Il y a 40 ans, la France déclenchait l’opération Manta au Tchad
2 participants
Auteur
Message
L'auteur de ce message est actuellement banni du forum - Voir le message
GOMER nouveau en attente de confirmation
Nombre de messages : 2672 Age : 79 Emploi : Retraite Date d'inscription : 20/09/2021
Sujet: Il y a 40 ans, la France déclenchait l’opération Manta au Tchad Ven Aoû 25 2023, 08:49
Il y a 40 ans, la France déclenchait l’opération Manta au Tchad
Opération Manta au Tchad
Le 2e REP
Il s’agissait alors de la « troisième grande opération militaire au Tchad ». Après l’opération Limousin suivie de l’opération Bison (1969-1972) et l’opération Tacaud (1978-1980), la France lance le 9 août 1983 l’opération Manta. Une mission qui fête donc ses quarante ans ce mercredi 9 août. « La France est intervenue à la demande du président tchadien de l’époque Hissène Habré », rappelle l’historien militaire Michel Goya qui revient notamment sur cette opération dans son livre Le Temps des Guépards (Tallandier, 2022).
En cause, la Libye du colonel Kadhafi, alliée avec des membres de l’ex-Gouvernement d’union nationale tchadienne (GUNT), « sur le point de s’emparer de Faya-Largeau au nord du Tchad » et qui menace « d’attaquer la capitale » N’Djamena.
Ce sont tout d’abord 300 parachutistes qui sont déployés dans la capitale tchadienne N’Djamena, face à la « posture offensive du colonel Kadhafi » en Libye, située au nord du Tchad, précise Aymeric Durez dans la revue Relations Internationales, dans un article publié sur Cairn. Au plus fort de l’opération, ce sont entre 3300 et 3500 Français qui étaient présents sur place. « Ce qui est important pour une opération extérieure, précise Michel Goya. C’est à peu près le maximum de ce qu’on faisait à l’époque ».
Les dissensions entre les deux hommes sont telles que des combats éclatent de nouveau en mars 1980 : Habré, notamment soutenu par la France et les États-Unis, s’oppose à Oueddei, appuyé par la Libye de Kadhafi. En 1982, Habré renverse définitivement Oueddei et s’empare du pouvoir à N’Djamena. En juin 1983, les forces de Goukouni Oueddei, toujours soutenues par la Libye, s’approchent de Faya-Largeau et menacent de descendre vers N’Djamena.
C’est à ce moment-là qu’Hissène Habré fait appel au président français de l’époque, François Mitterrand.
Opération Manta au Tchad
Si ce dernier accepte d’intervenir au Tchad, c’est surtout pour des questions « politiques ». « Le premier critère reste de tenir le rôle de la France, celui d’une obligation d’agir dans les affaires africaines, analyse l’historien Michel Goya. Mais la France n’y avait aucun intérêt économique ». La France décide alors d’intervenir sous la forme d’une « opération de fait accompli », afin de dissuader la coalition de Goukouni Oueddei . « L’idée est d’y aller tout de suite en occupant le terrain » et ainsi dissuader la Libye, poursuit le spécialiste. Les forces françaises sont alors déployées sur « des points clés du centre du Tchad ».
Une ligne rouge
La France forme à ce moment-là un «bouclier» sur la route de la capitale tchadienne. Le 15e parallèle - qui passe dans le centre du pays juste au-dessus de la commune d'Iriba - est alors défini comme «une ligne rouge». Si cette ligne est franchie par les hommes de Goukouni Oueddei, la réaction promise sera «forte». Ceux-ci mènent néanmoins des «attentats à N’Djamena tout en envoyant des combattants derrière la ligne rouge afin de maintenir un climat d’insécurité», note le sous-lieutenant Jean Tartare dans un article publié.
En janvier 1984, les forces armées de Goukouni Oueddei et de la Libye décident de lancer une attaque au sud de ce 15e parallèle «sur le poste de Ziguey» où «ils capturent deux Belges», précise Chemins de Mémoire. Le 25 janvier, ils sont repérés non loin de Torodoum. «Deux civils Français sont alors pris en otage. Une patrouille de Jaguar (des avions militaires, ndlr) est envoyée à leur poursuite, mais François Mitterrand tergiverse à accorder une ouverture du feu. Un Jaguar est abattu et son pilote tué», raconte Michel Goya.
En réaction, «le gouvernement français remonte la ligne rouge au niveau du 16e parallèle», complète Chemins de Mémoire. La France renforce en même temps sa présence pour arriver à 3500 hommes : la situation se fige alors. Dans un entretien accordé à Radio France Internationale (RFI) le 9 août 1984 à l’occasion du premier anniversaire de l’opération, le ministre de la Défense Charles Hernu indique que « les Français ne quitteront pas le Tchad tant qu'il y aura un soldat libyen au sud de la bande d'Aozou », cette zone frontalière au nord du Tchad occupée par la Libye depuis plus de dix ans.
Opération Manta au Tchad
L’opération se termine finalement le 17 septembre 1984 avec la signature d’un accord franco-libyen. « Les deux parties s’engagent à quitter le territoire tchadien », détaille l’historien Michel Goya. Selon l’article de Chemins de Mémoire, la France achève son opération d’évacuation nommée «Silure» le 11 novembre 1984. Les Libyens, eux, ne bougent pas «et se sont [même] renforcés». En 1986, alors que la Libye et les troupes de Goukouni Oueddei franchissent le 16e parallèle malgré les accords de 1984, la France décide d’un « nouveau dispositif militaire au Tchad », écrit Michel Goya. C’est le début de l’opération Épervier.
Depuis, la France a « toujours été présente au Tchad ».
Source : Le Figaro
81/06 aime ce message
L'auteur de ce message est actuellement banni du forum - Voir le message
GOMER nouveau en attente de confirmation
Nombre de messages : 2672 Age : 79 Emploi : Retraite Date d'inscription : 20/09/2021
Sujet: Re: Il y a 40 ans, la France déclenchait l’opération Manta au Tchad Ven Aoû 25 2023, 09:17
OPEX au Tchad
En mai 1968 par l'intermédiaire de l'ambassadeur du Tchad venu en France de Gaulle reçoit un véritable SOS adressé depuis Fort-Lamy par le président tchadien Tombalbaye, dont l'autorité est controversée et battue en brèche par une rébellion aux portes de sa capitale. Tombalbaye, en vertu des accords de défense qui lient nos deux pays demande à de Gaulle de tout mettre en œuvre pour ramener l'ordre dans son pays.
La situation à Fort-Lamy est due pour une bonne part au chef de l'état lui-même ainsi que ses ministres noirs, Saras du sud, chrétiens ou animistes qui règnent en féodaux sur un pays dont la majorité de la population est composée de Senousis, arabes et musulmans. Et les Saras ne sont pas tendres sans doute avaient-ils de vieilles rancunes à assouvir, pendant des siècles ceux-ci ont été pourchassés par les Arabes qui les vendaient comme esclaves, la colonisation les avait libérés de leurs peurs ancestrales, puis, convertis au christianisme, les portes des écoles de l'armée et administration leur ont été ouvertes. L'indépendance venue, ils ont occupé bon nombre de postes d'autorité et ont mis ensuite le Tchad en coupe réglée.
Les Moubis une tribu de la région de Mangalmé dans le centre -est après s'être armés ont investi la ville et mis à mal la garnison, une histoire d'argent, une affaire de bons d'état a été semble-t-il à l'origine de cette révolte. Le préfet venu parlementer y a été battu, exécuté et son corps jeté dans les flammes du bâtiment incendié de la préfecture. Puis, la rébellion s'est étendue dans la population s'opposant à l'armée et à l'infrastructure administrative.
Pour De Gaulle cette affaire était interne et ne justifiait pas l'intervention de la France, il avait permis à ce pays d'obtenir l'indépendance et durant huit années avait eu l'occasion de connaitre Tombalbaye qu'il trouvait en fin de compte le moins mauvais des chefs d'état possible.
Ce qui va l'amener à prendre sa décision s'inscrit dans une appréciation plus large.
Fin 1968 c'est la guerre entre chrétiens et musulmans au Biafra.
Au sud Soudan existe une rébellion discrète et meurtrière, qui oppose les anamistes Anya-Nya aux Soudanais arabisés.
En Erythrée, des guérillas musulmanes affrontent les Ethiopiens.
Au Nord-Cameroun, des troubles raciaux ont éclaté.
Les Biafrais, Erythréens, Sud-Soudanais et Camerounais sont aidés et parfois soutenus par des Israéliens, ainsi que le service civique de Côte-d'Ivoire et l'armée Zaïroise. Il semble que le but est d'ouvrir un second front anti-arabe au cœur de l'Afrique.
Laisser pourrir la situation au Tchad peut à terme provoquer un affrontement général qui irait du golfe de Guinée au Nil, voir la mer Rouge.
De Gaulle ne veut pas que l'Armée française se substitue aux Forces tchadiennes, il décide donc de fournir une aide qui se situera sur le plan administratif et militaire, afin de redonner au pays des structures solides ayant la capacité à elles seules de s'opposer au désordre. Une équipe est donc chargée de la réforme administrative, formation de fonctionnaires .....L’action militaire étant double.
Reconstituer et instruire l'armée nationale tchadienne, pour lui permettre de venir seule à bout de la situation.
Porter des coups sensibles à la rébellion pour l'affaiblir.
Le président Tombalbayes n'apprécie pas beaucoup l'obligation de soumettre son administration à une tutelle française ex colonialiste, qui va rejeter certaines pratiques locales, mais il n'a pas le choix, de toute façon, pense-t-il, cette intervention sera limitée dans le temps. Le Tchad demeure souverain, et s’il y a échec celui-ci sera imputable aux français.
Dans ses administrations, beaucoup de cadres refusent d'admettre leur incompétence et se sentent humiliés de devoir retourner dans des écoles de formation, peu désireux de perdre leur vie dans des combats douteux, certains adoptent une attitude ambiguë, donnant des ordres qui n'engagent que la responsabilité de leurs conseillers.
Au printemps 1969 arrivent les troupes françaises d'intervention qui sont dirigées vers Fort-Lamy, peu nombreuses et de qualité. Principalement deux éléments mobiles à deux compagnies d'infanterie avec un PC léger (2eREP et 3eRIMa) et un escadron d'automitrailleuses légères Ferret du 6éRIAOM, ainsi que la compagnie de l'infanterie de marine déjà basée à Fort-Lamy.
De même, des officiers et sous-officiers des troupes de marine vont encadrer réorganiser et instruire les unités de l'ANT sur la totalité du territoire.
Les soldats français ont dû faire face à des conditions difficiles, la rigueur climatique, il fait parfois 50° à l'ombre, des opérations dans savanes et désert, s'ajoute une animosité de leurs alliés tchadiens, et que dire de l'hostilité et de l'incompréhension de l'opinion publique métropolitaine.
De Gaulle parti, il est remplacé par Pompidou, ce nouveau président du genre libéral considère que des interventions de cet ordre ont des relents de néo-colonialisme, il ne provoquera jamais une décision gouvernementale pour classer le Tchad comme ''théâtre d'opérations extérieur'', et c'est du bout des lèvres qu'il consentira à ce que la mention ''mort pour la France'' soit attribuée à ceux qui faisaient leur devoir jusqu'au bout et ont offert leur vie pour leur conception de l'obéissance.
En 18 mois, de mars 1969 à septembre 1970,les français ont rempli leur première mission, réduire la rébellion, les bandes ont été soumises ou se sont réfugiées en dehors du Tchad, principalement au Soudan.
Les informations ci-dessus viennent du livre ''La Coloniale' 'de Erwan Bergot.
Les deux états, le Soudan et la Libye, qui ont accueilli des rebelles, vont les soutenir activement dans l'espoir de récupérer un jour de grands lambeaux du Tchad.
En dépit des efforts des français, la mentalité des fonctionnaires tchadiens ne change pas, des exactions reprirent envers les populations, Tombalbaye imposa une révolution culturelle, le retour aux rites animistes etc...il est assassiné en 1974.Son successeur, le général Maloum, demande le départ de nos troupes.
En intervenant en avril 1969 l'armée française n'a pas seulement combattu contre la rébellion, elle a aussi indirectement combattu contre la Libye dont le nouveau dirigeant, le colonel Kadhafi apporte maintenant son appui logistique au Front de libération nationale du Tchad, le FROLINA et revendique aussi des droits sur la bande d'Aozou.
Extraits du livre d’Erwan Bergot-sur l'intervention des troupes françaises......
.....Cette pacification est d'autant plus rapide et plus aisée que les unité du 3°RIMa,recherchant moins l'accrochage que le contact avec les populations, ''éclatant'' jusqu'à l'échelon groupe de combat ,sans répit sur le terrain, donnent aux villageois l'impression rassurante qu'ils sont partout, vigilants et disponible, n'hésitant pas à participer autant à la recherche d'un troupeau dispersé qu'à la construction d'un puit.
........de son côté, le général Cortadellas active la reprise économique du pays. Des routes sont rouvertes, des liaisons renouées. L'administration retrouve son autorité et l'armée son tonus. Déjà se profile le terme de l'intervention française. Parfois pourtant quelques accrochages, comme en 1971 ou une section de para marine mène une action contre un groupe de Toubous venus de Libye, c'est là que le sergent-chef Bertrand Cortadellas qui commande la section sera tué.
.........la meilleure preuve en est que, le danger écarté ,tout ce que l'Administration et l'Armée tchadienne comptent de cadres, le président en premier, s'en prend désormais à la France, l'accusant de ''néocolonialisme'', suscitant des incidents sans nombre, et retournant sans complexe aux errements anciens.
......plus grave le président Tombalbaye ne craint pas de mettre directement en cause le président Pompidou et, à travers lui, la France qu'il accuse de double jeu. N’ayant pu arriver à coloniser notre pays à nouveau, proclame-t-il, la France qui déteste le Tchad livre des armes à la Libye........
.........les officiers tchadiens prennent soudain ombrage de la présence à leurs côtés de conseillers français qualifiés bientôt de ''mercenaires'' (termes que reprendrons les journaux de France)
......abasourdis par cette campagne à laquelle ils ne comprennent rien, les soldats français sont déçus, amers. Triste aussi, ils ont appris qu'à la suite de la terrible embuscade de Bedo ou onze des leurs ont été tués, le seul communiqué publié par le ministère des Armées l'a été pour préciser que les tués ''étaient'' tous des engagés. Comme si la vie d'un engagé comptait moins que celle d'un électeur.
Les premiers éléments français quittent le Tchad au mois de mars 1972, effectif en septembre.
En 1973 la Lybie annexe cette bande d'Aozou, En 1974 Tombalbaye assassiné est remplacé par le général Félix Maloum.
Les rebelles du nord lancent une nouvelle offensive en 1977, l'année qui suit, l'arabe devient la langue co-officielle avec le français.
A partir de 1979 le Tchad est dirigé par des hommes du nord,
-Goukouni Weddeye (1979-1982)-celui-ci, d'abord proche de Hissène Habré, en conflit dans un premier temps avec les libyens s'allie avec eux contre son ancien allié.
En décembre 1980 des éléments Libyens s'emparent de N'Djamena la capitale du Tchad.
-Hissène Habré (1982-1990)-
En 1982 il prend le pouvoir et s'oppose aux activités des libyens, demande l'aide de la France qui lui est accordée par le président Mitterrand en 1983.
81/06 aime ce message
L'auteur de ce message est actuellement banni du forum - Voir le message
GOMER nouveau en attente de confirmation
Nombre de messages : 2672 Age : 79 Emploi : Retraite Date d'inscription : 20/09/2021
Sujet: Re: Il y a 40 ans, la France déclenchait l’opération Manta au Tchad Ven Aoû 25 2023, 10:03
Retour au départ des éléments français en 1972;
Après le départ de nos troupes, le Tchad est retourné rapidement à sa situation ancienne et par conséquent aux Toubous et à la rébellion. L'enlèvement de l'ethnologue française Mme Claustre, prise en otage par Toïgo un sous-préfet qui l'a emmenée avec lui met notre président Giscard D’Estaing dans l'obligation de traiter avec l'un des chefs Toubous, Goukouni.
De son côté le président Tombalbaye tente de se rapprocher de Kadhafi, lui abandonnant le Tibesti, ses manigances exaspèrent son entourage et le général Malloum, chef d'état-major le renverse par un coup d'état. (Tombalbaye est assassiné)
De son côté, Kadhafi a constitué fin 1977 sa légion islamique, environ 3500 hommes de toutes origines, regroupés sous la bannière de Mahomet,(j'en parle dans le post au-dessus).
C'est à cause de cette invasion de la légion islamique qui a démarré début 78 que le général Malloum demande à la France l'envoi de renforts; Une fois de plus.
Les soldats français commencent à arriver dès février, au moment où la garnison libyenne de Faya capitulait sans combat. Les premiers combats ont lieu le 15 avril, à Salal, sous le commandement du capitaine Clert, qui a avec lui un demi peloton d'AML, des hommes de la 4e CIE du 3°RIMa, en réserve une compagnie de l'armée tchadienne, le groupement Mazarin venu en soutien, en face les libyens, biens équipés au nombre de 500 hommes environ, soit plus du double des effectifs de Clert. Deux hélicoptères interviennent, l'un d'eux est touché et ils repartent. Un Jaguar intervient aussi, il est abattu par un missile tiré du centre-ville. La bataille a été acharnée, le dispositif est reformé à quelques km, Clert n'a plus qu'une possibilité, mener des séries de harcèlements afin de fixer la légion islamique en attendant les renforts qui vont arriver de Fort-Lamy, dont un escadron du REC.
La légion islamique finira par se retirer mais les combats continueront ailleurs.
Le 18 mai, par exemple à Ati, ou la compagnie du capitaine d'Athis, 3°RIMa est dirigée, le combat dure une journée et en fin de soirée Ati est aux mains des Marsoins. Des combats reprennent le lendemain avec l'appui d'Alouettes III équipées de fusées et de blindés du REC. Les rebelles se retirent avec leurs moyens lourds laissant sur le terrain des groupes sacrifiés.
En mai encore d'autres combats ou les hommes du colonel Hamel se battent contre un adversaire estimé à cinq à six cent hommes avec de gros moyens, antichars entr'autre.
A cause de la saison des pluies les libyens arrêtent leurs opérations, des rivalités vont naitre au sein des leaders tchadiens Goukouni et Hissène Habré. Goukouni bascule vers les légions islamiques, l'autre part en dissidence contre son ancien allié, les libyens et aussi contre les troupes tchadiennes de Malloum.
Bergot écrit qu'il ne leur restait qu'un point commun, accuser les français de toutes les fautes. Pourtant, de 78 à 79 les Marsoins du 3°RIMa,du RICM et les Bigors du 11°RAMA ont montré la qualité de leur discipline et aucun incident ne leur a été imputé.
Devant l'imbroglio tchadien, sur ordre de Paris, les français se retirent et se regroupent à N'Djamena ou ils se contenteront de défendre les civils et les intérêts français.(octobre 1979)Ils assisteront ensuite depuis le territoire camerounais aux derniers combats qui mèneront à la défaite de Malloum et à la destruction de N'Djamena.
.Pauvre Afrique-extrait d'une revue para de 1981.
Le 15 décembre 1980, des éléments lyciens s'emparaient de N'Djamena, ex Fort-Lamy, capitale du Tchad. Le 6 janvier 1981,le colonel Kadhafi proclamait l'union de la Lybie et du Tchad, c'est à dire, en fait, l'annexion du Tchad par la Lybie.
Ces évènements intervenaient après des années de troubles, dans un pays ou les conflits sont de règle entre les populations de races, de religions et de cultures différentes. En gros, le nord du pays, bordure méridionale du Sahara, est peuplé de Toubous, blancs et musulmans, voisins des Maures et des Touaregs. Le sud est peuplé de noirs, chrétiens ou animistes.
La seule paix que le Tchad n’ait jamais connue, ce fut, au temps béni de la colonisation, la paix française qui, dans cette Afrique aujourd'hui déchirée de partout, apparait comme l'incomparable réussite d'un pays et d'une civilisation qui croyait encore en eux-mêmes.
Une fois disparue la tutelle de la France, par la volonté du général de Gaulle, les troubles se succédèrent:10.000 morts en février 1979.Nos troupes demeurées sur place à la demande des gouvernements locaux, empêchèrent le pire. En mai 1980, jugée indésirable par le nouveau gouvernement, elles quittèrent N'Djamena et le pays éclata.
Parmi ceux qui se disputaient le pouvoir, se distinguaient trois personnages: Hissène Habrè, un Toubou, commandant les ''Forces armées du nord'', Goukouni Weddeye, autre toubou, ennemi juré de Hissène Habrè, et Kamougué, un Noir du sud, commandant les ''Forces Armées Tchadiennes'' qui espérait tirer profit de la lutte engagée entre les gens du nord.
Par-delà les titres et les formules ronflantes, des chefs de bandes et rien de plus. Hissène Habrè, c'est l'ancien geôlier de Madame Claustre, l'assassin du commandant Galopin***(ce qui n'est pas l'avis du général Massu,)celui qui, après avoir joué la carte libyenne et nous avoir rançonnés, fait maintenant appel à notre aide contre Goukouni. Goukouni, d'abord proche d'Hissène Habrè, puis longtemps en conflit avec les libyens, est maintenant leur allié contre Hissène Habrè. Querelles de familles. Histoire de pirates. Quant aux Forces Armées Tchadiennes du colonel Kamougué, elles ne sont qu'un ramassis de troupes sans valeur militaire, toujours prêtes à se débander à la moindre alerte.
Pendant un temps, les trois chefs de bande associés à huit autres tendances, tentèrent de coexister au sein d'un GUNT (Gouvernement d'Union Nationale Transitoire).On décora Goukouni du titre de Président .Kamougué fut vice-président et Hissène Habré ministre de la défense. C'est ce GUNT qui demanda le départ des troupes françaises en mai 1980.Mais déjà, les membres du GUNT passaient leur temps à se battre. Pendant huit mois, N'Djamena fut le théâtre d'affrontements sanglants entre les partisans d'Hissène Habrè et ceux de Goukouni. Les bandes de Kamougué, prudemment repliées vers le sud, attendaient l'occasion d'arbitrer le conflit.
Le vent tourna quand le Libyen Kadhafi, qui depuis des années, grâce à l'argent du pétrole, manipulait les uns et les autres, décida d'intervenir de force.
Il équipa les bandes de Goukouni et de Kamougué, constitua une ''légion islamique'' avec des mercenaires maliens, sénégalais, nigériens, tunisiens, centrafricains, entrainés et encadrés par des Libyens, des Cubains, des Soviétiques et des Allemands de l'Est. Il lança cette armée sur le Tchad, équipée de jeeps, de Land Rover, de mitrailleuses lourdes, de canons automatiques soviétiques, de chars T54, d'Hélicoptères, de transports Iliouchine et Antonov et de bombardiers Tupolev.
Dès lors, l'issue des combats ne faisait plus de doute, Hissène Habré dut évacuer Ndjamena, laissant la place aux libyens et à leurs alliés.
Vous l'avez tous compris, l'important, ce n'est pas que Goukouni remplace Hissène Habré ou réciproquement. L'important, c'est que Kadhafi vient de s'implanter au Tchad. Or Kadhafi ne fait pas mystère de ses desseins: il veut faire de toute l'Afrique du Sahel une ''république arabe saharienne'' dont il sera le chef. Avec le Tchad, il a conquis une position stratégique de premier ordre. Il a pris pied au cœur de l'Afrique, aux confins de l'Afrique Noire. Ses troupes bordent les immenses frontières du Soudan, du Niger, du Cameroun, de la République Centrafricaine. Pour frapper, il n'a que l'embarras du choix.
Sa méthode? Toujours la même: la subversion. Invoquant l'Islam, il suscite la révolte d'une fraction musulmane de la population, l'entretient à coup de dollars et lui fournit une aide militaire.
Seul, pendant la dernière crise, un état a été clairement conscient de l'enjeu: l'Egypte par l'intermédiaire du Soudan, a ravitaillé Hissène Habré dans sa lutte contre Kadhafi. Une fois de plus apparait en la personne du président Sadate un véritable homme d'état, le seul qui sache concilier dignité et efficacité, le seul qui naguère resta fidèle au Shah d'Iran que le monde entier abandonnait, le seul qui maintenant ose se dresser ouvertement contre les prétentions de Kadhafi.
N'oublions jamais que derrière Kadhafi, le déstabilisateur, il y a les Russes qui l'arment et le soutiennent, tout près à intervenir le moment venu pour cueillir le fruit mûr comme ils l'ont déjà fait en Ethiopie, en Angola, au Mozambique .L'Europe tournée par l'Afrique, le vieux rêve de Lénine, est en train de se réaliser. Les Soviétiques ne viennent-ils pas d'obtenir le droit de construire une base navale en Guinée Bissau, à deux pas de Dakar, en un pays ou précisément Kadhafi leur avait préparé le terrain.
Kadhafi a pris la bande d'Aouzou en 1982, Hussein Habré prend le pouvoir au
Tchad (1982-1990 et s'oppose aux activités libyennes. Une fois de plus l'aide de la France est demandée, acceptée par le président Mitterrand en 1983.
Opération MANTA. (8/83 à 11/84)
Un contingent français qui ira jusque 3500 homme s'engage dans une opération de sécurité et d'aide humanitaire massive. La ligne rouge au niveau du 16eme parallèle est bien défendue.
Au terme d'un engagement pris avec la France pour un retrait parallèle et simultané des troupes étrangères, les troupes libyennes sont obligées de se retirer totalement du nord du Tchad, elle ne respecteront cependant pas totalement leur engagement.
Ce qui permet à l'armée tchadienne de se reconstituer progressivement grace à l'appui de la mission d'assistance militaire(MAM).
En face durant l'année 1985,les adversaires ne cessent de se renforcer.
Opération EPERVIER.(2/86 à 12/02)
Comme demandé par Hussein Habré, la France apporte aux FANT, forces armées nationales tchadiennes, un soutien pour s'opposer à toute agression au sud du 16eme parallèle, et aussi neutraliser la base aérienne d’Ouadda Doum afin de paralyser son soutien aérien.
L'action aérienne est cette fois privilégiée.
Janvier 1987-décision est prise de chasser les libyens hors du Tchad, appuyées par le soutien logistique français, la victoire des forces du président tchadien n'empêche pas la situation dans le pays de demeurer critique, la durée de l'opération Epervier s'en trouve prolongée.
La France entreprend alors des actions de déminage, de contrôle des zones menacées, accompagne la normalisation de la vie politique puis sa présence se réduit progressivement.
La guerre des chefs continue, en décembre 1990 Hussène Habré est renversée, remplacé par Idriss Deby.
Les forces françaises, elles, gardent une stricte neutralité, le DAO du 3°RIMa intervient pour assurer l'évacuation des ressortissants étrangers
En 1994 une décision de la cour internationale de justice de la Haye, oblige la Libye à rendre la fameuse bande d'Aouzou au Tchad.
En 1996
L'opération Epervier se poursuit jusqu'en 2002 au profit donc du nouveau régime avec le groupement terre des éléments français au Tchad (EFT).
Idriss Déby , toujours président ,semble bénéficier aujourd'hui du soutien de la France comme celui de la Libye, des mouvements de rébellion existent toujours, plus ou moins encouragé par le Soudan, en rapport avec le conflit du Darfour.
Et on peut lire ,dans la presse-février 2009-.......le HCR a mis en route un convoi humanitaire, en vue d'assister quelques 10.500 civils centrafricains ayant fui les combats entre l'armée centrafricaine et les rebelles; Onze camions et cinq véhicules légers transportant des vivres, des médicaments et des produits de première nécessité ont quitté Abéché dans l'est du Tchad, aujourd'hui, pour un difficile voyage de 720km. Leur destination: la localité de Daha dans le Sud-Est du Tchad, ou se sont regroupés les réfugiés centrafricains. La population de Daha a partagé tous ses vivres avec les nouveaux et la situation est particulièrement précaire............
Une histoire sans fin. Et l'armée française est toujours présente.
81/06 aime ce message
L'auteur de ce message est actuellement banni du forum - Voir le message
GOMER nouveau en attente de confirmation
Nombre de messages : 2672 Age : 79 Emploi : Retraite Date d'inscription : 20/09/2021
Sujet: Re: Il y a 40 ans, la France déclenchait l’opération Manta au Tchad Ven Aoû 25 2023, 10:33
CHRONOLOGIE DE LA MONTEE EN PUISSANCE DE MANTA
10 aout au 14 octobre 1983
10 août 1983
Mise en place à Kousseri au Cameroun :
- d'un état-major temporaire EMT.
- de la 4e compagnie du 8e régiment parachutiste d'infanterie de marine RPI Ma.
- d'une section de franchissement du 17e RGP.
Ce groupement, qui a été fourni par les éléments français d'assistance opérationnelle (EFAO) en Centrafrique, franchit le Chari dans la nuit du 10 au 11 août et s'installe au Camp Dubut. Il s'agit de l'opération Bernacle.
11 août 1983
Aérotransport par Transall sur N'Djamena du premier élément de Manta venu de Bangui en Centrafrique. Les 111 officiers, sous-officiers et parachutistes du 1er RPI Ma qui le composent sont placés sous les ordres du lieutenant-colonel Ribeton.
12 août 1983
Aérotransport par Transall sur N'Djamena du deuxième élément de Manta fort de 222 officiers, sous-officiers et parachutistes. L'opération Manta passe aux ordres du colonel Messana, chef de corps du 1er RPI Ma.
1. Kousseri est situé sur la rive camerounaise du Chari, en face de N'Djamena.
13 août 1983
Les derniers éléments de Manta sont aérotransportés à N'Djamena. A cette date, 378 officiers, sous-officiers et parachutistes sont présents au Tchad.
Dans la journée, un sous-groupement baptisé Manta-Écho (pour est) est aérotransporté sur Abéché, il comprend 143 officiers, sous-officiers et parachutistes aux ordres du lieutenant-colonel Ribeton.
14 août 1983
— Un groupement constitué d'un élément de commandement et de soutien, d'une section de défense antiaérienne et d'une section de mortiers lourds est autotransporté de Bouar sur N'Djamena. Ce groupement fort de 129 officiers, sous-officiers et hommes du rang est placé sous les ordres du lieutenant-colonel Remy.
- Une demi-section de missiles antichars Milan en provenance de France arrive à N'Djamena, elle compte 1 sous-officier et 21 hommes du rang placés sous les ordres du lieutenant Guignard.
15 août 1983
- Création de Manta-Oscar (pour ouest) à Moussoro. Manta-Oscar, acheminé par voie routière sur sa position, est aux ordres du lieutenant-colonel Remy et se compose :
- d'une partie de la 4« compagnie du 8e RPI Ma.
- d'un peloton d'automitrailleuses légères AML 90 Panhard.
- de la section de défense antiaérienne de la 4e batterie du 11e régiment d'artillerie de marine, RA Ma, soit, au total, 146 officiers, sous-officiers et hommes du rang.
Une compagnie de recherche et d'appui aux ordres du capitaine Prima est créée et son aérotransport de N'Djamena sur Abéché commence. Cette compagnie est composée :
- d'une section d'infanterie du 8e RPI Ma,
- d'une section de combat du 17e RGP,
- d'une section de défense antiaérienne du 35 régiment d'artillerie parachutiste, RAP.
Elle est forte de 191 officiers, sous-officiers et hommes du rang.
16 août 1983
Le colonel Messana et le chef de bataillon Gabigliani prennent contact avec le commandement du FANT.
L'ALAT effectue une reconnaissance aérienne sur Salai situé sur l'axe Oscar (pour ouest).
Une section de la 4e compagnie du 8e RPI Ma est hélitransportée de N'Djamena sur Moussoro.
Le deuxième échelon de Manta-Oscar quitte N'Djamena pour Moussoro par voie routière, il se compose de 116 officiers, sous-officiers et hommes du rang du 8e RPIMa, du 11e Rama et du 3e RIMa.
Les Transall transportent de Bouar à N'Djamena :
- un peloton d'automitrailleuses légères AML 90 Panhard du 1er régiment étranger de cavalerie, REC.
- Une section du 3e RIMa, soit 71 officiers, sous-officiers et hommes du rang.
- La deuxième compagnie du 3e RIMa arrive à N'Djamena en provenance de France, soit 117 officiers, sous-officiers et hommes du rang.
NOTA: Une semaine après le début de l'opération, 818 officiers, sous-officiers et hommes du rang ont été acheminés au Tchad. Hormis les mortiers de 120 mm, ils ne disposent d'aucun armement lourd.
17 août 1983
- Aérotransports entre N'Djamena et Abéché.
- Arrivée à N'Djamena en provenance de métropole du commandant des Transmissions Manta, Comtrans Manta, et d'une section de franchissement du 17e RGP, forte de 3 sous-officiers et 22 hommes du rang.
- Le premier échelon de Manta-Oscar parti de Moussoro arrive à Salai.
18 août 1983
- Une section Crotale (1 véhicule d'acquisition et 2 véhicules de tir) arrive à N'Djamena en provenance de métropole après avoir transité par Bangui. Jusqu'alors la base aérienne de N'Djamena ne bénéficiait d'aucune protection antiaérienne. Cette section est placée sous les ordres du commandant Vaury.
- Un renfort état-major et soutien arrive à N'Djamena en provenance de métropole.
19 août 1983
— Le commandant des éléments Air Manta, Comair Manta, le colonel Lepatezour arrive à N'Djamena. Il prend le commandement de 4 Jaguar basés à Libreville, 4 Jaguar basés à Bangui, 3 C 135 et 2 Atlantic basés sur le même terrain. Le manque quasi total de carburant d'aviation à N'Djamena interdit d'y faire stationner ces avions, qui se trouvent donc à près de 2 000 kilomètres de leurs lieux d'intervention les plus probables.
- Le deuxième escadron du 1er REC est aérotransporté de Bouar sur Abéché.
- 1 hélicoptère Puma de l'Alat est mis en place à Moussoro.
20 août 1983
- Le reliquat du 2« escadron du 1er REC est aérotransporté de Bouar sur Abéché.
- La 3e compagnie du 8e RPI Ma aux ordres du capitaine Balch, forte de 132 officiers, sous-officiers et parachutistes est aérotransportée de Bangui sur Abéché.
21 août 1983
- Une station radio-télétype de campagne arrivant de France est mise en service au camp Dubut.
- Une patrouille de 4 Jaguar aux ordres du commandant Marty, une patrouille de 4 Mirage F 1 aux ordres du commandant Rivet et 1C135, commandant de bord capitaine Delmas, atterrissent à N'Djamena en provenance de métropole, ayant fait escale à Dakar, puis Bangui, le manque de carburant à N'Djamena avait interdit leur mise en place sur cet aérodrome à une date antérieure. 25 officiers et 82 sous-officiers de l'armée de l'air accompagnent ces appareils.
22 août 1983
- Désigné le 19 août par le général Lacaze pour assurer le commandement des éléments français au Tchad, le général Poli, Comelef Manta, arrive à N'Djamena. Ont pris place dans le DC 8 qui l'a amené de France le médecin-chef Arzel de la 9e division d'infanterie de marine, DIma, les personnels de l'antenne chirurgicale avancée de cette division et un élément de prévôté fourni par l'escadron de gendarmes parachutistes de Mont-de-Marsan.
Arrivent également de France, via Bangui :
- Le 1er escadron du régiment d'infanterie et de chars de marine RICM,
- 4 pelotons d'automitrailleuses légères AML 90 Panhard,
- 1 unité de protection du Groupement des fusiliers commandos de l'air, chargée de la protection des Jaguar, Mirage FI et du CBS F.
23 août 1983
- Le général Poli prend officiellement à zéro heure le commandement des Éléments français au Tchad.
- Un élément de Manta-Écho, jusqu'alors stationné à Biltine, fait mouvement sur Arada à 65 kilomètres plus au nord-est.
- Le 1er escadron du RICM fait mouvement par la route de N'Djamena sur Moussoro.
24 août 1983
- Une équipe de transmissionnistes de l'armée de terre et une équipe de télémécaniciens de l'armée de l'air arrivent à N'Djamena. La deuxième de ces équipes doit installer un radar de surveillance de l'espace aérien SNERI1 à N'Djamena.
25 août 1983
3 équipages de Puma, 5« régiment d'hélicoptères de combat, 6 équipages de Gazelle, canon 20 mm, du même régiment, et 8 équipages de Gazelle Hot, 2e régiment d'hélicoptères de combat, arrivent à N'Djamena en provenance de métropole.
26 août 1983
Le Breguet Atlantic de l'aéronavale auparavant basé à Bangui rejoint N'Djamena, l'équipe de l'armée de l'air chargée du traitement et de l'interprétation des clichés photographiques de la caméra panoramique Ornera 40 des Jaguar rejoint N'Djamena.
27 août 1983
- La 4e batterie du 11e RAMa équipée de tubes de 105mm arrive métropole, via Bangui.
- Un deuxième Bréguet Atlantic arrive à N'Djamena.
29 août 1983
Un deuxième hélicoptère Puma est mis en place à Abéché.
1. Le SNERI est un radar léger de surveillance d'espace d'aérodrome de type ancien. Il est tout au plus capable de détecter un avion volant à 7000 mètres d'altitude à 150 kilomètres. Ses capacités de détection à basse et très basse altitude sont très limitées.
30 août 1983
Une demi-section antichar du 3e RIMa est mise en place à Moussoro.
31 août 1983
- Un élément du 8e RPI Ma fort de 85 hommes aux ordres du lieutenant-colonel Lepage arrive de France.
- Une balise de radionavigation Tacan est mise en service sur l'aérodrome.
- Une antenne chirurgicale et une section d'hospitalisation arrivent de France.
- La 4e batterie du 11e RAMa arrivée à N'Djamena le 27 est aérotransportée sur Biltine.
Ainsi, trois semaines après que les premiers soldats français eurent franchi le Chari, Manta se présente de la façon suivante :
- Un général et son état-major;
- Environ 1 750 hommes des 3 armées;
- Une trentaine d'automitrailleuses légères;
- Quelques dizaines de missiles antichar Milan;
- 1 batterie de canons de 105mm;
- 4 Jaguar et 4 Mirage F 1 ;
- 2 avions de recueil du renseignement électronique Bréguet Atlantic;
- 1 avion ravitailleur C 135 F;
- Quelques (environ une dizaine) hélicoptères Puma et Gazelle de l'Alat;
- 1 section de défense sol-air Crotale (1 véhicule d'acquisition - 2 véhicules de tir);
- 1 radar léger de surveillance d'aérodrome SNERI.
Outre N'Djamena, les éléments de Manta sont à Moussoro, Salai, Abéché, Biltine et Arada. Il faut enfin préciser que les réserves en carburant aviation ne sont que de 900 m3 et que le seul ravitaillement de cette précieuse denrée est assuré de façon efficace par voie aérienne. (Voir chapitre « Les taxis du Chari et le sang de la guerre ».)
1 septembre 1983
- Le quatrième peloton du 2e escadron du RICM (AML90) est aérotransporté de Bangui sur Biltine.
2 septembre 1983
- Le commandant du détachement Alat Manta, Comdetalat Manta, le lieutenant-colonel Battlo, chef de corps du 5« RHC, arrive de métropole.
- Une compagnie d'infanterie à deux sections de combat, la 3e compagnie du 2e RIMa aux ordres du capitaine Monfort, est aérotransportée de Libreville sur Ati. Le sous groupement Manta-Charlie (pour centre) est créé à Ati.
- 13 hélicoptères Gazelle et 2 hélicoptères Puma de l'Alat arrivent à N'Djamena en provenance de Bangui.
4 septembre 1983
- Aérotransports divers au Tchad, notamment celui de la 4e batterie du 11e RAMa sur Biltine.
- Mise en place à Abéché de 4 Gazelle Hot et 2 Gazelle canon.
5 septembre 1983
Le poste de guidage avancé, PGA, du 8e RPI Ma métropole.
6 septembre 1983
4 Gazelle Hot et 2 Gazelle canon sont mises en place à Moussoro.
7 septembre 1983
Un élément de transmission du 13e RDP aux ordres du chef d'escadron Rickebuch arrive de France. Il est composé de 6 officiers, 16 sous-officiers et 4 hommes du rang.
8 septembre 1983
Les équipes du 13e RDP arrivées la veille à N'Djamena sont aérotransportées sur Manta-Oscar et Manta-Écho.
1. PGA : un officier et 2 ou 3 sous-officiers radio chargés de guider les avions de chasse dans l'appui aux forces terrestres.
13 septembre 1983
- Un détachement de spécialistes de guerre électronique du 44e régiment de transmission arrive de France.
- A Douala, le détachement d'accueil Malika est mis en place.
15 septembre 1983
- Les détachements précurseurs de la 3e batterie du 35e RAP et du 2e escadron du 2e RIMa arrivent à N'Djamena.
- L'élément précurseur du 21e RIMa est mis en place à Douala dans le cadre de l'opération Malika.
17 septembre 1983
- Une équipe de télémécaniciens de l'armée de l'air est acheminée à Moussoro pour y installer un radar SNERI.
19 septembre 1983
- Une partie du 2e escadron du 21e RIMa arrive de métropole.
- Une équipe de télémécaniciens de l'armée de l'air est acheminée à Ati pour y installer un radar SNERI.
20 septembre 1983
- Arrivée de métropole d'un détachement de la 3e batterie du 35e régiment d'artillerie parachutiste, RAP, d'une autre partie du 2e escadron du 21e RIMa, de la section de protection de l'état-major Manta fournie par le 8e RPI Ma, soit un total de 196 officiers, sous-officiers et hommes du rang.
23 septembre 1983
- La section de défense antiaérienne de la compagnie de commandement et des services du 3e RIMa est aérotransportée de Bouar sur Ati.
- Arrivée à N'Djamena par voie routière de la 2e batterie du 35e RAP amenée de métropole à Douala par le cargo Malika.
26 septembre 1983
- La 2e batterie du 35e RAP arrivée le 23 à N'Djamena est acheminée par voie routière à Moussoro.
- La lre compagnie du 8e RPI Ma aux ordres du capitaine Chereau arrive de France.
27 septembre 1983
- Manta-Écho est renforcée par une section de la lre compagnie du 8e RPI Ma mise en place à Biltine.
28 septembre 1983
- Une deuxième section de la lre compagnie du 8e RPI Ma est envoyée à Biltine.
30 septembre 1983
- Arrivée à N'Djamena par voie routière du 2e escadron du 21« RIMa amené de métropole à Douala par le cargo Malika.
14 octobre 1983
Un radar Spartiate est mis en service à Biltine.
Le dispositif Manta première époque est alors mis en place, les effectifs seront de 2 335 le 11 septembre, 2 800 le 4 octobre, 2 932 le 29 octobre pour se stabiliser ensuite vers 2 850. Ce dispositif est considéré par l'état-major comme cohérent et efficace, par rapport au 31 août il compte en plus 1 escadron de chars légers AMX 10 RC arrivé le 30 septembre, quelques hélicoptères, 1 batterie d'artillerie. Le recueil du renseignement est considéré comme satisfaisant depuis la mise en service de la station HP d'Ati le 17 septembre et son renforcement les 21 octobre et 8 novembre.
Lors du coup de Ziguey, le dispositif sera brusquement renforcé entre le 26 et le 30 janvier par la mise en place de 3 Mirage F 1, 4 Jaguar, 1 C 135 F, 3 Puma, 4 Gazelle Mot, 1 élément de renfort de l'armée de terre. Les effectifs monteront à 3 310 pour arriver à 3 440 à la mi-avril et plafonner à 3 475 le 5 mai 1984.
81/06 aime ce message
L'auteur de ce message est actuellement banni du forum - Voir le message
GOMER nouveau en attente de confirmation
Nombre de messages : 2672 Age : 79 Emploi : Retraite Date d'inscription : 20/09/2021
Sujet: Re: Il y a 40 ans, la France déclenchait l’opération Manta au Tchad Ven Aoû 25 2023, 11:00
Le Tchad 1988 - extrait d'une revue para de la même année.
Par le Général Massu.
Une délégation de l'association de ''Soutien au Tchad libre'', filiale de celle des anciens de la 2eme DB, a effectué un séjour au Tchad du 25 avril au 3 mai 1988.
Mes deux compagnons, Roger Pons, l'artilleur de Tédjéré (1942), Maurice Carril, le spahi, venu d'Argentine en 1940, connaissent l'Afrique noire d'aujourd'hui, ou ils ont beaucoup servi. Ce sont des économistes et leur rôle a été très utile au cours de cette visite.
Pour ma part, je débarquais à Fort-Lamy voilà 50 ans, ce qui a surpris et amusé nos hôtes et j'ai longuement servi au Tibesti, au Kanem et au Fezzan. (1938-43)
Reçus avec un extraordinaire enthousiasme malgré une température de 43 à 46°, en cette période de l'année, et le Ramadan qui faisait jeuner tous les Tchadiens de l'aube au crépuscule, nous avons vécu une semaine exaltante. L'ambassadeur de France, M. de la Rochère, remarquable à tous égards, avait organisé le programme de notre séjour. Il nous a traités, dans sa confortable résidence munie d'une piscine, de manière à nous permettre de récupérer facilement après chaque effort.
Il nous a accompagnés dans nos trois déplacements, ainsi qu'un important fonctionnaire du gouvernement tchadien.
Tour à tour, le dispositif ''Epervier'' à N'Djamena, les coopérants militaires ,le bureau exécutif de l'UNIR, parti gouvernemental, les villes d'Abéché, de Sarh, de Faya, nous ont accueillis chaleureusement, avec interviews et photos. J'ai parlé davantage en huit jours qu'en six mois en France.
Les voyages aériens, en Transal ou Cessna, étaient entrecoupés de visites intéressantes à N'Djamena: ''Case Leclerc'', ministère du Plan, évêque et jésuites, particulièrement efficaces, musée, belle cérémonie nocturne du Camerone au 2eme REI, centre culturel français tenu par une française qui a 47 ans d'Afrique, CEFOD (Centre d'étude et de formation pour le développement) du RP Dubin, polytechnicien et cavalier, avec une bibliothèque de grande valeur. La ville était parfaitement calme et sûre.
Le com chef Hassan Djamous, que nous avions rencontré à Paris à l'occasion du Colloque Leclerc, nous a reçus à dîner, détendu et souriant, quoique la menace libyenne ne se relâche pas: mais il s'agit surtout d'un renforcement des positions défensives de la ''bande d'Aozou''
.
Une réunion avec le général Doumro, venu également à Paris en novembre 87,et les anciens combattants, au cocktail d'adieu du 2 mai donné par l'ambassadeur de France et ou se pressait tout N'Djamena (250 à 300 personnes) a été émouvante. Deux anciens du BET des années 40 y participaient avec une mémoire intacte: le sergent Doungoustiero, de la 1ere DC (compagnie de découverte au combat), Hadjaraï, retraité comme adjudant-chef, le sergent -chef Abdalaye Habdoumi, du GNT (Groupe nomade du Tibesti), grand, sec et agile. Nous avons échangé les souvenirs de nos itinéraires par Kourzo, Toummo, etc....évoqués les généraux Dio et Sarazac qui servirent au Tibesti, et chanté en cœur l'hymne de la DB, dans une ambiance ''du tonnerre''.
D'autres temps forts ont été:
-La distribution de livres scolaires à Abéché, ou le lycée est surchargé d'élèves, avides, comme tous les Tchadiens, de connaissances, en particulier de leur passé.
-Les visites de la Cotonnière et de la Sucrière à Sarh, importante réalisation moderne dont les personnels ont une foi ardente: on y trouve d'anciens parachutistes.
-L'arrivée à Faya ou nous attendaient, à la sortie de l'avion, des chameaux harnachés pour nous transporter à l'agglomération....Evocation de nos méharées de jadis?
La palmeraie, superbe quoique menacée par la dune, expose les nombreux matériels lourds libyens, prises de guerre, qui y sont disséminées et dont chacun a un chauffeur tchadien. Une longue promenade en Toyota nous a permis de voir couler à flot l'eau d'un forage, spectacle inhabituel en région désertique.
La place blanche a changé d'aspect. Le détachement ‘‘d’Epervier’’ (légionnaire, matériel) nous a montré ses installations judicieuses, créées de toute pièces.
La construction de la piste de Faya, après les belles pistes de N'Djamena et d'Abéché, va permettre un trafic aérien important et le désenclavement du Borkou.
Chez tous, cadres et hommes ''d'Epervier'', du sud au nord, les aviateurs et les artilleurs de DCA, autant que les légionnaires, il règne un esprit qui m'a rappelé les meilleurs moments de ma vie militaire.
A N'Djamena, les radars fonctionnent nuit et jour. La destruction de l'avion libyen en septembre 1987, est dans toutes les mémoires, pour les enseignements qu'elle comporte, le drame d'un énorme bombardement ayant été évité de justesse.
La veille de notre départ, le président Hissen Habré nous a reçus avec une parfaite urbanité et couverts de cadeaux. Il compte beaucoup sur nous pour faire mieux connaitre le Tchad en France. Des places de coopérants y sont disponibles. Son peuple mérite amplement notre soutien et nos efforts de propagande.
Il demeure inspiré par l'épopée de la ''France libre'' à laquelle il a appartenu et dans laquelle s'inscrit celle du général Leclerc. Le potentiel humain du Tchad, qui a permis jadis les victoires de Koufra, du Fezzan et de Tunisie, se retrouve chez les petits- fils de nos soldats de 40-43.
Le patriotisme des FANT (Forces armées nationales tchadiennes) est éclatant et leurs faits accepter des soldes plus que modestes. Face aux groupes libyens surarmés et dotées d'aviation d'appui, leur comportement a été celui de vrais guerriers auxquels nos coopérants militaires ont apporté leur soutien.
Quant au président Hissen Habré,il ne mérite pas les accusations portées contre lui ni les réticences souvent entendues à propos de la mort du commandant Galopin. Celle-ci est imputable, avant tout, au président Tombalbaye qui a demandé à la France en 1974 de lui renvoyer cet officier de renseignement, pourtant terriblement marqué aux yeux des Toubous qu'il s'était employé à diviser. Or la guerre de 1969, conduite par les Français pour le compte de Tombalbaye, avait fait 1299 tués et 201 blessés chez les'' rebelles''; Goukouni y a perdu trois frères; les forces françaises n'ont eu que 7 blessés.
Avant son départ de N'Djamena pour le Tiberti en aout 74, pour une mission acceptée au nom de la Discipline, Galopin avait déclaré qu'il n'en reviendrait pas.
En réalité, Hissen Habré s'est seulement servi de l'arrestation du commandant Galopin pour demander des armes à la France. Elles lui furent refusées. C'est après le coup d'état militaire d'avril 1975,qui a porté au pouvoir le général Malloum, que le chef de bataillon Galopin, traduit devant un tribunal révolutionnaire en septembre 74, a été exécuté par le Comité de Coordination des Forces armées nationales(CC FAN)
La Case du général Leclerc, actuellement en ruines, va être reconstruite: les travaux seront terminés en février 89,nous a affirmé l'ambassadeur de France.
Elle sera incluse dans le périmètre du palais présidentiel en construction, ce qui la protégera.
Voilà encore un témoignage de la fidélité du Tchad à son histoire, mêlée à la nôtre.
Jacques Massu - Conflans, le 10 mai 1988;
81/06 aime ce message
Alexderome Admin
Nombre de messages : 8580 Age : 58 Emploi : A la recherche du temps perdu Date d'inscription : 22/10/2010
Sujet: Re: Il y a 40 ans, la France déclenchait l’opération Manta au Tchad Ven Aoû 25 2023, 18:40
Une situation compliquée avec les rivalités tribales d’ Hissene Habré, Goukouni Wedei ... Est-ce que quelqu'un a participé à l’opération Manta parmi vous ?