Cette centenaire est la première femme général des armées françaises
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Suivre ce sujetÉcrit par Antoine Bourguilleau
Le 11/06/2023 à 21h00.
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A 100 ans, Valérie André est bardée de décorations, et pourtant rares sont celles et ceux qui connaissent le parcours extraordinaire de cette femme, la première à avoir accédé au grade de général des armées françaises.
Elle a tout fait, et plus encore. Valérie André, qui a fêté ses 100 ans en 2022, est une légende dans l’armée de l’air. Le 8 mars, l’héliport de Paris a d’ailleurs été rebaptisé à son nom. Mais la femme est peu connue du grand public. C’est, raconte-t-elle, dès l’âge de 10 ans qu’elle fait un rêve, celui de voler : "Toute petite fille, quand je regardais les avions, je disais à mes parents “Je serai aviatrice” et mes parents se disaient “Ça lui passera !” Mais ça n’est pas passé." Pas d’aviateur, en effet, dans cette famille alsacienne où elle grandit avec huit frères et sœurs. C’est à Strasbourg, où elle est née en 1922, qu’elle prend ses premières leçons de pilotage à partir de 1939, dans un aéro-club. Mais, hélas, à la drôle de guerre succède l’invasion de la France en mai 1940. Valérie André se réfugie en Mayenne et y passe son baccalauréat avant de gagner Clermont-Ferrand et la zone libre, où l’université de Strasbourg a été rapatriée, pour entamer des études de médecine. En parallèle, la jeune femme continue de prendre des cours de pilotage, mais avec des planeurs qui ne sont pas sans rappeler ceux de La Grande Vadrouille.
En 1948, Valérie André soutient sa thèse. A cette date, la France est libérée mais elle n’en a pas pour autant terminé avec la guerre. C’est désormais en Indochine, lointaine colonie, que la France se bat, contre le Viêt-minh du dirigeant communiste et nationaliste Hô Chi Minh. Ce conflit est très impopulaire en France. Le Parti communiste français, qui soutient la lutte des Vietnamiens pour leur indépendance, est alors très puissant et la guerre est menée par des soldats de métier. Mais on est loin de l’armée américaine qui prendra la suite : l’armée française est celle d’un pays qui se relève de la guerre et dont les moyens sont assez limités. On manque notamment de soignants.
Médecin militaire en Indochine
Et c’est en tant que médecin militaire que Valérie André arrive en Indochine, avec le grade de capitaine. Sa passion ne l’a pas abandonnée : elle arrive, en sus, un brevet de parachutiste en poche. Ses premiers déploiements et les difficultés d’évacuation des blessés depuis des secteurs reculés la frappent : de nombreux combattants décèdent alors qu’ils auraient pu survivre s’ils avaient été pris en charge plus rapidement – une expérience qu’elle fait à la fois en première ligne et dans les hôpitaux de l’arrière. L’évacuation par les airs semble être la meilleure solution mais, pour poser des avions (et les faire décoller), il faut une piste. Ce n’est pas nécessaire pour les hélicoptères, à qui une simple clairière suffit.
Un brevet de pilote d’hélicoptère en poche
Les armées commencent à s’équiper d’hélicoptères. Dès les débuts de la guerre d’Indochine, ces appareils permettent le transport des troupes dans les zones reculées et l’évacuation des blessés. Informée de leur utilisation sanitaire et toujours décidée à voler, Valérie André persuade son supérieur de l’envoyer se former en France. Avec sa double casquette de médecin et de pilote, elle sera bien plus efficace ! Après un passage en métropole où elle décroche son brevet de pilote d’hélicoptère, elle regagne l’Indochine en mai 1950 et effectue ses premières missions en double commande avec celui qui deviendra son mari, Alexis Santini. Puis elle volera seule.
Elle poursuit sa mission de médecin des armées et de pilote d’hélicoptère en Indochine puis en Algérie, évacuant des centaines de soldats. "Quand on est touché à l’abdomen, si l’on n’est pas pris en charge dans les deux heures, les chances de s’en sortir sont minces, témoigne-t-elle. Ils étaient rudement contents de nous voir arriver !"
En 1999, le président Jacques Chirac élève Valérie André à la dignité de grand-croix de la Légion d’honneur. :copyright: Sygma via Getty Images
En 1976, Valérie André devient la première femme général des armées françaises, non sans provoquer, se souvient-elle, quelques grincements de dents : "L’émancipation des femmes ne s’est pas faite toute seule." A sa mesure et dans un monde très masculin, Valérie André y a pris toute sa part !
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