Paras, bérets bleus, verts et rouges, tous unis !
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Paras, bérets bleus, verts et rouges, tous unis !

Forum pour Parachutistes et Sympathisants de par le Monde
 
AccueilPortailDernières imagesS'enregistrerConnexion
-50%
Le deal à ne pas rater :
-50% Baskets Nike Air Huarache
64.99 € 129.99 €
Voir le deal

 

 Autre témoignage, suite de la suite car post trop long

Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité
Anonymous



Autre témoignage, suite de la suite car post trop long Empty
MessageSujet: Autre témoignage, suite de la suite car post trop long   Autre témoignage, suite de la suite car post trop long Icon_minitimeSam Sep 27 2008, 20:11

Espoir toujours déçu...

S'évader !!... rêve sans cesse caressé, qui avait au moins le mérite de tenir nos imaginations en éveil, mais qui ne résistait pas à l'analyse.

Il n'y avait aucune difficulté à quitter le camp et se lancer dans la nature mais :

- Après six mois de camp nous n'avions plus la force nécessaire à un effort prolongé.

- Il fallait une réserve de nourriture suffisante pour tenir plusieurs jours, voire une semaine.

- Les diguettes et les sentiers étaient surveillés nuit et jour par des supplétifs, sans compter cette faculté que je n'ai jamais bien comprise, de repérer un européen, de loin et par nuit noire.

-Toute tentative était sanctionnée par une exécution capitale, étant considérés comme déserteurs.

Un Moï pourtant habitué à vivre et se mouvoir dans la jungle, fut rattrapé et ramené. Il ne dut son salut qu'au fait qu'il constituait un capital de propagande à cette époque où les Viets cherchaient à séduire les Moïs des hauts plateaux.

Des déserteurs, principalement légionnaires se trouvaient dans le secteur. La plupart avait déserté pour des raisons futiles. Individus sans conséquence, méprisés par les Viets, ils nous rejoignirent et partagèrent notre sort. Seuls ceux qui pouvaient être utiles, notamment dans la propagande, vis à vis de leurs camarades d'en face, furent laissés en circulation. Certains venaient nous visiter, de temps à autre, sans agressivité, nous donnant parfois les seules nouvelles de l'extérieur que nous ayons eues. Ils parlaient souvent d'un déserteur allemand de haut rang opérant dans le nord. L'un d'eux répétait toujours en me voyant :

- Ah ! Vous alors, chaque fois que je vous vois, je m'étonne de la chance que vous avez eue de rester en vie.

A quoi faisait-il allusion ?...

Vinrent nous rejoindre, quasi simultanément, un lieutenant de Légion, pris au Laos et un aspirant de Gendarmerie pris sur les hauts plateaux. Tous deux originaires d'AFN ils devinrent intimes. Lors de nos déplacements, ils étaient souvent abordés par des Viets affables qui leurs posaient sans doute la question piège :

- Dites nous franchement ce que vous pensez du Viêt-minh ?

Ils s'exprimaient en termes virulents et sans détours à l'égard du Viet -minh et du communisme en général.

Nous, les anciens, savions que ce jeu était dangereux. Nous les avertîmes sans succès. Ces propos furent enregistrés ou répétés dans cette ambiance de délation qui caractérise le système.

On vint les chercher à la Pagode pour les emmener à la prison de Phu-Chau, mauvais signe. Quelques huit jours plus tard les mines mystérieuses et les chuchotements des sentinelles me firent présager un événement; l'une d'elle annonça carrément qu'ils avaient été exécutés durant la nuit. Leur origine coloniale, pesa sans doute dans la décision.

Nous repartîmes pour un autre chantier.

Il s'agissait cette fois du creusement d'un canal important, une dizaine de kilomètres.

Méthode viet : Estimation du cubage des déblais, tant d'habitants dans la région, tant de m3 par habitant, contrôle de l'exécution.

Nous étions là encore astreints à un quota journalier. Ce quota atteint il nous était possible de faire un travail supplémentaire qui nous serait payé. Toujours en manque de nourriture, nous essayâmes, mais nous aperçûmes bientôt que la nourriture que nous pouvions acheter avec cette prime dérisoire était loin de compenser l'effort supplémentaire fourni.

Nous y renonçâmes.

C'est sur ce chantier que nous fûmes mitraillés par un avion de la Marine. Nous nous étions mis à l'abri, dès le début de l'alerte. Notre Sénégalais innocent se tenait droit au centre d'un glacis, complètement indifférent à ce qui arrivait. Je revois les impacts de balles fusant tout autour de lui. Il ne fut pas touché. Merci, Dieu des innocents!!. .

Nous rejoignîmes la Pagode et la vie continua au rythme habituel, y compris celui des disparitions par maladie. Dans cette galère, il y eut pourtant un jour de jubilation, celui où nous avons mangé le chien du chef de camp.

Le poste de garde était à distance du bâtiment où nous étions logés, prolongé par un appentis où nous faisions cuire le riz; le chien venait souvent renifler autour des marmites. Un jour quelqu'un décida qu'on allait le manger. Pendant que des guetteurs étaient en place, le chien fut assommé, dépecé, découpé et cuit sommairement pendant qu'on allait enterrer, tête, peau et entrailles dans un champ de manioc voisin, et mangé en un temps record.

Je revois encore le chef de camp cherchant son chien un peu plus tard, sifflant et appelant "Cho Cho"...

Au deuxième semestre 1952 des signes nouveaux apparurent. J'étais dans ce camp depuis quatre ans. Les gardiens et les prisonniers viets de la prison de Phu Chau me voyaient depuis toujours, connaissaient les vicissitudes de mon parcours et étaient enclins à la confidence. Certains prisonniers ne m'avaient-ils pas confié la manière dont les Viets s'étaient imposés dans le secteur : Tissage méthodique de réseaux de délation, exécutions sommaires de notables et de ceux qui résistaient, me désignant même l'emplacement des charniers, près des villages, ce dont personne ne s'est jamais soucié !!

On parla de grands déménagements vers le Nord, des déserteurs actifs d'abord, puis d’États-majors, peut-être de troupes.

On recensa les prisonniers originaires des pays de l'Est pour les rapatrier, leur dit-on, dans leurs foyers, via le Tonkin et la Chine. Beaucoup d'entre eux se méfiant de cette mesure étaient réticents. Pourtant alléchés par la perspective d'en finir la plupart se déclarèrent. Ils partirent quelques temps après.

Que sont-ils devenus ??

J'étais assez lié avec un jeune hongrois. il me promit avant de partir que, si nous nous en sortions, il me ferait signe, soit par la Légion soit par la Presse. Je n'ai jamais reçu aucune nouvelle.

On nous déclara que le Président Ho Chi Minh dans sa grande bonté allait tous nous libérer, à condition bien sûr que nous y mettions de la bonne volonté. Nous devions devenir avant cela, de véritables amis du Vietnam.

Nous commençâmes à y croire.

Des cours d'éducation politique intensifs recommencèrent, accentués par des confessions écrites, dont on exigea qu'elles fussent de plus en plus compromettantes bien qu'imaginaires. Terrible chantage !!

Les conditions de vie s'améliorèrent.

Deux messages de la Croix Rouge écrits par ma famille, en souffrance depuis des années, me furent remis. Alors j'y crus cette fois, à cette libération !!

Quelques jours avant Noël on nous déclare que cette fois le jour arrivait.

Le jour de Noël on nous rassembla pour signer solennellement l'appel de Stockholm. Au pied du mur, il fallait y aller. Seul le caporal marocain fit des difficultés, prétextant qu'il ne savait pas écrire. Qu'à cela ne tienne, on lui fit faire une croix.

Les jours qui suivirent on nous sépara en deux groupes : l'un composé des malades et invalides destiné à être libéré sur Tourane, l'autre par ceux qui pouvaient marcher, qu'on libérerait à une centaine de kilomètres plus bas, à Anh Khe.

Nous prîmes la route, désormais amis du Vietnam, en vertu de quoi nous devions chanter en traversant les villages la rengaine "Ho Chi Minh Muong Nam" apprise par coeur, jamais comprise, mais que je peux encore réciter aujourd’hui.

C'est dans l'un de ces villages qu'on nous arrête devant un groupe de personnages en noir, officiers ou commissaires politiques. L'un d'eux, que je n'avais jamais vu, vint vers moi et me dit :

- Vous savez, Monsieur Perrotin, je vous ai suivi, vous avez souffert et je sais que vous avez été courageux, excusez nous, mais notre organisation n'était pas encore au point.

Puis il me chargea d'exprimer ses regrets à Mme Salomon (l'épouse du pilote de notre avion, infirmière à Saïgon).

- Que voulez vous, ajouta-t-il, son mari a essayé de s'enfuir, nous avons du l'abattre.(je l'avais appris pas les confidences de la prison)

Quel Cynisme !!

Revenus dans la plaine à hauteur d'Anh Khe, on nous installa dans un village. Bien nourris, il fallait nous regonfler, lavés au savon, rasés etc.; nous avons attendu quinze jours dans ce village et le doute nous reprit.

S'ils allaient changer d'avis ??

Quinze jours au cours desquels nous assistâmes de loin à leur attaque d'un poste qui prolongeait la défense d’Anh Khe. Nous vîmes le poste tirer au canon, puis se taire.

Le 17 janvier on nous équipa de deux jours de vivres, une poche de riz et de la viande séchée dans un bambou. Nous partîmes pour être lâchés, mais il fallait encore traverser la chaîne annamitique, couverte de jungle, avant de parvenir en vue d'Anh Khe. Nous le fîmes par des sentiers connus des guides, pistes taillées au coupe coupe et invisibles. Nous couchâmes à la belle étoile. Le lendemain nous eûmes à traverser des marais, la dernière "vacherie", pensais je.

Avec mille précautions, les guides nous amènent sur la route à quelques kilomètres d'Anh Khe et en silence nous firent signe qu'on pouvait aller.

Nous fûmes évacués sur Pleiku ou je reçus des souliers et déambulais sous les yeux amusés de la garnison. Je ne savais plus marcher avec.

Évacué sur Saïgon à l’Hôpital Grall, rapatrié sanitaire, je passai trois mois à l’hôpital du Val de Grâce.

Chez nos camarades libérés à Tourane, deux moururent encore après leur libération, ce qui portait à plus de cinquante morts, le bilan des disparus sur les 90 prisonniers que j'avais vu passer dans le camp.

Non, M. Boudarel n'a torturé personne, au sens moyenâgeux du terme, il a seulement mis ses prisonniers dans les conditions adéquates pour que la déchéance physique et les maladies fassent la besogne à sa place.

Une interrogation, qui restera sans doute à jamais sans réponse, me tracasse encore :

Pourquoi les Viets ont-ils, en quelque sorte vidé cette zone où ils étaient en sûreté, pour se regrouper au delà du 16e parallèle, qui allait devenir, à la suite des accords de Genève, la limite des territoires Viêt-minh ?
[/color]
war.megabaze.com/page_html/123/prisoner

Amitiés
Revenir en haut Aller en bas
Papa schulz
Admin
Admin
Papa schulz


Masculin
Nombre de messages : 12008
Age : 64
Emploi : Apéro à plein temps!
Date d'inscription : 23/10/2007

Autre témoignage, suite de la suite car post trop long Empty
MessageSujet: Re: Autre témoignage, suite de la suite car post trop long   Autre témoignage, suite de la suite car post trop long Icon_minitimeDim Sep 28 2008, 16:27

beau réçie!! Autre témoignage, suite de la suite car post trop long 926774
Revenir en haut Aller en bas
 
Autre témoignage, suite de la suite car post trop long
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Autre témoignage, assez long
» Autre témoignage, suite......
» Un "Film" trop long .................
» AUTRE TEMOIGNAGE
» Trop peu, trop tard ? Malgré ses annonces, l'Elysée craint «une très grande violence» le 8 décembre .

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Paras, bérets bleus, verts et rouges, tous unis ! :: HISTOIRE DE NOTRE PATRIE :: La petite et la grande histoire :: Indochine-
Sauter vers: