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Sujet: Les sectes en Indochine Jeu Nov 02 2023, 21:33
En Indochine , plusieurs religions cohabitent en fonction des ethnies, bouddhisme chez les Khmers et Laotiens, confusianisme, taoisme et bouddhisme chez les Vietnamiens. Il existe également une minorité catholique (8%) et également des sectes plus ou moins ésotériques comme les caodaïstes et les Hoa hoo. Elles joueront un rôle non négligeable en collaborant avec les Japonais. La plus étrangère est la première, la secte Cao Daï fondée par un petit fonctionnaire passionné de spiritisme, Ngô Van Chiêu en 1902. La secte prend son essor avec Lê Van Trung qui établi une hiérarchie semblableà l'Eglise avec son pape, ses cardinaux et ses prêtres. Rituels et cérémonies sont semblables au catholicisme. Principalement implantée en Cochinchine, la secte compte un million et demi de fidèles en 1940. Il y a donc un pape à la tête de la secte, Pham Cong Tac qui siège au Saint-Siège le"Vatican" local, à Tây Ninh. Durant l'occupation japonaise, les caodaïstes mènent une virulente campagne anti-française soutenue par les Nippons.Leur chef spirituel ayant été exilé aux Comores pour ses activités anti-françaises, son successeur, Trân Quang Vinh refuse une alliance avec le Vietminh et s'apprête au moment de la capitulation japonaise à prendre le pouvoir à Saïgon. Mais la proclamation de la épublique démocratique du Viet-Nam par Ho Chi Minh les prend de court. Les Caodaïstes décident de se rallier au Vietminh pour mener la lutte contre la France. En novembre 1946, un conseiler politique caodaïste se proclame président d'un gouvernement provisoire de Cochinchine mais accepte la souveraineté de Bao Daï. Jouant sur plusieurs tableaux, français et vietminh. Les caodaïstes se lancent dans une campagne d'attentats et d'assassinats dont le meurtre du général Chanson. Mais les chefs de guerre s'entre-déchirent et peu à peu perdent leur influence. Général Charles CHANSON LE GRAND TEMPLE DU CAODAISME A suivre... Les Hoa hao
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Alexderome Admin
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Sujet: Re: Les sectes en Indochine Ven Nov 03 2023, 22:03
Autre secte vietnamienne qui a collaboré avec les Japonais et qui a fourni de nombreux supplétifs surnommés les "Japs locaux", la secte Hoa Hao fondée par un illuminé, Huinh Phu Sô capable de visions et qui prédit la fin de la présence français en Indochine. Capable de "miracles" , le"doc" soigne les malades et gagnant la confiance de villageois illétrés par des prêches bouddhistes, il attire l'attention des autotités françaises qui l'internent en 1940. La Kempétaï(police militaire japonaise) libère le "bonze fou" afin de pouvoir le manipuler. Les membres de la secte fournissent de précieuses informations. Sô s'allie avec le vietminh mais ne tarde pas à entrer en conflit. Le VM assassine une trentaine de membres de la secte sous prétexte de " collaboration" avec la police française. Le bonze fou recrute un chef de guerre Trân Van Soai dit Nam Lua (Cinq feux), bon organisateur et sa femme, Lê Thi Gâm est une redoutable guerrière. Elle monte une milice féminine fanatisée, ces amazones sont craintes et habiles au sabre.
En 1947, le Bonze fou est arrêté, jugé par un "tribunal populaire" et exécuté. Pour éviter que Sô devienne un martyr et soit révéré, son corps est coupé en trois morceaux, pour ne pas ressusciter. Décider à le venger, Tran Van Soaï rallie les Français avec trois mille guerriers et le corps des amazones levé par sa femme. Tran Van Soaï est promu général une "étoile" et en tournée en France, il s'offre plusieurs képis de généraux qu'il arbore fièrement alors qu'il est quasi-analphabète. Mais il n'a pas l'aura de son maître le Bonze fou et son autorité s'étiole. Plusieurs de ses officiers changent de camp à plusieurs reprises. Les adeptes, un million, la plupart de pauvres paysans, rentrent dans les rangs
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Alexderome Admin
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Sujet: Re: Les sectes en Indochine Sam Nov 04 2023, 21:33
On termine ce passage en revue avec les Bin Xuyên qui ne sont pas une secte mais plutôt des hors-la-loi,bandits et des pirates qui ont écumés la zone marécageuse de Rung Sat en Cochinchine. Leur point de ralliement est un village appelé Binh Xuyên. Comme les Caodaïstes et les Hao Hoa, ils ont changé de camp, au service des Japonais puis alliés du VM avant de se rallier à la France. Leur chef Lê Van Viên, appelé Bay Viên était parvenu à s'échapper de l'île-prison de Poulo Condor, un bagne réputé pour ses conditions d'internement brutales avec ses cages à tigre. Farouchement indépendants, les membres du Binh Xuyên s'accomodent mal de ladiscipline marxiste et Bay Viên prend ses distances avec le VM et suite à un coup de filet contre ses troupes, il rejoint les Français avec 2500 hommes. En échange, on ferme les yeux sur les différentes opérations mafieuses, trafics, les jeux de hasard, la prostitution... Ils sont décidés de défendre leur fief au sud de Saïgon-Cholon. Après la guerre, il tente de rassembler sous un front uni regroupant caodaïstes, hoa hao opposé à Diêm pro-américain. Celui-ci,conseillé par la CIA mène une farouche chasse aux partisans de Bay Viên. Il s'exile en France et s'éteint à Paris en 1972.