Une catégorie de combattants mal connue, mais importante, puisque 130 000 Maghrébins et 60 000 Africains noirs ont combattu en Extrême-Orient, à côté de 216 000 Français de l'armée de terre, de 70 000 légionnaires, et de nombreux aviateurs et marins, renforcés par 65 000 autochtones, réguliers et supplétifs, puis par 177 000 hommes de l'armée vietnamienne. Ce n'est qu'en 1947 que le gouvernement accepta de recourir à ces contingents, en raison du tarissement des professionnels en métropole, et du moindre coût des soldats africains. Attirés par la solde et par le prestige de l'uniforme français, les volontaires affluèrent, dont 15 % à 20 % seulement étaient retenus. Leur engagement provoqua quelques difficultés dues à la pauvreté des moyens de l'Intendance, et à l'inadaptation de ces combattants au combat de guérilla dans un terrain inhabituel, au milieu de populations qu'ils méprisaient. La guerre de postes usa ces soldats qui espéraient de grands combats. A Dien Bien Phu, un bataillon céda à la panique, alors que deux autres résistaient courageusement aux attaques incessantes des Viets. Les pertes sont évaluées pour les nord-africains à 8 200 morts, 11 400 blessés, 5 000 prisonniers et 340 déserteurs, pour les noirs à 2 500 décès, 3 700 blessés, 1 000 prisonniers et 78 déserteurs, pour la plupart des motifs non politiques. Les Africains restèrent imperméables à la propagande viet-minh, ils résistèrent beaucoup mieux que les Maghrébins aux conditions de détention dans les camps, et revinrent au pays fiers de leur guerre, riches et couverts du prestige du soldat. Ce n'est qu'après Dien Bien Phu que des Maghrébins, peu nombreux, furent atteints par la propagande anticolonialiste.