L'auteur de ce message est actuellement banni du forum - Voir le message
GOMER nouveau en attente de confirmation
Nombre de messages : 2672 Age : 80 Emploi : Retraite Date d'inscription : 20/09/2021
Sujet: J'étais une Rochambelle Lun Sep 04 2023, 18:23
Commandoair40 aime ce message
L'auteur de ce message est actuellement banni du forum - Voir le message
GOMER nouveau en attente de confirmation
Nombre de messages : 2672 Age : 80 Emploi : Retraite Date d'inscription : 20/09/2021
Sujet: Les Rochambelles Lun Sep 04 2023, 18:36
Entre 1943 et 1945, les »Rochambelles », surnom affectueux attribué aux infirmières de la deuxième division blindée du général Leclerc, participent à la libération de l’Europe. Voici l’histoire de ces courageuses infirmières.
Les »Rochambelles » sont les infirmières les plus connues de la Seconde Guerre mondiale. Leur nom rend hommage au comte de Rochambeau, officier français rendu célèbre pendant la guerre d’indépendance des États-Unis. Sa fondatrice est l’Américaine, Florence Conrad, ancienne infirmière ayant participé à la Grande Guerre.
Soutenir l’effort de guerre : les Rochambelles, une démarche féministe au coeur de la Seconde Guerre mondiale
En 1943, à New-York, elle recrute de jeunes volontaires françaises souhaitant activement participer à la libération de l’Europe. L’unité est née. Leur insigne représente un Dodge WC54 sous les bombardements, accompagné d’un drapeau français et d’une croix rouge sur un fond bleu.
Véhicule américain Dodge WC54. Aux commandes de leurs ambulances Dodge WC54, ces infirmières interviennent en premières lignes. Ⓒ Pinterest
De la Normandie à l’Allemagne, les Rochambelles ont été engagées dans les combats de la Libération de l’Europe
Ces engagées prennent la direction du Maroc pour rejoindre la 2e division blindée. Elles vont y suivre une préparation militaire intense. Arrivée en France, en août 1944, elles font face à la fureur des combats. Aux commandes de leurs ambulances Dodge WC54, ces infirmières interviennent en premières lignes. Les Rochambelles évacuent les blessés, les prennent en charge et leur prodiguent les premiers soins. De Paris à Strasbourg, jusqu’au nid d’Aigle d’Hitler, ces courageuses infirmières accompagnent l’épopée de la division Leclerc. Liliane Valter, la dernière survivante des »Rochambelles » s’est éteinte le 18 novembre 2019, à l’âge de 95 ans.
Insigne des Rochambelles.
Les volontaires françaises du Groupe Rochambeau fondé par Florence Conrad à New York en 1943 pour conduire des ambulances sont surnommées Rochambelles1. Cette unité d'ambulancières a été intégrée au sein de la 2e division blindée (2e DB) du général Philippe Leclerc pendant la Seconde Guerre mondiale. Elles participent aux combats de la Libération en transportant les blessés de la division dans les hôpitaux militaires les plus proches. Après la Libération, les Rochambelles poursuivent leur engagement pendant la guerre d'Indochine et certaines débarquent à Saïgon dès le 15 octobre 19452. Au total, le groupe Rochambeau a compté une cinquantaine de femmes.
Origine
En 1940, Florence Conrad, une Américaine francophile qui vivait en France et avait déjà participé à des actions sociales et sanitaires pendant la Première Guerre mondiale puis au début de la Seconde Guerre mondiale sur la ligne Maginot, retourne à New York, y rassemble des fonds et achète dix-neuf ambulances neuves, des Dodge WC54. Elle recrute douze femmes françaises vivant à New York, dont Suzanne Torrès, qui sera son lieutenant, et crée une unité sanitaire qui prend le nom d'unité Rochambeau, en hommage au comte de Rochambeau, héros français de la guerre d'indépendance des États-Unis.
Florence Conrad dirige le groupe Rochambeau de sa formation en Afrique du Nord jusqu’à la Libération de Paris. Suzanne Torrès lui succède et mène l'unité de la 2e DB en Alsace-Lorraine puis jusqu’à Berchtesgaden.
Parcours des volontaires féminines du groupe Rochambeau
Le groupe arrive au Maroc à Rabat en septembre 1943, s'installe à bord d'une péniche sur le Bouregreg. 25 nouvelles jeunes femmes, Françaises pour la plupart, s'engagent, dont Rosette Peschaud. D'autres Rochambelles s'engageront aussi en Angleterre ou en France.
Les volontaires féminines du groupe Rochambeau sont intégrées à la 2e division blindée (1re compagnie médicale du 13e bataillon médical). Elles rejoignent l'Angleterre par convoi sur le paquebot Capetown Castle entre le 20 mai et le 31 mai 1944, débarquent en Normandie à Utah Beach dans la nuit du 4 au 5 août 1944, participent à la campagne de Normandie, à la Libération de Paris le 25 août 1944 et effectuent les campagnes de Lorraine et d'Alsace. Elles vont jusqu'en Allemagne, dont certaines vont jusqu'à Berchtesgaden, où se situe le Berghof, la résidence d'été d'Hitler, et le Kehlsteinhaus (le « Nid d'aigle »). Certaines d'entre elles poursuivront leur engagement jusqu'en Indochine.
Postérité
La Rochambelle, une course-marche féminine de 5 km au profit de la lutte contre le cancer organisée tous les ans à Caen depuis 2006, est nommée ainsi en hommage aux Rochambelles, les ambulancières rattachées à la 2e division blindée du général Leclerc pour la libération de la France en 1944.
À l’occasion du 70e anniversaire du Débarquement de Normandie, Raymonde Jeanmougin, ambulancière du groupe Rochambeau, a été la marraine de la 9e édition de la Rochambelle en 2014. Elle avait 21 ans lorsqu’elle a rejoint la 2e DB du général Leclerc comme ambulancière et débarqué à Utah Beach en août 1944 avec 43 autres Rochambelles. Elle est décédée le 19 avril 2018 à l’âge de 96 ans3.
En 2021, Karine Lebert a publié un roman en hommage aux Rochambelles4.
Dernière édition par GOMER le Lun Sep 04 2023, 18:57, édité 1 fois
81/06 aime ce message
81/06 membre confirmé
Nombre de messages : 4697 Age : 62 Emploi : Mécano, retraité Date d'inscription : 09/06/2019
Sujet: Re: J'étais une Rochambelle Lun Sep 04 2023, 18:54
Commandoair40 Admin
Nombre de messages : 29167 Age : 78 Emploi : Français Radicalisé . Date d'inscription : 07/11/2014
Sujet: Re: J'étais une Rochambelle Lun Sep 04 2023, 19:44
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
81/06 et GOMER aiment ce message
Alexderome Admin
Nombre de messages : 9338 Age : 59 Emploi : A la recherche du temps perdu Date d'inscription : 22/10/2010
Sujet: Re: J'étais une Rochambelle Lun Sep 04 2023, 21:40
J'ai fait un article sur les Rochambelles pour Histomag. Je vais le mettre en complément.
« Je ne veux pas me faire ficher, estampiller, enregistrer, ni me faire classer puis déclasser ou numéroter. Ma vie m’appartient ». N°6 Le Prisonnier
81/06 et GOMER aiment ce message
Alexderome Admin
Nombre de messages : 9338 Age : 59 Emploi : A la recherche du temps perdu Date d'inscription : 22/10/2010
Sujet: Re: J'étais une Rochambelle Lun Sep 04 2023, 22:07
ASSOCIATION « LES FILLES DE LA DB »
Rochambelles et Marinettes, les infirmières de la 2e DB
Les Rochambelles est le nom donné aux personnel soignant de la 1ère Compagnie Médicale (CM) et les Marinettes à celui de la 2e CM du 13e Bataillon Médical de la 2e DB et affectées au RBFM, le Régiment Blindé de Fusiliers Marins. A l’origine des Rochambelles, Florence CONRAD, une riche américaine francophile qui s’est engagée comme infirmière durant la Première Guerre mondiale. Elle décide de créer un groupe d’infirmières qu’elle baptise « Groupe Rochambeau » du nom d’un officier français, Jean-Baptiste-Donatien de VIMEUR, comte de Rochambeau qui s’est distingué lors de la guerre d’indépendance des Etats-Unis contre les troupes anglaises. Grâce aux dons de généreux philanthropes, elle acquièrt dix-neuf ambulances Dodge WC54. Les premières infirmières sont recrutées à New-York, quatorze jeunes Françaises dont Suzanne TORRES deviendra l’épouse du général MASSU dont elle fera la connaissance en Indochine. Elles embarquent à bord du paquebot Pasteur pour Casablanca. Au Maroc, vingt-cinq autres infirmières viennent grossir les rangs. Florence CONRAD se rend à Rabat où la 2e DB est en cours de constitution. LECLERC accepte les ambulances mais il est hors de question d’enrôler des femmes. A force de persuasion, les infirmières sont admises à la 1re Compagnie du 13e Bataillon Médical du capitaine-médecin CECCALDI. Elles partent pour l’Angleterre avant de fouler le sol français au sein de la 2ème DB, à Utah Beach le 31 juillet 1944. Elles connaissent l’épreuve du feu le 6 août en allant récupérer des blessés sur la ligne de front, sous le feu de l’ennemi. L’une d’elle, Polly WORDSMITH est blessée lors d’un bombardement. A Paris, Florence CONRAD laisse sa place à Suzanne TORRES et les Rochambelles sont autorisées à poursuivre l’odyssée de la 2e DB jusqu’à Berchtesgaden. Certaines rempilent pour partir en Indochine au sein du CEFO, le Corps Expéditionnaire Français en Extrême-Orient dont fait partie la 2e DB. L’association les Filles de la DB INSIGNE DU GOUPE ROCHAMBEAU Pauline BRUNET s’est intéressée depuis son enfance aux infirmières du groupe Rochambeau de la 2e DB, une passion transmise par son père. Elle a d’abord créé un blog, les Filles de la DB en 2005. Puis en 2013, l’association de reconstitution les Filles de la DB voit le jour avec une dizaine de passionnées. Reconnaissables avec leur foulard vichy ciel et blanc, les Rochambelles sont présentes lors des diverses commémorations comme la Libération de Paris ou les inaugurations de bornes de la Voie de la 2e DB. Avec elles, un Dodge WC54 entièrement refait aux couleurs de l’unité baptisé « tante Mirabelle » donne un supplément de réalité aux scènes de reconstitution. Pour connaitre les prochaines manifestations ou en savoir davantage, rendez-vous sur le site : https://www.marinettes-et-rochambelles.com/
Les clichés présentés appartiennent à l’association les Filles de la DB et ne peuvent être utilisées qu’avec le consentement du propriétaire du site. CLICHE 1 Groupe de Rochambelles photographié à l’occasion du 70e anniversaire de la Libération de Paris. (C. Duchemin)
CLICHE 2 Un brancardage à bord d’une ambulance CLICHE 3 Deux Rochambelles prennent la pose avec le Dodge WC54 « tante Mirabelle » lors du 72e anniversaire de la libération de Poissy.
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
81/06 et GOMER aiment ce message
Alexderome Admin
Nombre de messages : 9338 Age : 59 Emploi : A la recherche du temps perdu Date d'inscription : 22/10/2010
Sujet: Re: J'étais une Rochambelle Lun Sep 04 2023, 23:14
Suzanne TORRES était une Rochambelle qui a continué en Indochine en devenant la femme de Massu.
« Je ne veux pas me faire ficher, estampiller, enregistrer, ni me faire classer puis déclasser ou numéroter. Ma vie m’appartient ». N°6 Le Prisonnier
81/06 aime ce message
L'auteur de ce message est actuellement banni du forum - Voir le message
GOMER nouveau en attente de confirmation
Nombre de messages : 2672 Age : 80 Emploi : Retraite Date d'inscription : 20/09/2021
Sujet: Re: J'étais une Rochambelle Mar Sep 05 2023, 08:13
Commandoair40 a écrit:
Merci pour ce complément et ce bel Article de notre Ami René .
Hello,
Merci à vous, concernant l'épouse du Gal Massu, Suzanne, une ancienne "Rochambelle", parait-il d'après ce que j'ai lu par ailleurs, que l'ami Massu filait doux avec elle.... Hep vous là-bas, Jacques.... aux pieds ! Oui ma chère Suzanne
Dernière édition par GOMER le Mar Sep 05 2023, 11:09, édité 2 fois
81/06 aime ce message
L'auteur de ce message est actuellement banni du forum - Voir le message
GOMER nouveau en attente de confirmation
Nombre de messages : 2672 Age : 80 Emploi : Retraite Date d'inscription : 20/09/2021
Sujet: Re: J'étais une Rochambelle Mar Sep 05 2023, 09:22
Des femmes dans la 2e division blindée du général Leclerc [1]
Le Groupe Rochambeau : un exemple de féminisation de l'Armée française
Élodie Jauneau
1En 1943, à New York, une riche américaine, Florence Conrad, soutenue par de puissantes ligues féminines [2]
[2]
Florence Conrad est dotée d’une grande fortune personnelle et…, crée le « groupe Rochambeau [3]
[3]
Du nom du Maréchal de France qui commandait l’armée de Louis… », Plus tard surnommé « les Rochambelles » par les hommes de la 2e Division Blindée (2e DB). Il s’agit alors d’engager des volontaires féminines pour rallier l’Armée de la France Libre outre Atlantique. D’abord recrutées à New York, les quatorze premières Rochambelles débarquent à Casablanca la même année pour rallier la 2e db du général Leclerc.
2Si, dans l’Histoire, les Rochambelles sont traditionnellement associées à la Deuxième Guerre mondiale, elles ont également joué un rôle non négligeable en « rempilant » pour l’Indochine. Sitôt la France libérée, certaines débarquent à Saïgon dès le 15 octobre 1945. On parle alors volontiers de « l’aventure » ou de « l’épopée » des Rochambelles. Mais les rangs des « filles de la 2e DB » grossissent encore avec l’arrivée de nouvelles recrues en Extrême-Orient. Le parcours de ces femmes qui quittent leur rôle « naturel » pour embrasser la carrière militaire, ambition masculine par excellence, sera mis en lumière ici.
3Les femmes qui ont toujours été confinées dans la sphère privée, étaient jusqu’alors figées sous l’autorité de leurs pères ou de leurs époux et voyageaient rarement seules sans autorisation masculine. La Deuxième Guerre mondiale vient bouleverser ces valeurs traditionnelles. De New York à l’Afrique du Nord, puis en Angleterre, débarquant ensuite en Normandie, avançant avec les armées de Libération jusqu’en Allemagne, puis vers l’Extrême-Orient, les Rochambelles, célibataires et patriotes, brisent les carcans de la loi du genre. Ce parcours, au sens premier du terme, traverse donc les continents et dépasse de loin les limites « convenues » et convenables pour des femmes.
4Quant au parcours « professionnel », à savoir la carrière militaire, lui aussi franchit les frontières du genre. Bien qu’exerçant un métier traditionnellement féminin qui a sans doute facilité leur acceptation au sein des hommes, elles n’en sont pas moins indispensables et contribuent à la féminisation de l’Armée française. Infirmières et/ou ambulancières, obéissant à une hiérarchie militaire stricte, aucune n’avoue aujourd’hui avoir pensé un seul instant à ce métier si particulier lorsqu’elles étaient scolarisées. Et cela va de soi puisque l’organisation genrée de la plupart des sociétés assigne la guerre aux hommes et la sauvegarde du foyer et des valeurs familiales aux femmes.
5Depuis des siècles et dans la plupart des sociétés occidentales, la chasse, la guerre et le maniement des armes restent l’apanage des hommes dont le passage obligatoire par la vie de caserne, lorsque la conscription est de rigueur, doit forger la virilité et les initier à leur fonction « naturelle » de défense de la patrie. La division sexuelle (donc « naturelle ») du travail et de la construction de soi engendre par conséquent « un monopole masculin de la chasse et de la guerre et a fortiori des armes » [Tabet, 1979, p. 9]. Ces femmes, en choisissant d’embrasser une carrière naturellement masculine, se placent de ce fait dans la transgression. Les femmes coexistent depuis longtemps aux côtés des troupes armées mais leur incorporation est très récente. Malgré quelques cas isolés de femmes combattantes, les unités ou bataillons féminins présents dans les armées occidentales demeurent une nouveauté du xx e siècle.
6Dès la Première Guerre mondiale, l’armée russe s’illustre dans ce domaine en acceptant – d’abord malgré elle – la création d’un bataillon féminin. En 1914, Maria Botchkareva, dite « Yashka », jeune femme d’origine paysanne, choisit de s’engager dans l’Armée Impériale Russe. Travestie en homme, elle tente d’incorporer le 25e Bataillon de réserve de Tomsk. Essuyant un refus catégorique [4]
[4]
Le commandant du 25e bataillon argue que l’engagement féminin…, elle se voit proposer par l’État-major de s’engager comme infirmière ou auxiliaire, fonctions en parfaite adéquation avec son sexe [Botchkareva, 1934, p. 27]. Cependant, encouragée dans cette initiative, elle s’adresse personnellement au Tsar qui accepte cet engagement « hors norme » et « contre nature ». Elle endosse alors l’uniforme, se rase la tête et devient une soldate parmi les soldats. Entre 1914 et 1917, elle se heurte aux violences des soldats de son régiment, au harcèlement sexuel et moral, aux coups et aux humiliations. Devant sans cesse faire ses preuves pour justifier son statut de combattante, elle parvient à être considérée comme l’égale de ses camarades de combat. Devenue caporal, elle obtient donc le droit de commander des hommes. Mais c’est pendant la Révolution russe de 1917 qu’elle fonde le bataillon des femmes, avec l’accord d’Alexander Kerensky. Deux mille femmes répondent à l’appel et défendent le Palais d’Hiver contre l’assaut des Bolcheviks en octobre 1917. Devenue lieutenant, Maria Botchkareva, blessée, fuit vers les États-Unis. De retour en Russie en 1918, elle tente de ressusciter le « Bataillon de la Mort » [Botchkareva, 1934, p. 93] mais elle est condamnée par les Bolcheviks et fusillée en 1920. Cet exemple illustre parfaitement la transgression significative de la barrière du genre dans le monde slave [Audoin-Rouzeau, 2005].
Découvrir Cairn-Pro7Dans les années 1920-1930, les sociétés de jeunesse russes forment de jeunes hommes et femmes à l’aéronautique et au tir. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, que les Russes appellent la « Grande Guerre Patriotique », ces jeunes recrues constituent donc un vivier de tireurs mais aussi de tireuses d’élite [Audoin-Rouzeau, 2006]. Si la Russie, et par extension le monde slave, apparaissent donc précurseurs en matière de féminisation de l’armée pendant la Grande Guerre, cela tend à se généraliser à plus ou moins grande échelle au cours de la Deuxième Guerre mondiale. Dans la plupart des forces en présence, plusieurs milliers de femmes endossent l’uniforme pour défendre leur patrie. Le Groupe Rochambeau constitue, à cet égard, un exemple de féminisation de l’Armée française, même si la comparaison avec la Bataillon de la Mort de Maria Botchkareva s’arrête là.
8Le xx e siècle s’ouvre sur une guerre d’un genre nouveau, une guerre totale, au cours de laquelle toutes les forces vives des pays belligérants sont mobilisées, où toutes les économies sont tournées vers la guerre et où les dégâts matériels et humains sont sans précédents. Si la norme est toujours de maintenir à l’écart des combats les femmes et de les en protéger, la Deuxième Guerre mondiale ne constitue donc pas en soi une rupture. Pourtant, malgré de nombreuses clauses contractuelles, certaines d’entre elles, dont les Rochambelles, se trouvent en première ligne par les fonctions mêmes qu’elles exercent.
9Afin de comprendre quel fut le parcours de ces femmes – que rien ni personne ne destinait à une carrière militaire [5]
[5]
En effet, contrairement à l’influence paternelle exercée sur… – dans l’Armée du général Leclerc et en quoi elles contribuèrent à féminiser ce bastion masculin – ouvrant ainsi la voie aux générations féminines futures –, plusieurs points seront abordés ici. Tout d’abord, la création et l’organisation du Groupe Rochambeau à New York seront évoquées. À peine recrutées et formées au métier d’ambulancières, les premières recrues quittent les États-Unis pour le Maroc, dans le seul et unique but de rallier la 2e DB du général Leclerc. C’est cette deuxième étape qui constitue le tournant majeur de la carrière des Rochambelles, avant qu’elles ne foulent le terrain de la guerre en Normandie. Puis, une fois la Deuxième Guerre mondiale achevée, la question de l’avenir se pose et plusieurs d’entre elles décident de suivre à nouveau Leclerc mais cette fois-ci en Indochine.
Création et organisation du Groupe Rochambeau
Sources à disposition et historiographie
10L’historiographie des femmes dans la guerre est en constante augmentation depuis vingt ans. En ce qui concerne les unités féminines et les différents types d’engagement féminin en temps de guerre, les travaux se multiplient depuis une dizaine d’années. En 2006, Ellen Hampton publie Women of Valor. The Rochambelles on the ww ii Front [6]
[6]
Je remercie particulièrement Ellen Hampton pour toutes les…. Il s’agit du premier ouvrage entièrement consacré aux Rochambelles. L’auteure rend hommage à leur épopée pendant la Deuxième Guerre mondiale, de la naissance du projet à la Libération de la France. Le récit est tout à fait fidèle à la réalité de l’expérience des Rochambelles – qu’elle a longuement interrogées. Mais il n’aborde pas leur engagement en Indochine.
11Les archives concernant les femmes de la 2e DB sont éparses et lacunaires. Si le Service Historique de l’Armée de Terre (shat) conserve traditionnellement toutes les archives de la Défense, aucun fonds n’est consacré aux Rochambelles ou à la 2e Division Blindée. En revanche, les Auxiliaires Féminines et les Personnels Féminins de l’Armée de Terre (respectivement afat et pfat), engagés en Angleterre dans les rangs des ffl ou en Indochine, possèdent des fonds qui leur sont propres.
12Seules deux structures permettent d’en apprendre davantage sur les membres de la 2e DB. Tout d’abord, le « Bureau Résistance » au Service Historique de la Défense, qui conserve tous les dossiers personnels des membres des réseaux, des Forces Françaises Libres, Combattantes et de l’Intérieur (respectivement ffl, ffc et ffi). Puis, le Mémorial du Maréchal Leclerc, dépendant de la Mairie de Paris. C’est au sein de la Maison des Anciens de la 2e DB, tenue par des bénévoles, que sont conservées de nombreuses archives exclusivement consacrées au général Leclerc [7]
[7]
Elevé au rang de Maréchal de France à titre posthume le 23 août… et à la 2e DB. Cette institution possède également tous les témoignages et autobiographies – publiés ou non – d’anciens de la 2e db, y compris des Rochambelles ainsi qu’un fonds qui leur est spécifique [8]
[8]
Coupures de presse, éloges funèbres, citations, listing,….
13Les écrits à caractère autobiographique constituent également des sources essentielles. Ellen Hampton ne relève que trois Rochambelles engagées en Europe ayant laissé une trace écrite de leur expérience, mais elle n’en précise pas les auteures. Sans doute fait-elle référence à Edith Vézy, Suzanne Torrès (future épouse Massu) et Zizon Bervialle. S’ajoutent à ces écrits d’autres témoignages, tels ceux de Jacqueline Fournier ou Rosette Peschaud qui ont déposé leurs souvenirs à la Maison des Anciens de la 2e db ou qui ont choisi de participer à des colloques ou des ouvrages collectifs. Si c’est la Deuxième Guerre mondiale qui occupe la majeure partie de leurs écrits, Edith Vézy et Suzanne Torrès ont aussi choisi de consacrer quelques chapitres à leur expérience en Indochine. Enfin, la revue Caravane, éditée par l’association des Anciens de la 2e db depuis quarante ans, a fréquemment rendu hommage aux Rochambelles dans ses colonnes.
14Ellen Hampton souligne que ce manque de traces écrites est révélateur de modestie et de discrétion sur l’engagement féminin. Souvent, en effet, les femmes ne « voient pas trop l’intérêt » de raconter ce qu’elles ont vécu [Peschaud et Vézy, entretiens]. Mais surtout, d’un point de vue historiographique, l’écriture des femmes et les témoignages féminins ne sont pas chose commune, même si, concernant la Deuxième Guerre mondiale, la tendance va plutôt à la déconstruction de l’éternel masculin. Ce manque de sources s’inscrit donc dans une logique historique du silence des femmes et leurs souvenirs se retrouvent occultés par les milliers de mémoires publiés par les militaires engagés pendant ce deuxième conflit mondial.
15Toutefois, les souvenirs des soldats engagés dans la 2e DB évoquent, souvent avec nostalgie, les femmes de l’Armée Française et, malheureusement, les Rochambelles sont souvent confondues avec l’ensemble des afat et pfat sur place. On peut citer entre autres Jacques Massu, futur époux de Suzanne Torrès, qui ne manque jamais de rendre hommage à sa femme, Roger Delpey, ou encore Bernard Fall, dont l’évocation de celles-ci est souvent très critique.
16Quoi qu’il en soit, tous les ouvrages et toutes les sources relatives aux Rochambelles relatent de façon plus ou moins identique l’histoire de la fondation du Groupe Rochambeau qui ne doit son existence qu’à une seule femme, Florence Conrad.
81/06 aime ce message
L'auteur de ce message est actuellement banni du forum - Voir le message
GOMER nouveau en attente de confirmation
Nombre de messages : 2672 Age : 80 Emploi : Retraite Date d'inscription : 20/09/2021
Sujet: Re: J'étais une Rochambelle Mar Sep 05 2023, 09:27
Naissance d’un projet et première vague de recrutement
17Florence Conrad est née en 1886 et décédée en 1966. En 1914, elle est une jeune veuve américaine, âgée de 28 ans, vivant à Paris. Dès le début de la Première Guerre mondiale, elle s’investit en tant qu’infirmière. Lorsqu’éclate la Deuxième Guerre mondiale, son rengagement est immédiat et elle parvient à convaincre l’État-major français de créer des foyers de soldats sur la ligne Maginot. Elle est nommée « caporal de son régiment et, désormais, tous les hommes l’appellent Marraine » [Peschaud, non daté]. Cependant, ce « grade » est avant tout honorifique et symbolique. Aucune source ou archive ne mentionne un tel grade militaire pour Florence Conrad. En 1940, craignant pour sa sécurité en tant que femme d’origine américaine, Florence Conrad repart pour les États-Unis.
18Avec le soutien de proches et puissantes ligues féministes, elle acquiert dix-neuf ambulances Dodge qui seront baptisées plus tard « Groupe Rochambeau » en hommage au compagnon de La Fayette qui commandait l’Armée française lors de la guerre d’indépendance américaine. Elle ambitionne de recruter des femmes sur place à New York afin de constituer une unité de conductrices ambulancières, dans le but de participer coûte que coûte à la Libération de la France au sein de l’Armée française. Elle s’attribue alors quatre galons de commandant et parvient à engager quatorze femmes : des Françaises [9]
[9]
Pour n’en citer que quelques-unes : Jacqueline Fournier dit «… pour la plupart, installées aux USA depuis peu (soit pour leurs études, soit parce que la guerre en Europe les a empêchées de rentrer en France) mais aussi quelques Américaines [10]
[10]
Par exemple, Leonora Lindsley.. À l’été 1943, toujours à New York, elle recrute Suzanne Torrès, qui doit la seconder. Face au scepticisme de cette dernière, Florence Conrad doit faire preuve de persuasion afin de lui prouver que son projet est viable. Elle lui affirme que les dix-neuf modèles récents de Dodge ainsi que tout l’équipement des femmes sont déjà financés et qu’elle est fortement soutenue, sur le plan financier, notamment par Minou de Montgomery, future générale Béthouard [Massu, 1969, p. 20].
19Si Suzanne Torrès est réticente au projet de Florence Conrad, c’est sans doute parce qu’elle a déjà tenté de rejoindre la délégation de la France Libre stationnée au Levant sur les conseils d’un proche qui l’avait recommandée auprès du général Catroux [11]
[11]
Alors délégué de la France Libre au Levant.. Mais, alors que ce projet allait aboutir, les autorités américaines avaient refusé de laisser partir une femme, « seule de son sexe », sur un transport de troupes : « Il aurait fallu mettre à ma disposition un wc particulier et ce n’était pas possible » ! [Massu, 1969, p. 17]. En outre, il semble plus probable que ces mêmes autorités permettront à une quinzaine de femmes, équipées, prêtes à servir leur pays et transportant avec elles des ambulances, de rejoindre la France Libre.
20De plus, de fortes divisions politiques et idéologiques affectent la France Libre entre les partisan-e-s du général de Gaulle et celles et ceux de Giraud. Celles-ci reposent essentiellement sur la figure de l’ennemi à abattre : Vichy, l’Allemagne et/ou la collaboration. Ce n’est qu’à la fin de 1941 que la résistance s’unit autour d’une hostilité commune à Vichy et aux Allemands. Pourtant, plusieurs courants résistants entretiennent une certaine bienveillance à l’égard du maréchal Pétain [Muracciole, 2002, p. 388]. Giraud tarde à reconnaître la légitimité du combat clandestin en France, contrairement à de Gaulle [12]
[12]
La quasi-totalité des Forces Françaises de l’Intérieur se…. Mais en consolidant rapidement sa position de chef de la France Combattante, de Gaulle met peu à peu Giraud à l’écart. Celui-ci quitte alors le cfln (Comité français de libération nationale) en novembre 1943.
21Florence Conrad étant ouvertement giraudiste, Suzanne Torrès envisage mal de « débarquer, seule gaulliste, en pareille compagnie sur la terre d’Afrique où la cassure, les dissentiments des deux clans sont portés à leur degré maximum… [Elle] se hérisse à la seule idée d’apposer [sa] signature sur un contrat dont le cachet ne comporte pas une croix de Lorraine » [Massu, 1969, p. 26].
22Mais, finalement, le besoin viscéral de servir sa patrie est plus fort et elle accepte d’adhérer au projet de Florence Conrad qui voit en elle l’adjointe idéale. L’équipe, qui n’est alors pas encore une unité, s’organise et Suzanne Torrès, acceptant les fonctions qui lui ont été attribuées par Florence Conrad, s’octroie deux galons de lieutenant, « grade » qu’elle gardera pendant toute la guerre.
Formation
23La formation du Groupe Rochambeau débute aux États-Unis en 1942. Elle repose essentiellement sur de la mécanique et de l’initiation aux premiers secours. L’apprentissage de la mécanique (réparation des gicleurs, changement de roue, entretien quotidien des ambulances), discipline jusqu’alors – et encore aujourd’hui – traditionnellement masculine, constitue d’une certaine manière la première transgression du genre dans la carrière de ces apprenties futures soldates. Afin de convaincre l’armée de les enrôler, ces femmes se doivent d’être irréprochables, autonomes et garantes du bon fonctionnement de leur outil de travail que sont les ambulances. L’enseignement des premiers secours (bandages, garrots, injections, prise de température) est dispensé par des professionnels de santé d’un hôpital de New York. Florence Conrad a parfaitement conscience que faire admettre les ambulances et les femmes dans une unité de combat de l’Armée Française s’annonce très difficile. L’objectif est donc que son groupe de femmes, dont la plupart n’ont aucune expérience de la guerre, soit parfaitement formé pour accroître sa crédibilité. Pour ce faire, Florence Conrad, secondée par Suzanne Torrès, redouble de sévérité et de rigueur.
24Avant de quitter les États-Unis, toutes reçoivent leur paquetage : une salopette bleue pour la mécanique, un treillis, des préservatifs mais aussi des sous-vêtements longs. Ce paquetage est le même que celui des hommes et révèle donc clairement l’absence d’anticipation face à un éventuel engagement féminin qui aurait dû nécessiter un équipement féminin. Si les autorités américaines s’inquiétaient du manque d’équipements nécessaires aux femmes à bord des transports de troupes, ce trousseau militaire masculin ne soulève en revanche aucun problème majeur. Et si ces femmes veulent servir comme des hommes, elles devront donc se comporter comme tels et s’équiper comme eux.
25L’entraînement, l’apprentissage de la discipline et la formation se poursuivent jusqu’au départ pour l’Afrique du Nord, à la mi-septembre 1943. Quelques jours plus tard, le Groupe Rochambeau débarque à Casablanca.
81/06 aime ce message
L'auteur de ce message est actuellement banni du forum - Voir le message
GOMER nouveau en attente de confirmation
Nombre de messages : 2672 Age : 80 Emploi : Retraite Date d'inscription : 20/09/2021
Sujet: Re: J'étais une Rochambelle Mar Sep 05 2023, 09:30
L’enrôlement dans la 2e DB
Convaincre la 2e DB : Koenig et Leclerc
26À la fin de l’année 1943, la 2e DB est en formation à Rabat, au Maroc. L’objectif de Florence Conrad est clair mais s’annonce ardu : convaincre les généraux Koenig et Leclerc d’enrôler le Groupe Rochambeau dans la 2e DB. En effet, la particularité de ce groupe de femmes patriotes est de s’être imposée aux autorités militaires. Car, au moment où elles arrivent à Casablanca elles n’ont aucune certitude d’être enrôlées et ne savent pas si leur projet va aboutir. C’est là toute l’originalité du projet. Rapidement, Florence Conrad contacte le général Koenig à Alger pour lui faire part de ses ambitions. Celui-ci lui propose alors de parler de son projet à la 5e Division de la 1re Armée dirigée par le général de Lattre de Tassigny et à la 2e DB du général Leclerc. Mais Florence Conrad insiste pour que ce soit celle de Leclerc.
27Effectivement, tous les témoignages écrits ou oraux des Rochambelles révèlent une admiration sans borne pour Leclerc, lequel dégage une espèce d’aura mystique et semble exercer – sur elles mais aussi sur l’ensemble de ses hommes – une réelle fascination. Pourtant, si la 5e Division de de Lattre est assurée d’envahir l’Europe par l’Italie, les plans pour la 2e DB sont loin d’être clairement définis. Les Rochambelles, à l’automne 1943, ne sont donc toujours pas sûres de partir. Dans ces conditions, plusieurs d’entre elles doutent et quittent le groupe. Certaines révèlent que leur engagement dans le groupe n’avait d’autre but que celui de rejoindre un proche en Afrique du Nord. C’est ainsi que quelques-unes évoquent encore aujourd’hui, non sans une certaine amertume, l’opportunisme peu glorieux dont elles ont fait preuve en prétextant le patriotisme uniquement dans le but de servir des intérêts personnels [13]
[13]
Selon Rosette Peschaud, c’est le cas de Laure et Elisabeth de… (Suzanne Torrès, France 2, 18 juin 2000). D’autres encore sont affectées comme infirmières à l’hôpital de la 2e db.
28La réaction de Leclerc à l’appel de Koenig est sans équivoque. Il pense d’abord à une blague de Koenig ! Il n’est pas question d’enrôler des femmes dans une division blindée. L’engagement des femmes dans l’Armée et les différents appels que la France Libre a lancés à ce sujet sont clairs : les femmes qui s’engagent le font pour libérer un combattant, non pour combattre elles-mêmes. En effet, la France Libre a accéléré en 1943 sa campagne en faveur du recrutement féminin appelant les femmes françaises à s’engager afin de permettre à tout homme capable de combattre d’être libéré des tâches qu’une femme peut accomplir, ce qui n’inclut évidemment pas la sphère du combat, du feu et de la violence. Il apparaît donc clairement que l’Armée accepte, en théorie, les femmes dans ses rangs, mais en pratique, les seuls postes auxquels elles peuvent prétendre sont ceux qui ne dénaturent pas leur sexe.
29Finalement, Leclerc accepte les ambulances mais refuse l’enrôlement des femmes. Et, face à la persévérance de Florence Conrad, il exige de les voir à l’exercice afin, pense-t-il, de confirmer sa position. Florence Conrad doit donc plus que ne jamais prouver la crédibilité du groupe et surtout sa raison d’être intégré au sein d’une division blindée. Dans la Division Leclerc, d’autres soldats émettent des réserves quant à cet enrôlement qu’ils vivent comme une invasion du féminin. Le lieutenant Chaulliac [14]
[14]
Lieutenant adjoint du commandant du 13e Bataillon Médical de la…, tout d’abord, affirme que les femmes sont cause de problèmes et de discordes au sein des troupes masculines. Il s’inscrit en cela dans la tradition des préjugés concernant toutes les femmes qui signent un engagement dans l’Armée pendant la Deuxième Guerre mondiale. Toutes souffrent d’une réputation de femmes de petite vertu, assoiffées de sang ou encore en conflit avec leur nature féminine profonde.
30Après avoir fait leurs preuves face à Leclerc, elles sont enfin acceptées au sein de la 2e db. Néanmoins, Leclerc émet des réserves : il accepte de les engager mais décide qu’elles n’iront pas au-delà de Paris. À côté de Leclerc et Chaulliac, le capitaine Ceccaldi est catégoriquement opposé à cet engagement féminin et c’est sous la contrainte qu’il le subit. Il sera d’ailleurs toujours plus sévère avec elles qu’avec ses hommes, « par principe ». Toujours épiées, surveillées et jugées, elles ne sont pas épargnées par les rites militaires et doivent sans cesse se surpasser pour prouver leur aptitude à la fonction qu’elles entendent occuper. Tous les jours, elles marchent au pas, défilent et s’adonnent à la gymnastique « devant des hommes hilares » [Peschaud, entretien]. Ce bizutage est, selon Florence Conrad et Suzanne Torrès, nécessaire pour justifier leur légitimité dans un combat qui n’est pas le leur. Elles redoublent donc de sévérité et de rigueur tandis que leurs supérieurs masculins guettent le moindre faux pas. Les Rochambelles découvrent l’obéissance « sans poser de questions » [Peschaud, entretien].
31Néanmoins, le Maroc symbolise aussi pour elles la naissance d’une franche camaraderie avec les hommes de la Division qui les surnomment rapidement « Rochambelles ». À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les afat se comptent par milliers mais les Rochambelles sont les seules femmes à s’être constituées comme un groupe à part entière et assignées à une unité de combat sur le front européen.
81/06 aime ce message
L'auteur de ce message est actuellement banni du forum - Voir le message
GOMER nouveau en attente de confirmation
Nombre de messages : 2672 Age : 80 Emploi : Retraite Date d'inscription : 20/09/2021
Sujet: Re: J'étais une Rochambelle Mar Sep 05 2023, 09:33
Affectations avant le départ pour la France
32Le recrutement se poursuit au Maroc [15]
[15]
Entre autres : Rosette Peschaud, Paule Debelle, Raymonde… (notamment pour remplacer celles qui viennent de quitter le groupe) et c’est Suzanne Torrès qui dirige le recrutement. La grande majorité des Rochambelles est affectée à la 1re Compagnie du 13e Bataillon Médical [16]
[16]
BM 13 ou 13e BM. Dirigée par le médecin-capitaine Ceccaldi, dépendant directement du Service de Santé de la 2e DB. Elles vont donc devoir apprendre à travailler avec les éléments les plus réticents à leur présence. Quelques-unes sont affectées ailleurs, comme Rosette Peschaud et Edith Vézy qui rejoignent le 501e Régiment de Chars de Combat [17]
[17]
501e RCC. L’unité du Groupe est ainsi rapidement mise à rude épreuve puisqu’elles sont séparées dès leurs premières affectations.
33Le départ pour la France s’effectue par Mers el-Kébir en direction de l’Angleterre, étape nécessaire pour que la 2e DB rejoigne les Forces Alliées qui préparent le débarquement en Normandie. Le séjour en Angleterre dure quatre mois, dans l’attente quotidienne de l’annonce du départ pour la France. Là, elles mènent une vie de manœuvre jalonnée d’entraînement, de mécanique et elles défilent régulièrement devant les populations anglaises. En Angleterre, les femmes sous l’uniforme sont communément admises. En effet, depuis 1917, existe le Women’s Auxiliary Army Corps ( waac), créé dans le contexte de la Première Guerre mondiale afin de permettre aux femmes de servir l’armée de leur pays en guerre. En 1938, est fondé l’Auxiliary Territorial Service, qui fait de ces femmes des militaires à part entière. En 1941, en Angleterre, elles sont plus de soixante mille sous l’uniforme militaire anglais.
34La question des grades mérite quelques éclaircissements car, contrairement à l’Angleterre, la France non seulement tarde à incorporer des éléments féminins dans son armée, mais établit également une hiérarchie militaire spécifique aux femmes. En effet, dans aucune des trois armes (Terre, Air, Mer) les femmes ne sont officiellement gradées. On parle alors de classes pour les officiers et de catégories pour les sous-officiers. Ainsi, Florence Conrad n’est donc pas commandant mais « officier hors classe » tandis que Suzanne Torrès n’est pas capitaine mais « officier 1er classe ». Sans grade, elles se font alors appeler « madame » ou « mademoiselle ». Il est indispensable de ne pas dissocier les termes « officier » et « 1er classe » puisque chez les hommes, un militaire « 1er classe » est en fait un militaire du rang en passe de devenir caporal. Si, pour les militaires de carrière, le vocabulaire est totalement acquis, bien des sources laissent entendre que les femmes eurent du mal à se familiariser avec ces titres et la hiérarchie qui en découle. Dans le langage militaire, ces « grades » féminins différents de ceux des hommes, accentuent encore davantage la distinction très nette entre hommes et femmes. Les fonctions les plus élevées ne peuvent s’accorder au féminin et une « commandante » comme Florence Conrad ne sera donc jamais l’homologue féminin d’un commandant masculin. Par conséquent, elle ne sera jamais considérée comme telle aux yeux de l’administration militaire. Finalement, on parle alors de « grade d’assimilation » [Boue Lahorgue, entretien]. Néanmoins, les femmes entre elles s’appellent volontiers par leur grade et ont pleinement conscience de ce qu’il représente sans pour autant avoir eu connaissance des textes officiels établissant cette distinction très nette entre hommes et femmes [Michaut, entretien].
35Cette distinction va bien au-delà d’un simple problème de langage ou d’appellation puisqu’elle se répercutera directement sur les soldes et les retraites de ces femmes.
36Le tableau ci-dessous – reproduit à partir du décret n° 51-1197 du 15 octobre 1951, portant statut du personnel des cadres militaires féminins – fait apparaître les correspondances des hiérarchies féminine et masculine.
Enfin, les grades des femmes évoquées dans les écrits masculins avant les années 1970 ne sont jamais mentionnés, sauf s’il s’agit d’une femme générale [18]
[18]
Comme Valérie André, nommée générale en 1981.. En revanche, quel que soit le grade des hommes, celui-ci est toujours précisé. Cette non-évocation est donc révélatrice du peu de cas que font les militaires masculins de leurs homologues féminines… Qui sont d’ailleurs rarement considérées comme telles ou comme leurs « sœurs d’armes ».
38Le 1er août 1944, la 2e DB, incorporée à la 3e Armée du général Patton débarque en Normandie. Mais la division ne débarque pas en entier le même jour et les Rochambelles débarquent à leur tour quelques jours plus tard.
81/06 aime ce message
L'auteur de ce message est actuellement banni du forum - Voir le message
GOMER nouveau en attente de confirmation
Nombre de messages : 2672 Age : 80 Emploi : Retraite Date d'inscription : 20/09/2021
Sujet: Re: J'étais une Rochambelle Mar Sep 05 2023, 09:39
La Normandie ou l’épreuve du feu
39Le 4 août 1944, les Rochambelles embarquent à bord d’un liberty ship. Cette célèbre photographie des Rochambelles en file indienne dans l’attente a été exploitée dans tous les travaux consacrés aux femmes dans la guerre (photo n° 1). Elles débarquent à Utah Beach et découvrent très rapidement la guerre et l’épreuve du feu. Elles essuient leurs premières explosions en pleine nuit et leurs premières évacuations :
« C’était la première fois que nous voyions le feu et que nous entendions le feu […] comment allons-nous réagir face au danger ? »
[Peschaud Rosette, entretien]
Pour Rosette Peschaud, se poser une telle question est une preuve de sang-froid mais quelques Rochambelles terrorisées quittent la Division – sous différents prétextes. Même Florence Conrad ne se sent plus capable d’assumer son rôle de chef et elle délègue de plus en plus à Suzanne Torrès. Cette première épreuve est donc une victoire en demi-teinte pour les Rochambelles mais, dès lors, celles qui décident de rester ne quitteront plus la Division et ne décevront jamais, malgré le scepticisme masculin des premiers jours sur le sol normand : « Elles sont là avec leurs salopettes élégantes mais quand il s’agira de nous sauver, qui ? Qui va nous ramasser ? » [Peschaud, entretien].
Avant d’embarquer sur le liberty ship à Southampton : Florence Conrad, suivie de Suzanne Torrès, Biquette Ragache, Raymonde Brindjonc-Jeanmougin, Anne-Marie Davion, Jacqueline Fournier
40Les Rochambelles suivent donc la 2e DB sans aucune information précise. Comme le gros des troupes, moins elles en savent, mieux c’est. Dès les premiers jours en Normandie, elles passent, comme des bleues [19]
[19]
Expression désignant des éléments nouvellement incorporés et…, leur baptême du feu sous les bombardements allemands. La première d’entre elles est blessée, Polly Wordsmith, une Américaine engagée en Angleterre [Massu, 1969, p. 128]. Afin d’éviter que toutes les Rochambelles ne soient exposées aux mêmes dangers au même moment, elles sont de plus en plus dispersées au sein de la Division. C’est ainsi qu’Edith Vézy et Micheline Grimprel sont désormais avec les Spahis Marocains [20]
[20]
1er rmsm : Régiment de Marche des Spahis Marocains appartenant…. Les Rochambelles sont jugées de plus en plus indispensables et ne peuvent donc plus être exclusives au bm 13.
41Elles poursuivent leur avancée jusqu’à Paris entre les chars, ramassant les blessés, leur apportant les premiers soins et les évacuant toujours rapidement vers les hôpitaux. L’arrivée à Paris est triomphale. Mais ces Françaises en uniforme sont systématiquement confondues, par les Parisiens et les Parisiennes, avec des Américaines ou des Anglaises, tant la présence féminine dans l’Armée Française est loin d’être acquise. Elles sont quelques-unes à quitter la Division à Paris pour de « beaux lieutenants » [Peschaud, entretien] mais dans l’ensemble, leur fidélité à la 2e DB reste sans faille. D’autres se voient attribuer de nouvelles missions. C’est le cas par exemple de Florence Conrad à qui le général Leclerc demande de prendre en charge les blessés au Val-de-Grâce, après lui avoir attribué la Légion d’Honneur. Quoi qu’il en soit, l’heure du renvoi a sonné car Leclerc, s’il respecte sa décision initiale, doit maintenant se séparer des Rochambelles. C’est sans compter sur le courage et la vaillance dont elles ont fait preuve et qui ont contraint Leclerc à se rendre à l’évidence. Convaincu qu’elles sont indispensables, il entreprend donc de les « garder » jusqu’en Allemagne. Suzanne Torrès doit néanmoins combler le vide laissé par celles qui ont quitté l’aventure à Paris. Débute alors la deuxième vague de recrutement des Rochambelles : Berthe Brunet, Jeanne Challier, Marianne Duvernet, etc. De nouveau, les affectations changent et c’est ainsi que Crapette Demay [21]
[21]
Ou Gabrielle Demay. et Jacqueline Fournier rejoignent Rosette Peschaud et Edith Vézy au 501e RCC.
42Le 7 janvier 1945, pendant l’avancée vers l’Allemagne, Suzanne Torrès reçoit les vœux de Leclerc : « Mon lieutenant ou chère Madame, je profite de votre lettre pour vous exprimer ce que le Groupe Rochambeau représente dans la Division. Je passe sur toutes les qualités de dévouement que nous connaissons avant le premier coup de fusil, pour insister sur l’attitude au feu. Nombreux sont les combattants qui m’ont déclaré tirer leur chapeau devant l’attitude de vos ambulancières. Veuillez leur dire de ma part, et n’hésitez pas à proposer, pour citations, toutes celles qui le méritent. […] Votre général ne regrette pas son affaire de la Péniche [22]
[22]
À Rabat, le cantonnement des Rochambelles se situe sur une…, ce fut une bonne affaire ! » [Peschaud Rosette, entretien]. Cette lettre met en évidence les liens, presque sacrés, qui unissent les soldats de la 2e DB, tous sexes confondus. Elle fait aussi tomber les préjugés dont les Rochambelles avaient été victimes dès le Maroc et le scepticisme des hommes lors de leur baptême du feu.
43Dès l’arrivée des troupes françaises en Allemagne, la rumeur selon laquelle Leclerc va lever des volontaires pour un corps expéditionnaire en Indochine se diffuse dans les rangs de la 2e DB et la question de l’avenir se pose.
81/06 aime ce message
L'auteur de ce message est actuellement banni du forum - Voir le message
GOMER nouveau en attente de confirmation
Nombre de messages : 2672 Age : 80 Emploi : Retraite Date d'inscription : 20/09/2021
Sujet: Re: J'étais une Rochambelle Mar Sep 05 2023, 09:41
L’après Deuxième Guerre mondiale
Les Rochambelles aux lendemains de la Deuxième Guerre mondiale
44La fin de la Deuxième Guerre mondiale est une nouvelle étape, celle du retour à la vie civile. Celle-ci suscite bien évidemment l’enthousiasme mais aussi la crainte. Certaines ont pris goût à la « chose » militaire qui n’est alors pas envisageable comme une carrière au sens propre. De plus, une profonde amitié unit désormais les Rochambelles entre elles mais aussi aux soldats et l’éventualité d’une séparation s’annonce difficile.
45La rumeur d’un départ de la 2e db pour l’Indochine suscite d’abord l’adhésion totale de Suzanne Torrès et quasi unanime de l’ensemble des Rochambelles [Massu, 1971, p. 21]. L’attachement à Leclerc et à sa 2e db constitue l’argument majeur invoqué par les Rochambelles pour partir en Indochine. Néanmoins, elles essuient de nombreuses critiques d’une partie de l’opinion et de la presse qui ne comprennent pas ces femmes assoiffées de sang, telles des amazones sans cœur. Une certaine stupeur monte face à ces femmes qui en « redemandent » après les horreurs de la Deuxième Guerre mondiale [Massu, 1971, p. 21].
46Déjà avant la fin de la guerre, Charles de Gaulle envisageait l’envoi de troupes en Extrême-Orient pour assurer la protection de l’Indochine face aux avancées japonaises. Immédiatement après l’armistice, Leclerc reçoit le commandement des Forces Françaises en Extrême-Orient (ffeo). Une grande partie des Rochambelles se porte alors volontaire. Le colonel Massu reçoit le commandement du groupement de marche de la 2e DB, qui devient très vite le Groupement Massu au sein duquel sont incorporées les Rochambelles qui choisissent de rempiler. Néanmoins, l’euphorie d’après-guerre et le retour à la réalité contraignent certaines d’entre elles à renoncer à ce projet et le Groupe se divise. Sur cinquante et une Rochambelles à la fin de la guerre, trente-six quittent le Groupe en 1945 et seulement quinze décident de repartir [23]
[23]
Dont Rosette Peschaud, Edith Vézy, Yvonne Nègre, Jacqueline…. Suzanne Torrès, aidée par des « anciennes » de la première heure, entame alors une troisième vague de recrutement – non sans mal.
47L’après Deuxième Guerre mondiale sonne aussi l’heure du bilan. Si, dans l’ensemble, État-major et militaires du rang s’accordent pour rendre hommage aux Rochambelles, certaines d’entre elles ont payé cher leur patriotisme. Ces femmes, bien que toujours en première ligne, n’étaient jamais armées. Et nombreuses sont celles qui ont dû improviser quand elles étaient isolées ou face à face avec l’ennemi. Elles étaient exposées aux mêmes risques que les hommes. C’est ainsi qu’à Saint-James en Normandie, Polly Wordsmith a eu les deux jambes brisées sous les bombardements allemands. C’est aussi l’histoire d’Edith Vézy et Crapette Demay, toutes deux blessées en Normandie. Toujours en Normandie, Marie-Louise Charbonnel, engagée dans le Groupe Rochambeau sous le nom de Micheline Garnier [24]
[24]
Ou Micheline Grimprel., disparaissait sans laisser de trace, sinon celle d’un blouson ensanglanté. Depuis plus de cinquante ans, les recherches menées pour savoir et comprendre ce qu’elle est devenue n’ont rien donné. Restée seule [25]
[25]
Sa coéquipière ayant été blessée. au volant de son ambulance aux abords d’Argentan, les enquêtes ont conclu à une arrestation. Identifiée comme « Scarabée » (pseudonyme qu’elle portait lorsqu’elle servait au sein du réseau Alliance), elle aurait été déportée à Ravensbrück [Parthenay-Charbonnel, 1989]. L’avancée vers l’Est apporte aussi son lot de cicatrices : Marie-Anne Glaser à Paris, Lucie Deplancke, blessée deux fois en Alsace-Lorraine, ou encore Antoinette Binoche en Alsace. Et, à Berchtesgaden, Leonora Lindsley, trouve la mort le 6 mai 1945. Elle est la première Rochambelle « morte pour la France » (Fonds « Rochambelles », Mémorial du Maréchal Leclerc).
48Il n’existe aucune loi ni prédisposition pour protéger davantage les femmes que les hommes dans l’armée. L’urgence de la situation et la violence des combats auraient pu pousser Leclerc à les renvoyer au nom de leur sexe et de leur rôle dénaturé par les affres de la guerre. La surexposition des femmes – au même titre que les hommes – à ses dangers, qu’il s’agisse des bombardements, de la résistance intérieure, des déportations ou des engagements militaires, aurait pu contribuer à une nouvelle législation guerrière visant à les protéger en tant que mères ou épouses, futures ou actuelles. Au contraire, c’est parce que les rapports sociaux de sexe « traditionnels » sont mis à mal en contexte de guerre que les barrières genrées peuvent tomber. Si la Première Guerre mondiale a d’abord été considérée comme émancipatrice pour les femmes, un retour à la normale s’est pourtant rapidement opéré durant l’entre-deux-guerres. Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, la brèche de l’engagement militaire féminin reste ouverte et même si de nombreuses lois tendent d’abord à réguler et à limiter cet engagement, les effectifs féminins de l’armée française ne cessent d’augmenter.
49En juin 1945, et malgré les douleurs traversées pendant la Deuxième Guerre mondiale, c’est un nouveau départ vers un autre front, celui de l’Extrême-Orient.
81/06 aime ce message
L'auteur de ce message est actuellement banni du forum - Voir le message
GOMER nouveau en attente de confirmation
Nombre de messages : 2672 Age : 80 Emploi : Retraite Date d'inscription : 20/09/2021
Sujet: Re: J'étais une Rochambelle Mar Sep 05 2023, 09:46
Les Rochambelles en Indochine
50Le 22 juin 1945, c’est le Colonel Dio qui prend le commandement de la 2e db, Leclerc ayant été appelé vers de nouvelles responsabilités. Début octobre 1945, quinze Rochambelles embarquent à Marseille à bord du Béarn et débarquent le 15 octobre 1945 à Saigon.
51Le Béarn est suivi par le Pasteur qui transporte « l’arrièregarde » des Rochambelles conduites par Jacqueline Lambert de Guise-Sarazac. Elles sont immédiatement suivies par la 9e Division d’Infanterie Coloniale (9e dic), qui comprend elle aussi un important contingent féminin. Mais, contrairement à la 2e db, cette division a exigé de ses ambulancières qu’elles renoncent à leur métier de conductrice, jugé trop dangereux en Indochine [Massu, 1977, p. 61]. C’est aussi en cela que les Rochambelles se distinguent des autres ambulancières de la Deuxième Guerre mondiale puisqu’en rempilant pour l’Indochine, elles ont la certitude de rester conductrices ambulancières. Néanmoins, le théâtre des opérations en Indochine diffère considérablement de celui de la Deuxième Guerre mondiale et selon les besoins, les Rochambelles peuvent être amenées à effectuer d’autres tâches que celles pour lesquelles elles se sont engagées. À peine arrivée, Suzanne Torrès est sollicitée pour « remettre de l’ordre » chez les afats. Petit à petit, elle se détache de « ses filles » pour commander l’ensemble des afats et pfat présentes en Indochine. Elle devient capitaine des afats du Corps Expéditionnaire en Extrême-Orient.
52Edith Vézy est chargée d’organiser un centre de convalescence pour les militaires sortant de l’hôpital. Elle se marie en Indochine avec Lionel Vézy (lieutenant du peloton de spahis pendant la Deuxième Guerre mondiale) et son témoin n’est autre que Leclerc, qui exige d’elle qu’elle s’occupe encore du centre de convalescence pendant six mois avant de quitter définitivement l’Armée pour se consacrer à sa nouvelle vie de famille. Le recrutement sur place se poursuit et plusieurs Françaises de métropole, d’Indochine, mais aussi des autochtones postulent pour faire partie des Rochambelles [26]
[26]
Janine Boquentin, Simone du Cheyron, Marguerite Helluy, Aline…. Peu à peu, les Rochambelles ne dépendent plus exclusivement du Groupement Massu et se confondent avec la totalité des ambulancières présentes en Extrême-Orient, même si toutes se revendiquent comme étant les héritières des Rochambelles de Leclerc.
Stèle de la caserne de Croÿ à Versailles
53L’Indochine, tout comme la Deuxième Guerre mondiale, n’a pas épargné les Rochambelles. Sabine Sanguinetti est blessée et Odette Tiollet [27]
[27]
Parfois orthographié Thiolet. est tuée le 2 janvier 1946. La responsable des ambulancières au Tonkin, Aline Lerouge, devient le symbole de toute une génération de femmes engagées en Indochine, en trouvant la mort le 24 novembre 1950 en service commandé. À ce jour, un seul monument en France rend hommage aux femmes militaires mortes pour la France en Indochine [Serreau Andrée, entretien]. Il s’agit d’une stèle inaugurée le 4 décembre 2003 à la caserne de Croÿ à Versailles, sur laquelle sont inscrits les noms d’Aline Lerouge et Odette Tiollet ainsi que ceux de vingt-six autres afats et pfat tombées au Champ d’Honneur [28]
[28]
Une distinction est faite entre celles qui sont « mortes pour… (Photo n° 2). Malheureusement, cette stèle est incomplète car la liste s’achève en 1952 alors que d’autres femmes sont tombées en Indochine jusqu’en 1954 [Renaud, entretien]. La caserne de Croÿ symbolise le point de départ de toutes celles qui « dans l’indifférence générale, sont parties pour une guerre lointaine, servir leur pays » (Renaud Paul, discours, 4 décembre 2003). Mais l’indifférence est encore d’actualité aujourd’hui car sur deux cent un lieux de mémoire répertoriés par l’Association Nationale des Anciens et Amis de l’Indochine et du Souvenir Indochinois (anai), cette stèle paraît être la seule exclusivement consacrée aux femmes. De même qu’aucun des deux cents autres ne semble mentionner une seule femme. Une exception cependant : le Mur du Souvenir du Mémorial des Guerres en Indochine à Fréjus, inauguré le 19 décembre 1996, recense les noms des trente-quatre mille neuf cent trente-cinq « Morts pour la France ». Mais il ne comptabilise que dix-huit femmes sur les vingt-six citées à Croÿ. Quant au site Mémoire des Hommes du ministère de la Défense, il n’en recense que quinze. Finalement, dix femmes, dont Odette Tiollet, n’apparaissent ni dans les archives du ministère ni sur le Mur du Mémorial.
54Au-delà des seules Rochambelles, cette absence féminine de la mémoire collective s’étend à l’ensemble des femmes engagées en Indochine. Enfin, la mention « Mort pour la France » s’applique à tous « les membres des forces armées françaises tués au combat ou morts des suites de maladies contractées ou d’accidents survenus en service commandé » (Mémoire des Hommes). Comment expliquer alors que Françoise Guillain « la première, massacrée le 10 mars 1946 à Bing Dong, près de Haiphong » [Renaud Paul, discours, 4 décembre 2003] ne figure ni dans les archives du ministère ni sur le Mur du Mémorial alors que, par exemple, la Capitaine Jacqueline Tricard, décédée le 2 août 1948 des suites d’une maladie est mentionnée dans les trois listes ? L’idée selon laquelle les femmes mortes pour la France, parce que peu nombreuses, auraient toutes été répertoriées par les autorités militaires, ne se vérifie donc pas. Quant à la mixité des lieux de mémoire, cette idée semble hors de propos aux hommes qui les établissent.
55Pour toutes les Rochambelles qui tentent l’aventure en Extrême-Orient, la durée de l’engagement est très variable et ne répond à aucune législation spécifique. C’est donc dans un cadre juridique relativement flou, hérité du contexte politique particulier de la Deuxième Guerre mondiale, qu’elles rejoignent les ffeo. De plus, les lois relatives au statut des pfat diffèrent selon qu’elles concernent la métropole ou ses colonies. Quoi qu’il en soit, la fin de la carrière militaire des Rochambelles coïncide souvent, soit avec la dissolution de la 2e db en 1946, soit avec la fin de la guerre d’Indochine en mai 1954.
81/06 aime ce message
L'auteur de ce message est actuellement banni du forum - Voir le message
GOMER nouveau en attente de confirmation
Nombre de messages : 2672 Age : 80 Emploi : Retraite Date d'inscription : 20/09/2021
Sujet: Re: J'étais une Rochambelle Mar Sep 05 2023, 09:51
Les Rochambelles après la dissolution de la 2e DB
56De nombreux mariages ont lieu au sein de la 2e db et les rédacteurs de Caravane comparent volontiers la 2e DB à une « agence matrimoniale » [Caravane, n° 54, p. 29 et n° 57, p. 19]. En effet, vingt Rochambelles sur quarante-deux ont épousé des membres de la 2e DB :
57
« La 2e DB est connue dans le monde entier pour des qualités et performances qu’il n’appartient pas à notre modestie d’énumérer ici. Mais sait-on qu’elle a été également une très brillante agence matrimoniale ? En effet, nous venons de constater en aidant le Service de l’Annuaire, à terminer ses listes, que 20 Rochambelles (sur 42) et une Marinette [29]
[29]
Nom donné aux ambulancières de la Marine affectées à la 2e DB,… ont épousé des camarades de la Division [30]
[30]
Mémorial Leclerc : archives du Groupe Rochambeau 1re Cie du BM.… ».
58En 1946, les deux figures emblématiques des Rochambelles, que sont Suzanne Torrès et Florence Conrad, se marient avec des officiers de la 2e DB. Caravane précise que « le commandant Torrès, Toto pour ses amis, satisfaite d’avoir si bien casé ses “filles” s’est mariée à son tour tout récemment avec le colonel Massu. » L’emploi du verbe « caser » est tout à fait significatif d’un retour à la normale pour ces femmes égarées sur les chemins de la guerre et de l’armée. En effet, même si bien des années après, il existe une réelle fraternité entre les femmes et les hommes de la 2e DB, la durée de l’expérience militaire de ces femmes n’a été que de quelques années, tandis que celle des hommes fut pour la plupart une carrière longue et exclusive. S’unir à un militaire revient donc à raccrocher salopettes et treillis pour rentrer dans le rang, de la famille et du foyer, cette fois-ci. Rares et de courtes durées sont les expériences de couples militaires à l’image de Geneviève Vaudoyer qui, après son mariage avec Edmond Grail (du 1er Régiment de Marche du Tchad), quitte les Rochambelles mais revient plus tard avec son époux comme parachutiste et elle « sautera en opération avec un courage qui la rendra célèbre parmi les combattants » [Massu, 1977, p. 156]. Même si le mariage et/ou la dissolution de la 2e DB, le 31 mars 1946, sont généralement synonymes de fin de carrière dans l’Armée pour les Rochambelles, quelques rares exceptions subsistent donc.
59Pour celles qui choisissent de rester en Indochine, l’éloignement avec la Métropole est lourd de conséquences et pendant leurs permissions et leurs retours en France, les Rochambelles se sentent étrangères en leur pays : « Mes camarades de guerre, mes Rochambelles, sont là, qui ne parviennent pas mieux que moi à se mettre au rythme de la capitale. » [Massu, 1977, p. 171]. Quant à celles qui choisissent de quitter les Rochambelles, la reconversion se révèle souvent difficile. En effet, lorsqu’elles ont connu « le terrain », le feu, le risque, l’idée de devoir désormais occuper un poste « de bureau » leur semble alors inconcevable.
60En 1947, Crapette Demay et Michèle Mirande ne sont plus ambulancières et l’angoisse d’une réaffectation peu attrayante se fait sentir. Elles sont finalement affectées au « Théâtre aux Armées » du Corps Expéditionnaire qui vient d’être mis en place. Cette expérience du terrain constitue souvent un atout majeur pour ces services itinérants de l’Armée. En effet, le théâtre ou les équipes cinématographiques se déplacent à la rencontre des soldats dans les zones les plus reculées. Si elles ne sont plus ambulancières, elles restent toutefois des Rochambelles aux yeux de toutes et de tous comme le soulignent Suzanne Torrès [Massu, 1977, p. 219] et Rosette Peschaud : « J’ai fait partie du Groupe Rochambeau, Rochambelle j’étais, Rochambelle je suis demeurée ». Elles ne sont plus ambulancières mais sont toujours considérées comme des Rochambelles.
61Toujours en 1947, le général Leclerc propose à Suzanne Torrès de prendre la direction de la Maison des Anciens Combattants de la 2e DB (créée en 1945). Selon lui, compte tenu de la mission sociale d’un tel poste, le choix d’une femme s’impose. D’autant plus que son mariage avec un militaire, toujours en poste en Extrême-Orient, semble incompatible avec la fonction de commandante. Elle quitte donc l’Indochine et son départ entraîne celui des plus anciennes [Massu, 1977, p. 223]. Par la suite, elles sont nombreuses à quitter l’armée dès leur retour en France pour se consacrer au souvenir de la 2e DB, à la Maison des Anciens de la 2e DB. C’est le cas, en plus de Suzanne Massu, de Rosette Peschaud et Raymonde Jeanmougin, par exemple.
62Bien qu’elles aient presque toutes été décorées à titre militaire, la reconnaissance de la Patrie envers ces femmes présentes en Indochine est incomplète, et surtout tardive. Et il en va de même pour la Deuxième Guerre mondiale. En 1977, avant de mourir, Suzanne Massu demande à Rosette Peschaud de faire en sorte que toutes les Rochambelles obtiennent la Légion d’Honneur. Ce sera chose faite, mais plus de trente ans après les faits. Et malgré leur présence à de nombreuses cérémonies officielles, aucun monument ne rend hommage à ces femmes, soldates de la première heure. Seules les ambulancières de la 9e DIC ont été honorées par un « carré du souvenir » à Rechesy le 21 novembre 1994 (photo n° 3). En 1982, la « tradition Rochambelles » se perpétue grâce à la reconstitution du Groupe par des jeunes femmes engagées volontaires. Les Rochambelles leur ont remis leurs insignes et sont ainsi « les premières femmes à laisser une tradition dans l’armée française, ce qui aurait comblé les vœux de Suzanne Massu et Florence Conrad » [Peschaud, entretien].
« En hommage aux ambulancières du 25e Bataillon Médical et en souvenir de ses morts. En mémoire des ambulancières de la 1re Armée Française »
63* * *
64Née d’une initiative individuelle, l’aventure des Rochambelles a fait de ces femmes des héroïnes au même titre que les hommes. Pionnières dans la féminisation de l’Armée Française, ces femmes aux carrières alors traditionnellement masculines peinent à sortir de l’oubli de l’histoire militaire officielle. Elles ne sont jamais honorées comme telles et les hommages « aux héros morts pour la France » ne s’adressent jamais aux héroïnes de guerre. Si, jusqu’à la fin du xix e siècle, « le militaire a incarné, et même accaparé, la masculinité hégémonique » [Mihaely, 2005], la Deuxième Guerre mondiale contraint l’Armée française à la féminisation. « Contraint » puisque toutes ces femmes, qui s’engagent, ne répondent à aucun appel à mobilisation et forcent les portes de ce bastion viril. Les Rochambelles, sans armes, toujours en première ligne – « au feu » – dévouées à leurs blessés et aux premiers soins à apporter, dans l’urgence et dans des conditions toujours extrêmes sont trop souvent oubliées de l’historiographie de la Deuxième Guerre mondiale et encore plus systématiquement de celle de la guerre d’Indochine.
65Elles appartiennent, avec les Volontaires du Corps Féminin (cvf) des ffl, les « Merlinettes [31]
[31]
Nom donné aux transmissionistes du Corps Féminin des… » et les ambulancières de la 9e DIC, les « Marinettes » du Régiment Blindé des Fusiliers Marins (rbfm), les « filles de l’Air » des Forces Aériennes Françaises Libres (fafl) et toutes les afat issues de la Deuxième Guerre mondiale à la génération des pionnières de l’Armée française. Suzanne Torrès exprime très bien les enjeux et les conséquences de cette féminisation de l’Armée Française :
66
« Mes quatre galons ne sont pas une garniture provisoire que je vais ranger dans un tiroir. Ils ont imprimé en moi une marque indélébile. Ils sont le symbole d’une très lourde responsabilité que j’ai assumée sans discontinuer. Des centaines de femmes ont vécu, travaillé sous ma houlette, et j’ai innové une forme de collaboration entre les sexes dans le domaine qui lui était le plus étranger jusqu’ici ».
[Massu, 1977, p. 225]
67En effet, quelle que soit la durée des engagements, « pour la durée de la guerre plus quelques mois », comme le spécifient les contrats de la première heure, ou pour une carrière sur le long terme, toutes ces femmes évoquent avec beaucoup de nostalgie cette expérience, alors perçue comme transgressive. Toutes ont pleinement conscience d’avoir ouvert les portes de l’Armée aux générations féminines suivantes et quelques-unes avouent maintenant que, sans le contexte si particulier de la Deuxième Guerre mondiale, jamais elles n’auraient songé un seul instant à franchir ces barrières si bien établies dans la société. D’ailleurs, pour nombre d’entre elles, la carrière militaire fut de courte durée et revêtit un caractère exceptionnel dû à un contexte exceptionnel. L’engagement militaire « avant-gardiste » des femmes, en général, pendant la Deuxième Guerre mondiale peut, sans aucun doute, être considéré comme l’acte de naissance de la féminisation de l’Armée Française, féminisation qui n’a jamais ralenti depuis.
81/06 aime ce message
L'auteur de ce message est actuellement banni du forum - Voir le message
GOMER nouveau en attente de confirmation
Nombre de messages : 2672 Age : 80 Emploi : Retraite Date d'inscription : 20/09/2021
Sujet: Re: J'étais une Rochambelle Mar Sep 05 2023, 09:55
Notes
[1]
Im Original in Anführungszeichen.
[2]
Florence Conrad est dotée d’une grande fortune personnelle et proche de réseaux philanthropiques notables, tant dans les milieux féministes que de celui des affaires. L’acquisition d’ambulances constitue alors un projet très à la mode dans ces milieux en contexte de guerre.
[3]
Du nom du Maréchal de France qui commandait l’armée de Louis xvi pendant la guerre d’Indépendance américaine. Ce nom a été choisi par les premières Rochambelles aux États-Unis.
[4]
Le commandant du 25e bataillon argue que l’engagement féminin est alors illégal.
[5]
En effet, contrairement à l’influence paternelle exercée sur les hommes qui embrassent une carrière militaire, celle-ci ne se vérifie absolument pas pour les Rochambelles. Bien que nombre d’entre elles aient eu un père mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, elles sont une minorité à être filles d’officiers. La seule motivation qu’elles revendiquent pour leur engagement repose sur le patriotisme. Enfin, il serait tentant de croire que cet engagement ait pu obéir à des aspirations égalitaires entre hommes et femmes, mais aucune d’entre elles aujourd’hui n’avance cet argument, même si elles reconnaissent volontiers appartenir aux « pionnières ».
[6]
Je remercie particulièrement Ellen Hampton pour toutes les précisions et les conseils qu’elle a su me dispenser pour cette étude.
[7]
Elevé au rang de Maréchal de France à titre posthume le 23 août 1952, c’est son grade de général qui sera utilisé ici.
[8]
Coupures de presse, éloges funèbres, citations, listing, hommages, photographies, etc.
[9]
Pour n’en citer que quelques-unes : Jacqueline Fournier dit « Jacotte », Jacqueline Lambert de Guise-Sarazac, Hélène Fabre, Marie-Louise Courou Mangin dite « You ».
[10]
Par exemple, Leonora Lindsley.
[11]
Alors délégué de la France Libre au Levant.
[12]
La quasi-totalité des Forces Françaises de l’Intérieur se rallie donc très rapidement au général de Gaulle qui s’impose peu à peu comme seul et unique chef de la France Libre. En Afrique française du Nord (afn), c’est pourtant le général Giraud qui incarne, aux yeux des Américains, le fédérateur des forces alliées en présence. Après le débarquement allié du 8 novembre 1942, c’est grâce à l’amiral Darlan, qui a pris la direction politique de l’afn et de l’Afrique Occidentale Française, que Giraud obtient le commandement des troupes. Darlan, appartenant au gouvernement de Vichy, est un fidèle parmi les fidèles du maréchal Pétain. Mais sa politique pétainiste et son désir de maintenir en Afrique le régime de Vichy lui attirent une hostilité grandissante. Darlan est assassiné en décembre 1942. Giraud lui succède mais poursuit dans sa lignée : le régime de Vichy est maintenu, ainsi que ses lois d’exclusion. Après avoir renié la Révolution Nationale en 1943, Giraud s’associe à de Gaulle et ils deviennent les présidents du Comité Français de Libération Nationale (cfln). Mais en continuant d’apporter son soutien à d’anciens ministres pétainistes comme Pierre Pucheu, Giraud perd peu à peu nombre de ses partisans militaires.
[13]
Selon Rosette Peschaud, c’est le cas de Laure et Elisabeth de Breteuil ou Anne de Bourbon Parme.
[14]
Lieutenant adjoint du commandant du 13e Bataillon Médical de la 3e Compagnie.
[15]
Entre autres : Rosette Peschaud, Paule Debelle, Raymonde Jeanmougin, Anne-Marie Davion, etc.
[16]
bm 13 ou 13e bm.
[17]
501e rcc.
[18]
Comme Valérie André, nommée générale en 1981.
[19]
Expression désignant des éléments nouvellement incorporés et souvent inexpérimentés.
[20]
1er rmsm : Régiment de Marche des Spahis Marocains appartenant aux blindés de reconnaissance.
[21]
Ou Gabrielle Demay.
[22]
À Rabat, le cantonnement des Rochambelles se situe sur une péniche sur le Bou Regreg.
Janine Boquentin, Simone du Cheyron, Marguerite Helluy, Aline Lerouge, Jeannine Magnus, Françoise Michaut, Odette Pascal, Sabine Sanguinetti, Yvette Verge, etc.
[27]
Parfois orthographié Thiolet.
[28]
Une distinction est faite entre celles qui sont « mortes pour la France » et celles qui sont « décédées en Indochine ». Les premières sont mortes au combat, en service commandé et les secondes de maladies ou accidents en dehors du service.
[29]
Nom donné aux ambulancières de la Marine affectées à la 2e DB, puis, par extension, à toutes les femmes engagées dans la Marine.
[30]
Mémorial Leclerc : archives du Groupe Rochambeau 1re Cie du BM. Tous les mariages, lieux, dates et unités sont répertoriés.
[31]
Nom donné aux transmissionistes du Corps Féminin des Transmissions fondé par le général Merlin en 1943 en Afrique du Nord.
Mis en ligne sur Cairn.info le 30/03/2011
81/06 aime ce message
L'auteur de ce message est actuellement banni du forum - Voir le message
GOMER nouveau en attente de confirmation
Nombre de messages : 2672 Age : 80 Emploi : Retraite Date d'inscription : 20/09/2021
Sujet: Re: J'étais une Rochambelle Mar Sep 05 2023, 10:09
81/06 aime ce message
L'auteur de ce message est actuellement banni du forum - Voir le message
GOMER nouveau en attente de confirmation
Nombre de messages : 2672 Age : 80 Emploi : Retraite Date d'inscription : 20/09/2021
Sujet: Re: J'étais une Rochambelle Mar Sep 05 2023, 10:19
Les Filles de la DB
https://www.marinettes-et-rochambelles.com/
marinettes-et-rochambelles.com
Ce site est dédié aux personnels féminins engagés volontaires au sein de la 2e Division Blindée du Général Leclerc, les "Rochambelles" et les "Marinettes".
81/06 aime ce message
L'auteur de ce message est actuellement banni du forum - Voir le message
GOMER nouveau en attente de confirmation
Nombre de messages : 2672 Age : 80 Emploi : Retraite Date d'inscription : 20/09/2021
Sujet: Re: J'étais une Rochambelle Mar Sep 05 2023, 10:26
81/06 aime ce message
L'auteur de ce message est actuellement banni du forum - Voir le message
GOMER nouveau en attente de confirmation
Nombre de messages : 2672 Age : 80 Emploi : Retraite Date d'inscription : 20/09/2021
Sujet: Re: J'étais une Rochambelle Mar Sep 05 2023, 10:38
Née en 1886, Florence Conrad est une Américaine francophile depuis toujours. Elle a participé à la Première Guerre mondiale en tant qu'infirmière dans la ...
81/06 aime ce message
L'auteur de ce message est actuellement banni du forum - Voir le message
GOMER nouveau en attente de confirmation
Nombre de messages : 2672 Age : 80 Emploi : Retraite Date d'inscription : 20/09/2021
Sujet: Re: J'étais une Rochambelle Mar Sep 05 2023, 11:02
Fin de ce sujet très long et très passionnant par ailleurs.
N'hésitez pas à visiter les sites en référence dans le sujet pour compléter votre curiosité et vous couchez le soir avec un esprit serein et satisfait d'une journée bien rempli après un lever le matin plein d'ignorance....
Pour bien savoir les choses, il en faut savoir le détail ; et comme il est presque infini, nos connaissances sont toujours superficielles et imparfaites. Duc de La Rochefoucauld
81/06 aime ce message
81/06 membre confirmé
Nombre de messages : 4697 Age : 62 Emploi : Mécano, retraité Date d'inscription : 09/06/2019
Sujet: Re: J'étais une Rochambelle Mar Sep 05 2023, 18:54
superbe post, difficile de faire plus complet, merci.
Alexderome Admin
Nombre de messages : 9338 Age : 59 Emploi : A la recherche du temps perdu Date d'inscription : 22/10/2010
Sujet: Re: J'étais une Rochambelle Mar Sep 05 2023, 21:44
Le livre de Pauline Brunet s'est bien vendu. Je ne l’ai pas acheté car j'avais d'autres priorités. Je lui avais demandé la permission de pouvoir utiliser ses clichés. Son site est très intéressant, j’ignorais tout des ROCHAMBELLES et des Marinettes.