NOS « ALLIÉS » AMÉRICAINS
Quand j’étais plus jeune, mon anticommunisme viscéral et, avouons-le, mon antigaullisme primaire me rendaient indulgent (ou naïf ?) à l’égard de nos « alliés » américains. Certes, tel Jean-Gilles Malliarakis (1), j’étais déjà convaincu qu’une « troisième voie » était possible entre les trusts américains et le communisme : le nationalisme. Comme je préfère être un imbécile – qui ne change pas d’avis – qu’une girouette qui oscille au gré du vent, je le pense encore aujourd’hui mais j’ai fini par adhérer à la doctrine de Charles Maurras : le « nationalisme intégral », à savoir la monarchie.
Et pourtant, comme un tas de jeunes de ma génération, j’ai rêvé de l’« American way of life », j’ai fantasmé sur la plastique de Marilyn Monroe, j’ai aimé les westerns de John Wayne et la « Country music ». Là encore, je n’ai pas changé ; j’aime toujours Marilyn (pour son physique, pas pour ses rôles mièvres et ses idées de gauche) ; John Wayne, parce qu’il n’avait pas l’allure efféminée et interlope (voire lope tout court) de certains acteurs actuels ; et la musique « country ».
Comme beaucoup de jeunes de mon temps, j’ai fredonné « les Ricains » de Michel Sardou et j’ai eu une pensée émue pour le « petit gars de Géorgie…venue mourir en Normandie ».
J’avoue qu’il m’a fallu des années, et la lecture de quelques dizaines (quelques centaines ?) d’ouvrages, pour comprendre que nos « alliés » américains ont été, depuis toujours, nos meilleurs ennemis. À l’heure actuelle, tous les gens un peu sensés ont compris que Washington tire à son profit la guerre en Ukraine – comme précédemment du contentieux nucléaire iranien – pour appauvrir l’Europe dont le PIB, naguère équivalent à celui des États-Unis (autour de 14 000 milliards de dollars en 2008) lui est désormais inférieur de 45 % (2). Ceci ne serait pas possible sans l’ingénierie politico-juridique devant laquelle l’Europe baisse les bras et se soumet : l’extraterritorialité du dollar qui permet de favoriser, partout, les entreprises américaines et d’affaiblir leurs concurrentes, tantôt en leur infligeant de lourdes amendes, tantôt en mettant la main dessus en les dépeçant si besoin ; parfois les deux à la fois comme ce fut le cas pour Alstom, ex fleuron mosellan de notre industrie.
Mais, comme je suis passionné d’histoire et de géopolitique, remontons plus loin, juste pour rappeler quelques vérités peu connues du grand public, par exemple l’aide des banques américaines à l’Allemagne avant et pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Selon F.Calvi et M-J. Masurovsky (3),
« les banques américaines ont continué à faire du commerce avec les nazis pendant toute la guerre…en violation des lois, ordonnances américaines réprimant le commerce avec l’ennemi».
The Faustian Bargain: Industrialist Fritz Thyssen and the Nazis | Defense Media Network
L’« Union Bank », dirigée par Prescott Bush est à l’origine de financements importants de « Thyssen », le géant de l’acier allemand, qui ont permis l’accession au pouvoir d’Adolf Hitler et ont permis également d’armer le III° Reich. Signalons au passage que le business de Georges Bush, le petit-fils de Prescott, dans le pétrole, a démarré grâce à la fortune colossale accumulée par son grand-père. La banque « Dillon-Read » a mis sa puissance au service de l’industrie allemande, au travers de « Siemens » et « Thyssen ». Fritz Thyssen lui-même finançait le NSDAP (4) avant qu’Adolf Hitler n’accède au pouvoir.
Le 26 juin 1940, des responsables commerciaux allemands fêtaient les victoires allemandes à l’hôtel Waldorf-Astoria, New-York, en présence d’industriels américains, dont un cadre dirigeant de « General Motors », James Mooney. Comme Ford, comme Watson, il fut décoré par Hitler et reçut une médaille. La France venait de subir l’une des plus mémorables raclées de son histoire.
Quelques jours plus tard, c’est Torkild Rieber, chairman de « Texaco », qui organisait un dîner à New-York pour les mêmes raisons, avec de nombreuses personnalités américaines.
À la fin de l’année 1941, on estimait à 475 millions de dollars les participations américaines dans l’économie allemande. En décembre 1941, Pearl Harbor changeait la donne…
Autre information surprenante : ce n’est qu’après la mise en place de la mission Matteoli – qui date du 25 mars 1997 – chargée de rendre compte de la spoliation des biens des Juifs de France pendant la Seconde Guerre Mondiale, que les grandes banques américaines réagiront.
Certaines, comme « Barclays », « Morgan » ou « Chase », achèteront à bon compte leurs indulgences. « Barclays » et « Morgan » s’entendront sur un fond de réparation d’un peu plus de six millions de dollars. « Chase » et « Morgan » passeront des accords avec le Congrès Juif Mondial pour un montant « resté secret » mais qui semble dérisoire au regard des bénéfices accumulés par les deux banques pendant la guerre.
Soyons clair, je ne reproche pas aux Américains d’avoir fait de la realpolitik avec l’Allemagne mais je leur reproche, en revanche, leur cynisme et leur amoralité ; ces gens ne respectent rien sinon le dieu-dollar. Le 22 juin 1941, Hitler rompait le pacte germano-soviétique en déclenchant l’opération « Barbarossa ». Les USA comprenaient que si l’URSS gagnait la guerre, toute l’Europe deviendrait communiste. Il leur fallait un motif pour entrer en guerre contre les forces de l’Axe ; ce sera l’attaque de Pearl Harbor le 7 décembre 1941. Le bilan de leurs pertes sera 2 403 morts et Dušan Popov —
1 178 blessés, et pourtant les dirigeants américains savaient que les Japonais préparaient cette attaque. Quatre mois avant, l’espion serbe Dušan Popov informait les services secrets – britanniques puis américains – des intentions nippones (5). Plus cocasse, si je puis dire, les actualités de « Paramount » dès le 13 novembre 1941 montraient qu’une attaque pourrait avoir lieu sur Pearl Harbor.
Roosevelt était au courant. Il laissa faire pour provoquer l’indignation de la population et faire entrer son pays dans la guerre. Cette thèse sera évoquée, entre autres, par le général Kimmel dans ses mémoires publiées en 1955. Le contre-amiral Robert Alfred Theobald, qui commandait les destroyers à Pearl Harbor, dira en gros la même chose un peu plus tard.
Depuis la présentation, le 5 février 2003, par Colin Powell au Conseil de Sécurité de l’ONU, d’une fausse capsule d’Anthrax pour prouver que Saddam Hussein utilisait des armes de destruction massive, nous savons que la puissante Amérique est capable de « mentir vrai » quand elle prétend défendre le monde libre. Pourtant, chaque fois que je me livre à une critique sévère des USA, il se trouve toujours quelqu’un pour me rappeler qu’on leur doit le « Plan Marshall » qui a permis à une Europe exsangue et ruinée de se relever. Encore un vaste sujet difficile à traiter en quelques lignes.
Je vous conseille le livre d’Annie Lacroix-Riz, « Les origines du Plan Marshall »(6), qui permet de remonter aux sources de cette servitude volontaire. Cette chercheuse a exhumé des documents qui démontrent combien ce plan, faussement présenté comme une aide décisive au redressement de notre « vieille Europe », l’a empêchée de s’ériger en puissance commerciale rivale…
Pour mémoire, le « Plan Marshall » déversa 16 milliards de dollars (180 milliards de 2023) sur 15 pays non communistes, entre 1948 et 1952 : une aide « désintéressée » offerte par les USA pour reconstruire l’Europe à l’abri de la tentation stalinienne.
Cette aide comportait trois conditions préalables, dont deux spécialement réservées à la France, réputée sensible aux sirènes de Moscou : l’ouverture des marchés coloniaux aux produits américains; le renvoi des ministres communistes du gouvernement Ramadier (chose faite le 5 mai 1947); et l’acceptation d’un volet « culturel » : les accords Blum-Byrnes de mai 1946, qui imposaient à nos cinémas de projeter une majorité de films américains (9 productions américaines importées sans droits de douane pour 4 françaises) Objectif des Américains : nous vendre leur sous-culture, leurs mœurs d’enfants trop gâtés, leurs coutumes, vestimentaires ou gastronomiques. Meurtriers pour notre industrie cinématographique, ces quotas jetteront dans les bras du Parti Communiste, que ces accords étaient censés combattre, beaucoup d’acteurs de cinéma. Les plus connus étant Yves Montand, Simone Signoret, Gérard Philipe… mais aussi le metteur en scène, très à droite, Claude Autant-Lara qui, furieux contre cette invasion de navets américains, prit sa carte à la CGT.
Mais ce que nous apprend Annie Lacroix-Riz, c’est que rien de tout cela n’aurait été possible sans le recyclage par le libérateur américain, des principales figures de la collaboration économique avec les Allemands.
Citons par exemple Jacques Lemaigre-Dubreuil, passé du statut de promoteur des intérêts allemands en France à celui de facilitateur de l’entrée de la finance américaine dans le capitalisme français. Président des « Huiles Lesieur », administrateur de la « Banque Worms » et de la « Royal Dutch », membre du Comité des forges, ce notable a joué un rôle important après la défaite en servant d’intermédiaire aux Allemands pour leurs achats en Afrique du Nord et de l’Ouest.
Après Stalingrad (février 1943), il doute de la victoire allemande et, tout en continuant à vendre son huile à la Wehrmacht, il se propose d’aider les Américains à trouver l’homme providentiel pour faire en sorte que la libération de la France ne coïncide pas avec une révolution communiste.
Erreur de casting : Cet homme sera le général Giraud mais Giraud est tout sauf un politique, c’est un guerrier ; il sera supplanté par De Gaulle qui, lui, est tout sauf un guerrier.
Puis Jacques Lemaigre-Dubreuil fera son possible pour permettre aux USA de prendre pied dans les entreprises françaises (en s’inspirant des modèles juridiques utilisés par les Allemands, en 1940, pour coloniser notre économie). Pour que les bénéficiaires de l’opération n’apparaissent pas, Lemaigre-Dubreuil propose de passer par des banques… espagnoles.
Mais ce qu’on apprend aussi dans le livre d’Annie Lacroix-Riz, c’est que l’objectif originel du « Plan Marshall » était moins d’aider l’Europe que de sauver l’Amérique de la récession.
Annie Lacroix-Riz cite ainsi un document en date du 21 février 1946, définissant
« la politique des prêts à l’étranger des États-Unis » dans lequel on peut lire : « Le programme de prêt subordonné à la surproduction américaine, bénéficiera à notre économie intérieure. Dans la transition de la guerre à la paix, le développement du commerce extérieur devra résoudre le problème de la reconversion d’un grand nombre des industries intérieures. Pendant la guerre, beaucoup de nos industries importantes…ont atteint des capacités de production très excédentaires par rapport à la demande intérieure prévisible du temps de paix. Avec l’élimination de la demande liée à la guerre, une grande partie des capacités de production américaines risque d’être inutilisée, par exemple dans l’équipement ferroviaire, les machines-outils, la production et le transport d’énergie et certaines catégories de matériaux industriels, certains métaux, la chimie lourde, le caoutchouc synthétique et d’autres matériaux industriels. De même, une grande partie du coton, du tabac et d’autres produits agricoles…dépasse les besoins intérieurs. Il est heureux que cette capacité productive excédentaire corresponde aux produits dont les pays dévastés par la guerre ont le plus urgent besoin ».
On pourrait penser que dans cette affaire, tout le monde est gagnant. Hélas non, car le même document interdit aux États bénéficiant de l’aide américaine d’utiliser leur flotte marchande pour transporter le moindre produit américain ! « Un coup mortel porté aux nations maritimes, dont les États-Unis avaient décidé d’écarter la concurrence pour maintenir leur « libre » suprématie de guerre » conclue Annie Lacroix-Riz…
Le « Plan Marshal », une fois en place, organisera un système de flicage sans précédent des économies, et en particulier de NOTRE économie, via « l’European Cooperation Administration », dont la présidence échoit à Paul Hoffmann, administrateur de la toute-puissante Fondation Ford.
Un carcan auquel rien ne doit échapper mais qui ne choque personne car le grand public en ignore l’existence. Pourtant son antenne parisienne est hébergée au château de la Muette, siège de l’OCDE (7). Rien n’échappe au contrôle de l’ECA. Et l’ECA veille à ce que la France importe sans droits de douane des contingents fixes de produits américains, ne les réexporte pas, et se fournisse dans des pays recommandés par les USA. Lesquels pays n’en continuent pas moins à taxer les produits français quand ils concurrencent la production américaine. L’ECA organise aussi des stages aux États-Unis pour convertir le patronat aux méthodes américaines de production et de management.
L’accueil d’experts américains dans nos entreprises est fortement recommandé.
Ce contrôle américain prenait un tour tellement agressif qu’en novembre 1948, le directeur des carburants, Pierre Guillaumat envoyait une note secrète au président du Conseil pour s’alarmer des
«Dangers incontestables que pourrait présenter pour notre économie une connaissance trop parfaite par les services et les industriels américains de nos procédés, de nos programmes et de nos débouchés commerciaux ».
Certes, le « Plan Marshall » et son bras séculier, l’ECA, n’existent plus depuis 70 ans. Mais les États-Unis continuent à tirer les ficelles de la marionnette « Europe ». Depuis la guerre, ils veulent nous impliquer dans toutes leurs guerres, conflits qu’ils perdent toujours malgré leur impressionnant arsenal militaire. Au fil des ans, ils nous ont imposés leur mœurs décadentes, leur wokisme, leurs problèmes raciaux, leur « Mac-do », leur vulgarité vestimentaire…etc…etc…
Ils ont remplacé notre fête de la nativité par le « Père Noël », ce gros bonhomme rougeaud habillé aux couleurs de la « Coca-Cola Cie ». Ils sont en train d’enterrer notre fête des Saints puis des morts par « Halloween » avec ses masques affreux et vulgaires. Ils veulent tuer notre culture mais il est vrai que pour Macron « il n’y a pas de culture française mais des cultures… ».
Ils nous ont chassés de notre Empire colonial, brouillés avec le monde arabe et ils sont prêts à nous faire entrer dans la Troisième Guerre Mondiale. De Grâce, ne soyons pas dupes !
Éric de Verdelhan
22 novembre 2023