Le 6 juin 1944, les S.A.S français sautent en Bretagne. Dans le cadre de l'opération Overlord, le 5 juin 1944 peu avant minuit, quatre sticks de parachutistes français seront largués au-dessus de la Bretagne.
Ces hommes faisaient partie des 3e et 4e BIA (Bataillon d'Infanterie de l'Air). Depuis 1942 la 1ere Compagnie d'Infanterie de l'Air du capitaine Bergé était affecté aux SAS britannique puis, en avril 1943, deux bataillons voient le jour, le 3e Bataillon d'Infanterie de l'Air (BIA) commandée par le capitaine Pierre Chateau-Jobert dit "Conan" et le 4e BIA du colonel Pierre-Louis Bourgoin alias "Le Manchot" (il avait perdu le bras droit en Tunisie en 1943) les deux unités sont alors respectivement renommées 3rd et 4th SAS.
C'est le lieutenant Sir David Stirling qui fonde le premier groupe de SAS en 1941 avec l'aide d'un groupe de volontaires britanniques, en tant qu'unités commandos les Spécial Air Service ou plus connus sous l'abréviation SAS fonctionneront de même manière que les unités des commandos de marine.
Ils opèrent généralement derrière les lignes ennemies en petits nombre avec pour tâches principales le sabotage et la désorganisations des forces ennemies. ils seront particulièrements actifs pendant les combats en Afrique du Nord notamment contre l'Afrika Korps allemande.
Lorsque la Normandie est choisie comme lieu de débarquement, il est capital pour le succès l'opération que les Allemands ne renforcent pas le front immédiatement.
C'est dans le cadre de l'opération Fortitude qu'il est décidé que des groupes de commandos parachutistes sauteront en Bretagne pour perturber les voies de communications des routes ou voies ferrées conduisant en Normandie pour ralentir la progression des forces allemandes qui y seraient appelé.
Ce sont donc quatre sticks constitués de membres des 3rd et 4th SAS qui seront chargés de la mission.
Ces groupes devront constituer plusieurs bases sûres pour les parachutages d'armes dans les jours suivants le débarquement et mener une guérilla contres les troupes allemandes.
Le 6 juin vers 0h30, deux premiers sticks de 18 hommes des lieutenants Deschamps et Botella du 4th SAS sont largués près de la foret de Duault dans les Côtes d'Armor, ils auront pour première tâche de constituer une base sûre près de Saint-Brieuc pour recevoir les armes qui seront parachutés les jours suivants puis d'entrer en contact avec les groupements de FFI locaux qui seront d'un grand secours ces éléments connaissant particulièrement le terrain.
Le nom de code de cette mission se nomme Samwest. Jusqu'au 9 juin ce sont 116 SAS qui vont se poser sur Samwest, les commandos vont vite prendre conscience du potentiel que leur apporte les FFI et il sera décidé de les intégrer aux actions de guérilla contre les forces allemandes.
Plusieurs unités FFI vont venir se joindre à eux dans les jours qui suivent impatients d'en découdre une bonne fois pour toute avec l'occupant.
Quant au 3rd SAS un premier stick de 18 hommes des lieutenant Marienne et Deplante sont droppés près de Plumelec dans le Morbihan non loin de Vannes.
Leur mission établir la base avec le nom de code de Dingson dans le secteur de Saint-Marcel où seront bientôt parachutés d'autres équipes.
Un officier français du 3rd SAS doit sauter avec des vétements civils, dans les environs de Plumelec, il à pour mission de prendre contacte avec un réseau de la Résistance locale, son uniforme est placé dans une malle en osier qui se trouve dans l'avion transportant le groupe du lieutenant Marienne, elle sera largué en même temps que les parachutistes et ils devront la retrouver pour l'emporter jusqu'au retour de son propriétaire.
Pierre Marienne et son groupe se posent près du moulin de la Grée à Plumelec, une fois au sol il faut retrouver la malle avant de continuer, le lieutenant Marienne accompagné d'une moitié de son équipe part à sa recherche.
Il donne l'ordre au caporal Emile Bouetard de rester sur place avec les opérateurs radio.
Ce que les commandos ignorent c'est que la moulin de la Grée sert de poste d'observation pour les Allemands, quand ses occupants ont entendu passer l'avion et aperçu des parachutistes descendre tout près ils ont immédiatement donné l'alerte et bientôt des patrouilles composés de Russes et d'Ukrainiens arrivent pour ratisser les environs.
Trente minutes après le saut le caporal Bouetard, est toujours seul avec les opérateurs radio attendant que son chef revienne.
Il aperçoit bientôt des silouhettes qui progressent dans leur direction, il ne peut s'agir que d'Allemands.
Armé seulement que d'une Sten Gun avec deux chargeurs et quelques grenades la lutte est plus favorable à l'ennemi mieux armé et en effectif supérieur.
Le caporal Bouetard commence à faire feu sur les Allemands les plus proches, bientôt son premier chargeur est vide; il recharge rapidement avec le dernier, et part se mettre à l'abri d'un tronc d'arbre couché.
La fusillade va durer une vingtaine de minute, le temps que le lieutenant Marienne soit alerté par les tirs et puisse s'échapper de la zone.
Les opérateurs ont vidés leurs chargeurs, le caporal derrière le tronc se redresse pour tirer plus précisément, mais il reçoit une balle de fusil dans une épaule et la force de l'impact le projete à terre, il tente de ramper plus loin mais il est trop tard les Allemands arrivent en nombre sur leur positions.
Le petit groupe et rapidement capturé, toujours à terre le caporal Emile Bouetard est froidement éxécuté d'une rafale en pleine tête.
Le lieutenant Marienne et les autres partis rechercher la malle entendront les tirs tout près et vont décrocher à temps pour éviter l'encerclement.
Les jours suivants avec l'annonce du débarquement de Normandie et les premières actions de guérilla, les Allemands sont sur les dents, ils n'arrivent pas à évaluer le nombre de ces groupes qui attaquent et disparaissent ausitôt, malgré les patrouilles qui augmentent.
Plusieurs opérations de parachutages seront conduites dans les jours suivant, notamment Cooney Parties dans la nuit du 7 au 8 juin avec le saut de 18 sticks de 3 à 5 hommes qui devaient saboter les lignes de chemins de fer puis une fois leur mission assuré il doivent rejoindre les bases de Samwest ou Dingson pour se réarmer et encadrer les maquisards.
Le 12 juin la base de Samwest est abandonnée, ceux des équipes de sabotages qui s'y trouvaient déja rejoignirent celle de Dingson, certains groupes sont arrivé après le départ de leurs camarades et sont entré en contact avec la population civile pour pouvoir encadrer les maquisards locaux.
Le colonel Bourgoin arrive en Bretagne dans le nuit du 10 au 11 juin, en sautant il découvre la surprise que lui avait réservé les Anglais la voilure de son parachute était aux couleurs françaises.
Il rejoignit le reste de ses hommes à la base de Dingson puis au camp de Saint-Marcel.
Le 18 juin les SAS rassemblées au camp avec des FFI, les Allemands constatent que près de 200 parachutistes SAS et environ 3000 maquisards y sont rassemblés, immédiatement des troupes encerclent la position, pendant toute la journée les combats font rage et les SAS et les FFI sont forcés de s'échapper par petis groupes à la faveur de la nuit, après avoir détruits les stock de munitions.
Seuls les blessés les plus gravement atteints sont laissés sur place, mais la ils sont pratiquement tous éxécutés lorsque les Allemands investirent les lieux, puis se vengèrent en brûlant le village de Saint-Marcel, faisant une quarantaine de victimes civiles.
Un officier, le lieutenant Taylor ,est capturé en juillet 1944 peu après son arrivée en Bretagne, il devait retrouver le lieutenant Marienne.
Arrété il est confié au chef de la Milice de Kerihuel Maurice Zeller, un farouche germanophile et ses acolytes Alfred Gross et François Munoz vont lui faire subir pour qu'il parle, des tortures, mais n'obtiennent aucune information.
Munoz le fait dévètir , puis lui tire une balle de révolver en plaine tête. Il enfile l'uniforme puis part en quêtes d'indices dans les campagnes environnantes, il obtient alors une information, un groupe de parachutistes accompagnés de maquisards se trouverait dans un batiment agricole à Kérihuel, un hameau de Plumelec.
Il s'agit en effet du PC du lieutenant Marienne qui y est retranché avec 17 hommes (6 parachutistes, 8 maquisards et 3 civils) .
Le 12 juillet la Milice française à la faveur de la nuit cerne le bâtiment neutralise les sentinelles de garde silencieusement, puis capture le reste du groupe et son chef encore endormis.
Ils sont rassemblés dans la cour du bâtiment puis exécutés sommairement. Malgré la répression féroce des Allemands, qui n'épargnent pas les civils soupçonnés d'avoir aidé les parachutistes, de petit groupes vont continuer les actions de sabotage jusqu'à la libération du département.
Emmenés par des chef énergiques comme le fut notamment le lieutenant Marienne qui s'illustra particulièrement lors de la bataille de Saint-Marcel, les parachutistes français n'ont jamais démérité.
Recherché activement par la Gestapo le colonel Manchot comme elle le nomment Pierre Bourgoin ne fut jamais capturé.
Sur les 450 parachutistes du 4th SAS engagés pour ces actions depuis le 6 juin, 77 ont été tués et 197 blessés.
Jusqu'à la fin de la guerre les unités SAS françaises vont continuer à être employées dans différents maquis.
Après la guerre les collaborateurs français de la Gestapo, Maurice Zeller et ses sbires sont retrouvés et arrêtés. reconnus coupables ils seront condamnés à mort en mai 1946 et exécutés deux mois après.
Le sort des SAS capturés était peu enviable depuis 1942, Adolf Hitler avait rédigé une note à l'attention de l'armée allemande dans son ensemble stipulant que les commandos alliés pris ne soient pas considérés comme prisonniers de guerre, mais en tant que "terroristes" et condamnés à mort.
Même si beaucoup ont été exécutés, d'autres seront internés dans des camps de prisonniers jusqu'à la fin de la guerre.
L'insigne des SAS britanniques avec leur devise "Qui ose gagne" Le capitaine Georges Bergé (1909-1997) Commandant de la 1ere Compagnie d'Infanterie de l'Air, constituant la première force de parachutistes de la France Libre. En 1942 cette unité est intégrée aux Spécial Air Service (SAS) britanniques.
Sir David Stirling père fondateur des SAS. Il est capturé par les Allemands en Tunisie en 1943 pendant qu'il participait à un raid. Interné dans un stalag, il tente de s'en échapper à quatre reprises, les Allemands finissent par l'envoyer à la célèbre forteresse de Colditz réputée sûre. Libéré en 1945, il termina sa carrière au rang de colonel.
Le caporal Emile Bouetard Breton d'origine il faisait partie du stick du lieutenant Marienne.
Blessé pendant un accrochage près du moulin de la Grée à Plumelec dans les premières heures du 6 juin, il sera exécuté par les Allemands.
Le colonel Pierre Louis Bourgoin (1907-1970), alias "Le Manchot" commandant le 4th SAS. Vétéran des combats au Moyen-Orient blessé en Tunisie en 1943 il est amputé du bras droit. Il participa aux actions de son unité en Bretagne il y est parachuté entre le 10 et 11 juin et c'est lui qui décida d'abandonner les positions du maquis de Saint-Marcel.
De gauche à droite: le colonel Bourgoin, lieutenant Deplante, Gaston Autebi et De Mauduit. Le lieutenant Pierre Marienne (1908-1944). Parachuté avec son groupe à Plumelec il échappa de peu à la capture peu après son atterrissage. Un officier craint et respecté il fit preuve de bravoure lors des combats à Saint-Marcel le 18 juin, où il fut surnommé "Le Lion" trouvant refuge dans une ferme de Kerihuel avec son PC après avoir décroché. Le 12 juillet les Allemands découvrent sa cache, capturé par des miliciens, le lieutenant Marienne sera exécuté avec tous ceux qui se trouvaient avec lui.