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| Les "CHASSEURS ALPINS" . | |
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Auteur | Message |
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Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Ven Mar 03 2017, 16:43 | |
| C'est Guillaume le Taciturne qui a, paraît-il, prononcé cette phrase si pleine de courage réfléchi: "il n'est pas besoin d'espérer pour entreprendre", à plus forte raison pour persister. J'espère donc encore un sursaut des âmes françaises, je me refuse à mettre sur les yeux le bandeau rose de l'optimisme facile; trop de ceux qui l'adoptent sont des types dans le genre Louis XV, qui pensent par eux-mêmes, quand ils ne l'avouent pas crûment: "cela durera autant que moi, apres moi le déluge". Voir les choses telles qu'elles sont, dans leur laideur, dans leur gravité, ce n'est pas se condamner à désespérer, ce n'est s'abandonner à l'inaction sous prétexte de l'énormité, et peut-être de l'inanité, de l'effort à fournir. Un homme méritant ce nom, c'est-à-dire un caractère, se refuse à prendre pour modèle de sa conduite le brave petit toutou au ventre rond que l'on a plongé à l'eau après l'avoir assommé, et qui descend au fil du courant, les quatre pattes en l'air, se laissant emporter sans réaction, par le milieu dans lequel il baigne. Ayons en horreur cette politique du "chien" et sachons résister aux mouvements capricieux et irréfléchis des foules, sachons réfléchir posément, calmement aux événements qui se déroulent sous nos yeux, et comme nous n'avons pas, presque toujours, des éléments suffisants pour nous faire une opinion personnelle, sachons accorder notre confiance aux chefs qui le méritent . . .savoir choisir des amis est une grande qualité qui oriente parfois toute la vie d'un homme, actuellement il faut savoir choisir ses chefs, ne pas s'en laisser imposer par des propagandes charlatanesques ou par des pressions, mêmes brutales, du milieu.
(à suivre) | |
| | | Ancien38
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| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Ven Mar 03 2017, 17:15 | |
| Ceci dit, mes chers amis, mes chers compagnons de Lacarre, de Lorraine, des mauvais jours des replis successifs, je terminerai en vous demandant de rester fidèles à la France. Gardons-nous de pratiquer la politique du célèbre Gribouille: ne nous jetons pas dans la rivière sous prétexte de nous abriter de la pluie. Disons-nous bien, persuadons-nous, que personne ne nous sauvera mieux que nous-mêmes; les occasions ne pourront être saisies, les appuis nécessaires espérés, que tant que nous saurons donner une impression de force par notre union. Divisés, affaiblis par des luttes intestines, nous serons une proie tentante, parce que facile pour ceux-là même qui se disent nos amis et nous auront aidés. La barque remorquée dans une passe dangereuse, dans un moment critique, ,doit pouvoir naviguer seule, dès le mauvais pas franchi; pour cela il faut qu'elle ait un équipage solide et un chef adroit, ou alors elle risque de rester l'éternelle suivante, j'allais dire servante. Donc, actuellement plus que jamais, union, union dans un seul sentiment, non pas la haine de X ou Y, mais l'amour de la France "La France avant tout", tel doit être le mot d'ordre. Tout ce qui tend à diviser, soit en tirant à droite, soit en poussant à gauche, doit être en horreur. Nous aurons à jouer des rames, il faut que l'équipage ait l'habitude de travailler ensemble et à la voix. Il faut nous y préparer dès maintenant et ne plus croire que le moment venu "on se débrouillera", le système "D" a fait faillite en JUIN 40 et s'est écrasé lamentablement devant la préparation méthodique et intelligente, devant la discipline et la foi patriotique. J'espère que tous ceux du "4" resteront des chasseurs, c'est-à-dire de vrais Français, ce sera mon voeux le plus fervent à l'orée de cette nouvelle année qui peut être décisive pour l'avenir de notre France. J'ajouterai à ces souhaits ceux que je forme pour vous et vos familles afin que 1944 vous assure une vie matérielle aussi exempte que possible des pénibles préoccupations actuelles, et que cette nouvelle année qui se présente si mal s'achève au mieux, en nous permettant de nous réunir tous, en un lieu connu, dans une France plus unie et dans un monde apaisé.
(à suivre) | |
| | | Ancien38
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| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Ven Mar 03 2017, 17:58 | |
| L'ARRIVEE DU 4°B.C.P. A LA 4° D.C.R.
Depuis Février 1940, le 4° Bataillon de Chasseurs à Pied, retiré de la 14° Division d'Infanterie, en ligne sur le front de Lorraine, Région Est de FORBACH, cantonnait dans la région Est de CHALON-SUR-MARNE, rattaché à la 2° D.C.R.. Accolé au 17° Bataillon de Chasseurs Portés.
Depuis trois mois, le bataillon était en cours de transformation en Bataillon de Chasseurs Portés. Il avait été formé environ 250 conducteurs pour véhicules de toutes sortes: motocyclettes, sans ou avec side, chenillettes, voitures de tourisme, chars légers, camions et camionnettes, tracteurs à chenilles, etc . . . et de nombreuses manoeuvres aux camps de la Haute-Moivre et de CHALONS avaient assuré l'instruction technique et tactique. Cependant, début Mai, la transformation était loin d'être terminée . . .Les autorités les plus compétentes affirmaient que l'achèvement de la mise sur pied ne saurait être envisagée dans les cas les plus favorables, avant Août 1940. Pour compléter les effectifs théoriques il manquait 8 Officiers, 7 Sous-Officiers, 115 Hommes de Troupe, et tout particulièrement deux commandants de compagnie, un Officier spécialiste du matériel automobile et l'Officier des transmissions. Il est d'autre part à remarquer que, malgré qu'il s'agisse d'un bataillon d'active, treize Officiers sur 19, 75 Sous-Officiers sur 118, soit 2 sur 3 et 300 Hommes de Troupe, soit un sur trois, proviennent des réserves. En ce qui concerne l'armement, le bataillon avait été, depuis quelques jours, doté du fusil 37, du calibre 7mm5 en remplacement des fusils ou mousquetons Lebel; mais ces armes n'avaient pu encore être expérimentées au champ de tir. Pour les munitions il manquait 200.000 cartouches, 240 obus de mortier, 500 grenades à main. Quant aux transmissions, aucun matériel sans fils. Ce matériel était à l'étude et l'on discutait encore aussi bien sur le modèle à adopter que sur l'organisation générale des transmissions dans le détail. Pour le matériel auto, le bataillon ne possédait, en bon état, que les camionnettes et les chenillettes du temps de paix ainsi que les 24 Sides, le 18 tracteurs Latil perçus peu de jours auparavant. La plus grosse part du reste du matériel auto était constitué de véhicules d'instruction destinés à l'école de conduite, au dressage technique; il était fort usagé et appartenait aux marques et aux modèles les plus divers. Il manquait enfin 22 voitures tous terrains non blindées, 43 voitures blindées et chenillées, 7 voitures de liaison . . .5 automitrailleuses, 35 motos, les camions ateliers et de dépannage. Tout particulièrement les groupes de combat de fusiliers qui devaient être portés sur Lorraine, 25 blindés et chenillés, ne disposaient d'aucun de ces véhicules
(à suivre) | |
| | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Sam Mar 04 2017, 15:44 | |
| Le 14 Mai, dans les cantonnements de JUSSECOURT-MINECOURT, HEITZ-L'EVEQUE, VAVREY-LE-GRAND au nord de VITRY-LE-FRANCOIS, qu'occupe le bataillon depuis 8 jours, la quiétude est donc totale: 70 permissionnaires sont absents qui ne rejoindront jamais, portant ainsi le déficit total des effectifs à 200. On ignore tout des événements qui se déroulent en Belgique et dans les Ardennes; seuls quelques avions venus bombarder VITRY ont été "sonnés" par nos F.M. de D.C.A.. D'ailleurs personne, y compris le Chef de Corps, n'envisage la possibilité d'engagement immédiat du bataillon dans la situation matérielle qui est la sienne. Le 13 Mai encore, n'a-t-on pas reversé, pour compléter la 2° D.C.R. qui faisait mouvement, le matériel auto le meilleur. Or, dans la nuit du 14 au 15, arrive l'ordre d'alerte. Le 4° Bataillon est mis à la disposition du Général Commandant la 6° Région qui lui fixe comme lieu de stationnement la zone POGNY-VESIGNEUL au Sud de CHALONS-sur-MARNE. On arrive à 8 heures dans cette région. Vers Onze heures parvient un nouvel ordre: celui d'installer des postes de bouclage, ce que l'on appellera plus tard des "bouchons", sur les itinéraires Nord et Sud aboutissant à CHALONS, depuis SAINT-MARTIN au Nord, jusqu'à LEPINE au Sud, en passant par AUBERIVE, SAINT-HILAIRE-LE-GRAND, SUIPPES, sot 40 km de front. Le 16 au soir, nous parvient l'ordre de regroupement vers SAINT-ETIENNE-AU-TEMPLE, en vue d'un enlèvement dans la nuit par un groupe de transport auto. Le 17, vers 1 heure du matin, le Bataillon démarre en direction de REIMS, point de première destination. Evidemment, depuis notre arrivée, nous avons vu l'exode des réfugiés des Ardennes et avons aussi arrêté quelques uns de ces soldats isolés, sans armes, égarés volontaires, fuyant vers l'Ouest ou le Sud, avec le souci d'échapper à toute récupération par une troupe digne de ce nom. Mais les nouvelles sont tellement contradictoires que nous ne pouvons concevoir l'ampleur du désastre | |
| | | Ancien38
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| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Sam Mar 04 2017, 16:33 | |
| A REIMS, vers 4 heures du matin, nous apprenons enfin que nous rejoignons la 4° D.C.R. en cours de formation dans la région Sud de LAON, et que le Colonel DE GAULLE, commandant cette Division, a son P.C. à BRUYERE. Mais la commission régulatrice routière nous informe que la route directe REIMS-LAON n'est peut-être plus utilisable, les Allemands ayant semble-t-il, atteint CORBEY dans la nuit. A l'E.M. de la Région où nous nous rendons pour faire préciser ce renseignement, la nouvelle est démentie. La situation apparaît cependant comme assez trouble, aussi le peloton motocycliste du Sous-Lieutenant BARATIN est-il lancé en avant avec une mission de sûreté de convoi et de liaison avec le Colonel DE GAULLE en vue notamment de connaître en quel lieu doit s'effectuer le débarquement. Et le convoi reprend sa marche en direction de LAON avec destination provisoire BERRY-AU-BAC, non sans assister aux premiers bombardements de Stukas sur l'aérodrome de BETHENY et sans se voir lui-même encadré par les bombes lachées au passage par ceux-ci. Vers 7 heures, le Lieutenant BARATIN, qui a pu atteindre le P.C. de la 4° D.C.R., nous apprend que les éléments déjà arrivés de la 4° D.C.R., ont attaqué vers 5 heures ce matin en direction de MONTCORNET, que le Colonel DE GAULLE, actuellement à GISY, attend impatiemment le 4° Bataillon pour l'engager derrère les chars. Evidemment, cette constitution de Division en plein "Baroud", cet engagement précipité d'un bataillon en cours de transformation, ne laisse pas que de nous surprendre. Nous n'ignorons pas que la guerre est faite d'imprévus, mais il y a, cependant, une limité à l'imagination de la moyenne des hommes. Ceci dit, il ne peut être question de discuter, de se lamenter, de s'exclamer, il faut agir, et au mieux. Le Chef de Corps part immédiatement en avant pour prendre directement les ordres du Colonel DE GAULLE, et le convoi reçoit l'ordre de se rendre à SAMOUSSY. Arrivé au P.C. de la Division, le Chef de Bataillon est mis au courant de la situation: Les Allemands ont atteint MONTCORNET, des détachements avancés occupaient même CHIVRES, une colonne motorisée de ravitaillement d'artillerie a été srprise et anéantie par les chars sur la chaussée LIESSE-CHIVRES, une partie des occupants se sont dispersés dans les tourbières et abattent nos isolés.
Le 4° Bataillon doit au plus tôt : - Nettoyer les tourbières de part et d'autre de la chaussée, pousser ensuite vers MONTCORNET afin d'appuyer l'action des chars, enfin, en ce point, interdire les ponts sur la Serre (1° et 3° Cies); - Organiser, avec une Compagnie, la défense de SISSONNE (2° Compagnie); - Organiser la défense de LIESSE (C.E.)
A peine descendues des cars à GISY, les Compagnies sont lancées en avant.
Le 19, vers 3 heures, le 4° débarque à quelques kilomètres plus à l'Est. La 3° Compagnie et une partie du P.C. Bataillon, aux environs de la gare de LAON, le restant du Bataillon à ATHIES. Deux heures plus tard, se déclenchera l'attaque en direction du Nord sur CRECY-SUR-SERRE, dans le flanc des colonnes motorisées allemandes qui glissent vers SAINT-QUENTIN.
Mais ceci est une autre histoire qui sera racontée plus loin.
(à suivre) | |
| | | Ancien38
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| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Sam Mar 04 2017, 16:48 | |
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Les révolutions se succèdent, les religions, les Gouvernements, les lois changent et la justice est toujours aussi équivoque, toujours impuissante. Que dis-je, c'est cette déception de la justice qui fait le malheur général. Comme au temps de l'initiation première, les esprits rêvent de droit, d'égalité, de liberté et de paix. Mais ce n'est toujours qu'un rêve : la foi s'est éteinte et la vérité ne s'est pas montrée; la maxime de l'intérêt propre, à peine adoucie par la crainte des Dieux et la terreur des supplices, gouverne seule le monde; et si les moeurs de l'humanité se distinguent jusqu'ici de celles des bêtes, c'est par cette comédie juridique, dont la bêtise de celle-ci les rend moins incapables . . . Le désastre est dans le corps social, le droit faible, la loi incertaine; par suite, l'Etat vacille entre l'absolutisme et l'anarchie, le magistrat reste sceptique, la masse dissolue et malheureuse.
(PROUDHON et Justice - 1848).
(à suivre) | |
| | | Ancien38
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| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Sam Mar 04 2017, 17:39 | |
| LES COMBATS DES 17 AU 19 MAI AUTOUR DE LAON.
RECIT D'UN TEMOIN.
NOTA : Les passages ci-après ont été extraits du Journal de Guerre d'André SOUBIRAN paru à la Librairie DIDIER sous le titre : "J'étais Médecin avec les Chars"
L'auteur était médecin au 3° Régiment d'Auto-Mitrailleuse. Ce régiment, du 16 au 20 Mai, s'est trouvé engagé dans la région de LAON. Il a précédé la 4° D.C.R à MONTCORNET le 16, a combattu en avant de SISSONNE et LAON le 17, était en réserve à MARCHAIS entre SISSONNE et LAON le 19; S'il n'a pas été engagé dans les combats sur la Serre, du moins un élément d'artillerie tractée de la Brigade à laquelle appartenait le 3° Régiment d'Artillerie a-t-il appuyé la 4° D.C.R., et c'est ainsi que nous avons une saisissante et poignante évocation du champ de bataille au Nord de LAON.
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La Quatrième Division Cuirassée est arrivée cette nuit et s'est mise en place derrière LIESSE, tout près, dans la forêt de SAMOUSSY. Ce matin, à 4 heures, elle a attaqué vers MONTCORNET-DISY. Nous allons être relevés. Ainsi, cette nuit, les gros chars lourds, qui faisaient trembler les ponts et les routes sur leur passage, sont montés vers nous à notre secours. Nous n'osions pas y croire. Pourtant ils sont là. Les chars puissants de la Division Cuirassée, reine de la guerre moderne. Maîtres-mots qui imposent leur force, redonnent tous les courages, égalisent les chances . . . Dans l'après-midi, l'ordre arrive de nous diriger sur MARCHAIS, à deux kilomètres à l'Ouest, avec ce qui reste du régiment: cinq auto-mitrailleuses utilisables, une trentaine de sidecars. La route est toute droite à travers des marais frangés d'iris et de roseaux. MARCHAIS, petit village loin des grandes routes, n'a pas été bombardé?. Peu de troupes ont dû y passer. Les habitants sont là: - Vous venez cantonner, Monsieur le Major ? - Je n'ose leur répondre qu'on vient peut-être aussi pour se battre, tant la guerre leur paraït encore lointaine.
Les combats se sont déplacés vers LIESSE. MONTCARNET a été pris, perdu et repris plusieurs fois dans la journée par la 4° Division Cuirassée (on m'a appris qu'on disait plus familièrement la 4° D.cu.). Elle n'a pas su se maintenir devant l'aviation allemande et sans infanterie. Elle recule vers LAON. Les débris du Régiment se battent à nouveau aux abords de SISSONNE. Après l'échec de l'attaque sur MONCORNET, repris et reperdu par la 4° D.cu., le 17, une nouvelle attaque a été lancée ce matin à quatre heures, au Nord de LAON, dans la plaine de la SERRE,pour tenter de couper de flanc l'Armée Allemande en marche vers l'ouest et de rétablir la liaison avec nos troupes des armées du Nord Le premier objectif est la Serre et le plateau de PARGNY-LEBOIS. LAON est déserte, rues vides, places nues, maisons fermées. C'est la première ville un peu grande que je vois dans cet étrange veuvage d'habitants. Il est opprimant et morne Cette ville haute dort comme si un carillonneur oublieux ne l'avait pas réveillée avec l'angélus de l'aube. Autour des clochers de la cathédrale, volent des corneilles. Pas une robe noire sous le porche, pas un bruit. Quelques sentinelles gardent les carrefours important. | |
| | | Ancien38
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| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Sam Mar 04 2017, 18:36 | |
| A côté, un gros char. Le Lieutenant Chef de char est là. Nous bavardons. Il appartient, lui aussi, à la 4° D.cu.. Il me fait les honneurs de son engin que je regarde avec curiosité. Un gros char B. trente-deux-tonnes. Quatre hommes d'équipage. Un canon de 47, une mitrailleuse de tourelle, un canon de 75. Dans la pénombre luisent les casiers d'aluminium, les culots des cartouches d'obus. Tout à fait à l'avant, la place du pilote et son volant. Le tube du 75 est à sa droite. Derrière lui, la place de l'aide-pilote. Près des moteurs, la place du radio. La tourelle avec les fentes de ses épiscopes, les tambours pour la mitrailleuse, les obus de rupture et les obus explosifs de son canon de 47. Là je me trouve un peu. C'est en plus grand semblable à la toute petite tourelle du char de cavalerie. Mais l'ensemble est monstrueux. Nous étions engagés comme soutien d'artillerie de la 4° Division cuirassée pour l'attaque sur la serre. L'attaque a commencé vers quatre heures ce matin. Les trois cents chars de la Division ont avancé magnifiquement, comme à la manoeuvre. Puis à CRECY-SUR-SERRE, ils sont tombés sur une énorme embuscade. Tous les villages étaient des redoutes antichars. J'avais heureusement fait mettre un relais sanitaire,dès hiersoir, devant la gare de LAON. A POUILLY, derrière CRECY, j'avais le premier poste de secours. Il a vite regorgé de blessés, de brûlés. Il y en avait dans toutes les caves,, lorsque le village même a été terriblement bombardé. Des caves pleines de blessés se sont effondrées. Grâce au relais de la gare, j'ai pu à peu près tout ramener. Mais ce n'était encore rien. Jusqu'à trois heures du soir nous n'avions rien vu. La contre-attaque allemande a commencé. Je savais qu'elle serait dure. Mais ça . . . ça . . .
Il s'arrête un instant, empoigné par la vision, il reprend aussitôt :
La contre-attaque a été inimaginable. Tout a donné contre nous: les chars, l'artillerie, les mines et surtout l'aviation. Alors c'est devenu un cataclysme. Ils ont attaqué par vagues, sur des kilomètres de profondeur, sans arrêt, ils ont tout bombardé: les routes , les ponts, les villages et tous les rassemblements de chars, nos batteries, tout ce qui passait, tout ce qui remuait, tout ce qui vivait, tout . . . . Pendant des heures nous avons vécu au milieu des éclatements, dans une fumée noire, des retombées de terre. Quand l'aviation se calmait un peu, qu'on pouvait voir un instant dans la fumée, je me précipitais avec mes infirmiers, mes brancardiers pour ramasser les types qui râlaient, qui appelaient, qui hurlaient partout. Les chars, même les gros, étaient cloués au sol, incendiés. Les équipages en sortaient, les vêtements en feu, se roulaient par terre de souffrance. Il fallait les tenir pour pouvoir les éteindre, il fallait aller chercher les blessés qui ne pouvaient pas sortir, avant que le char ne saute. Chaque fois que j'entrais dans un char, je me demandais si j'allais trouver des morts ou des vivants. Je tâtonnais avec angoisse en rencontrant des corps. J'ai sorti comme ça un lieutenant. J'avais pris le premier corps que j'avais trouvé, au hasard, il m'a crié: "Tu m'emmerdes, ne t'occupe pas de moi, sauve mes hommes". Je l'ai tiré quand-même, il avait la joue arrachée, il n'avait plus de jambes, il ne le savait pas et il m'a demande: "c'est grave?" et il est mort. J'ai pris sa plaque d'identité. Il s'appelait YOUG. Celui-là, je ne l'oublierai jamais . . . .
(à suivre) | |
| | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Sam Mar 04 2017, 20:12 | |
| Les chars incendiés sautaient avec des explosions formidables, des tôles partaient en chandelles,des morceaux de blindage retombaient. Nous étions au milieu d'un demi-cercle de chars déchiquetés, rougis par les flammes, dont les obus explosaient; partout des corps brûlaient, qui se recroquevillaient, dont les chairs éclataient. Un infirmier, pendant qu'il essayait de sauver l'équipage, a sauté avec un char. Ma sanitaire a reçu une torpille. Des brancardiers ont été tués; Il a fallu se replier lentement, le plus lentement possible pour que les chars qui pouvaient encore bouger aient le temps de suivre. Ce qui restait de nos batteries a protégé notre retraite. Dans une bagarre pareille, il n'était plus question de tactique. Elles ont tiré à vue sur tous les chars allemands qui se présentaient. Ma seule consolation est d'en avoir vu flamber quelques-uns Les batteries ont tiré, combattu, riposté jusqu'au dernier obus. Nous sommes partis avec elles, les derniers, et j'ai eu la chance de ne laisser aucun blessé sur le terrain, tous ont été ramenés. Je ne sais plus comment nous sommes là, sortis vivants de cet enfer.Je ne sais même plus ce qui reste du régiment. Les chars, eux, ils doivent continuer à flamber et à sauter dans la plaine. C'était l'enfer . . .l'enfer . . . Mais plus terrible que cet enfer, il y a l'échec de cette attaque. Ce soir, c'est un grand espoir qui tombe.
Que pourrais-je dire à cette détresse ?
De l'artillerie tractée passe près de nous, les débris de son régiment. Nous encombrons les routes. Il me dit au revoir, rejoint pesamment sa voiture et part dans la nuit, accablé comme tous les survivants de la bataille, comme tous ceux qui, à cette heure, savent le terrible bilan.
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(à suivre) | |
| | | Ancien38
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| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Lun Mar 06 2017, 10:34 | |
| LE BULLETIN DEMANDE DES COLLABORATEURS.
Tous vous avez écrit de votre peine, de vos souffrances, avec vos nuits sans sommeil, avec vos marches et vos travaux harassants, avec votre cerveau et votre coeur, avecvotre sang souvent, l'histoire du 4°. Ecrivez-là encore pour ceux qui ne savent pas, pour plus tard . . . et aussi pour vous, pour nous, pour nous aider à croire, malgré les jours désespérants actuels, qu'il y a encore de vrais français, que nous ne sommes pas un peuple épuisé, vidé, dégénéré, fichu, comme certains étrangers nous le crachent à la figure. Soyez nos collaborateurs. Envoyez-nous de petits récits, de scènes typiques vues, vécues . . . Ils seront arrangés, retouchés si nécessaire, mais en leur maintenant leur principale qualité: la sincérité, ce qui leur assure la fraîcheur.
L'AFFAIRE DE CHAMBRY 19 MAI 1940.
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AUX PRISONNIERS RAPATRIES.
Nous manquons de témoignages précis sur certains détails des engagements du 4°. Vous qui avez tenu obstinément sur le champ de bataille, dites-nous ce qui s'est passé dans votre "petit coin", à CHAMBRY, à US, à USSON notamment, et ailleurs. Dites-nous également la pénible odyssée de votre colonne partant vers le Nord, tout ce que vous avez vu, fait, senti, depuis le moment où vous avez déposé les armes, jusqu'à votre arrivée en Allemagne, et racontez-nous votre vie dans le camp jusqu'à votre retour.
Le récit sera mis au point si cela est absolument nécessaire. Ce bulletin est votre bulletin. Il doit être un échange, entre camarades, de souvenirs. | |
| | | Invité Invité
| | | | Ancien38
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| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Lun Mar 06 2017, 11:35 | |
| CHAMBRY - L'ODYSSEE D'UN RESCAPE.
Le 2 Février 1942, le Caporal-Chef ROUY Pierre, de la première Compagnie, blessé à la tête à CHAMBRY, ayant réussi à se procurer l'adresse du Commandant, reprenait le contact avec le 4°, et, dans une lettre, faisait notamment le récit de son odyssée. Ce récit est reproduit ici, dans sa simplicité et sa sincérité, c'est un document vivant et éloquent.
Le 19 Mai, vers 16 heures, alors que la 1 ére Compagnie ne possédait plus de munitions, dans son château tout en flammes que l'ennemi cernait de toutes parts, le Lieutenant BOURCART nous dit: " De trois choses l'une : se rendre, griller dans la fournaise, ou essayer de se sauver, ce qui paraît bien impossible".
A ce moment je réfléchis et, plutôt que de me rendre ou de griller, je préférais, affrontant la mort, essayer de rejoindre le reste du Bataillon dans le village. Au moment où je sortais du château, je fus accueilli par des salves de mitraillettes tirées de toutes parts, qui m'obligèrent à me coucher, puis à ramper sur le ventre pendant environ 100 mètres. J'essayais, alors, de faire quelques bonds, mais le tir de l'ennemi était si précis, que je reçus presque immédiatement une balle dans la tête et je m'évanouis. Lorsque je repris connaissance, je me dis immédiatement: "si tu bouges, tu es sûr d'être atteint à nouveau, et peut-être encore plus sérieusement. Donc il ne me reste plus qu'une seule solution: faire le mort". C'est ce que je fis. Pendant que l'artillerie et l'aviation ennemis achevaient de détruire le château, je sonjais à mon triste sort et à celui de mes camarades.
Peu avant que le soleil ne se couche, quelques allemands passèrent tout près de moi, et l'un deux essaya de me remuer avec sa botte. Comme je me gardais bien de réagir, comme aussi le sang qui avait coulé abondamment de ma blessure me donnait la "frimousse" d'un cadavre, il n'insista pas et se contenta de grommeler quelques mots qui devaient dire "il est crevé". Enfin, la nuit arriva. Elle augmenta mes chances de m'en tirer. Il fait un clair de lune splendide et la lueur des brasiers du village de CHAMBRY éclaire le paysage comme le soleil de MAI. Je tente alors de me lever et de m'éloigner de ces lieux néfaste. A plusieurs reprises des raffales de balles sifflent à mes oreilles, mais sans m'atteindre. Je marche ainsi toute la nuit en me guidant sur la "grande ours". J'aboutis d'abord à une route assez large que je longe, mais en prenant la précaution de rester 30 mètres à sa gauche. Le lendemain, vers15 heures environ, j'arrive à hauteur d'un canal qui, à cet endroit, paraît ne pas être trop large (canal de l'Ailette). Au moment où j'arrivais à la berge Nord de ce canal, des coups de feu partent de la rive Sud et les balles me sifflent aux oreilles. Je me couche derrière la berge et je réfléchis: "que faire?". Je prends la décision de me redresser subitement en tenant mes bras en l'air. Un Officier Français se dresse alors de l'autre côté du canal et, me tenant en joue, me demande qui je suis. Les bras toujours en l'air, je lui explique pourquoi et comment je me trouve là. Il m'indique, alors, de passer sur un pont à moitié détruit et je suis accueilli par des soldats français qui appartiennent au 97° R.I.A., 3° Bataillon. Je m'enquiers, alors, de savoir si le 4° Bataillon de Chasseseurs est dans la région. Avec pas mal de réticence, un Sous-Officier me dit qu'il croit avoir vu passer quelques chasseurs le matin même. L'un d'eux me conduit au poste de secours efin de faire panser ma blessure qui me fait atrocement souffrir. Là, après un examen et des soins, le Médecin-Chef ordonne mon évacuation sur un hôpital. Aprés deux jours de voyage, j'arrivais d'abord à l'hôpital d'Angoulême, puis à Cognac (Charente). Aprés environ un mois d'hôpital, je demande à rejoindre le 4°, mais à ce moment, l'ennemi sillonne toutes les routes de France. Deux jours après c'est l'armistice. Le 15 Juillet j'étais démobilisé au PUY.
(à suivre) | |
| | | Ancien38
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| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Lun Mar 06 2017, 17:47 | |
| Nota Ancien38 : Il faut rappeler que tous ces témoignages sont inédits et que le support (Bulletin) d'où ils sont extraits devient inexploitable car il s'agit d'un document réalisé avec une roneo à alcool et les lettres sont en train de disparaitre. Tous les noms sont authentiques. - - - - - - - - - - - LA 2° COMPAGNIE A CHAMBRY (19 MAI)
Témoignage du Lieutenant BENSIGNOR Chef de Section
La Compagnie débarque le 19, vers 3heures du matin à ATHIES, le Capitaine nous met brievement au courant de la situation: le Bataillon moins la 3 ème Compagnie, en flanc-garde Est de la Division, doit progresser vers le Nord, la 2° Compagnie a pour mission de former deux bouchons défensifs pour garder les ponts sur le ruisseau des Barantons. L'attaque débouchera à 4 heures. Les chasseurs, après trois nuits sans sommeil, sont très fatigués et s'endorment à chaque halte, dans n'importe quelle position; mais le moral est toujours "chasseurs", ils le montreront quelques heures plus tard. La 2 ème Compagnie marche sur CHAMBRY, 1 ère Section en tête à droite de base; 2 ème Section à gauche. CHAMBRY est atteint vers 6 heures. La première Compagnie a déjà patrouillé dans le village. Nous marquons une halte sur la grande route Nord de CHAMBRY. Puis la Compagnie reprend sa progression dans le même dispositif, accompagnée de deux canons de 25. A 1 km environ, N.O. de CHAMBRY, la compagnie s'arrête sur une crête. Nous entendons, devant nous, des tirs de 75 (probablement de nos chars B), puis nous voyons progresser, à 1 km 500 environ, des chars venant vers nous. Après un temps, nous constatons que ce sont des blindés allemands. Ces chars sont pris immédiatement à partie par les éléments du 10° Cuir à notre droite. Le combat s'engage. Le Capitaine DE CHAVANNES, Commandant le détachement flanc-garde, donne l'ordre de se replier par échelons sur CHAMBRY, afin de s'installer défensivement dans le village. Je reçois de mon capitaine (Le Capitaine CALAIS) l'ordre de m'installer avec ma section, à la lisère Nord du village. J'ai laissé en arrière, avec un canon de 25, un de mes F.M., soit un tireur, un chargeur et le Sergent-Chef ALTERO. Je possède donc 5 F.M., une dotation en munitions très abondante (nous avons chargé, à SISSONNE, un supplément de cartouches). Nous avons, en outre, emporté quelques grenades OF, espérant attaquer derrière nos chars.
(à suivre) | |
| | | Ancien38
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| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Lun Mar 06 2017, 18:21 | |
| Nous nous installons, en faisant hâtivement en haut des maisons, des créneaux défensifs. Le Commandant arrive à ce moment, en voiture, de la direction de l'ennemi. Il est passé près des premiers éléments allemands, sans être aperçu; quelques minutes après son passage, une A.M. du 10° Cuir se replie, poursuivie par des tirs de mitrailleuse ennemis. Il est environ 8 heures 30. Le F.M. du Sergent DEPEAUX, installé à gauche de la route, ouvre le feu sur les premiers éléments allemands qu'il voit à 1200 mètres environ, dans l'axe de la route. Son arme s'enraye. DEPEAUX vient me rejoindre. Je groupe toute la section avec moi, dans une grande maison isolée, à droite de la route. Avant 9 heures, nous apercevons des éléments allemands progressant en direction du château, nous les prenons immédiatement à partie avec deux F.M. placés à droite de la maison d'où ils avaient de très belles vues. A 9 heures, mon agent de liaison, le Chasseur CHEVILLARD, vient de la Compagnie aux renseignements. Je le charge de transmettre que les allemands cherchent à contourner le village par la droite et que nous tirons sur eux de notre mieux. Peu après son départ, des voitures allemandes chenillées débouchent des crêtes N.E., se dirigent vers le château et le village. Tous mes F.M. les prennent à partie, les voitures s'arrêtent, puis après quelques temps, se replient (toutes les armes automatiques du château les avaient également pris sous leur feu). Après ce repli, nous n'apercevons que des isolés sur les crêtes, à 1200 mètres. Nous faisons sur ces isolés une sorte de tir de harcèlement. Peu après, l'artillerie allemande commenceà nous prendre à partie, démolit complètement la maison voisine, les lisières du village sont arrosées. Puis l'infanterie débouche à la fois au N.E. et au N.O. du village, deux de mes F.M. tirent à l'Est, deux à l'Ouest, le tir commence à 1000 mètres, puis nous baissons les hausses successivement de 800 m à 600 m. Alors que nous tirons du haut de la maison, un obus, (probablement fusant) éclate sur le toit, tous se couchent, chacun se relève, regarde si ses camarades sont blessés. Rien de grave, le tir continue.
(à suivre) | |
| | | Ancien38
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| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Lun Mar 06 2017, 18:39 | |
| Hausse 400 m , ils sont à 300 mètres. Les pourvoyeurs tirent au mousqueton. Cette défensive dure jusqu'à 15 heures environ. Il n'y a plus de munitions. Quand je pense à rejoindre le Bataillon, le repli est impossible, les allemands nous ont dépassés à droite et à gauche et pris pied dans le village. Je ramasse toutes les grenades OF et les fais lancer, successivement, par les meilleurs lanceurs. Après m'être consulté avec KIENIZLER, nous décidons de nous dissimuler pour tenter de rejoindre le Bataillon pendant la nuit. Mais une demi-heure plus tard, vers 16 heures, nous sommes faits prisonniers par une troupe déchaînée, par suite des pertes qu'elle a subies. Nous sommes immédiatement entraînés vers l'arrière. Il y a, à droite et à gauche de la route, un très grand nombre de soldats allemands tués qui jonchent les champs environnants. Plusieurs ambulances chargent des blessés et font la navette avec leur poste de secours. Le tir de nos F.M. et de nos mortiers a été meurtrier. Les allemands qui m'interrogent sont persuadés que le village est farci de blockhaus. Notre tir a donc été efficace. L'ennemi, en se frottant à des chasseurs du 4°, s'est piqué à ceux de 40 comme à ceux de 14. Le chardon de Lorraine méritait donc bien de figurer dans l'insigne du Bataillon avec la devise appropriée;: " qui s'y frotte, s'y pique ".
(à suivre) | |
| | | Ancien38
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| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Mar Mar 07 2017, 15:12 | |
| AUX JEUNES.
Tout d'abord, jeunes amis, avez-vous un culte égal du courage et de la volonté ? Sans être tenus, comme les Indiens Jivaros, d'apporter à vos belles une tête fraîchement coupée, en guise de bouquet, sans avoir, pour prouver votre énergie, à vous taillader la face et le corps, tels les Bambaras, beaucoup d'entre vous ne doivent-ils point commencer à s'arracher à la contemplation énervante de leur nombril ? Votre musculature toute neuve n'est pas faite pour s'affaisser sur des chaises de bistrots. Votre intelligence a d'autres images à capter que les baisers de 50 mètres de films trop souvent ineptes. Votre valeur a d'autres conquêtes à s'assigner que celles de petites oies plus ou moins blanchettes. Vos muscles, votre cerveau, votre coeur, vous en devez compte, tout d'abord, à notre France. Son destin ne se réglera pas à coups de soucoupes, ni dans l'obscurité des cinémas. Il est lié à votre force, à votre potentiel physique et moral. Identifiant votre avenir à celui de notre grand peuple, vous devez vous préparer à sillonner en chefs les routes de l'Empire, à faire reculer, par votre compréhension, votre action sociale, les menaces de misère et de haine pesant sur notre pays. Vous devez préparer le jour où, dans un monde apaisé, grandira une nouvelle conception du Français: non plus le petit bonhomme hâbleur et paresseux des caricatures étrangères, mais le tenant sain et fort d'une civilisation de lumière.
(extrait d'un article de J. D'ORSAY)
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"Si quelqu'un vient près de toi, répandre des plaintes sur la situation actuelle et des critiques sur ce qu'on a fait ou ce qu'on a pas fait, demande lui donc ce qu'il a fait lui-même, et ce qu'il a donné de sa personne depuis vingt ans pour que le Pays n'en arrive pas au mois de JUIN 1940. Demande lui ce qu'il fait actuellement, en dehors des critiques, pour contribuer au relèvement de la Nation."
(à suivre) | |
| | | Ancien38
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| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Mar Mar 07 2017, 15:41 | |
| ACTES CARACTERISTIQUES DE BRAVOURE
INDIVIDUELLE OU COLLECTIVE - - - - - - - - - - - -- -
COMPAGNIE DE COMMANDEMENT. Défense d'un réduit à CHAMBRY.
Le 19 Mai, le 4° B.C.P. défend le village de CHAMBRY (4km au NORD de LAON). L'ennemi, ne pouvant enlever le village en l'attaquant de front par le Nord, s'efforce de l'aborder par l'Est et par l'Ouest. Le Caporal-Chef PULCET, commandant un groupe de voltigeurs composé des caporaux BAYLE, VIAL, et des Chasseurs DUTRANNOIS, CONSTANT, MARIE, FOURNEL, GUYARD, THIBERT, MONTABRUN, CHALIER, SANSEIGNE et le Sergent OUDOT, commandant une pièce de 25, reçoivent l'ordre d'établir un réduit sur la face Est du village en utilisant le mur d'un jardin potager. Le poste est à peine en place, qu'un groupe d'allemands se présente, longeant le mur d'un cimetière situé à 200 mètres du réduit. PULCET dirige le tir de ses hommes et bientôt, tous les ennemis sont abattus. Devant cet échec, les allemands dirigent, sur le cimetière, une auto-bmindée tractant un canon. Le tir des voltigeurs reprend, le canon de 25 ouvre le feu, l'auto est mise en flamme. Les occupants de la voiture s'enfuient, ils sont tous descendus un à un. Le canon de 25 achève l'oeuvre des fusils en démolissant le canon allemand. Ivres de joie, tous les défenseurs du réduit se mettent debout sur le mur et, brandissant leurs armes, reprennent en coeur le chant de la Sidi-Brahim, entonné par le Chasseur SANSEIGNE. Mais l'attaque se poursuit et le réduit doit, pour la seconde fois, être ravitaillé en munitions. La possession du cimetière devient le principal bur de l'effort ennemi sur le flanc du village. Cette conquête est rendue impossible par la vigilance, la précision du tir et l'ardeur de tous. Aussi, lorsque le Bataillon, après avoir reçu l'ordre de repli, aura tiré toutes ses munitions, il pourra regagner LAON en passant sous les murs du cimetière dans lequel aucun allemand vivant n'a pu s'installer. | |
| | | Ancien38
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| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Mar Mar 07 2017, 17:15 | |
| Groupe de motocyclistes commandé par le Sergent FALTERMEIER
Le 20 Mai, à FESTIEUX (10Km S.O. de LAON), le Sergent FALTERMEIER commandant un groupe de conducteurs de side-cars du 4° B.C.P., est alerté vers 2 heures du matin et reçoit l'ordre de partir au plus tôt. Empruntant la route N° 44, il se dirige vers REIMS. Il roule rapidement, suivi de son groupe composé des Chasseurs GRENIER, VINSON, BLANCHE, DUPREY, LACROIX, BOUILLE. A peine a-t-il parcouru 5 km que, arrivé au carrefour du hameau de la MAISON-ROUGE, il aperçoit une barricade. Il en croit tout d'abord, comme la veille, les occupants français, mais il est vite détrompé par la vue d'un canon antichars et le déchaînement, sur son groupe, du tir de nombreuses mitraillettes. Il essaie de faire demi-tour, la route, trop étroite, ne lui permet pas. Il saute alors de son side et se jette dans le fossé. En se relevant, il s'aperçoit qu'il est à quelques mètres d'une mitrailleuses allemande installée dans le même fossé. FALTERMEIER, d'un bond, traverse la route. Les allemands se mettent à sa poursuite, mais en vain. Le soir même, apres une marche harassante de toute la journée où il n'a que le soleil comme guide, il rejoint le Bataillon. Des autres conducteurs de side-cars, un seul, le Chasseur DUPREY a réussi à forcer le barrage. Tous ont essayé de faire demi-tour ou de s'échapper à pied. Deux seulement y sont parven
- - - - - - - - - DEUXIEME COMPAGNIE
Chasseur PIRAS.
Le 19 Mai, à CHAMBRY, le Chasseur PIRAS, debout sur le bord d'une route mitraillée par les balles ennemies, répondait par des rafales de son F.M., avec un calme et un sang froid remarquables. La précision de son tir avait pour effet de coucher à terre un grand nombre de soldats allemands. La scène dura plusieurs heures, PIRAS était aidé ou remplacé par le Chasseur FORGETTE. Vers la fin de l'après-midi, PIRAS alla chercher volontairement, à 40 mètres de là, une camionnette sous le même feu ennemi, permettant, ainsi, de replier facilement une vingtaine de camarades dans la direction de LAON
(à suivre) | |
| | | Ancien38
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| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Mar Mar 07 2017, 17:41 | |
| Bois de BIENFAY.
Le 29 MAI, pendant la progression au Nord de BIENFAY, le groupe du Caporal-Chef MAUZON reçoit la mission de fouiller la lisière d'un bois, afin de repérer l'emplacement de l'ennemi et, particulièrement, de situer les armes automatiques qui tiraient depuis le début de l'engagement sur nos vagues d'assaut. En remplissant cette mission, sont blessés : PLACE, CAUQUOT, VENUAT, DESTRAS, DENAVE, THEVENET agent de transmission. Ces chasseurs reçoivent, alors, l'ordre de rentrer dans le bois. MAUZON, DENAVE et FORGETTE démontent les fusils mitrailleurs pour les remettre en état de tirer et cela, sous le feu nourri de l'ennemi (balles, obus de 77 mm, obus antichars, etc . . .) Ce qui reste des trois sections de la Compagnie se forme en carré et la lutte continue rageusement sous le masque de la forêt. Des allemands poussent des cris de fous furieux, tandis que d'autres, au contraire, crient à nos blessés que leurs brancardiers vont arriver, et affirment qu'ils n'en veulent pas aux français. Des rafales de mitraillettes paraissent venir du haut d'un arbre. Le Sergent-Chef GEORGER prend en main l'arme de son tireur et fait le coup de feu. Il est blessé au front. Les six F.M. restants deviennent, les uns après les autres, hors d'usage. A ce moment sans liaison, sans renfort, en saillant sur les éléments voisins, la situation devient désespérée. L'ordre de repli arrive. Il est exécuté en ordre, tous les blessés emmenés, clopin-clopant par leurs camarades. Aucune arme,aucune munition ne sont laissées sur le terrain. Contraste singulier, l'adversaire ne tire plus. Il semble que le retour tragique et douloureux des blessés (15 sur 42 combattants) l'ait impréssionné et ait imposé le silence à ses armes.
(à suivre) | |
| | | Invité Invité
| | | | Ancien38
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| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Mer Mar 08 2017, 16:40 | |
| Affaire du Groupe Sergent BONDONO.
Le 10 JUIN 1940, le groupe BONDONO, placé en pointe de sa section, est chargé d'aller prendre position au delà du village de VILETTE situé à 4 km au Nord de MEULAN. Le Chasseur ZISETTE, remplaçant volontairement un camarade, part en éclaireur. Un sergent du Train décide de l'accompagner. Tous les deux aperçoivent, à la crête en face, cinq cavaliers allemands et un piéton vêtu d'une capote française, Officier probablement. Ceux-ci tirent aussitôt. Les deux éclaireurs se couchent. Les allemands foncent sur eux, les mettent en joue avec une mitraillette, les invitent à se déséquiper et les interrogent. Zisette déclare froidement qu'il y a en face d'eux 900 hommes d'un bataillon de Chasseurs. Survient le Chef de groupe et MIRGUET tireur au FM. Ils aperçoivent la scène, immédiatement ils tirent pour effrayer les allemands. Ceux-ci ripostent. MIRGUET tire deux boîtes chargeurs. Les cavaliers prennent la fuite et abandonnent les deux prisonniers qui rejoignent le groupe réduit à trois, y compris le gradé.
Affaire du Sergent ADNOT.
Le 10 JUIN, à US, le dernier car vient d'embarquer, en toute hâte, le personnel de la 1 ère Compagnie, sous le feu rapproché de l'ennemi. Il reste encore, sur la place, les Sergents ADNOT et BOST, deux chars et un Lieutenant de chars. Ce dernier interpelle le Sergent ADNOT en ces termes: "Est-ce-que vous êtes gonflé, vous ? - Mon Lieutenant, j'ai fait mes preuves - Et bien voulez-vous aller dire à ca char, qui est là-bas, de se replier !". ADNOT se porte, avec précaution, à trois mètres du char. Il est subitement arrêté par une décharge d'arme automatique ennemie placée au pied même de la chenille de l'engin. Le courageux Sous-Officier ajuste son fusil et tire. L'allemand répond. D'autres éléments ennemis grouillent aux environs et progressent déjà en arrière. ADNOT se voit dans l'impossibilité d'insister. Il doit se retirer, et avec BOST, il arrive de justesse, en empruntant un fossé, auprés de L'Officier du char auquel il rend compte de sa mission, en lui exprimant ses regrets de n'avoir pu communiquer avec le Chef de char en mauvaise position. L'Officier quitte la position avec les deux sergents et signalera la belle conduite d'ADNOT à son Chef de Corps. | |
| | | Ancien38
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| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Mer Mar 08 2017, 17:03 | |
| Affaire du Sergent ADNOT à SAINT-FLAVIER.
Le 21 JUIN, sur la route nationale au Nord de SAINT-FLAVIER, le groupe du Sergent ADNOT est en pointe dans un dispositif de bouchon. De la crête d'en face débouchent des side-cars. D'abord on pense que c'est un G.R.D. qui se replie. Puis les nôtres s'aperçoivent que c'est l'ennemi. Ils entendent en bon français: "Halte, débarquez et éparpillez-vous". ADNOT, qui n'a confiance qu'en lui-même dans les moments tragiques, prend le FM à son tireur et envoie une rafale d'un chargeur entier dans la direction de l'ennemi, pendant qu'un char ami, placé à 20 mètres sur la gauche, envoie un obus au beau milieu des sides et de leurs équipages. Pendant ce temps, les Chasseurs MEUNIER et MAIGROT garnissent des chargeurs pour leur chef avec le plus grand calme. Le Sous-Officier, se rendant compte de la mauvaise position qu'il occupe, se retire d'une centaine de mètres, se remet en batterie et, debout dans un fossé de la route, tire de nouveaux chargeurs sur l'ennemi qui avance. Enfin, il quitte cette nouvelle position le dernier, avec les Chasseurs MAIGROT et MEYER. Pendant son repli, il fait pare au Colonel Commandant la 1/2 Brigade de Chars, de son inquiétude de ne pas savoir si la section s'est repliée. Désirant apaiser ce souci, il demande respectueusement à l'Officier Supérieur le secours d'un char. C'est accordé en principe. Le Sergent ADNOT repart seul dans la direction de l'ennemi et apprend en cours de route, d'un Capitaine de chars, qu'un Lieutenant de Chasseurs a été vu ramenant tous les hommes à l'arrière. | |
| | | Ancien38
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| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Mer Mar 08 2017, 17:34 | |
| 3° COMPAGNIE
Le 10 JUIN au BORD-HAUT-DE-VIGNY.
Le Caporal-Chef JAMBON et les Chasseurs MATHIE et VEZIANT, ont reçu pour mission de protéger un canon en batterie sur la seule route donnant accès au village. Ils disposent, pour cela, d'un FM qu'ils placent derrière un petit mur. A 10 heurs, une colonne allemande est signalée, et des motocyclistes arrivent, bientôt escortés d'une auto-mitrailleuse. Mitrailleurs et chasseurs les laissent approcher à 600 mètres, puis ouvrent le feu meurtrier qui met les motos en fuite et détruit l'auto-mitrailleuse. Mais le canon de 47 a été repéré, et quelques minutes plus tard, les obus de 77 commencent à pleuvoir tout autour de lui, tandis que les fantassins allemands progressent. Les artilleurs sont blessés. JAMBON et VEZIANT, eux aussi, sont touchés. MATHIE sent une douleur à la jambe, mais tandis que ses camarades sont conduits au P.C., il rend compte qu'une pierre lui a heurté la jambe et il reste seul à son poste pour servir le FM. Il tire sans arrêt sur les allemands qui s'infiltrent dans les blés, refroidissant son arme avec du vin blanc, tandis que les 77 continuent à tomber autour de lui. Le petit mur est presque démoli, MATHIE vide toujours ses chargeurs en visant posément, le torse au-dessus du mur, malgré les balles et les obus. Toutes ses munitions (1500 cartouches) étant épuisées, il se décide, alors, à obéir au ordres de son Chef de Section qui lui faisait signe de se replier vers un endroit moins exposé. MATHIE commence à souffrir sérieusement de sa jambe, car l'éclat de pierre est en réalité un éclat d'obus, néanmoins, il ne veut pas quitter son FM, et il faut l'ordre formel de son Chef de Section pour qu'il gagne, tout seul, le poste de secours.
Le 28 MAI au soir à BIENFAIT. Le Sergent BAUER, barre, avec son groupe, le fond d'un ravin. Il se trouve isolé en avant du reste de sa section au cours de la nuit, des allemands se glissant le long d'une lisière de bois, à droite de la section, attaquent le gros de celle-ci à la mitraillette. BAUER et son groupe se sentent contournés. Le Sergent BAUER maintient, alors, ses chasseurs en place, prend lui-même le F.M., s'avance vers les allemands et ouvre le feu à une dizaine de mètres d'eux. Les assaillants se croyant eux-mêmes contournés, et coupés de leurs camarades, se terrent dans les bois et, au petit jour, se rendent au groupe BAUER qui les fait prisonniers.
(à suivre) | |
| | | Ancien38
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| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Mer Mar 08 2017, 18:20 | |
| COMPAGNIE D'ENGINS.
Combats de CHAMBRY - 19 MAI 1940
La 3 ème Section de la Compagnie d'Engins, composée de trois canons, commandée par le Sous-Lieutenant DE LONGEVIALLE, avait à assurer la défense ant-chars de CHAMBRY. Contourné par les ailes, se voyant dans l'impossibilité d'utiliser les canons, le Sous-Lieutenant DE LONGEVIALLE se replie légèrement en arrière et se retranche avec sa section dans une maison de village. Renforcé par deux F.M., la section DE LONGEVIALLE tient admirablement tête à l'envahisseur jusqu'à épuisement de ses munitions. Recevant l'ordre de repli, elle dégage avec témérité ses voitures tous terrains, force l'étreinte ennemie, et regagne en bon ordre le point de rassemblement du Bataillon.
Combats d'US - 12 JUIN 1940.
La Compagnie d'Engins composée d'une section de voltigeurs à 6 F.M. et d'un canon de 25, les quatre autres canons étant respectivement attribués aux 1 ère, 2 ème et 3 ème Compagnies de voltigeurs, appuyés par deux canons de 47 et trois chars légers, avait pour mission de tenir jusqu'au reçu d'un ordre de repli, la région traversée par la "Chaussée de César". Elle s'appuyait à droite sur le village d'US défendu par la 1 ère Compagnie, à gauche sur le village de VIGNY défendu par la 3 ème Compagnie. Le terrain lui permettait de s'enterrer dans une languette de bois qui s'étirait sur une longueur de cinq cents mètres, légèrement en contre-pente, face à la Chaussée Romaine. Il était à peu près 9 heures lorsque les deux ailes du dispositif du bataillon furent attaquées. Peu de temps après, les allemands débouchaient sur la crête en face, immédiatement stoppés par les feux précis des F.M. rasant la crête. Entre temps, le silence complet se faisait sur nos deux ailes et nous laissait prévoir la réussite de l'ennemi en ces points. Les tirs d'artillerie qui nous arrivaient de face, de notre droite et de notre gauche, confirmaient nos appréhension, deux agents de liaison lancés successivement vers le P.C. du Bataillon qui devait se trouver à notre gauche, ne furent jamais revus. Le troisième, le Chasseur GOLPPEL René, devait revenir la nuit, renvoyé par les allemands et porteur d'un drap blanc et d'une mission qui nous ordonnait de nous rendre immédiatement, faute de quoi nous serions fusillés. Ils oubliaient qu'ils avaient à faire à des Chasseurs.
(à suivre) | |
| | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Jeu Mar 09 2017, 17:44 | |
| Le repli s'imposait, il fut décidé à la tombée de la nuit. On se replierait en direction de l'Ouest sur un village situé à quelques 7 kms en arrière de notre position; les fusées éclairantes lancées des quatre coins de l'horizon ne nous empêchaient nullement de continuer notre chemin. Nous étions en colonne, sur nos tracteurs Latil lancés à vitesse maximum. Nous rentrons à plein gaz dans le village. Il était occupé par les allemands. La première Latil, profitant de l'effet de surprise, passe à travers les barrages ennemis, suivie de la 2 ème qui reçoit les décharges des fusils et d'un canon de 37, sans toutefois être touchée. La 3 ème, mise en feu par un obus de 37, bloque alors tout le convoi des trois Latil et des trois chars. Les chasseurs en queue de colonne, réalisent immédiatement la situation, sautant de leurs voitures et gagnant les champs où ils sont mitraillés par les postes allemands qui montent la gard autour du village. Un char est mis en feu, le 2 ème est touché à mort, le 3 ème arrive à passer. La 2 ème Latil, commandée par le Lieutenant SCHLACHTER, rencontre, à quelques six cents mètres de la sortie du village, une section allemande en voie d'occuper un carrefour. Elle fonce à toute vitesse sur eux, passe au travers, et réussit ainsi à gagner l'entrée de PONTOISE où le hasard le fit rencontrer la première Latil commandée par le Lieutenant PRUDHOMME . . . La joie fut grande. Il s'agissait maintenant de franchir l'Oise. Les ponts sont coupés et les débris plongent dans les eaux de la rivière. A tout prix il faut établir la liaison avec l'autre bord. Le Lieutenant SCHLACHTER escalade les deux arcs du pont croyant pouvoir se hisser de l'autre côté. Placé devant une rive adrupte, le pont ayant été coupé net, il rebroussa chemin et arriva, malgré le feu de barrage des troupes françaises qui nous prennent pour des ennemis, à rejoindre ses camarades qui l'attendaient avec angoisse. Le groupe des rescapés se concerte. Décision: Il faut gagner MEULAN avant l'aube. Peut-être le pont sur la Seine est-il intact. Mais il est impossible d'utiliser la voiture, les convois de réfugiés encombrant les routes: "en avant marche, et à pied". MEULAN fut atteint à la pointe du jour. Le pont avait sauté la veille. Sans répit, sans arrêt, le chemin de POISSY fut entamé. Suprême espoir: serions-nous obligé de passer la Seine à la nage ? A TRIEL, un passeur nous permet d'atteindre l'autre rivage: nous étions sauvés, fermement convaincus d'être les seuls. A POISSY, le Sous-Lieutenant DE LONGEVIALLE, le Sergent-Chef ENGEL et quelques chasseurs nous recevaient dans leurs bras. Eux aussi avaient frisé la mort, avaient réussi à échapper des griffes de l'ennemi.
(à suivre) | |
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