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 5 juin 1944, les paras français sautent sur la Bretagne la veille du Jour J

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Commandoair40
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Commandoair40


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5 juin 1944, les paras français sautent sur la Bretagne la veille du Jour J Empty
MessageSujet: 5 juin 1944, les paras français sautent sur la Bretagne la veille du Jour J   5 juin 1944, les paras français sautent sur la Bretagne la veille du Jour J Icon_minitimeMer Juin 05 2024, 20:59

5 juin 1944, les paras français sautent sur la Bretagne la veille du Jour J

5 juin 1944, les paras français sautent sur la Bretagne la veille du Jour J SAS-francais
Paras français en juin 1944 dans le maquis de Saint-Marcel.

L’invasion et la conquête de l’Europe occidentale par les armées alliées font l’objet du Plan Overlord.

La stratégie générale, en conjonction avec le débarquement dans le Midi de la France, est ainsi définie :

Débarquement sur les côtes normandes ; bataille décisive dans l’Ouest de la France et percée par enveloppement des positions allemandes ; poursuite sur un large front avec effort prononcé sur l’aile gauche afin d’atteindre la frontière allemande tout en s’assurant des ports nécessaires ; nettoyage de la rive gauche du Rhin et préparation de l’offensive finale ; attaque par la Ruhr et invasion générale de l’Allemagne.

Dans le cadre d’Overlord, la brigade SAS dont font partie les deux régiments parachutistes d’Angleterre, doit participer par le renseignement et l’action à l’appui des 21e et 12e groupes d’armées lors de la phase critique de la constitution de la tête de pont et de la poursuite à travers la France.

Pour Anvil (débarquement de Provence), les diverses unités spéciales intégrées à la nouvelle armée française doivent jouer un rôle forcément non spécifique puisque seul le théâtre d’opérations dispose des moyens aériens adéquats de mise à terre et qu’il est le seul à pouvoir prendre des décisions stratégiques.

De même, presque rien n’est envisagé quant à l’utilisation des forces de l’intérieur.

L’OSS et le SOE ont bien prévu des équipes de renseignement et de liaison, ainsi que des groupes de guérilla :


   « Jedburgh party », du nom d’un bourg écossais à la frontière anglo-écossaise. Composées d’un officier américain, d’un britannique, d’un officier français et d’un radio, les équipes doivent être parachutées en uniforme et affectées à un secteur pour assurer la liaison entre l’EM allié et la Résistance ;
   
« Operational Group » (0G), comprend 4 officiers et 30 parachutistes américains ; chargé de missions particulières (coups de main, renforcement des maquis) et disposant d’une autonomie complète.

Mais, aux yeux du commandement français, toute la magnifique planification anglo-américaine ne fait pas la part assez belle aux Forces nationales dans la Libération de la France.

Début juillet 1944, le chef d’état-major de la Défense nationale propose qu’une opération aéroportée soit exécutée dans le Massif Central par une force entièrement française baptisée « Force C ».

Les trois RCP, le Choc et les Commandos doivent entrer dans sa composition.

Le but de l’opération est de tenir le Massif Central avec l’appui de la population et une force intérieure de 40 à 80 000 hommes.

Mais cette opération est essentiellement tributaire des moyens aériens que le général Eisenhower peut accorder et des troupes que le général Wilson peut divertir d’Anvil.

Tandis que, pour le commandement français, l’opération représente l’offensive stratégique Centre, au même titre que l’offensive stratégique nord (Overlord) ou que l’offensive stratégique sud (Anvil), pour les Alliés elle n’est qu’une annexe de l’opération sud et passe donc à la priorité n° 4, après la Normandie, la Provence et l’Italie.

Ils proposent donc une action aéroportée dans les Alpes en avant-garde des forces d’Anvil.

L’état-major se résigne à remettre à l’armée B les éléments récupérés sur Anvil.

La Force C garde le 1er RCP et s’adjoint le « Groupe de commandos de Staoueli », futur GCF, qu’il reste à entraîner avant de le transporter en Angleterre et de l’engager vers J+30 (14 septembre 1944).

Le 27 juillet, l’hypothèque sur les régiments SAS est levée et, devant l’opposition générale des Alliés, le commandement français se résigne à abandonner l’opération.

Les forces aéroportées disponibles sont conservées en réserve générale en vue d’intervenir au profit de la Résistance du Sud de la France, à la demande, et en fonction du déroulement des opérations.

L’offensive stratégique Centre est définitivement enterrée.

Retournons à Overlord.


Le plan comporte d’autant plus de risques que le débarquement dans le Sud de la France, initialement prévu comme action complémentaire simultanée de l’invasion par le Nord, est reporté après le 15 juillet, faute de moyens de transport aérien et maritime suffisants.

Pour le général Eisenhower, commandant suprême responsable de la conduite des opérations en Europe occidentale, il importe donc d’empêcher l’afflux des divisions allemandes vers la fragile tête de pont de Normandie pendant les vingt premiers jours cruciaux du débarquement.

Il faut ensuite couvrir son flanc méridional, au moins jusqu’à la jonction avec les forces remontant du couloir rhodanien, forces dont l’avance devra être par ailleurs facilitée et couverte.

L’aviation stratégique alliée s’emploie à neutraliser les nœuds de communication ferroviaires et les ponts névralgiques des vallées de la Seine et de la Loire, sur les arrières lointains de l’ennemi.

Mais cette action est insuffisante.

D’une part, elle ne peut appliquer son effort au plus près de la zone de débarquement de crainte que les Allemands n’en décèlent prématurément le lieu exact.

D’autre part, ces bombardements ne peuvent être effectués sans occasionner des pertes importantes parmi la population civile des pays alliés occupés.

Une fois de plus, comme il y a deux ans en Afrique, il est demandé aux parachutistes compléter, voire de remplacer, l’action de l’aviation.

Le SAS et les « Operational Groups », disposant d’une autonomie complète, sont ainsi chargés de missions de renseignement et de sabotage.

L’aide de la Résistance n’est alors envisagée que comme un appoint.

Si un double plan d’action couvrant l’ensemble du territoire et reposant sur l’action de la Résistance a été établi en liaison avec l’EM du général Koenig, les Alliés n’ont qu’une confiance médiocre en des éléments qu’ils jugent disparates et incontrôlables.

Les équipes « Jedburgh » sont néanmoins chargées d’assurer la liaison avec les maquis armés.

Les SAS français sautent sur la Bretagne

5 juin 1944, les paras français sautent sur la Bretagne la veille du Jour J Bataillon-du-ciel
Le Bataillon du ciel est un film en deux parties, réalisé par Alexandre Esway, sorti en mars 1947 puis en avril de la même année. Il est basé sur un livre de Joseph Kessel et relate les faits d’armes authentiques d’un bataillon de parachutistes de la France libre à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Trois semaines avant le Jour J, un état-major réduit du 2e RCP quitte l’Écosse pour une destination inconnue au sud de l’Angleterre.

C’est le début de la mise au secret absolu au « Camp F », dirigé par l’Intelligence Corps et sévèrement gardé par des détachements de police militaire.

Puis, le 24 mai, le reste du bataillon, à l’exception du « Jeep Squadron », part à son pour le « Transit Camp » de la brigade afin de préparer la mission qui va lui incomber.

Celle-ci se répartit en deux phases :

Une phase initiale de sabotage des voies de communication en vue d’isoler la zone d’action des lieux de débarquement et empêcher ainsi tout mouvement des forces de réserve allemandes ; une phase ultérieure, prolongée de guérilla alliant l’action au renseignement, assurée en liaison avec les groupes de résistance locaux, destinée à entretenir la désorganisation de l’ennemi et finalement à faciliter la pénétration alliée.

Le plan établi par l’EM réduit prévoit un échelonnement du bataillon en quatre éléments :

1/ La nuit du débarquement, deux groupes munis de moyens de transmissions et d’aide à la navigation sont envoyés en précurseurs.

But : rechercher et reconnaître deux bases de guérilla baptisées « Samwest » et « Dingson ».

Stick 1 : lieutenant Pierre Marienne, Emile Bouétard, Pierre Etrich, F. Jourdan, François Krysik, Pierre Pams, Loïc Raufast, Maurice Sauvé, Jean Content, capitaine Hue Hunter (« André », S.O.E.)
         
Stick 2 : lieutenant Henri Déplante, adjudant Auguste Chilo, Jean Paulin, Jacques Bailly, Alexandre Charbonnier, Antoine Treis, Henri Filippi).

2/ La deuxième soirée après le débarquement, 18 équipes de sabotage de 3 à 5 hommes, répondant au nom de code de « Cooney », sont chargées des destructions initiales. Ces équipes doivent rejoindre les bases, missions exécutées, entre J+5 et J+10.

3/ De J+1 à J+10, le reste des éléments à pied du bataillon est parachuté par groupes de 10 sur les deux bases. Il y recueillera les équipes de sabotage et entreprendra l’action de guérilla.

4/ Enfin, le Jeep Squadron doit être ultérieurement largué ou posé par planeurs en fonction du déroulement des opérations générales. Il éclairera et guidera les avant-gardes blindées alliées. Un peloton peut préalablement être adapté à chaque base afin de la renforcer et d’accroître la mobilité tactique des équipes de guérilla.

La zone d’action est enfin divulguée :

C’est la Bretagne.

Ce pays de bocage, à l’habitat dispersé et au réseau de communications peu complexe, se prête admirablement à la guérilla.

Mais la forte densité des troupes allemandes implantées initialement dans la région constitue un obstacle important au plan élaboré par les SAS.

L’ennemi dispose de huit divisions.

Cinq sont de valeur médiocre et gardent le littoral entre les forteresses portuaires protégées par des batteries côtières de la Kriegsmarine, mais trois divisions, dont deux de parachutistes, peuvent intervenir rapidement avec l’aide de nombreuses forces territoriales de police et d’éléments de la milice.

Le 5 juin, à 23 heures, les deux détachements précurseurs sont équipés près des deux avions qui vont les emmener vers la France.

Les détachements comprennent deux équipes embarquant dans un avion différent et devant se regrouper sur la même DZ.

Chaque équipe dispose de 3 radios munis d’un poste à grande portée, d’un S-Phone, de deux pigeons et d’une balise radio-électrique Eureka (équipement radar mis au point par les Américains en AFN pour leurs « pathfinders » ; l’avion est muni d’un récepteur type « Rebeka »).

Les hommes ont reçu six jours de vivres.

Le lieutenant Deschamps, assisté du lieutenant Botella*, est destiné à la base Samwest, les lieutenants Marienne et Deplante à la base Dingson.

Non sans émotion, le brigadier Mac Leod, commandant la brigade SAS, leur serre une dernière fois la main en leur annonçant que l’invasion commence avec leur départ.

Deux heures après, le détachement Deschamps saute à proximité de la forêt de Duault dans les Côtes-du-Nord.

Tout se passe sans incident sur cette zone où les points de repère, remarquablement choisis sur les photos aériennes, permettent aux parachutistes de se regrouper rapidement et de se réunir dès le 6, au matin, dans la forêt.

En revanche, il n’en va pas de même pour le détachement Marienne, dont la zone de saut choisie près du Moulin de Plumelec, dans les landes de Lanvaux, est difficilement repérable.

Comble de malheur, le Moulin de Plumelec sert d’observatoire aux Allemands, ce qu’aucun renseignement n’a prévu.

Peu après son arrivée au sol, le détachement est encerclé par une unité de l’Ost Legion, alertée par la vigie.

Après un accrochage sérieux dans la nuit, les parachutistes réussissent à se dégager non sans avoir perdu un caporal tué (Émile Bouétard), tué par un supplétif ukrainien ou bien georgien, et les trois radios capturés avec les postes et les codes intacts.

5 juin 1944, les paras français sautent sur la Bretagne la veille du Jour J Bouetard
Caporal Émile Bouétard.

Servie par la chance dans son malheur, la deuxième équipe est larguée par erreur 12 kilomètres au nord.

Le contact est finalement rétabli grâce à l’aide d’un maquis.

Le 8 juin, les parachutistes regroupés à quelques kilomètres de Malestroit, rendent compte qu’ils sont prêts à remplir leur mission sur la nouvelle zone.

Pendant ce temps, les 18 « Cooney parties » sont largués dans la nuit du 7 au 8 juin à proximité de leurs objectifs sur le réseau ferroviaire, où les bretelles importantes doivent faire l’objet de plusieurs sabotages simultanés.

Chaque équipe a, en effet, reçu une mission principale obligatoire, faisant l’objet d’un contrôle par photo aérienne et que la brigade peut renouveler si elle juge le résultat insuffisant.

L’ordre est alors passé par message camouflé sur les ondes de la BBC.

Dans la nuit du 8 au 9, la plupart des destructions sont exécutées avec plus ou moins de bonheur, car les Allemands sont en éveil et la majeure partie des points sont gardés, parfois avec des chiens policiers.

Citons à titre d’exemple l’odyssée des deux groupes qui se sont attaqués à la voie transversale Redon-Rennes.

Le lieutenant Camaret doit faire dérailler un train dans le tunnel au de Messac.

En arrivant sur son objectif, il s’aperçoit que celui-ci, bien gardé, ne peut être attaqué de front.

Le lieutenant décide de monter sur la colline, qui n’est pas surveillée.

Il y laisse le reste des hommes en recueil et s’avance en rampant avec un aide jusqu’au sommet la voûte, en portant un sac bourré de 30 kg d’explosifs.

Là, il attend deux heures l’arrivée d’un convoi, à quelques mètres des sentinelles qui vont et viennent sur la voie.

Le train arrive.

Lâchant son explosif juste devant la machine, Camaret se jette en arrière mais le souffle de l’explosion est si fort qu’il est assommé, et c’est son équipier qui le ramène.

Le train, sous l’effet de la vitesse, pénètre dans le tunnel tout en déraillant et en obstrue complètement l’entrée.

Simultanément, le tunnel nord fait l’objet de l’attaque d’un autre groupe.

Après avoir vainement attendu l’arrivée d’un convoi, l’équipe se divise en deux.

Tandis qu’un élément pose les explosifs à l’intérieur du tunnel, le chef de groupe et un homme vont à la gare de Messac.

Ils mettent en marche une machine, car l’instruction SAS a aussi porté sur la conduite des locomotives, et la lancent dans le tunnel.

Elle explose à l’intérieur.

La principale transversale du réseau breton dorénavant est coupée.

5 juin 1944, les paras français sautent sur la Bretagne la veille du Jour J Bourgoin
Pierre Bourgoin, à gauche (1907-1970).

Dès le 8 juin, les chefs des bases Samwest et Dingson ont rendu compte de leurs contacts avec les mouvements de résistance et de l’espérance qu’ils ont de réunir les nombreux maquisards pour les renforcer.

Dingson annonce le chiffre de 2 000 à 2 500, Samwest de 500, mais très peu sont armés.

Dès lors, le commandant de la Brigade SAS lance la troisième phase de l’opération.

Dans la nuit du 9 au 10 et les nuits suivantes, le reste du régiment est parachuté :

Une compagnie sur Samwest avec le capitaine Leblond, qui prend le commandement de l’ensemble ; 2 compagnies, la compagnie de commandement et un peloton de Jeep sur Dingson.

Bourgoin, le commandant manchot, y saute le 9 avec un parachute spécialement conçu pour lui et dont la voile tricolore lui a été offerte par le brigadier Mac Leod.

Malheureusement, l’enthousiasme de la population et des FFI, les parachutages massifs trop fréquents (68 avions du 9 au 17 juin, notamment le 13 juin, où 25 appareils larguent 700 containers), les indiscrétions et les imprudences qui ne peuvent manquer de se produire dans une telle ambiance de kermesse attirent l’attention des Allemands.

Ceux-ci n’arrivent pourtant pas à apprécier les forces qui leur sont opposées.

Dans le même temps, le général Mac Leod ordonne par message :


« Éviter à tout prix bataille rangée — Continuer guérilla à outrance et armement FFI. »

La dispersion décidée ne pourra être exécutée.

Le 11 juin, un premier incident se produit à Samwest.

Un officier allemand se présente en voiture pour se ravitailler dans une ferme, qui sert d’avant-poste.

Au lieu d’éviter le combat, les sentinelles abattent l’officier et un soldat.

Le second réussit à s’échapper et donne l’alerte à Maël-Carhaix où réside une garnison d’environ 400 hommes.

À l’aube du 12, trois camions chargés d’Allemands arrivent à la ferme et entreprennent de la brûler.

Le capitaine Leblond se trouve alors pris dans un cruel dilemme :

Ou bien laisser brûler la ferme pour ne pas dévoiler la base qui est probablement ignorée des Allemands ; ou bien attaquer le détachement pour garder la confiance des maquisards et de la population, au risque de rendre plus difficile l’accomplissement de sa mission.

C’est finalement la seconde solution qui est choisie.


À 9 heures, une contre-attaque des parachutistes repousse le détachement allemand en lui infligeant de lourdes pertes.

Les trois camions sont détruits, tandis qu’un seul parachutiste est tué, et deux autres blessés.

Mais, dès cet instant, la base est condamnée.


Le capitaine Leblond décide de maintenir dans la région un petit détachement pour continuer la mission sur la voie ferrée Paris-Brest.

Il avertit tous les « Cooney parties » et le commandant du bataillon que Samwest n’existe plus, et il replie le gros de la base par petits éléments sur Dingson.

5 juin 1944, les paras français sautent sur la Bretagne la veille du Jour J Berets-rouges
Largué le 7 juin 1944, Henry Corta participa à tous les grands combats de cette unité qui fut décorée de la Croix de la Libération par le général de Gaulle.

Le commandant Bourgoin, prévenu à temps, envoie un élément pour recueillir les éléments de Samwest et renforcer la nouvelle base à créer près de Pontivy.

Il tient compte de l’expérience et la dispersion des éléments est faite sur une grande échelle.

La nouvelle base, aux ordres du lieutenant Deplante, doit prendre le nom conventionnel de « Grock ».

Quant à Dingson, elle devient à partir du 11 la seule base du bataillon, ce qui représente un grave inconvénient car les parachutages effectués toutes les nuits sont de plus en plus importants.

En outre, dans la nuit du 17 au 18 juin, au moment même où les derniers éléments rescapés de Samwest rejoignent, 27 avions de la RAF, en colonne serrée, larguent plus de 600 containers de matériel que les hommes doivent ramasser avant l’aube.

Est également largué le peloton de jeeps du lieutenant de La Grandière mais, le container des mitrailleuses Vickers s’étant écrasé au sol, seule une jeep pourra être armée.

Il y a là une faute de commandement, qui causera la perte de la base, car les centaines de parachutes de couleur ne peuvent matériellement pas être ramassés avant le lever du jour, malgré les efforts des parachutistes et des deux bataillons FFI qui se sont constitués avec un encadrement de gendarmes.

Dès l’aube, une patrouille de Feldgendarmerie s’engage, avec deux voitures et 12 hommes à bord, sur le chemin de la zone de largage au moment même où les trois quarts du personnel sont encore occupés à ramasser les containers.

La réaction des avant-postes est immédiate et les deux voitures sont détruites.

Mais un Feldgendarme s’échappe et donne l’alerte.

À 08 h 00, le combat s’engage avec les premiers éléments allemands, deux compagnies venues de Malestroit.

L’ennemi ne paraît pas réaliser l’importance de la base, défendue par près de 200 parachutistes et 2 000 FFI bien armés.

Attaquant d’abord la face est, les Allemands réussissent à s’infiltrer jusqu’à 300 mètres du poste de commandement.

Rejetés avec de lourdes pertes par une violente contre-attaque de deux sections parachutistes et du peloton de jeeps, ils s’infiltrent alors sur la face sud où ils sont finalement contenus jusqu’au crépuscule.

Le commandant Bourgoin obtient même, dans l’après-midi, l’appui de chasseurs-bombardiers Thunderbolt qui neutralisent les observatoires et paralysent les mouvements ennemis.

Vers 18 h 00, l’attaque reprend brutalement entre la face ouest et la face sud avec l’engagement de troupes fraîches allemandes, venues de Coëtquidan.

Des éléments du bataillon FFI qui tient la face nord arrivent en renfort une heure plus tard.

Les assaillants sont contenus à 200 mètres.

Le commandant Bourgoin décide alors l’abandon de la base à partir de 22 h 00, au cours d’une réunion qu’il tient avec les commandants d’unités parachutistes et FFI.

À chaque compagnie parachutiste est attribuée une zone de rassemblement qu’elle doit gagner par petits groupes.

Quant aux unités FFI, il est décidé qu’elles retourneront dans leurs villages, tout en se tenant prêtes à se rassembler sur convocation de leurs chefs.

Le combat a été meurtrier pour les deux camps :

Les SAS déplorent une trentaine de tués, dont trois officiers ; les FFI ont de leur côté une centaine d’hommes hors de combat, tandis que les Allemands perdent 300 des leurs, dont le lieutenant-colonel parachutiste ayant dirigé l’attaque.

Dans les environs de Kerusten où elle s’est établie, la base Grock, elle aussi, n’a qu’une existence éphémère.

Dès le 21 juin, la Wehrmacht commence l’encerclement.

Sans attendre, le lieutenant Deplante donne l’ordre de dispersion aux 800 FFI qui l’ont rejoint tandis qu’il répartit les parachutistes dans les divers maquis.

Lui-même essaye de reconstituer avec un petit noyau une nouvelle base qui doit se disperser à nouveau dès que les parachutages la signalent à l’attention de l’ennemi.

Une dernière tentative est vouée à l’échec et, au début juillet, il n’existe plus qu’une possibilité :

La dispersion absolue.

Les Allemands organisent alors une chasse impitoyable aux « terroristes » :

Le 261e escadron de cavalerie (ukrainien) et le 708e Ost Bataillon (géorgien) sont lancés dans la campagne guidés par la Milice, pillant, massacrant les isolés, terrorisant la population.

Le 25 juin, le commandant Bourgoin, resté aux environs de Saint-Marcel, échappe de peu à la capture :

Les services de police allemands s’obstinent à arrêter tous les manchots de Bretagne…

Le 12 juillet, c’est le lieutenant Marienne qui est capturé par surprise avec les quelques hommes qu’il a rassemblés.

5 juin 1944, les paras français sautent sur la Bretagne la veille du Jour J Pierre-Marienne
lieutenant Marienne

Ils sont abattus sur place par des agents français à la solde du SD allemand.

Plus tard, ces derniers brûlent une ferme près de Tredion après y avoir enfermé des parachutistes blessés.

Quatre jours après, ils assassinent les lieutenants Skinner et Fleuriot.

Heureusement, le 3 août met fin à leur sinistre activité, car l’armée Patton atteint les faubourgs de Rennes après avoir percé le front allemand à Avranches deux jours plus tôt.

Ce même jour, la fameuse phrase :

« Le chapeau de Napoléon est-il toujours à Perros-Guirec » retentit sur les ondes de la BBC. C’est elle qui donne le signal de l’insurrection pour les 10 000 FFI armés par les SAS.

Le 4 août, la dernière phase de l’opération est déclenchée :

Le reste du « Jeep Squadron », un peloton par parachute, les deux autres en planeurs, est mis à terre au sud d’Auray.

Il s’engage immédiatement avec quelques parachutistes pour éclairer la progression de la 4e DB américaine, tandis que le régiment amorce l’investissement de Lorient et Saint-Malo.

Le 2e RCP se rassemble à Vannes pour trois semaines d’un repos bien mérité.

Seuls 180 SAS sont sur les rangs :

Le régiment a perdu en deux mois d’opérations 23 officiers (sur 45) et 175 hommes tués ou disparus, soit près du tiers de son effectif.

Le 2 août 1944, le général Gaulle cite le 2e RCP à l’ordre de la Nation et lui attribue la Croix de la Libération.

5 juin 1944, les paras français sautent sur la Bretagne la veille du Jour J Jeep
Les Jeep sont partout, crachant le feu…

Une « guerre d’indiens »

5 juin 1944, les paras français sautent sur la Bretagne la veille du Jour J Paras-du-Jour-J

Tandis que le 2e RCP est engagé globalement pour participer à l’isolement de la péninsule bretonne et faciliter la progression des blindés alliés en direction des ports armoricains, le 3e RCP ronge son frein en Angleterre.

Enfin, dans la première quinzaine de juillet, le commandant Conan est convoqué par le brigadier Mac Leod.

La brigade SAS a été chargée de couvrir le flanc sud de la 3e Armée US qui va déboucher de Normandie et envelopper les forces allemandes au nord de la Loire.

Le commandant du 3e RCP reçoit donc la mission suivante :

Agissant sur la direction de Nantes-Lyon, interdire, en liaison avec les maquis du Centre, toute action des forces de la Wehrmacht, évaluées à 100 000 hommes, refluant du bassin aquitain.

À partir du 16 juillet et jusqu’au 7 octobre 1944, les sticks du régiment, regroupés en onze missions, vont être essaimés de la Bretagne à la Franche-Comté, menant une « guerre d’indiens » dans le plus pur style SAS, harcelant les colonnes allemandes en retraite, signalant les objectifs intéressants à la RAF et à l’USAAF, épaulant ou encadrant les FFI, opérant la jonction avec les forces américaines et françaises débarquées en Provence.


Le 3e Squadron avec la moitié du squadron de commandement et le squadron de renfort, aux ordres du capitaine Simon, opère à partir du 16 juillet dans le Poitou et le Limousin, puis se regroupe autour de Châteauroux avant de rejoindre les poches de l’Atlantique.

Le 2e Squadron du capitaine Sicaud intervient le 5 août dans le nord du Finistère pour conserver intacts les ouvrages d’art que les Allemands menacent de détruire devant les blindés américains.

Récupéré en Angleterre, il est à nouveau parachuté dans le Jura à proximité duquel opèrent depuis le 12 août le 1er Squadron et l’autre moitié du Squadron de commandement aux ordres du commandant Conan.

De son côté, le Squadron de Jeep débarque en Normandie, puis éclate en 5 pelotons qui travaillent indépendamment, soit en liaison avec les divers groupes SAS, soit avec les unités de reconnaissance de la 3e Armée US.

Il s’ensuit un fantastique cross country à travers les lignes, au milieu des colonnes de Panzers et des convois allemands qui refluent vers l’est et le nord.


Ainsi, dans l’Yonne, à un passage à niveau, la Jeep de l’aspirant Aubert-Stribi fonce à tombeau ouvert, suivie par l’équipage des frères Djian.

Au moment même où la première Jeep va tomber dans une embuscade, Lucien Djian, qui voit la scène d’un seul coup d’œil, vire en pleine vitesse, enjambe le talus de la voie ferrée qu’il franchit et prend l’ennemi de flanc, à bout portant.

Aubert-Stribi passe sans mal tandis que ses deux mitrailleuses fauchent le FM et ses servants.

Sans même s’arrêter, les deux Jeep disparaissent, laissant une vingtaine de cadavres sur la voie.

Le 1er septembre, il rejoint le PC du régiment.

Le 4 septembre, le peloton, qui a reçu l’ordre d’agir sur la nationale 6, approche vers 04 h00 du matin de Sennecey-le-Grand.

Un convoi allemand de près de 3 000 hommes en route vers la trouée de Belfort y stationne.

Le capitaine Combaud de Roquebrune décide d’attaquer ; les quatre Jeep foncent à 80 km/h dans la Grand-Rue.

La panique s’empare des Allemands, surpris par la violence du feu, l’audace et la rapidité de l’attaque.

Malheureusement, à la sortie du village, les jeeps se trouvent face à face avec un autre convoi ennemi qui arrive.

Les premiers camions, incendiés, barrent la route.

Il ne reste qu’une seule issue :


Repasser par Sennecey.

Alors, sous le feu, les Jeep font demi-tour sur place, mais leur élan est brisé par les cadavres qui jonchent la Grand-Rue.

Sauf la première qui atteindra la sortie du village, les trois autres s’immobilisent une à une, bloquant le passage.

Les équipages se dégagent et mènent un combat désespéré au corps à corps, dont ils peuvent sortir vivants.

Seuls, l’adjudant Tramoni, Beaude et Bailleux, blessés tous trois, se traînent à travers champs et s’échappent de cet enfer dont la dernière vision sera pour eux Aubert-Stribi se défendant au colt et la Jeep en flammes du chef de peloton continuant à cracher le feu de toutes ses armes.

Si les pertes allemandes n’ont pu être dénombrées exactement, il a cependant fallu réquisitionner plus de 30 médecins civils pour soigner leurs blessés.


5 juin 1944, les paras français sautent sur la Bretagne la veille du Jour J Les-parachutistes-SAS-de-la-France-libre

Le 6 septembre, les 25 SAS des capitaines Rouan et Poro, aidés des 125 FFI, s’emparent de Montceau-les-Mines, puis s’installent en bouchon sur la route et la voie ferrée.

À midi, un train se présente et déraille sur la coupure préparée.

Le combat s’engage contre 300 Allemands.

De son côté, le capitaine Rouan voit débarquer une autre unité d’un convoi auto.

La situation n’est pas brillante, lorsque le sergent-chef Le Carré et un maquisard, avec un sang-froid qui frise la témérité, sauvent la situation.

Sautant sur le remblai, ils s’avancent et demandent d’autorité le commandant d’unité à qui ils déclarent sans ambages :

« Vous êtes encerclés par une division aéroportée, rendez-vous ! »

Après quelques hésitations, l’Allemand s’exécute.

Au moment où quelques maquisards récupèrent les armes et rassemblent les prisonniers, survient un train blindé.

Quelques coups de feu sont échangés.

Le Carré intervient.

Renouvelant son geste, il ouvre les portières, fait descendre les Allemands et leur ordonne de jeter les armes à terre.

Sur ces entrefaites, les hommes du convoi-auto arrivent.

Ils regardent le spectacle et, à leur tour, jettent les armes et se rendent.

En quelques instants, au prix de deux tués, les parachutistes se retrouvent à la tête de 500 prisonniers, deux trains, deux chars, plusieurs canons et 500 armes diverses, tandis que l’ennemi laisse sur le terrain 20 tués et 32 blessés.

Le bilan général du 3e RCP est suffisamment éloquent :

5 476 Allemands hors de combat, 1 390 prisonniers, 11 trains et 382 véhicules détruits pour la perte de seulement 41 parachutistes tués ou disparus.

Le Régiment frère, dont la gloire acquise en Bretagne a quelque peu fait oublier le magnifique travail effectué par le 3e RCP, est alors en train de regrouper ses éléments éparpillés sur toute la Bretagne et de se réorganiser.

Renforcé par les FFI qui ont combattu dans ses rangs et monté sur Jeep type SAS, le 2e RCP va bientôt prêter main-forte au 3e RCP dans sa mission de flanc-garde.

Le 26 août, 65 Jeep arrivent à Vannes, apportant les bérets amarante que le roi d’Angleterre, en un geste de reconnaissance profonde, accorde aux SAS français.

Aussitôt équipées, les Jeep du 2e RCP démarrent vers la Loire et la région de Briare à partir de laquelle les quatre squadrons vont opérer en direction de Nevers, Châteauroux et Bourges.

D’un bilan aussi prestigieux que celui de son homologue, nous ne retirerons que quelques chiffres indiscutables et qui sont certainement bien au-dessous de la réalité :

326 Allemands hors de combat, 2 520 prisonniers et 320 véhicules divers pour 2 tués, 12 blessés et une Jeep détruite chez les SAS.

Cela semble-t-il, n’a pas besoin de commentaires !

L’épisode le plus extraordinaire se situe le 11 septembre.


Ce jour-là, le sous-lieutenant Le Bobinnec, commandant un peloton du 2e Squadron, enlève par surprise un avant-poste sur la route de St-Pierre-le-Moutier.

Les prisonniers assis avec un drapeau blanc sur le capot des Jeep, il pénètre alors dans le village encombré par un convoi du détachement d’avant-garde de la colonne Elster.

Après discussion avec le commandant du convoi, il le persuade qu’il est à l’avant-garde d’une division blindée américaine et que toute résistance est inutile.

Impressionné par l’assurance du sous-lieutenant et déprimé par les attaques incessantes dont la colonne est l’objet, le commandant du détachement finit par céder.

La capitulation englobe 2 500 Allemands, 300 véhicules, 8 canons et tout l’armement individuel correspondant.

Les 2e et 3e Squadrons, arrivés en renfort, envoient des prisonniers munis d’une demande de reddition en bonne et due forme au commandant du gros des forces de la Wehrmacht.

Ce dernier refuse de se rendre aux parachutistes ou aux FFI, mais demande à être mis en contact avec le commandant des forces américaines.

Le contact réalisé par les SAS, les prisonniers se dirigent vers Orléans sous la garde des parachutistes.

Avec cet exploit se termine, le 14 septembre, la campagne de la Loire.

Les Squadrons se regroupent à Briare.

Depuis le 12 septembre, à hauteur de Dijon, la jonction entre les armées alliées de l’ouest et du sud est réalisée.

5 juin 1944, les paras français sautent sur la Bretagne la veille du Jour J SAS-2
FFI et SAS en juin 1944, près de Loyat (Morbihan).

En haut, de gauche à droite : Michel Lakermance (SAS), un certain “Riri” (FFI) et André Bernard (SAS).

En bas, de gauche à droite : Henry Corta (SAS) et Ange Urien (FFI).


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Sicut-Aquila

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« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage.
La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure.
Être un homme et le demeurer toujours,
Quelles que soient les circonstances,
Ne pas faiblir, ne pas tomber,
Voilà le véritable sens de la vie ».

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MessageSujet: Re: 5 juin 1944, les paras français sautent sur la Bretagne la veille du Jour J   5 juin 1944, les paras français sautent sur la Bretagne la veille du Jour J Icon_minitimeMer Juin 05 2024, 22:22

Merci pour la présentation de ces faits d'armes moins bien connus (moi compris), le débarquement ayant estompé les autres combats.

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« Je ne veux pas me faire ficher, estampiller, enregistrer, ni me faire classer puis déclasser ou numéroter. Ma vie m’appartient ». N°6 Le Prisonnier

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MessageSujet: Re: 5 juin 1944, les paras français sautent sur la Bretagne la veille du Jour J   5 juin 1944, les paras français sautent sur la Bretagne la veille du Jour J Icon_minitimeMer Juin 05 2024, 23:02


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« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage.
La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure.
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