Les pionniers de l'espace allemands, soviétiques et des U.S.A. sont connus:
- H. Oberth et W.V.Braun pour les allemands,
- K.E. Tsiolkovski et S.P. Korolev pour les soviétiques,
- R.H. Goddard pour les nord américains.
Bien que connu à l'étranger mais presqu'ignoré dans son pays, la France possède son pionnier de l'espace en la personne de Robert Esnault-Pelterie (REP pour ses intimes).
Né le 8 novembre 1881 dans une famille d'industriels très fortunés, rien ne le prédestiné à une carrière dans l'aéronautique puis dans l'astronautique, ces études l'ayant orienté vers les sciences naturelles. Titulaire du brevet de pilote n°4 décerné par l'Aéro-Club de France, il va orienté ses travaux sur les possibilités offertes par l'aviation en se consacrant à l'étude de la robustesse et de la fiabilité des aéronefs. Il a conçu et construit (en 1906) le moteur en étoile couplé à une hélice tractrice en métal. Il va en équiper son premier avion monoplan, qu'il conçoit et construit, et dont la structure principale est métallique. Il le fera voler le 10 octobre 1907. De plus il est l'inventeur du "manche à balais".
Une carrière prestigieuse dans l'aéronautique s'ouvrait à REP. Mais pour lui l'aviation, c'est-à-dire l'accès à la basse atmosphère, n'était qu'une étape vers l'accès à l'espace.
En 1912, REP présente une communication à la Société Française de Physique où il présente la possibilité d'effectuer des voyages interplanétaires au moyen de véhicules fonctionnant selon la troisième loi de Newton, c'est-à-dire au moyen de fusées. Cependant la première fusée qu'il propose est un avion spatial, c'est-à-dire monoétage et intégralement récupérable. Ses calculs montrent qu'avec les propergols alors disponibles, les masses qui entrent en jeu pour atteindre la lune (et en revenir!) rendront ce voyage irréalisable tant que l'énergie disponible à l'échelle atomique ne sera pas maîtrisée.
Mais, après avoir pris connaissance des travaux d'André Bing sur la fusée gigogne, c'est-à-dire une fusée constituée de plusieurs étages dont chacun est abandonné à la fin de la combustion de leurs ergols respectifs, REP va adopter une vision moins pessimiste pour la réalisation de voyages spatiaux.
Après la première guerre mondiale REP entre en relation avec les pionniers de l'espace d'autres nationalités tels que R.H. Goddard et H. Oberth. Afin de promouvoir la collaboration international, il va fonder avec un ami A. Hirsh, banquier de son état, un prix annuel d'astronautique d'un montant de 5000 francs (d'époque soit approximativement 5000€).
Ces contacts internationaux ainsi que ses recherches vont conduire REP à publier, en 1930, un ouvrage fondamental "L'Astronautique" qui contient l'ensemble des connaissances sur ce sujet à cette date. Les thèmes plus particulièrement approfondis dans cet ouvrage sont:
- la thermodynamique de la propulsion qui vont lui permettre, entre autre chose, d'améliorer le calcul des performances du couple d'ergols oxygène - hydrogène proposé par H. Oberth,
- l'étude mécanique des lanceurs qui lui permet d'accepter qu'un allez retour Terre - Lune est réalisable.
- la navigation par inertie au moyen de laquelle REP démontre qu'il est possible de reconstituer, à bord d'un vaisseau spatial, les coordonnées de position sans aucun contact avec l'extérieur; les moyens de calcul à embarquer dans un vaisseau (qui n'existait que sur le papier) nécessitaient une instrumentation d'une précision impossible à réaliser en 1930; cependant ses études se révéleront indispensables des années plus tard.
Les apports de REP dans des domaines aussi variés que la réaction de l'organisme humain en impesanteur dans un vaisseau spatial ne vont pas le perturber dans sa consécration, entre 1930 et 1940, aux problèmes liés à la propulsion. Il teste un monoergol, le tetranitrométhane, qui au cours d'une expérience pour validation va lui coûter 3 doigts. Il étudie ensuite le couple d'ergols éther de pétrole - oxygène liquide. Ne voulant pas utiliser l'oxygène liquide pour le refroidissement du dispositif de propulsion, il entreprend des recherches sur les matériaux réfractaires, recherches qui n'étaient pas achevées lorsque la deuxième guerre mondiale va éclater et qui va arrêter ses travaux.
Après la guerre il ne va pas reprendre des recherches personnelles, mais suivre avec un intérêt toujours affirmé les progrès touchant à l'autopropulsion. Il va donner quelques conférences mais sa santé va déclinée rapidement. Il aura la joie de vivre le premier lancement réussi du premier satellite Spoutnik par l'URSS, le 4 octobre 1957. Il va décédé deux mois plus tard le 6 Décembre de la même année. Il ne pourra voir son rêve se réaliser et assister aux premiers pas de l'homme sur la Lune le 21 juillet 1969.
Un homme exceptionnel dont les idées et prémonitions étaient très en avance sur la science et les techniques de son temps.
jmperrin