que de quelques mètres mais le char revient de lui-même. Je consulte alors ma boussole et je prends la direction de PONTOISE.
           Avant PONTOISE je rencontre le Sergent MAGNENOT et le Chasseur FORISSIER, et sur la foi de renseignements donnés par des réfugiés, nous prenons la direction de POISSY.
           Nous rejoignons le Bataillon le lendemain à NEAUPHLE-LE-CHATEAU, après plus de 24 heures de marche de jour et de nuit.

           (à suivre)

Défense du château de CHAMBRY.

           Le 19 Mai, le 4° B.C.P. s'installe défensivement à CHAMBRY (5 km NORD de LAON). La 1 ère Compagnie, commandée provisoirement par le Lieutenant BOURCART, prend position dans le château, il est 8 heures.
           A 9 heures apparaissent les premiers éléments ennemis et bientôt la fusillade se déclenche, de plus en plus intense.
           Les allemands tirent avec rage, les rafales d'armes automatiques, mitrailleuses, fusils-mitrailleurs, mitraillettes crépitent sans interruption. Les Français tirent plus parcimonieusement. Il faut économiser les munitions, mais leur tir est précis et l'ennemi subit de lourdes pertes, de plus en plus nombreux les cadavres jonchent le sol.
           Une auto-mitrailleuse allemande tractant un canon est mise en flammes par le Sergent MONNIN servant un F.M., un camion de munitions subit le même sort. Tous se battent avec acharnement. Un tireur de F.M.ayant été blessé, le Lieutenant BOURCART utilise l'arme en attendant l'arrivée d'un autre chasseur. Le Chasseur SERRURIER tireur de F.M. blessé à la cuisse, ne pouvant rester debout et incapable de servir son arme, la passe à un camarade et s'assied en disant: " je ne peux plus tirer, tu me passeras les fusils à nettoyer, cela je peux encore le faire". Le Chasseur AUBERT a une main arrachée, il veut encore tirer avec l'autre. C'est avec force qu'il faut l'en empêcher et le soigner.
            Vers 14 heures, la situation devient de plus en plus critique, bien que d'innombrables cadavres allemands recouvrent le sol. Les assaillants ont été renforcés d'heure en heure tandis que chaque perte subie par nous est une brèche ouverte dans notre défense par laquelle l'ennemi s'est infiltré.
             Les réduits empêchant à l'ennemi d'encercler le château par l'Est ont cessé le feu. Les occupants de ceux-ci ont presque tous été tués. L'incendie a chassé les quelques rares survivants.
             A 15 heures les cartouches commencent à manquer, ainsi le tir devient intermittant.
             A 16 heures le tir cesse complètement, il n'y a plus de cartouches. Baïonnette au canon les chasseurs sont prêts à défendre leurs positions à l'arme blanche. Les allemaznds sont à quelques mètres du château "Bas les armes, cessez le feu", crie l'un d'eux. La réponse lui est donnée à la française sous la forme de la "Sidi-Brahim" entonnée par le Sous-Lieutenant SAVIDAN et reprise en choeur par toute la Compagnie.

L'ennemi osera-t-il donner l'assaut ? Il n'en est rien car des bombes incendiaires tombent déjà sur le château. Le Bataillon a d'ailleurs, depuis un moment, reçu l'ordre de repli.
              L'ordre de quitter le chateau est donné, et chacun va devoir, en terrain découvert, tenter de rejoindre le Bataillon pour continuer la lutte. De tous ceux qui sont encore vivants seuls les Sergents MONNIN, ROYER, le Caporaux-Chefs ADNOT, OUY et les Chasseurs ROUSSET et CHAUDIER y parviendront.
              Le château, au moment du repli, est étroitement cerné par les allemands. Ceux qui s'en échappent sont soumis à un tir intense d'armes automatiques, d'autant plus meurtrier que  le parc traverse un espace de 500 mètres absolument nu et qui est à franchir avant de gagner les bois ou les premières maisons du village.
              Quelques uns seulement arrivent jusqu'au bois, ils se croient sauvés. Or le bois est déjà parcouru en tous sens par des patrouilles allemandes. Se faufilant en rampant, les survivants parviennent jusqu'au ruisseau qu'il faut franchir pour gagner LAON. Mais une forte patrouille ennemie approche, chacun se cache dans l'eau, la patrouille passe. Le ruisseau est franchi et la route de LAON est en vue avec, toutes proches, les premières maisons de la ville.
              Cette route est sillonnée par des chars, l'éloignement ne permet pas de distinguer s'ils sont allemands ou français.
              Le lendemain, les survivants de la 1 ère Compagnie rejoignaient le Bataillon et avec celui-ci, ils continueront à se battre sans interruption, jusqu'à la dernière minute du "Cessez-le-feu".

 NOTA :

              Ces récits ont été établis à BOURDEILLES fin JUIN 1940 par les Commandants de Compagnies sur la foi de leurs propres souvenirs et à l'aide de renseignements, témoignages fournis par les gradés et chasseurs rescapés.
              Ce sont donc des documents, sinon sans défauts et sans erreurs, du moins précieux pour la rédaction du futur historique du Bataillon.
              Pour le moment il faut, vous-mêmes, chacun de vous, nous dire sincèrement, simplement, mais avec le plus de détails précis et vivants si possible, ce que vous avez vu, ce que vous avez fait, ce que vous avez ressenti.
              N'attendez pas, les souvenirs s'émoussent. Il faudra, plus tard, recueillir les témoignages de nos prisonniers.

            (à suivre)

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                   C'est avec plaisir que j'ai reçu votre lettre du 1° courant, laquelle, en la lisant, m'a montré encore une fois que, comme au Quartier Lacarre, comme à PARIS, comme aux avants postes, comme sur l'Aisne, vous aimiez plus que jamais les Chasseurs du 4° et que vous les considérez entre tous comme d'excellents citoyens pour ne pas dire comme les meilleurs Français. Réciproquement, les anciens du 4° sont fiers de parler de vous; malheureusement, trop nombreux sont les absents qui ne peuvent plus témoigner leur sympathie à votre égard.
                    Pour moi personnellement, comme j'avais été blessé assez gravement à CHAMBRY et que les événements, ensuite, se sont précipités, je n'ai pu rejoindre le Bataillon. Mais quand j'ai appris, par un camarade libéré, que le 4° était dissout, je l'avoue, j'en ai pleuré. J'aimais mon Bataillon ainsi que son Commandant.
                    Je me rappelle comme si c'était hier, tous les conseils que vous nous avez donnés chaque fois que vous nous rassembliez.
                    Je me souviens aussi, alors que nous étions tous rassemblés au Parc des Expositions à PARIS, combien vous étiez fier de nous et comment, après avoir constaté que nous savions nous distinguer au milieu de tous notre tenue, notre politesse, notre allure chasseur, vous avez conclu en nous disant: "puisqu'il en est ainsi, j'ouvre les vannes" et vous nous avez donné quartier libre jusqu'à l'appel du lendemain matin, ce qui prouve que si vous saviez imposer, quand c'était necessaire, une discipline de fer à vos chasseurs, vous désiriez autant, sinon davantage, leur donner toutes libertés quand il était possible, notamment à l'occasion de notreséjour à PARIS, à condition de se montrer toujours dignes de l'écusson du "4".
                    Tout celà n'est plus qu'un rêve, cependant gravé dans mon esprit; j'y réfléchis souvent hélas en me disant "où sont maintenant nos jours de parades si magnifiques ?"
                    Gardons bon espoir et courage, si chacun y met du sien, nous revivrons des jours meilleurs.
                    Si, à l'heure actuelle, beaucoup de Français égoïstes, désemparés et égarés, ont oublié ceux de leurs compatriotes, de leurs camarades de caserne et de front tombés glorieusement ou restés derrière les barbelés, je suis fier de ne pas figurer parmi ceux-là. Je puis dire en tant qu'ancien chasseur: je n'ai jamais eu d'aussi bons copains que ceux du "4", desquels je garde de précieux souvenirs. Voilà bientôt une autre année écoulée. Que d'événements se sont précipités depuis 42, que nous réserve l'avenir, nous l'ignorons hélas !  avec un peu de persévérance et de courage on affronte quoi que ce soit; quand on a quelque chose dans le ventre et une bonne éducation on est capable de s'imposer tous les sacrifices; Trop nombreux sont encore ceux qui n'ont pas compris et c'est par leur faute qu'à l'époque actuelle nous subissons les lois de la défaite, c'est encore par leur faute que la France est en train de crouler. Espérons que la majorité des Français possèdent ce qu'on appelle une conscience et que notre Patrie blessée, meurtrie, ressuscitera glorieuse et digne de ses anciennes traditions.

                     (POUY Pierre à MALPAS, commune de CUSSAC
                          par TAULHAC - Haute Loire.)

       (à suivre)

DECES -

          Tout le 4° apprendra avec une surprise douloureuse le décès de notre excellent camarade de guerre, le Sous-Lieutenant DELPY, commandant une section du Train, celle qui fut, à partir de la Somme, affectée au transport de la 3° Compagnie.
           Le 17 Juin, à VILLARS, alors qu'avec ses cars il se portait à hauteur des lignes de la 3° Compagnie (vers LE GAULT-SAINT-DENIS) pour en assurer le rapide enlèvement au contact immédiat de l'ennemi, il fut blessé grièvement à la cuisse par un obus anti-char qui nous détruisit deux cars.
           Depuis, il ne s'était jamais remis totalement malgré des séjours à PAU puis au MONT-DORT.
           Il est décédé après de longues souffrances, le 14 Juillet 1943 à RENNES.
           Nous avions tous apprécié son enthousiasme, son dévouement, sa foi . . . La 3 ème Compagnie, tout particulièrement le Commandant, ne peut oublier la conduite du Lieutenant DELPY le 9 Juin au cours du repli de la région Ouest de BEAUVAIS (ONS-EN-BRAY, TRENTE-MINES, bois de la MURE). Aucune nouvelle de la 3° Compagnie n'étant parvenue, la route étant dans un état d'embouteillage interdisant toute circulation de véhicules vers la zône qu'occupait cette compagnie, Le Lieutenant DELPY s'est offert spontanémént, malgré la présence de l'ennemi à proximité immédiate, pour aller vérifier si cette compagnie avait été touchée par l'ordre de repli et pouvait effectuer celui-ci.
            Après guerre il rétablit le contact avec le 4° et était un des membres des plus fanatiques de notre amicale. Les prisonniers du 4° devront savoir qu'il a contribué dans une large mesure à l'envoi des colis qui ont pu leur être adressés.
            C'est un bon Français, un excellent ami du 4°, un vrai camarade que nous avons perdu, un de ceux sur lesquels on pouvait compter pour le redressement futur nécessaire.
                                     - - - - - - - - - - - - - - - -

"Une des plus solides et des plus utiles charités envers les Morts est de faire les choses qu'ils nous ordonneraient s'ils étaient encore au monde.

             Par cette pratique nous les faisons revivre en nous, en quelque sorte"

                                 (PASCAL - Pensées - 1660)

       (à suivre)

LETTRE DU SERGENT-CHEF DAHOUT DU 42° R.I.F.
                  Ex-Sergent-Chef du 4° B.C.P., Transmissions du 7-3-1943.

           Après être passé à RAWA-RUZTA (évasion malheureuse) où je pus toucher le Sergent-Chef BAECHLER de la 1 ère par lequel j'eus un résumé de la conduite de notre 4° au cours de cette malheureuse expérience, me voici à KOBIERZYN où j'ai le plaisir de me trouver avec DUMONT, OUDOT et PLANCHON.
           J'ai appris les deuils qui nous frappaient et la résistance de la 1 ère Compagnie. Mon seul regret, croyez le bien, est de n'avoir pas combattu sous le fanion que j'ai servi pendant 7 années consécutives.
           Mon histoire est moins brillante:
           Attaqués le 15 JUIN à 9 heures, l'infanterie de soutien et artillerie rep
liées de la veille, le front fut percé à nos extrêmes: Canal de COLMAR, MARCKOLSHEIM.
           Sous un bombardement intense d'artillerie etd'aviation, nos malheureuses casemates furent durement éprouvées. Le 16 au soir nous avions l'ennemi sur le canal du Rhône au Rhin. Toutes communications coupées avec le R.I. (qui se replie le 16 à minuit ainsi que le 1/42, notre Bataillon de droite). A gauche le 9° B.C.P. enfoncé, les allemands aux faubourgs de COLMAR.
            Nous résistâmes, une centaine d'hommes commandés par le Chef de Bataillon GAGNEUX et le Capitaine DE JACQUELOT, dans le bocqueteau situé derière l'écluse de ARTZNHEIM.
            Jusqu'au 17 à 18 heures, date à laquelle débordés, sans munitions, après un décrochage assez heureux, nous fûmes capturés au débouché de la forêt de OSTHEIM.


          (à suivre)

LES CITATIONS DES BATAILLONS DE CHASSEURS

                                GUERRE 1939 - 1940
                           - - - - - - - - - - - - - - -  -

                   SONT CITES A L'ORDRE DE L'ARMEE

ORDRE N° 100-C -
                                4° BATAILLON DE CHASSEURS PORTES.-

                  " Magnifique Bataillon, aussi ardant dans l'attente que tenace dans la défense. Au cours des journées du 16 et 20 MAI 1940, sous les ordres du Chef de Bataillon BERTRAND dont le calme et la farouche énergie ont sans cesse fait l'admiration de tous, a successivement forcé le passage du Canal de SISSONNE à GIVRES, soutenu l'action des chars sur CRECY-SUR-SERRE et arrêté à CHAMBRY une violente attaque allemande. Cerné, s'est dégagé en faisant subir à l'ennemi de lourdes pertes".
                  " Au cours de journées du 27 et 30 Mai, a renouvelé ses exploits précédents en s'emparant de HUPPY, puis BIENFAY et en se maintenant sur le terrain conquis malgré les contre-attaques de l'ennemi ".

ORDRE N° 208-C -
                              4° BATAILLON DE CHASSEURS PORTES.-
                   
                  " Unité d'élite, d'une cohésion et d'un moral magnifiques qui, sous les ordres de son Chef, le Chef de Bataillon BERTRAND, a été appelé, lors des opérations de JUIN, à remplir des missions de protection et de couverture dans des conditions d'isolement matérielles et morales très pénibles. Souvent accrochée, parfois encerclée, n'a jamais fléchi dans l'exécution de sa mission tenant toujours en respect un ennemi très supérieur en nombre et en matériel et lui infligeant des pertes sévères. A forcé l'admiration de tous par sa ténacité et son esprit de sacrifice. "

ORDRE N° 211-C.-

                              6° BATAILLON DE CHASSEURS.-

                   "Du 1er au 16 Mai 1940, a engagé dans le secteur de NARVIK, une série d'actions offensives, délogeant progressivement l'ennemi de ses positions. Malgré les bombardements aériens violents et répétés, malgré les conditions atmosphériques extrêmement dures, malgré un état de fatigue tel que près de la moitié de l'effectif ne pouvait plus rester chaussée par suite de gelures des pieds, a poursuivi sans interruption ses efforts et réalisé la conquête de tous les objectifs qui lui avaient été assignés ".

ORDRE N° 451-C.-

                              7° BATAILLON DE CHASSEURS ALPINS.-

                  " Bataillon d'élite qui, sous les ordres du Commandant SOUTIBAS, s'est montré digne des plus belles traditions des Bataillons de Chasseurs Alpins ".
                  "  Après avoir déployé, pendant la dure campagne d'hiver dans les Vosges, une activité, un entrain et une endurance remarquables, a fait preuve au cours de la Bataille de JUIN 1940, d'un héroïsme poussé jusqu'au sacrifice presque total ".
                  " Chargé en particulier, le 6 JUIN d'effectuer une contre-attaque, a franchi avec impétuosité un très violent barrage d'artillerie, perdant 60% de son effectif, mais accomplissant sa mission et atteignant tout son objectif ".
                  " A exécuté, les jours suivants, dans un ordre parfait, un repli difficile jusqu'au jour où, coupé de l'arrière par un important groupement de chars ennemis débouchant d'un secteur voisin, il a achevé son sacrifice par une héroïque tentative de percée, aucours de laquelle son Chef a trouvé une mort glorieuse ".

     (à suivre)

ORDRE N° 525-C.-

                                    10° BATAILLON DE CHASSEURS A PIED.-

                          " Unité d'élite qui, sous les ordres du Chef de Bataillon CARLIER, engagée sous MAUBEUGE le 17 Mai 1940 y a résisté jusqu'au 22 ne se repliant que sur ordre alors que l'ennemi avait déjà largement débordé cette place par le Sud. Le 22 Mai, à l'arrière-garde de la colonne dont il faisait partie, durement attaqué par derrière à QUEVY, a rejeté vigoureusement l'ennemi lui faisant des prisonniers. Mais retardé par cette action, coupé du reste de la colonne qui avait réussi à se frayer un passage à travers le cercle ennemi qui se refermait, s'est trouvé le 23 Mai isolé dans BLAREGNIES où il a donné toute la mesure de son héroïsme. Electrisé par le chant de la Sisi-Brahim, a repoussé  pendant 4 heures les assauts furieux d'un régiment entier puis, a bout de munitions, ne voulant pas se laisser prendre, s'est rué sur l'ennemi dans un dernier élan de farouche énergie, lui infligeant des pertes sanglantes et forçant son admiration. Est demeuré ainsi, au prix du sacrifice de 70 % de se Officiers tués ou blessés, fidèle jusqu'au bout à sa fière devise ; " FAIRE FACE, TOUJOURS ".

ORDRE N° 211-C.-

                             11° BATAILLON DE CHASSEURS ALPINS.-

                       Le 11° Bataillon de Chasseurs Alpins, sous les ordres de son Chef de Bataillon HUMBERT Jean, a glorieusement combattu dans les rudes batailles du 7 au 10 JUIN sur l'Aisne et sur l'Ourq contre un ennemi très supérieur en nombre et en armement. Les 7 et 8 JUIN 1940 a pris énergiquement le contact étroit de l'ennemi, maintenu ses positions malgré les efforts de l'adversaire jusqu'à un ordre formel de repli et réussi en plein jour une périlleuse manoeuvre en retraite. Les 9 et 10 JUIN, a résisté sur place dans les bois de la FERME PREAUX jusqu'au sacrifice total."

(à suivre).

ORDRE N° 211-C.-

                             12° BATAILLON DE CHASSEURS ALPINS.-

                        " Le 12éme Bataillon de Chasseurs sous les ordres du Commandant NICOLAI :
               Engagé le 2 Mai dans la presqu'île d'ANKENES a, par une suite d'opérations habilement montées et bien exécutées, chassé progressivement l'ennemi de toute la crête dominant NARVIK malgré une vive résistance et de nombreuses attaques d'avions volant à basse altitude.
               Violemment contre-attaqué le 17 MAI, a maintenu intégralement ses positions et obligé l'ennemi à retraiter en abandonnant de nombreux cadavres sur le terrain.
               A obtenu ces résultats au prix de pertes légères affirmant ainsi sa supériorité sur l'ennemi."

ORDRE N° 451-C.-

                           13° BATAILLON ALPIN DE CHASSEURS A PIED.-

               " Bataillon d'élite qui, sous les ordres du Chef de Bataillon PONET, modèle de bravoure et de sang-froid, a fait preuve le 8 JUIN 1940 d'une tenacité remarquable. Etabli en saillant sur un frond de quatre kilomètres de LIOMER à LA BOISSIERE-SAINT-MARTIN, a été durement attaqué par un ennemi très supérieur en nombre et en moyens. Bien que pressé sur ses deux flancs découverts est parvenu à enrayer l'attaque adverse, contre-attaquant avec énergie, faisant des prisonniers et conservant intacte la position confiée à sa garde jusqu'au moment où l'ordre de retraite lui est parvenu.
                En partie encerclé, s'est dégagé vogoureusement au cours d'une action ou certains éléments se sont ouverts héroïquement un passage au prix de douloureux sacrifices.
                Le 10 JUIN, assailli de front et de flanc par des éléments blindés auprès de BIVILLE-LA-BAIGNARDE, a combattu en terrain découvert dans des conditions particulièrement désavantageuses. Disloqué au cours de cette action inégale a, dès le 11 JUIN, reconstitué un noyau de résistance à HOUDETOT où il a livré le 12 JUIN, pour l'honneur, à des forces d'infanterie et de chars très supérieures en nombre et en moyens, un combat de plusieurs heures qui s'est prolongé après la cessation de la résistance des Divisions encerclées à SAINT-VALERY-EN-CAUX."

(à suivre)

ORDRE N° 488-C.-

                             16° BATAILLON DE CHASSEURS PORTES.-

                 " Unité d'élite qui, sous les ordres du Chef de Bataillon WARINGHEM, vient de donner à nouveau l'exemple des plus belles vertus militaires.
                   Lancé sur une coupure menacée par l'avance de l'adversaire, a rempli sa mission avec une ardeur et un cran admirables, s'accrochant au sol et arrêtant la progression ennemie malgré un feu violent et les attaques de l'aviation de bombardement.
                   Du 14 au 25 MAI 1940 a tenu le terrain, malgré de lourdes pertes, avec une énergie sans défaillance, repoussant l'ennemi par des contre-attaques spontanées et mordantes.
                   En particulier au cours des journées des 23, 24 et 25 MAI 1940, étant menacé d'encerclement par un adversaire agressif et supérieur en nombre, a fait front à l'attaque en combattant avec acharnement, assurant ainsi la conservation d'une position importante.
                   Le 10 JUIN, contre-attaquant au Sud de l'Aisne, a délivré les défenseurs du point d'appui de PERTHES, encerclés par des forces blindées importantes. S'engageant vigoureusement le 12 au camp de CHALONS, puis défendant le 14 les passages de la Marne à l'Ouest de SAINT-DIZIER et le 15 ceux de l'Aube, a fait preuve d'une ténacité admirable et d'un esprit de sacrifice total."

(Annule et remplace la citation à l'ordre de l'Armée accordée par Ordre 115-C du 31 Juillet 1940).

ORDRE N° 451-C-

                              17° BATAILLON DE CHASSEURS PORTES.-

                    " Bataillon d'élite qui, sous l'ardente impulsion du Chef de Bataillon MAHUET, s'est montré dès les premiers engagements une troupe d'attaque de premier ordre. Après avoir brillament participé aux combats de jour et de nuit des ponts de la Somme les 24, 25 et 26 MAI 1940, a, le 4 JUIN, emporté de haute lutte les seules positions conquises lors de l'attaque de la tête de pont d'ABBEVILLE.
                      Pendant les quinze jours de retraite a mené, à l'arrière-garde de l'Armée, un combat retardateur efficace. Le 8 JUIN, encerclé, dans les points d'appui de CREZ, de GAUDECHART, de LIRUS, de CREVECOEUR et de ROTANGY, s'est partout dégagé par une série de coups de main héroïques. Le 16 JUIN, après avoir participé jusqu'à l'extrême limite à la défense des passages de la LOIRE, a dû se frayer de vive force à LOURY un passage à travers les lignes allemandes.
                      Troupe magnifique, exemple de courage, d'ardeur et d'esprit manoeuvrier."

       (à suivre).

ORDRE N° 525-C.-

                              25° BATAILLON DE CHASSEURS ALPINS.-

                      " Magnifique unité qui, sous les ordres du Chef de Bataillon ROUGAUD, a donné l'exemple des plus hautes vertus militaires de discipline, de courage et d'abnégation.
                        Le 5 JUIN 1940, placé en crochet défensif dans la région de LIANCOURT, a brisé trois puissantes attaques de chars appuyés par l'aviation qui avaient fait irruption à travers le dispositif de la  Division voisine. Entièrement encerclé la nuit suivante, a tenu encore pendant toute la journée du 6, résistant jusqu'à épuisement de tous ses moyens dans les villages en flammes de FONCHES, de CURCY, de LIANCOURT et d'HATTENCOURT.
                        Au cours de cette lutte inégale a infligé à l'ennemi des pertes considérables et, par son héroïque sacrifice, a retardé de plus de trente heures la progression d'une Division allemande."

ORDRE N° 451-C.-

                                       27° BATAILLON DE CHASSEURS ALPINS.-

                     " Bataillon d'élite qui, sous les ordres du Commandant MAZAUD, s'est montré digne des plus belles traditions des bataillons de Chasseurs Alpins.
                       Après avoir déployé, pendant la dure campagne d'hiver dans les Vosges, une activité, un entrain et une endurance remarquables a fait preuve, au cours de la bataille du 16 MAI au 14 JUIN 1940, des plus belles qualités militaires.
                       En particulier les 5, 6, 7 et 8 JUIN; très violemment attaqué sur des positions et subissant les plus lourdes pertes, ses cadres décimés, la plupart de ses unités continuant à tenir même encerclées, a su résister sur place sans céder un pouce de terrain.
                       S'est ensuite replié dans un ordre parfait jusqu'au jour où il a succombé dans une ultime tentative de percée contre un important groupement de chars ennemis débouchant d'un secteur voisin, tentative au cours de laquelle il a vu tomber son Chef de Corps grièvement blessé."

ORDRE N° 211-C.-

                                       28° BATAILLON DE CHASSEURS ALPINS.-

                      " Le 28° Bataillon de Chasseurs Alpins sous les ordres du Chef de Bataillon RIBIOLLET Carles, dans les batailles du 7 au 10 JUIN 1940, sur l'Aisne et sur l'Ourq contre un ennemi supérieur en nombre et en armement, s'est distingué par la vigueur de ses engagements notamment à la ferme du Mont de Soissons, plusieurs fois perdue et reprise, par l'exécution d'une retraite périlleuse entreprise sur l'ordre, de jour, au contact immédiat de l'ennemi, enfin par le plus pur esprit de sacrifice en remplissant sa mission de résistance jusqu'à complet encerclement."

    (à suivre)

ORDRE N° 451-C.-

                           23° DEMI-BRIGADE DE CHASSEURS A PIED.-

                        " Magnifique unité, digne des plus hautes traditions de Chasseurs. Formée et animée par ses Chefs, Le Lieutenant-Colonel DOUBLET et les Chefs de Bataillon BERGER, Commandant le 42°, DE MADIERES, Commandant le 41° et MICHEL, Commandant le 71° Bataillon de Chasseurs à Pied, a repoussé victorieusement sur l'AVRE, les 7 et les 6 JUIN 1940, les assauts répétés de formations d'élite appuyées par de nombreux chars et par des bombardements nourris d'artillerie et d'aviation, méritant cet hommage d'un prisonnier : " C'est la première fois que nous rencontrons une aussi vive résistance". Le 9 JUIN, au Nord de l'Oise, s'est sacrifiée pour protéger contre l'irruption de flanc des chars ennemis, le repli sur ordre de la Division. Décimée, a maintenu sa cohésion jusqu'au bout, tenant le 18 JUIN La Loire à JARGEAU sous un bombardement violent et rejetant cinq fois de suite l'ennemi dans le fleuve."

        (à suivre)

LA SIDI-BRAHIM.

         Francs Chasseurs, hardis Compagnons,                
         Voici venir le jour de gloire,                                
         Entendez l'appel du clairon,                              
         Qui vous présage la victoire,                              
         Volez intrépides Chasseurs,                              
         La France est là qui vous regarde;                      
         Quand sonne l'heure du combat                          
         Votre place est à l'avant-garde.                          
                 
                       Refrain -                                          

         En avant, braves Bataillons,                                
         Jaloux de votre indépendance,                            
         Si l'ennemi vers vous s'avance,                          
         Marchons, Marchons, Marchons,                          
         Mort aux ennemis de la France !                          
                                                                                        
                      II                                                                      
                                                                             
         Quand votre pied rapide et sûr,
         Rase le sol, franchit l'abîme,                                
         On croit voir à travers l'Azur
         L'aigle voler de cîme en cîme.                              
         Vous roulez en noirs tourbillons                            
         Et parfois limiers invisibles,                                  
         Vous vous couchez dans les sillons                        
         Pour vous relever plus terribles.

                     III

        Aux champs où l'Oued Had suit son cours,
        Sidi-Brahim a vu nos frères,
        Un contre cent lutter trois jours
        Contre des hordes sanguinaires.
        Ils sont tombés silencieux,
        Sous le choc comme une muraille;
        Que leurs fantômes glorieux
        Guident nos pas dans la bataille.

                    IV

       Héros au courage inspiré,
       Vos péres conquirent le monde,
       Et le monde régénéré
       En garde la trace féconde !
       Nobles aïeux reposez-vous !
       Dormez dans vos couches austères,
       La France peut compter sur nous:
       Les fils seront dignes des pères.

                    V

       Surprise un jour, frappée au coeur,
       France tu tombas expirante,
       Le talon brutal du vainqueur
       Meurtrit ta poitrine sanglante,
       O France relève le front,
       Et lave le sang de ta face.
       Nos pas bientôt réveilleront
       Les morts de Lorraine et d'Alsace.


 (Nota : Le Cinquième couplet n'existe plus)


                                                F I N

Bonjour Commandoair40 et bretirouge,

  Je n'ai fait que redonner vie à un document, en même temps archive, véritable fenêtre sur le passé.
Je remercie encore le Forum de m'avoir permis de réaliser ce travail de communication dont je rêvais depuis longtemps. En fait il s'agit bien d'un devoir de mémoire.