Paras, bérets bleus, verts et rouges, tous unis ! Forum pour Parachutistes et Sympathisants de par le Monde |
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| Les "CHASSEURS ALPINS" . | |
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Auteur | Message |
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Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Jeu Fév 16 2017, 16:24 | |
| Un bond dans l'escalier et me voici au premier étage. Je m'installe à côté du Caporal-Chef VAVASSEUR pour observer le tir et y participer pour donner un peu de répit à un chasseur. Une explosion formidable me fait voler au fond de la pièce, tête en avant . . . et, au bout d'un temps indéterminé (une seconde ou 10 minutes?), je reviens à moi le casque sur les yeux et les oreilles, la tête douloureuse et remplie de mille sifflets, les mains en sang. VAVASSEUR est durement touché, des éclats d'obus dans la tête, la poitrine et les bras. A la place de la fenêtre que nous occupions, un énorme trou béant, par où s'engouffrent des rafales de mitrailleuses. Je traine mon malheureux VAVASSEUR dans le couloir, où le nombre de blessés s'est augmenté considérablement. Il reste, maintenant, peu d'espace pour circuler sans faire des exercices d'acrobatie. Pour moi, rien de mauvais sauf les deux tympans bien percés. J'appelle SAVIDAN pour faire le point : 1°)- L'avance ennemie semble arrêtée, sauf au sud, où nous sommes débordés sans pouvoir apprécier l'importance des effectifs qui se sont infiltrés; 2°)- Notre stock de munitions est très entamé malgré le soin apporté à l'économiser; 3°)- Que font le Bataillon et les chars? Nous croyons parfois les entendre derrière les communs, mais le bruit est trop général pour distinguer quelque chose de précis, et nos oreilles sont en très mauvais état. 4°)- Le personnel capable de se battre est suffisant pour servir les armes et pour tenir. 5°)- Le moral rst bon.
Donc, continuons et laissons venir . . . .
Nous sommes persuadés qu'une contre-attaque va venir nous dégager et tous ces chars de la 4° D.C.R. vont bien servir à quelque chose.
Il doit être midi, donc rien ne presse, que chacun veille à ses munitions et abatte tout ennemi qui essaie d'avancer.
Un bruit effroyable attire notre attention du côté de l'escalier en colimaçon qui monte à la tour: je vois dégringoler une grappe de chasseurs, cul par dessus tête . . . et le mortier, suivi d'une caisse à obus et autres accessoires. Le tout s'arrête sur le palier. Les chasseurs du Sergent JACQUOT se relèvent en se tâtant et rigolant, comme des bossus, de leur aventure : le mortier, à force de tirer, a fini par enfoncer le plancher de la tour, et le tout a été précipité dans le vide. Le mortier est fichu, les instruments de visée sont faussés et, d'ailleurs, il n'y a plus d'obus. Les hommes prennent leurs fusils et continuent.
(à suivre) | |
| | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Jeu Fév 16 2017, 16:58 | |
| Et toujours les balles de mitrailleuses, en rafales presque ininterrompues, les obus de 37 incendiaires et de 105 continuent à démolir, progressivement, notre beau chateau et à nous arroser de pierres, plâtre, bois, et, toutes les quelques minutes, un nouveau blessé est traîné en lieu sûr, aux bons soins de l'Infirmier et de ses aides.
Dans un vrombrissement rageur, un "mouchard" vient faire son inspection des lieux, à toucher le toit de son aile droite. J'essaie de lui envoyer une rafale de mitraillette (trophée de CHIVRES), mais elle s'enraye à la deuxième cartouche; vraiment, cette pétoire n'est bonne à rien et je la jette derrière un tas de gravas.
Des groupes ennemis importants sont maintenant à proximité même du village, à 300 m devant nous (au Nord). Nous les dominons de haut et presque toutes nos cartouches font mouche. Tout à coup, nous voyons marcher, en pleine route, un groupe d'une douzaine d'hommes "en moutarde", mais ce sont des français, ils se dirigent vers l'arrière ennemi; les allemands en profitent pour se glisser derrière eux et avancer de quelques mètres. Notre feu ne s'arrête pas et encadre ce groupe de près, pour abattre les silhouettes debout qui le dépassent.
Mais voici que les chasseurs installés dans la partie supérieure du chateau refluent vers le premier étage : le feu. Vraiment, il ne manquait plus que cela. Et, à la poussière déjà intense, se mêle maintenant la fumée de l'incendie.
Les chambres inutilisables sont visitées soigneusement, autant que le feu le permet, et les chasseurs du haut viennent renforcer ceux de la 2° Section dont une partie du personnel est hors de combat. Les blessés sont évacués dans le hall et les "salons".
Coup de sifflet à LEYSSARD :"Ca va ?" - "Ca va, mais plus moyen de tenir les emplacements de tir" Avec le Lieutenant SAVIDAN, je refais le point : 1°)- Notre stock de munitions s'épuise; il importe d'économiser au maximum; 2°)- Le chateau est en feu et les meilleurs emplacements de tir ont dû être abandonnés. Les vues du rez-de-chaussée sont beaucoup plus limitées que des étages; 3°)- Que font le Bataillon et les chars ? Nous avons la nette impression d'être totalement isolés, mais une contre-attaque ne s'organise pas en quelques minutes; 4°)- Il faut donner des nouvelles au Bataillon, et, pour cela, envoyer des volontaires au village.
(à suivre) | |
| | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Jeu Fév 16 2017, 17:51 | |
| Fuyant devant l'incendie, toute la compagnie est dispersée dans les pièces du rez-de-chaussée. Beaucoup d'hommes, n'ayant plus de munitions ou manquant d'emplacement de tir, attendent la suite des évènements.
Un groupe d'une douzaine de volontaires s'apprête à gagner le village. Le parc semblant être libre de tout ennemi, les hommes de ce groupe s'élancent, l'un après l'autre, vers le bois du parc. Combien arriveront au but ?
Notre tir se fait de plus en plus intermittent et, rapidement, cesse presque totalement.
L'incendie gagne le premier étage. Je fais évacuer les derniers blessés en vitesse; l'un d'eux , le Chasseur KNOERR, est trouvé dans une pièce du premier. Il est étendu près de la cheminée, dans une atmosphère suffocante, il a une jambe fracassée et, ne pouvant plus bouger, il a eu la présence d'esprit de mettre son masque. C'est ce qui l'a sauvé, car nous n'avons eu que le temps de le retirer de là, pour ne pas suffoquer nous-mêmes. A mesure que l'incendie se développe vers le bas, la chaleur devient de plus en plus insupportable.
Alors que le obus incendiaires continuent à percer les murs de toute part, une rafale de mitraillette allemande part du mur d'enceinte de la cour. Aussitôt, les quelques grenades qui nous restent, sont lancées derrière ce mur, mais sans grand résultat, car nous n'avons que des O.F.. Les rafales de mitrailleuses se succèdent sans répit et l'ennemi, que notre tir ne dérange plus, ajuste tous les orifices du bâtiment. Les grandes fenêtres du Hall deviennent très difficiles à tenir et, du fond du Hall, seul réduit à peu près sûr (contre le feu et les balles), il est difficile de se rendre compte, à travers toute cette poussière, de ce quise passe dehors. En rempant, je m'approche des derniers emplacements de tir abandonnés, il n'y a plus de munitions. . . . Les hommes se serrent sous l'escalier, car au-dessus de nos têtes, les derniers plafonds roussissent sous la chaleur et menacent de s'effondrer sur nos têtes. L'inaction et l'impossibilité de tenter quoi que ce soit nous met la rage au coeur -Tous ont les larmes aux yeux de désespoir. Notre situation semble désespérée, et je m'isole à nouveau avec le Lieutenant SAVIDAN pour prendre une décision : 1°)- Plus de munitions, il doit être environ 17 heures; 2°)- L'ennemi nous encercle de toute part et au plus près; 3°)- Dans quelques minutes, les plafonds en feu vont nous tomber sur la tête et nous risquons d'être grillés sur place.
Que faire : - se replier ? Il ne peut en être question; - se cacher dans la cave ? Une grenade dans le tas et c'est le massacre total; - se mettre à l'abri du feu en sortant ? ce ne sera pas mieux.
Nous pleurons comme des enfants et les hommes avec nous.
(à suivre) | |
| | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Jeu Fév 16 2017, 18:43 | |
| Et pourtant, il faut faire quelque chose. Je décide d'essayer, seul, une sortie dans la cour. Je me précipite dehors, en évitant la zone dangereuse des obus de 37, mais à peine sorti sur le perron, une rafale de mitraillette et une grenade me plaquent au sol derrière une colonne du balcon . . . . pas touché. D'un bond, je me lance à l'intérieur; ce n'est pas mieux, les hommes sont serrés, comme des sardines, sous la voute de l'escalier, le feu les menace de près. Ce dernier refuge devient intenable et, n'en pouvant plus, tout ce qui est valide se précipitedehors, à l'air libre, et aussitôt un groupe d'ennemis se rue sur nous comme des sauvages, brandissant des grebades et les mitraillettes prêtes à tirer. Ils nous entourent en hurlant : "Vous pas soldats . . . . vous tueurs". Nous sommes pris.
Et LEYSSARD ? je lui crie l'ordre de sortir et de nous rejoindre, toute idée de résistance étant à rejeter..
Devant nous, les fossés de la route et les champs sont jonchés de cadavres, trop nombreux pour oser les regarder sans eveiller l'attention des survivants, qui nous tiennent à leur merci.
Lieutenant "BOURCART" Lieutenant en premier de la 1° Cie du 4° B.C.P.
Ainsi se termine ce récit. Nous sommes très loin de ces considérations aujourd'hui, car aussi étrange que cela puisse paraître, pour une fois, l'aspect humain n'est pas mis en avant. En effet , il faut se rapporter à une époque où, dans cette situation, la mission primait sur la sensibilité de l'individu. Dans la société d'aujourd'hui tout gravite autour de l'individu. Mais que l'on ne s'y trompe pas tous ces hommes avaient leur sensibilité et leur Esprit de Corps sans faille. Le Chef de Corps, le Chef de Bataillon BERTRAND, était un vrai père de famille qui s'inquiètait de chacun de ses soldats. Dans mes archives (qui vont disparaître, il faut déjà les déchiffrer) j'ai pu voir l'homme qu'il était. Pour preuve, suite à ce combat, mon pére avait disparu et le Chef de Bataillon BERTRAND a envoyé un courrier à ma mère. Le prochain message sera la copie de ce courrier (j'enverrai l'original lorsque je me serai attardé sur la procédure d'envoi). Avant la discussion, je voudrais également produire deux courriers de mon pére, prisonnier, à ma mère, afin de bien connaître l'état d'esprit qui animait ces soldats. Par la suite, par des photos, je donnerai un visage à ce Bataillon. | |
| | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Jeu Fév 16 2017, 20:11 | |
| LETTRE du Chef de Bataillon BERTRAND du 5 Juin 1940.
"Madame, contrairement aux réglements, mais vu les liens d'amitié qui me liaient avec votre mari depuis de longues années, j'ai le regret de vous faire connaître que l'Adjudant-Chef Leyssard a été porté disparu au combat de Chambry près de Laon, le 19 Mai. Comme nous nous sommes repliés à la nuit, il y a lieu de garder espoir qu'il ait été fait prisonnier. Veuillez agréer, Madame, mes respectueux hommages."
LETTRE de mon Père à ma Mère le 21 Mai 1940.
Stalag III A.
Ma Chérie, Suis en bonne santé. Attends-moi courageusement. Embrasse bien notre petite fille, maman et tes frères.
J'ai fait mon devoir jusqu'au bout
LETTRE du 23 Mai 1940
Ma grande chérie
La santé est bonne. Je suis prisonnier de guerre. Mais sois tranquille, j'ai fait mon devoir jusqu'au bout. L'Officier allemand à qui nous nous sommes rendus a dit "Vous êtes des soldats, vous vous êtes défendus comme des braves". C'est le meilleur compliment que je pouvais avoir, car la troupe qui était en face de nous est une troupe d'élite.
Ainsi se termine la présentation de ce combat qui, comme beaucoup d'autres, est et demeurera dans l'ombre et très certainement l'oubli. | |
| | | Commandoair40 Admin
Nombre de messages : 29167 Age : 78 Emploi : Français Radicalisé . Date d'inscription : 07/11/2014
| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Ven Fév 17 2017, 08:31 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Ven Fév 17 2017, 11:19 | |
| Un baroud d'honneur !! Tous ne ce sont pas rendus comme des pleutres! La preuve que tu nous donne, prouve que beaucoup ce sont battus jusqu'à la dernière cartouche !! C'est un beau récit de guerre !!
Merci de ton superbe post !!! |
| | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Mer Mar 01 2017, 11:27 | |
| Bonjour,
Je vais apporter quelques photos pour étayer le sujet et apercevoir quelques acteurs de ces actes de bravoure. En temps que fils de l'un de ces acteurs, j'ai voulu en savoir plus sur le contexte en consultant quelques archives (Bulletin de l'amicale du 4°BCP daté de 1943 avec un laïus du Chef de Corps qui en dit long sur cette époque). Peut-être que ceci n'intéressera pas grand monde, mais aurait l'avantage de faire constater l'état d'insuffisance dans lequel se trouvait notre armée suite à la politique menée dans les années 30. A la déclaration de guerre nous n'étions pas prêt, alors que la responsabilité de la défaite (constatée ici) revenait aux politiques. Les historiens, eux, affirment le contraire. C'est assez long, alors question posée : est-ce un sujet intéressant ? | |
| | | Commandoair40 Admin
Nombre de messages : 29167 Age : 78 Emploi : Français Radicalisé . Date d'inscription : 07/11/2014
| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Mer Mar 01 2017, 14:59 | |
| Oh que Oui ,
Sujet très intéressant Ancien38 .
Vois le nombre de visiteurs + de 6000 ...................
Perso , je suis un fervent des "Diables Bleus" .
J'ai fait un stage de hautes Montagnes a Barcelo : Respects les Chasseurs .
Mon Papa , m'a souvent raconté l'histoire des Chasseurs , qui montaient au front en 40 , en longeant les voies SNCF ; se faisant injurier par les couards qui se faisaient la "Malle" dans les trains .
Allez , je compte sur toi , même long , je lirai jusqu'au bout . ___________________________________ ____________________________________Sicut-Aquila « Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ». | |
| | | Ancien38
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| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Mer Mar 01 2017, 15:52 | |
| Bonjour Commandoair40,
Merci pour ta réponse, comme je l'ai dit, ce sera assez long mais totalement inédit et très enrichissant pour connaître cette période floue (toute ressemblance avec une période existante ne sera qu'une pure coîncidence). Mon plan: 1° - Suivre mon Pére à partir de sa captivité jusqu'à son arrivée à la Compagnie Stéphane; 2° - Communiquer les photos en ma possession; 3° - Divulguer le contenu du Bulletin de l'Amicale du 4° B.C.P., riche en divers témoignages du Chef de Corps au simple Chasseur. | |
| | | Commandoair40 Admin
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| | | | Ancien38
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| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Mer Mar 01 2017, 16:51 | |
| Le Chef de Corps : Le Chef de Bataillon BERTRAND Mon Père | |
| | | Ancien38
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| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Mer Mar 01 2017, 17:10 | |
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| | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Mer Mar 01 2017, 17:41 | |
| Mon pére s'est évadé en Mars 41 (Moulberg - Elbe). Je sais qu'il s'était évadé à partir de l'infirmerie, mais je n'ai pas plus de détails sinon qu'il a débarqué à Bordeaux. On peut se demander comment s'effectuait, administrativement, le retour d'un prisonnier. Pour en avoir une idée et suivre toutes les embrouilles de grades, je me suis référé à son" état signalétique et des services":
Evadé d'Allemagne le 11.3.1941 - Arrivé au CAT de Lyon le 6.4.41. Remis Aspirant par décret . . . En permission de 30 jours du 7.4.41. Affecté au 13° BCA comme Aspirant . . . Arrivé au Corps le 9.5.41 et affecté 2° Cie ; En permission de 10 jours du 7 au 16.8.41. Nommé Sous-Lieutenant à TD à/c du 25.6.42 . . .Affecté au 159° RIA par . . . Démobilisé à/c du 28.11.42 - Dissolution de l'Armée et envoyé en permission de 30 jours renouvelables . . . . Se retire à . . . .Placé en congé d'armistice à/c du 1.3.43. Cesse d'être en congé d'armistice, est placé dans la position de non disponibilité à compter du 10.11.43. Passe volontairement aux FFI le 2.4.43 (Maquis) etc . . . .
Comme on peut le constater ce fut vraiment une période confuse. | |
| | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Mer Mar 01 2017, 17:54 | |
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| | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Mer Mar 01 2017, 18:43 | |
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| | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Mer Mar 01 2017, 20:19 | |
| Un jour, ayant enfin l'esprit libre, je me suis intéressé au passé de mon père, disparu très tôt. Lorsqu'on est enfant on n'écoute pas trop les histoires d'adultes sur le passé et l'on s'attache plus à ses petits problèmes de l'instant présent. Donc je devais rassembler tous les documents disponibles dans les armoires. J'avoue qu'il n'y en avait pas beaucoup mais ils étaient de qualité. Ayant certaines connaissances militaires et pouvant me mettre à la place des combattants, j'ai décortiqué le combat de CHAMBRY et, naturellement je me suis posé des questions que tout un chacun ne pouvait pas se poser(Tout le monde regarde ce que je regarde, mais personne ne voit ce que je vois.) J'avoue que je n'en aurait pas parlé si je n'avais eu la réponse dans le fameux bulletin dont je vais présenter le contenu. - Le Capitaine est parti aux ordres et on ne l'a pas revu; - Le lieutenant espérait toujours un renfort, il ne l'a jamais reçu; - L'armement était plus que léger et opposer un fusil à un char paraît ridicule; - En un mot, cette Compagnie avait été abandonnée à son sort et je ne comprenait pas l'admiration, jusqu'à l'idolâtrie, que mon père vouait à cet homme qui les avait abandonnés.
Je donne immédiatement une première réponse : le Chef de Corps avait reçu des ordres pour continuer la mission du Bataillon et , le connaissant, il a dû avoir un chagrin énorme en étant obligé de laisser la Compagnie à son sort. A se demander si aujourd'hui, la mission primerait vraiment sur l'aspect humain ? A part le fait que c'était involontaire, cette Compagnie a, selon le jargon militaire, mené une action retardatrice qui consiste à se sacrifier en retenant l'ennemi pour laisser le temps au gros de la troupe de se réorganiser pour continuer le combat. Est-ce-que le mot sacrifice est devenu tabou ? | |
| | | Commandoair40 Admin
Nombre de messages : 29167 Age : 78 Emploi : Français Radicalisé . Date d'inscription : 07/11/2014
| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Jeu Mar 02 2017, 09:16 | |
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| | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Jeu Mar 02 2017, 13:16 | |
| Insigne Corps Franc | |
| | | Commandoair40 Admin
Nombre de messages : 29167 Age : 78 Emploi : Français Radicalisé . Date d'inscription : 07/11/2014
| | | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Jeu Mar 02 2017, 18:37 | |
| Pour définir le Chef de Bataillon BERTRAND, il suffit d'un mot: C'était un "Pur" (certains comprendront)
Hier la Société était stoïcienne, aujourd'hui elle est devenue épicurienne alors . . . .
AMICALE DU 4° B.C.P. Les Anciens de 39-40 BULLETIN ANNUEL N° 4 1943
LE LAIUS DU COMMANDANT.
Noël 1943, Quatrième anniversaire du Noël de guerre, celui que le Bataillon de COLMAR passa à HIRBACH, et dont le seule souvenir fait grelotter encore les plus endurcis. L'année 1944 va s'ouvrir et tout au long de ses six premiers mois, nous égrènerons, nous évoquerons au quantième de chaque jour les souvenirs de l'année 40. "Il y a quatre ans on se bagarrait dur au même moment" dirons nous le 19 Mai vers 10 heurs du matin. "On n'en menait pas large à pareille époque", nous exclamerons-nous à l'anniversaire de ce Dimanche passé à US, VIGNY, VILLENEUVE et à . . . COURDIMANCHE, avant que d'atterrir dans les bois de CHAMBOURCY. Ainsi peuplerons-nous notre présent des ombres du passé.
L'année 43 expirante n'a pas été fertile en occasions et en raisons de profondes et réelles satisfactions. Les malheurs que toute défaite traîne après elle ont continué à s'abattre sur notre malheureux Pays et sur nous-mêmes. On ne s'habitue pas aisément à la misère morale et matérielle . . . les malheurs au contraire, sont d'autant plus sensibles à nos organismes, à nos coeurs et à nos esprits, qu'ils s'accumulent. Il en est ainsi de la neige sur nos toits. Notre Pays est réduit à vivre sur lui-même avec toutes les charges supplémentaires d'une lourde occupation, toutes celles aussi que nous vaut notre position peu enviable entre deux belligérants qui nous gratifient les uns et les autres de quelques horions, destinés en principe à l'adversaire? mais que nous devons cependant encaisser. | |
| | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Jeu Mar 02 2017, 20:06 | |
| Si les campagnes, dont leur appréciable isolement des grands remous, dans leur enviable facilité de vie, échappent en grande partie à la crise matérielle et morale de l'habitant des villes, si quelques trop nombreux arrivistes de tous grades et de toutes classes réalisent, en eaux troubles, de fructueuses opérations, il est cependant, en France, une très grande majorité de Français qui, quoique ne "gueulant" pas leurs sentiments dans un porte voix, souffrent en silence, ajustent leurs actions à leurs convictions, ne trompent ni eux-mêmes, ni les autres, et espèrent toujours, envers et contre tout, envers et contre tous.
Puisque avec vous j'ai toujours été sincère, parfois brutalement, mais toujours obstinément, même quand je savais devoir déplaire, même quand je n'ignorais pas que je froissais le "goût du jour", la mode du moment, alors même que je ne me faisais aucune illusion sur les dangers et l'inanité qu'il y a à vouloir remonter le courant trop fort . . . il en sera encore de même aujourd'hui. Sans nourrir la prétention d'être averti de toutes choses, d'avoir en mon modeste berceau reçu de Dame Nature le don de double vue, certain de n'avoir aucun lien de parenté avec feu Madame deTHEBES la célèbre voyante, si ce n'est pas Adam à ce que l'on dit, je n'en conserve pas moins la douce illusion qu'une vie déjà bien avancée, traversée de pas mal de tornades qui m'ont obligé à garder les yeux ouverts et la tête froide, passée au contact étroit de plusieurs générations de concitoyens appartenant aux milieux les plus divers, m'a donné une expérience des hommes et des choses, exempte de toutes préoccupations partisanes ou égoïstes. Et sans pudeur, je me donne le droit de parler de patriotisme, certain d'avoir pratiqué celui-ci, ailleurs qu'aux bals populaires du 14 Juillet, autrement qu'en allumant des bengales au passage des retraites aux flambeaux, ou en garnissant mes façades de panoplies de drapeaux.
(à suivre) | |
| | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Jeu Mar 02 2017, 20:35 | |
| En toute franchise, je vous avouerai donc la baisse de ton de mon optimisme, par rapport à la fin 1940. Je sais bien que certains vont se récrier et trouveront pour eux-mêmes, dans les événements extérieurs notamment, des raisons de m'accuser de "dégonflage", et de prendre l'air dégagé du Monsieur satisfait. Certains vont accuser l'âge, faisant tomber les enthousiasmes comme il le fait des cheveux . . . Peut-être ! Cependant qu'ils veuillent bien lire mon petit sermon jusqu'au bout. Et sans remonter au déluge, commençons par le commencement, c'est toujours un bon système. En Juin 1940, je fais appel à vos souvenirs, vous reconnaitrez que j'ai regardé froidement la situation du moment, vous l'ai exposée calmement, ayant pour moi, sur ce sujet, les clartés que me donnaient deux ans d'occupation en Allemagne. Je ne vous ai pas caché les appréhensions que me causaient les années à venir, je vous ai dit, au moment de votre libération, à BOURDEILLES, les matins où vous vous rassembliez à la sortie du village pour rejoindre la petite gare du "tortillard" de PERIGUEUX qui allait vous emmener . . ."Vous êtes joyeux . . . vous avez évidemment quelques raisons de l'être . . . la guerre est finie, vous allez retrouver votre famille, certains tout au moins, vos habitudes, votre profession, votre milieu . . . ayez cependant un peu de discrétion . . . je dirais même de pudeur dans votre joie . . . Songez à nos morts d'il y a quelques jours, à nos prisonniers qui gravissent un dur calvaire, à la Patrie en deuil . . . et pensez à ce que peut être demain, pour vous-même et pour vos compatriotes . . ."
(à suivre) | |
| | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Ven Mar 03 2017, 15:31 | |
| Voyez plus loin que le jour présent, car, dans la vie, il faut lever la tête, regarder plus haut que le bout de ses souliers si l'on veut ne pas rouler dans le fossé, ou trébucher sur l'obstacle . . . Les lendemains de 1940 ne seront pas ceux de 1918, la défaite n'est pas la victoire. La défaite se paye . . . aujourd'hui comme hier subsiste et règne la dure loi "Malheur aux vaincus". Mais j'ai ajouté "Confiance, courage, les malheurs n'accablent que les faibles . . . Si l'on se raidit devant l'adversité, l'orage passé, on peut se redresser d'autant plus vigoureux, que les souffrances endurées forgent des âmes solidement trempées, des caractères d'hommes. Les revers actuels tout regrettables qu'ils soient, peuvent travailler à notre profit si nous en savons tirer les conclusions utiles et les règles de conduite salvatrices. Le Pays semblait bien avoir compris ainsi la situation du moment. On a senti, fin 1940, début 1941, une harmonie touchante de sentiments et de résolutions chez tous les Français, tout au moins chez le plus grand nombre. Chacun était prêt à faire sur soi-même l'effort nécessaire pour s'adapter à l'effort commun. La bonne volonté était générale parce qu'était général et sincère le désir de remonter la pente. Mais on se lasse de grimper, certains ont le souffle court, d'autres ne supportent pas les efforts prolongés, le but a pu, pour quelques uns, s'estomper, des doutes sont nés sur le bien fondé du chemin adopté, le spectacle de trop nombreux "tire au flanc" a coupé les jambes à plusieurs, les casse-croûte un peu légers et les musettes vides ont freiné pas mal d'élans, enfin les sirènes ont chanté leur hymne éternel à l'égoïsme sacré . . . Il faut bien reconnaître qu'actuellement on ne sent plus cette unanimité, cette solidarité spontanée née sous l'effet du malheur: notre trop bysantine réflexion nous a replongé dans l'ornière habituelle, le bouquet est rompu . . . les fleurs dispersées jonchent le sol, beaucoup, et des plus précieuses, sont flétries . . .
(à suivre) | |
| | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: Les "CHASSEURS ALPINS" . Ven Mar 03 2017, 16:00 | |
| Présentement, nous sommes en pleine floraison d'individualisme. Nous sommes revenus aux clans gaulois de l'époque de César, je crains que nous nous acheminions vers un suprême Alésia. Tout le monde a son idée particulière, sur tout. Elle n'est souvent que la résultante d'intérêts très personnels, elle se camoufle habilement sous les apparences de préoccupations nationales et s'affuble, en conséquence, d'une étiquette étrangère. Il en était de même il y a 400 ans quand, dans notre Pays, les protestants faisaient appel aux Anglais, les catholiques aux Espagnols: le Roi de France était le roitelet de BOURGES et la France était livrée aux pillages des bandes de brigands et à la dévastation des troupes étrangères. Y a-t-il encore une Nation quand cesse l'unité morale, quand les aspirations sont dissemblables, quand les façons de vivre, de sentir, de penser n'ont aucun point commun ? A cet écartèlement des esprits aux quatre coins des horizons étrangers, s'ajoute pour agir, dans le même sens, le facteur de la désintégration nationale, l'anarchie des moeurs, et en particulier de la vie matérielle. La Loi du Lynx est la loi suprême actuelle. La course au profit immédiat est le sport à la mode. On écrase un camarade pour mieux jouer des coudes et l'on passe sans sourciller à côté d'un copain qui crève. Des rivalités dangereuses, des haines tenaces se créent et se développent toujours plus et la propagande étrangère souffle sur ce feu qui risque de nous dévorer si la flamme se développe: villes contre campagnes, riches contre pauvres, ouvriers contre paysans, il y a des fossés qui se creusent et qui ne se combleront pas de si tôt: l'avenir, après le présent, en sera gravement compromis. Voilà quelques-uns des éléments qui ont douché notre optimisme qui avait cependant résisté au jet froid de JUIN 40. Voilà pourquoi je doute? Faut-il désespérer? Que non pas.
(à suivre) | |
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