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| Coup de force Japonais du 9 Mars 1945 | |
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Invité Invité
| Sujet: Coup de force Japonais du 9 Mars 1945 Lun Juil 29 2013, 23:24 | |
| 9 mars 1945
Au cours de la soirée du vendredi 9 mars 1945 les Japonais, parfaitement renseignés sur les intentions des Français, imaginèrent d'inviter à une réception, sous un prétexte fallacieux, les officiers supérieurs français en garnison dans toute la péninsule. Le rendez-vous fut fixé à vingt heures. Afin de donner le change et de ne pas paraître méfiants, les Français acceptèrent. L'intérêt pour les Nippons était de pouvoir regrouper le plus possible d'officiers susceptibles de disposer des plans « secrets » spécifiant la conduite à tenir en cas d'attaque japonaise. Ainsi, les troupes françaises se voyaient-elles d'un seul coup privées de leurs chefs.
Au même instant, à Saïgon où il se trouvait, l'amiral Decoux subissait un ultimatum de la part des Japonais. Les termes de cette sommation imposaient au gouverneur général de l'Indochine de mettre l'armement de la France au service des Japonais afin, prétendaient-ils, de contrer les attaques américaines contre l'Indochine, ou, en cas de refus, de donner l'ordre aux troupes françaises de déposer leurs armes, pas moins! Bien entendu, l'amiral refusa net. Les dés étaient jetés.
Les Japonais lancèrent l'assaut contre toutes les garnisons françaises. Nos officiers supérieurs «invités» furent capturés, assassinés et pour la plupart décapités vifs. Eux aussi avaient refusé d'ordonner à leurs troupes de se rendre.
À un contre dix, voire plus, ce fut l'hallali. Les soldats français et leurs camarades indochinois furent massacrés au terme de combats sans espoir. Puissamment armés, bénéficiant continuellement de renforts, certains provenant de Birmanie ou du Siam, disposant d'artillerie, d'aviation, de munitions, de renseignements centralisés sur un état-major existant, les Japonais parvinrent à annihiler les unes après les autres les unités françaises surprises par cette brusque agression qu'elles attendaient plus tard.
Dans certains endroits, comme Lang-Son ou Vinh, les survivants français pris les armes à la main, à court de munitions, furent décollés ou achevés à coups de baïonnette. Ailleurs, à Hanoï par exemple, les honneurs militaires leur furent rendus par les Nippons qui subirent de lourdes pertes. Des unités tenant le bled, tel le 5e R.E.I., purent se dégager en livrant des combats incessants, tout en se repliant vers la Chine. Les fortunes furent diverses.
Le 9 mars, les forces françaises n'étaient plus constituées à Nha-Trang que par une section de la Garde Indochinoise, composée de gardes indigènes encadrés par un seul officier dont je revois la silhouette carrée. Les autres forces « armées » étaient constituées par le petit détachement de police commandé par Monsieur V. Après quelques combats, la minuscule garnison de Nha-Trang fut réduite à néant.
Je découvre ces événements historiques le samedi matin 10 mars 1945. Vers 7 h 30, je me rends à l'école avec mon frère Alain. Notre maison s'élevait non loin du carrefour de l'usine électrique. C'est en abordant cet embranchement, que je vois des soldats japonais, une trentaine, fortement armés, casqués, baïonnette au canon, sanglés et bardés de cartouchières pleines à craquer. À ce moment, aucun Indochinois n'est visible. Au centre du carrefour les Nippons ont construit une sorte de blockhaus avec des sacs de sable. Le canon d'une mitrailleuse dépasse, tandis que quatre fantassins servent cette arme lourde. L'un d'eux observe, à la jumelle, les ruelles adjacentes, désertes ; des chevaux de frise, des barbelés en barrent l'accès.
Les Japonais, passablement excités lorsqu'ils aperçoivent les gamins avancer vers eux, demeurent pantois un certain temps. Le temps de réaliser que les deux garçons ne sont pas informés de la nouvelle situation. Aussi est-ce manu militari qu'ils les poussent en hurlant devant l'un des murs de l'usine électrique où de grandes affiches ont été placardées depuis peu. Elles sont libellées en langues française, annamite et chinoise, on peut y lire: « Français, en attaquant lâchement les Armées Impériales Japonaises, vous avez rompu les accords concernant la défense de l'Indochine. Vous êtes vaincus. Avant 12 heures, ce jour, vous devrez remettre à la Kempétaï toutes vos armes, munitions, poste de T.S.F., jumelles, appareils photographiques.
Vous devrez libérer vos domestiques et rester chez vous sans sortir. Vous vous tiendrez à la disposition des Forces Japonaises. Le couvre-feu est instauré à partir de 17 heures tous les jours ».
Éberlués, nous faisons demi-tour sans demander plus d'explications. Nous avisons immédiatement ma mère et nos voisins les plus proches, dont les enfants ne sont pas encore partis pour l'école.
Mon père est absent, il se trouve une nouvelle fois à Tour-Cham. Notre poste de radio est branché sur la fréquence de Radio-Saïgon qui n'émet plus. Alors, nous basculons sur celle de New-Delhi qui depuis l'Inde diffuse des communiqués informant le monde de l'offensive japonaise. Nous apprenons que de violents combats se déroulent encore le long de la frontière nord, dans la région de Lang-Son où de nombreux fortins français résistent toujours aux assauts nippons.
Dès lors, comme le temps presse, et obligés de rendre notre armement, dont tout le monde connaît plus ou moins l'existence, je suis chargé, en l'absence de mon père, de remettre à la Kempétaï les objets réclamés par les affiches. Toutefois, je prends l'initiative d'enrouler rapidement le pistolet 7,65 que nous détenons à la maison, dans des chiffons badigeonnés de graisse d'arme, puis de le placer avec son chargeur contenant huit cartouches dans une boîte à biscuits. Afin de le retrouver facilement, je creuse un petit trou dans le sable, mais sous l'une des gouttières. Puis notre boy m'accompagne.
A la Kempétaï, nous sommes reçus par une escouade de Nippons agités. Je suis soumis à un interrogatoire portant sur mon identité que confirme notre fidèle boy. Je dois expliquer à l'interprète d'où proviennent les armes que j'apporte. On me confisque le tout, avec hargne. La carabine provoque des murmures d'admiration. Puis les Nippons nous font sortir par une porte donnant sur la cour arrière du bâtiment de la Kempétaï. Est-ce intentionnellement? Car à cet instant, j'aperçois trois cages en bambou, d'environ un mètre cube, alignées en plein soleil. Dans chacune d'elle, un homme est affalé, sans réaction. Les dimensions de la cage empêchent manifestement le captif de se lever, de se coucher, d'allonger les jambes. C'étaient des aviateurs américains qui inauguraient ce genre de supplice. Je conserve la désagréable impression d'impuissance qui était la mienne.
La journée du 10 mars se passe à constater les faits et à tenter de comprendre. Nous devons prendre des mesures conservatoires pour nous permettre de survivre le plus longtemps possible. Avec les quelques piastres qui nous restent, et avant que notre boy soit effectivement contraint de nous quitter, il parvient à nous acheter un sac de riz de vingt kilos, quelques fruits et légumes, des œufs et de la viande de porc. Dès l'après-midi, l'apparition de patrouilles japonaises impose la crainte et la peur. Des réseaux de barbelés sont dressés, délimitant le périmètre du camp de concentration. Notre demeure est incluse dans le périmètre du camp, mais juste en limite.
Les barbelés se dressent à moins de cent mètres de nous. Une multitude de sentinelles nippones font les cent pas jour et nuit. Nous apprendrons bien plus tard que les Japonais avaient établi ainsi sept camps de concentration sur toute l'Indochine: Hanoï, Vinh, Hué, Nha-Trang, Saïgon, Phnom Penh et Vientiane, plus deux ou trois spécifiques, dits « de la mort». Dans ces sept camps sont regroupés tous les Français appréhendés par les Nippons: hommes, femmes, enfants, civils et militaires.
Les Japonais ramènent sur Nha-Trang tous les Français arrêtés alentour. Rapidement, la population française augmente et des files de nouveaux arrivants avancent à pied, portant un minuscule bagage. Ils sont à la recherche d'un toit. Tous seront accueillis chez ceux de Nha-Trang, au prorata des places disponibles. Tard ce soir-là, mon père arrivera, poussé par les Japonais qui l'ont pincé à Tour-Cham. Il me confirme qu'il a pu cacher son Coït 11,43, tandis que je lui indique l'emplacement du 7,65 sous la gouttière.
À présent mille questions se posent, demeurant sans réponse. Nul doute que cette situation est invraisemblable, qu'elle ne durera pas. Les Japonais restent muets et ne nous renseignent sur aucune de nos interrogations. C'est le règne de notre déchéance. Sur ordre des Nippons, nos domestiques nous quittent, très inquiets nous semble-t-il. Les soldats japonais nous ordonnent de démonter les portes et les persiennes de la maison, car ainsi, au cours de leurs patrouilles, ils pourront jeter un œil à l'intérieur, sans avoir à y pénétrer. Notre première nuit passée en ces conditions fut une nuit de cauchemars.
Nous étions abandonnés au milieu de ce monde asiatique en ébullition. Il fallait disposer d'une bonne dose d'optimisme pour sous-estimer les dangers vers lesquels nous courions à vive allure. Nous étions désarmés, désemparés, nus, humiliés, à la merci de n'importe quel événement. Nous nous attendions d'un moment à l'autre à subir les pires sévices.
Deux ou trois jours plus tard, je vis passer trois camions japonais remplis de soldats français qui traversèrent notre enclos concentrationnaire. Ils devaient provenir de la garnison de Ban Mé Thuot et ils furent, sans doute, dirigés sur Saigon où étaient rassemblés les autres militaires français capturés. D'autres prisonniers séjournaient à Nha-Trang, séparés de nous. Il s'agissait d'une trentaine de Néo-Zélandais, Britanniques et Australiens. Il restait aussi les malheureux aviateurs américains encagés dans l'enceinte de la Kempétai.
Une nuit, nous les entendîmes hurler suite aux tortures que leur infligèrent les Nippons. Nous nous trouvions à moins de deux cents mètres d'eux. Ils ne purent longtemps survivre à pareils traitements. Ainsi étions-nous avisés de ce qui était à même de nous arriver. Cela n'empêcha pas l'aviation américaine de continuer à bombarder, à mitrailler tous azimuts, détruisant en vrac les voies ferrées, les ponts, les gares, les routes et les bâtiments propres à abriter des Japonais. Logés à la même enseigne qu'eux, nous subissions, pêle-mêle, les Japonais et les Américains, tous liés à la sauce « angoisse » !
Fin mai, nous n'avions plus de vivres. Alors s'approchèrent des limites de notre camp dans lequel un millier de Français étaient réunis, des Indochinois anonymes, en tapinois, qui nous lancèrent des tomates, des épinards d'eau, des bananes-cochons, des sachets de riz et même nous déposèrent quelques fioles de nuoc-mâm, sauce vietnamienne riche en vitamines, phosphore et iode.
Une épidémie de choléra toucha la population indigène. Les contaminés requirent de se faire soigner par le docteur T., qui, hélas, ne disposait plus d'aucun médicament. Les malades avançaient en de pitoyables files de moribonds, vers l'hôpital qui se trouvait à l'intérieur du camp. Les Japonais laissèrent faire, exigeant néanmoins l'enlèvement des morts hors de l'enceinte.
Nous étions placés aux premières loges et je pus apprécier ces tableaux cauchemardesques. Si les Japs nous avaient ôté nos armes, nos illusions, la vie, pour certains ils nous avaient laissé nos vêtements, nos livres et les quelques vivres de réserve que nous possédions initialement. Nous détenions quelques bouteilles de rhum. Ingurgiter du rhum! Voilà le remède qui fut improvisé et employé pour combattre le choléra. Cela se révéla efficace, car aucun de nous ne fut emporté par cette épidémie.
Une vie au ralenti s'instaura, entrecoupée par les sempiternelles attaques aériennes américaines, le souci du ravitaillement et par les quelques corvées auxquelles nous soumettaient les samouraïs. Le temps libre était consacré à la lecture des ouvrages en notre possession ou que nous échangions avec nos voisins.
Radio-Bobards fonctionnait à plein régime. Parfois les échos les plus fous circulaient.
Les corvées que nous imposaient les Japonais consistaient par exemple au dégagement des bombes ensablées, enfoncées jusqu'aux ailettes. Nous devions les tirer à l'aide d'une longue corde jusqu'en bordure de la plage où nous les y abandonnions. Bien qu'à Nha-Trang les Nippons ne possédaient plus un quelconque avion, on empierrait les pistes du terrain d'aviation, balafrées par les raids aériens.
Lorsque nous effectuions ces besognes, nous pouvions nous approcher des prisonniers anglo-saxons qui étaient assujettis aux mêmes travaux. Mais leur régime de surveillance et leurs conditions de travail étaient nettement plus sévères que les nôtres. Ils étaient accoutrés d'un vieux short en lambeaux et presque tous conservaient leur chapeau de brousse en toile ou en feutre à large bord. Nous échangions des regards de sympathie. Quand je me trouvais au plus près d'eux, à une vingtaine de mètres, mine de rien, je sifflais It's a long way... à leur grand étonnement.
Le ravitaillement devenant de plus en plus rare, il fut décidé de dévorer les quelques animaux encore pensionnaires de l'Institut Pasteur. Des vaches maigres une dizaine furent abattues et dépecées. Le partage de ces bovins squelettiques posa un dilemme. Au terme de savants calculs, j'héritai d'une petite mamelle. J'eus l'impression de manger une éponge mal cuite dans de l'eau de vaisselle.
Rita avait deux ans et était alimentée au lait de chèvre. Heureusement, nous avions pu garder un exemplaire de la joyeuse espèce caprine.
Située hors du périmètre de concentration, l'usine électrique fonctionnait toujours de façon plus ou moins sûre. Elle était alimentée au bois. Toute la journée et parfois la nuit, j'entendais les crissements de la scie circulaire qui débitait des troncs d'arbres. Elle fournissait un courant de cent dix volts sous cinquante périodes. Ce complexe avait été mitraillé par les avions américains, mais les balles de 12,7 n'avaient pu l'empêcher de fonctionner.
Il n'y avait pas d'éclairage public. La nuit tombée, nous étions plongés dans l'obscurité. Les ampoules devenant de plus en plus rares, elles furent réservées à la pièce principale de chaque demeure. Leur utilisation de nuit était interdite du fait du couvre-feu. Mais en cas de détresse, nous étions bien décidés à nous en servir.
Nous ne pouvions quitter notre maison. Nos relations se limitaient donc à des parlotes entre nous ou avec nos voisins immédiats.
Nous nous étions répartis les tâches ménagères. Il m'était dévolu la corvée du ravitaillement en eau, de la taille du bois destiné au fonctionnement de la cuisinière et du filtrage de l'eau de boisson. Je puisais donc l'eau du puits creusé dans le jardin. À l'aide de bombonnes de vingt litres, je la transportais dans un bassin en ciment attenant à la villa. Grâce à une pompe Japy, qui accepta de fonctionner durant tout le temps de notre captivité, je pompais cette eau qui grimpait dans un autre réservoir situé dans les combles. La pression exercée permettait d'obtenir aux robinets intérieurs une eau saumâtre. qui devait être bouillie, puis filtrée à l'aide d'un linge réservé à cet effet pour se transformer en eau potable.
Mon père restait aux aguets. Nous avions déterré le pistolet mais complètement oxydé, il fallut le remettre en état. Cette mission m'incomba. Tandis que je grattais la rouille à l'aide d'un couteau, puis avec du sable mouillé qui faisait office de toile émeri, mon père surveillait les environs.
Nous étions convenus, pour m'aviser de tout danger, qu'il sifflerait un air qu'il semblait aimer particulièrement: Je n'aime qu'une femme au monde, une femme et c'est une blonde... Il n'eut pas à intervenir. Une fois remise en état de marche, l'arme fut détenue par lui-même et il m'indiqua sa cachette sous un tas de bois. Ce pistolet n'était pas destiné à lâcher un feu nourri et destructeur contre un éventuel agresseur, mais à loger une balle dans chacune de nos têtes, au cas où nous serions sur le point d'être soumis à des supplices par quelque horde sanguinaire.
Il y avait cinq Vignau pour huit cartouches. Les trois restantes étaient réservées aux N., amies privilégiées pour nous suivre dans l'au-delà. Mon père et moi-même avions la charge d'effectuer le cas échéant cette douloureuse mission, ce que les autres ignoraient.
Toujours prisonniers, nous devions survivre. Les yeux grands ouverts, nous observions et vivions ainsi intensément. Nous ignorions si l'instant présent n'allait pas devenir justement le dernier, par le fait d'attaques aériennes subites ou d'assauts surprise de la part des Viêts qui grouillaient autour de nous. Ou si les Japs, soudainement agités par des ordres reçus ou en proie à des pulsions ancestrales, n'allaient pas nous torturer férocement comme ils l'avaient fait sur les aviateurs américains ou ailleurs sur les soldats français. Aussi étions-nous toujours sur le qui-vive et vivions-nous dans cette hantise.
Chacun de nous racontait sa vie aux autres, ses espérances ou sa conception de son avenir. Nous élaborions de fastueux menus gastronomiques dans lesquels les pâtisseries et autres gourmandises entraient en quantité. Bref, nous essayions de nous remonter le moral comme nous pouvions.
Le commandant en second de la garnison japonaise de Nha-Trang était le capitaine Sakagouti; à notre grand étonnement, il maîtrisait parfaitement la langue française. Deux fois, il vint près de chez nous alors qu'il inspectait les limites du camp. La première fois, c'était en mai, il en profita pour demander à mon père et à Monsieur Clément de reprendre leur service aux chemins de fer afin de tenter de rétablir une liaison ferroviaire entre Nha-Trang et Saigon, la voie ayant été détruite par les nombreux raids aériens.
Plus rien ne pouvait être acheminé, ni vivres, ni carburant, ni renforts... Mon père et ses collègues refusèrent, sans s'être concertés. Paradoxalement, cette attitude eut l'effet de convaincre le capitaine de la détermination de ses captifs, sans pour autant déclencher en lui ou ses supérieurs, une ire qui aurait été bien légitime en pareille circonstance.
C'est au mois d'août qu'il se présenta pour la seconde fois. Il arriva au volant d'une Citroën, accompagné d'un camion transportant son escorte. Il est probable qu'il avait déjà connaissance de la reddition sans condition de son Empire du Soleil Levant, ce que nous ignorions toujours. Il paraissait très décontracté. Il invita tous les gamins de moins de douze ans à se rendre à son quartier général à l'ancien hôtel Beau-Rivage, pour y goûter le thé et les biscuits secs de soldats.
Ce revirement de la conduite japonaise nous mit la puce à l'oreille. Nous étions convaincus que «quelque chose s'était passé».
Comme nous le découvrirons ensuite, la capitulation de l'Empire japonais intervint au lendemain de l'explosion des deux bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki. Si le monde en fut informé, lui qui venait d'entrer dans l'ère atomique, nous étions les seuls à ignorer tous ces événements, qui nous intéressaient au premier chef. Toutefois, sur le terrain, quelques signes de volte-face retinrent notre attention, nous laissant fort perplexes.
Le premier fut bien sûr l'invitation de Sakagouti faite aux gosses, le second fut le fait que les Viêts, jusqu'ici tenus à l'écart du périmètre de concentration, firent irruption un matin dans l'enceinte. Cela commença par une patrouille de six, premiers combattants Viêt-Minh dont les pas s'imprégnèrent aussitôt dans le sable chaud de l'Histoire. Ils étaient vêtus des uniformes et des armes de Pex Garde lndochinoise, celle « du temps des Français». Ils portaient un brassard rouge frappé d'une énorme étoile jaune à cinq branches. C'était l'emblème du Viêt-Minh, appellation officielle du nouveau parti politique qui venait de s'imposer en Indochine.
Avec l'accord des Japs nous avions rassemblé, dans un bâtiment au centre du camp, tous les vivres que nous pouvions réunir ou le peu qui en restait, mais aussi ceux que des mains anonymes annamites nous faisaient passer. Quotidiennement, vers onze heures, chaque groupe de Français dépêchait un porteur de gamelle auquel on remettait la ration du jour. Cette mission de confiance me revenait. J'avais maintenant quatorze ans passés, ma taille atteignait 1,68 m, et je disposais malgré tout d'une grande force physique due à la vie saine que je menais et aux exercices de pompage de l'eau qui développaient ma musculature. C'est près de cette construction que je rencontrai les six Viêts.
Soudain je suis interpellé: « Halte ou je tire ! » L'intonation de la voix est annamite, mais les sommations sont celles apprises chez les Français. Je m'arrête, grandement surpris de rencontrer ces Indochinois ici. Aussitôt je suis entouré. Six fusils prolongés de leur baïonnette sont pointés sur ma pitoyable personne. Ces armes sont des mousquetons de l'ex-Garde, de calibre 8 mm.
Me voici à présent prisonnier des Viêts! Le chef exige mon identité. Je la lui fournis, il me fait préciser d'où je viens et où je vais. Il vérifie le vide de ma gamelle puis me dit, dans ma langue maternelle, qu'il maîtrise parfaitement : « tu n'as pas le droit de circuler sans posséder une autorisation de la part des nouvelles autorités du Viêt-Nam ! » Quelles autorités ? Avec application et non sans une certaine gravité, il m'explique que désormais, seul le Viêt-Minh détient l'administration de l'Indochine et que je dois me plier aux nouvelles lois. Notre conférence au sommet dure depuis cinq bonnes minutes. Tous les Français du voisinage m'observent de loin et craignent pour la suite...
Les jours suivants, je me rendrai de nouveau et de la même façon au ravitaillement, ayant obtenu de la part des Viêts, sur insistance des Japonais, un laissez passer provisoirement permanent.
Vers le 15 août, alors que nous croupissions toujours derrière les barbelés, une certaine effervescence se manifesta aux abords de l'usine électrique, puis en direction du stade situé à proximité.
La population indochinoise que nous n'avions plus vue depuis bien longtemps s'attroupe et se dirige vers le terrain de sports. Des banderoles, des calicots peints de slogans libellés en langue annamite sont brandis, soutenus par des vociférations ayant trait à l'éviction des Français : « Doc Lap Viêt-Nam ! » Manifestement il s'agit de cris du cœur. Nous sommes bien désignés comme étant l'ennemi à abattre ou à évincer le plus rapidement possible.
Comme par enchantement, les Japonais ont retiré leurs sempiternelles sentinelles en poste depuis le 10 mars le long des barbelés. Un événement capital est en train de se dérouler sous nos yeux. Nous sommes aux premières loges.
Venant de la direction de la plage, deux curieuses limousines de couleur verte et de formes insolites, frappées d'étoiles blanches à cinq branches, se frayent un passage au milieu de la foule en délire. Nous en concluons qu'il s'agit de nos «alliés» américains. Donc nous nous croyons libérés, enfin sauvés! Hourra!
Pas du tout! S'extraient de ces véhicules huit personnages revêtus d'uniformes militaires kakis, coiffés de grandes casquettes. L'un porte un cartable, un autre un gros appareil photo, un troisième un porte-voix. Sous les ovations de la foule, ils se dirigent vers la tribune. Nous ne comprenons pas ce qui se passe. Depuis nos emplacements, derrière les barbelés, nous observons cette scène irréelle. Les ovations cessent, un personnage harangue la foule. Il s'exprime en anglais. Ses paroles sont simultanément traduites en langue annamite. Bon nombre d'entre nous comprenant l'annamite, interprètent le discours de notre «allié». Il est question d'indépendance totale garantie par l'Amérique. Foi d'Américain, les Français sont vaincus et doivent quitter le pays le plus rapidement possible. La souveraineté du Viêt-Minh est assurée par les U.S.A. ! Des ovations hystériques sont lancées aux quatre vents dont celui de l'Histoire.
Selon les conditions de capitulation sans condition élaborées par les alliés à rencontre des Nippons, ces derniers devenaient entièrement responsables de tous leurs prisonniers. Cette obligation permettait de pallier au manque d'effectifs des alliés. Si les forces japonaises avaient été contraintes de se rendre, suite aux feux atomiques, elles n'en conservaient pas moins une implantation très étendue à travers l'Asie et une puissance militaire encore considérable. C'est ainsi que les petits Français d'Indochine, enfin englobés dans le camp des alliés, de la part du rédacteur de ces clauses, purent bénéficier des effets de cette subtilité. Le chef de la troupe nipponne était de ce fait, sur sa tête et son honneur, comptable devant le Mikado en personne, du sort réservé à ses détenus. Nous étions dans l'ignorance de ce détail, pourtant d'importance I extrême.
Le nouveau gouvernement provisoire de la République Française venait de déclarer la guerre à l'Empire du Soleil Levant comme l'avaient fait les Russes au dernier moment... Un corps expéditionnaire avait été construit en France, au lendemain du 8 novembre pour participer, en compagnie des alliés, au combat contre les Japonais. À noter pour la petite histoire, que les troupes vichy d'Indochine les avaient combattu depuis septembre 1940, bien avant Pearl-Harbour et avant le gouvernement provisoire de la République.
Ho Chi Minh s'empressa d’activer la montée en puissance son mouvement Viêt-Minh. Pour parer au plus pressé, afin d'empêcher le retour de la puissance militaire française en Indochine, imagina que le meilleur moyen était encore de capturer les coloniaux encore aux mains des Japonais. Ces otages feraient une excellente monnaie de négociation, il suffisait de passer outre aux accords de la capitulation qui, en fait, ne concernaient que Ies Nippons et nullement les Viets. Fort de la bénédiction et de l’appui sans condition garanti par Ies américains, « oncle Ho » passa à l'attaque.
Ce qui m'impressionna le plus fut le spectacle de la horde rassemblée, de ses hurlements atroces, sa détermination à vouloir nous égorger, nous couper en lambeaux, pour le moins. Pour le pire, ils eurent durant les années qui suivirent, l'occasion de faire preuve de leur férocité.
Nous étions terrorisés. Nous ne parvenions pas à comprendre pourquoi, subitement, le peuple indochinois se déterminait ainsi envers nous. Leurs mascarades se répétèrent au cours de deux après-midi, puis de nuit. Ils repéraient les lieux et leurs futurs objectifs, tout en nous conditionnant dans l'angoisse, action psychologique au premier degré. Ils étaient les maîtres de la situation.
Le 17 août, les Viêts nous attaquèrent pour la première fois. Placés en première ligne, nous ouvrions le bal. Au cours de cette nuit-là, les Viêts procédèrent à une attaque surprise et modulée des positions japonaises qu'ils devaient franchir pour nous atteindre. Ils tâtaient surtout les intentions réelles de leurs « copains » nippons. C'est vers une heure du matin que tout démarra. Notre villa et celles de nos voisins immédiats furent rapidement investies par les Viêts hurlant à la mort, précédés de porteurs de torches dont les éclats lumineux éclairaient sinistrement notre environnement. Ils avançaient vers nous en brandissant toutes sortes de bambous, de coupe-coupe, de coutelas...
Mon père tenait le pistolet. Il ne nous restait que peu de temps pour prendre une décision efficace afin de nous soustraire d'une façon ou d'une autre à une certaine forme de mort horrible qui s'approchait lentement... heureusement. Les Japonais étaient également surpris, ils n'avaient pas encore bien assimilé les ordres de leur Empereur concernant la protection due à leurs prisonniers. Aussi ne se montrèrent-ils pas très enclins à nous défendre. Il faut admettre que la confusion était de taille pour les rustres fantassins nippons ignorant les finesses des termes de leur reddition, qui les faisaient passer de geôliers à défenseurs. S'ils flottèrent un certain temps, nous, nous étions convaincus que notre dernière heure allait sonner d'un moment à l'autre.
Nous prenons la décision de fuir. À la queue leu leu, nous tenant par la main, nous nous précipitons vers la demeure la plus proche, celle de nos amis Clément. Nous n'en sommes séparés que par un mur s'élevant à un peu plus d'un mètre cinquante, mais cet obstacle semble infranchissable car son faîte est incrusté de tessons de bouteilles pris dans le ciment.
Mon père ouvre la marche, armé du pistolet. Alain le suit, puis vient ma mère qui porte Rita coincée sous ses aisselles.
Éliane et Jacqueline suivent immédiatement, attendant leur mère qui se traîne. Je ferme le dispositif, toujours bon dernier. Le gros de notre formation parvient enfin à passer le mur. Madame N. arrive face au barrage de maçonnerie. Manifestement, elle ne parviendra pas à se hisser et à basculer sur le versant opposé. Dans leur élan, les autres ne se préoccupent pas de nous, croyant que l'intendance suit.
Me retrouvant seul avec cette jeune femme enceinte, je fais de mon mieux pour lui faire escalader la muraille, c'est une question de vie ou de mort. Pris entre les Viêts et les culs de bouteilles tranchants comme des lames de rasoir, je m'assoie sur ma dignité, serrant les fesses afin de sauver l'essentiel. Je saisis Madame N. par les bras, la soulève et parvient à la faire passer de l'autre côté. À mon tour je gravis l'Annapurna et me laisse glisser jusqu'à terre. Madame N. est à bout de souffle et de force. Je la prends dans mes bras et cours vers la villa amie dont les ouvertures sont solidement barricadées.
Enfin nous y pénétrons... Il est temps car les Viêts qui ont atteint le mur, dans la nuit noire, au jugé, nous jettent des cailloux et des lances de bambou. L'infanterie japonaise intervient, sans utiliser ses armes, mais en les brandissant tout de même, pour faire comprendre aux Viêts qu'ils entendent bien se faire obéir.
Vers trois heures, les Japonais nous invitent à les suivre jusqu'à l'hôpital sous la protection d'une escorte. Nous nous entassons, en compagnie d'une cinquantaine d'autres Français, dans une vaste chambrée désaffectée. Tout autour du bâtiment les Nippons prennent position ; ils mettent en batterie trois fusils-mitrailleurs. L'aube pointe enfin, nous apportant un certain réconfort. Tombant de sommeil, j'en profite pour m'endormir jusqu'à une heure avancée de la matinée.
Alors que le soleil est déjà haut dans le ciel, les soldats japonais nous autorisent à regagner les demeures qui n'ont pas été détruites ou pillées par les Viêts. Ils nous accompagnent et restent près de nous après avoir équipé la villa déserte de deux autres fusils-mitrailleurs, un entre nous et les abords du centre et un autre en direction du carrefour de l'usine électrique. Ces armes automatiques et leurs manipulateurs camperont encore longtemps, jour et nuit.
Les Viêts venaient d'exécuter, sans succès, leur première tentative de nous épingler. Ils avaient dû être stupéfaits de la réaction japonaise qui n'était pas prévue au programme. Quant à nous, nous réalisions combien était précaire notre survie en de telles circonstances. De quoi donner la jaunisse... que ne manquera pas d'attraper ma mère. Au terme de cette folle journée, Madame N. m'accordait définitivement son estime. Mais toutes ces émotions déclenchèrent le processus de son accouchement.
Tard dans la nuit du 19 août, un petit cri annonça la venue au monde de la troisième fille de Madame N. La nouvelle enfant fut appelée Aline, en hommage à ma mère qui avait si bien œuvré à la naissance.
Aline II devint le nombril de notre petite société qui vivait en autarcie. La petite nous fit oublier notre isolement. Malgré cette embellie, un long chemin semé d'embûches restait à parcourir.
Gérard VIGNAU |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Coup de force Japonais du 9 Mars 1945 Lun Juil 29 2013, 23:31 | |
| Merci françois ; Bien triste période ; Ces "RICAINS " ...................ne ferons pas mieux , même pire que nous qq années plus tard . A "Saigon"................. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Coup de force Japonais du 9 Mars 1945 Mer Mai 07 2014, 10:57 | |
| http://www.libfly.com/au-dela-de-l-eternite-gerard-vignau-livre-880538.html |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Coup de force Japonais du 9 Mars 1945 Lun Juil 07 2014, 18:51 | |
| Mon Grand-Père dirigeait la section "annamite" de la police spéciale (police politique crée par Albert Sarrault en 1917 que l'on pourrait rapproché des Renseignements Généraux) de Phnom Penh lorsqu'il a subi, ainsi que ma famille, le "coup de force" du 9 mars 1945. Ils étaient chez eux lorsqu'un "garde" de la Sûreté vint chercher mon grand-Père. Il partit en bicyclette et quelques minutes plus tard, on entendit des coups de feu. Ma Grand-Mère, alors enceinte, fut prise de stress et n'eût pas de nouvelles de mon Grand-Père durant plusieurs heures (le lendemain) et envoya mon Oncle, alors âgé de 16 ans prendre ds nouvelles...ce qu'il put faire mais il découvrit que mon Grand-Père était emprisonné avec ses collègues. Il put repartir chez lui MAIS ma Grand-Mère dût faire appelle à la croix-rouge car il allait accoucher en urgence...Grace à l'aide de Cambodgiens voisins, elle put partir, avec la croix-rouge pour l'Hôpital de Phnom-Penh. Les enfants purent être récupéré en urgence puisque les français, annamites pro-français et les métis (qu'ils étaient) étaient réellement en danger devant la vindicte populaire. Il en fallut de peu pour qu'ils soient pris à parti par la population et ils s'engouffrèrent dans le véhicule...Toute la famille arriva saine et sauve, ma Grand-Mère accoucha et demanda, s'il était possible que son Mari puisse voir sa fille. Il reçu l'autorisation et, accompagné sous bonne garde d'un soldat japonais, il put voir sa fille, l'embrasser mais pas sa femme...Il repartit dans le camp où était prisonnier de là et y resta 15 jours soumis aux "brutalités" de la Kempetai (gestapo japonaise), il partit pour Paksé (plateaux des Boloviens) au Laos...ou il n'en revint qu'en Septembre de la même année mais dans un état de délabrement physique et morale extrême...d'un homme de haute stature et physiquement impressionnant, il revint avec divers ennuie de santé (dont un diabète qui se déclencha à cause des maltraitance et qu'il dut soigner des années durant et en mourut bien plus tard). Le reste de la famille quant à elle survécu dans des camps à Phnom-Penh dans la vermine...ils ne surent que les japonais avaient définitivement déposés les armes que lorsqu'ils ne virent plus les gardes et que dans les jours qui suivirent des "supérieurs" japonais vinrent déclarer "officiellement" que leur prise de pouvoir était finie...la famille eut des nouvelles de mon grand-Père que lorsqu'il revint de sa détention en septembre avec l'arrivée des bacs qui contenait tous les prisonniers rescapés...il fut pris en charge par la Croix-rouge et envoyé à Saïgon pour recevoir des soins et dans le même temps pour remettre en ordre l'administration françaises des Colonies. Durant toute cette période, il tenta de rejoindre Phnom-Penh pour remettre en ordre la même administration, il était accompagné par son frère qui avait subi les mêmes traitements, mais il ne put rien y faire. Il resta chez des cousins mais sa famille, elle, resta dans les camps des semaines durant sous la responsabilité de la Croix-Rouge. Mon Grand-Père ne put rejoindre sa famille qu'en Octobre 1945 et fut dès fin octobre envoyé en mission à Kompong-Cham pour faire un rapport sur l'état d'esprit de la colonie vietnamienne et des activités anti-françaises dans les plantations d'hévéas...Sur les années qui suivirent, mon Grand-Père travailla sans relâche tant à Phnom-Penh qu'à Kompong-Cham pour rétablir la souveraineté de la France au Cambodge. Quant à la famille, elle subit bien des tracas et des tragédies sur toute la période qui suivit : attentats, assassina... |
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| Sujet: Re: Coup de force Japonais du 9 Mars 1945 Lun Juil 07 2014, 21:19 | |
| Merci pour ces durs moments de ta famille
Quand je pense que ces faces de citron , ont fait pire que les Allemands
Mais les US ont fermés les yeux , certainement pour l'avenir de leur boutique et le reste du monde idem |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Coup de force Japonais du 9 Mars 1945 Lun Juil 07 2014, 23:46 | |
| Super, Michael Mon père dixit: Tels étaient les faits qui venaient de se succéder en quelques heures avec une brutalité inouïe bien dans le style nippon. A partir du 10 mars 1945, tous les cadres français d'Indochine étaient sous les verrous. Nous voilà donc bouclés deux par deux dans le seul hôtel de Kompong Cham, une sentinelle à notre porte. Le lendemain de cette mémorable journée, par une délicate attention, je fus autorisé à me rendre sous escorte jusqu'à mon logement pour y prendre quelques affaires personnelles. J'entassai dans deux sacs marins ce que je pensais être le plus utile ou le plus précieux. Restaient entre les mains des indigènes mes meubles, vêtements, objets de toutes sortes. A la canonnade et à la mitraillade avait succédé un lourd silence se combinant à l'implacable chaleur. Un arrogant interprète nous donna de courtes consignes. Nous n'avions plus désormais aucun contact avec l'extérieur. Le 11 mars, le médecin colonel Pons réussit héroïquement: à se faire neutraliser et à retrouver la liberté. Le même jour, le commandant Moreau était convoqué à la KEMPETAI, la gendarmerie spéciale nippone ; il y était interrogé et quelque peu brutalisé. Monsieur Pellegrin subit le même sort. Le 13 mars, nous étions tous transférés dans les locaux du cercle sportif et entassés dans des pièces minuscules. Un régime monacal s'établit tant bien que mal comportant trois appels chaque jour. Du riz à tous les repas accompagné d'une eau de vaisselle où nageaient des fragments de viande. Visite du brave père Armange pas très faraud, du docteur Pons, le héros de la résistance. Arrivée de quelques rescapés de la brousse. Le 25 mars, manifestation Kméro-japonaise au stade au milieu d'un grand concours de population marchant déjà au pas de l'oie. |
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| Sujet: Re: Coup de force Japonais du 9 Mars 1945 Mer Juil 09 2014, 00:06 | |
| C'est l'une de mes tantes qui m'a donné le plus d'information par un petit texte écrit à la main. Elle avait 13 ans à l'époque et mon Père 12...Ce qui est étonnant c'est l'invisibilité de ces "événements" comme s'ils n'avaient jamais existé.... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Coup de force Japonais du 9 Mars 1945 Mer Juil 09 2014, 22:08 | |
| Pour le moment, Michael, je n'ai pas retrouvé de départ vers Paské... pas faciles à fouiller les Mémoires de Papa ; mais j'ai à poster ici deux dessins de mon père sur les sites que tu cites |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Coup de force Japonais du 9 Mars 1945 Jeu Juil 10 2014, 10:04 | |
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