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« La rapidité avec laquelle les divisions s’emparent, non sans de durs combats, de Toulon et de Marseille assure aux forces alliées un avantage excellent immédiat… Après ces opérations, la 1ère Armée pousse vers le nord au cours de l’automne et de l’hiver et se trouve engagée dans des combats difficiles et continus dans les Vosges ; les formations nord-africaines, particulièrement les Tirailleurs et les Goumiers, jouent à nouveau un rôle essentiel dans la montagne, au prix de lourdes pertes… »
(Anthony Clayton(1)).
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Depuis deux ou trois ans, Macron, profite de ses vacances à Brégançon pour redorer son blason en se rendant aux cérémonies du débarquement en Provence du 15 août 1944.
Le fera-t-il cette année ? Sans doute, car ce sera l’occasion pour lui de prononcer un discours fleuve – il adore ça ! – et de regagner quelques points dans les sondages : sa cote de popularité remontera auprès des militaires, qui aiment qu’on honore leurs combats (et leurs rares victoires) ; auprès des Franco-maghrébins (d’Algérie, de Tunisie et du Maroc) qui essaient, depuis des années (2), de nous faire croire qu’on les a utilisés comme « chair à canon » pour libérer la métropole ; auprès de « pieds noirs » qui sont contents qu’on reconnaisse enfin leur participation à la libération de la Patrie. Pour lui, c’est du pain béni, il aurait tort de s’en priver !
Chaque année, la presse aux ordres nous explique que, par cette commémoration, Macron est dans la suite logique de son « Itinérance mémorielle » à l’égard des poilus de 14-18, et qu’il prend ainsi une dimension de chef d’Etat « disparue depuis le général de Gaulle ».
Or, il nous a surtout démontré sa capacité à dire tout et son contraire pour glaner quelques suffrages : il honore l’Armée d’Afrique « et en même temps » il fustige le colonialisme et les « crimes contre l’humanité » commis en Algérie. En clair, il racole chez les musulmans !
C’est une bonne chose que de saluer la libération de notre sol national, mais encore faut-il le faire avec un minimum d’honnêteté intellectuelle. Nous avons un « devoir de mémoire ».
Je voudrais, par exemple, qu’on arrête d’entretenir le mythe, aussi stupide que mensonger, de « la France libérée par elle-même » et du « premier résistant de France » boutant le teuton hors de France à coups de croix de Lorraine, aidé par les FTP communistes (3).
La « barbarie nazie » a été mise à bas par… 360 divisions soviétiques, et sur notre sol, par 90 divisions américaines, 20 divisions britanniques et… l’Armée d’Afrique. Il n’est donc pas exagéré de dire que l’Armée d’Afrique a libéré la France. Rappelons, pour mémoire, que lors du débarquement en Provence d’août 1944, le général Giraud mobilisa 27 classes de Français d’Algérie. Du jamais vu, même pendant la Grande Guerre !
176 500 furent réellement incorporés. Ils se sont remarquablement battus et leur taux de pertes au feu fut deux fois supérieur à celui des autres unités alliées ayant participé, de près ou de loin, à la libération du sol national. Et tant pis s’il faut, ici, contredire les auteurs du film « Indigènes » mais l’effort demandé aux musulmans fut moindre : sur 14 730 000 habitants de l’Algérie, 233 000 furent mobilisés soit 1,58% de la population. La majorité était constituée d’engagés volontaires.
L’effort consenti librement par les musulmans d’Afrique du Nord (Algérie, Tunisie ET Maroc) fut 10 fois moins important que celui demandé aux « pieds noirs ».
A partir du 15 août 1944, ce sont environ 260 000 combattants de « l’Armée B » du général de Lattre de Tassigny, qui ont débarqué dans le sud de la France. 10 % étaient originaires de la métropole (les « Français Libres » de De Gaulle), 90 % venaient d’Afrique du Nord dont une écrasante majorité pour les départements d’Algérie. (48 % étaient des «pieds noirs»).
Sur les 400 000 soldats « alliés » du débarquement de Provence, 260 000 étaient des soldats (ou des supplétifs) français. Il est bon de le rappeler aux gens qui se chargent de réécrire l’histoire.
Pour relativiser les choses, il faut se souvenir que le 6 juin 1944, les « Français Libres » qui débarquèrent ce jour-là étaient… 177 : les « bérets verts » du commando Kieffer.
La 2ème DB du général Leclerc – celle qui est entrée dans l’histoire – n’a débarqué qu’en août 1944 sur le sol de France. Et, aussi glorieuse soit-elle, ce n’était jamais qu’UNE division.
À l’origine appelée « Anvil » (enclume en anglais), le nom a été changé en « Dragoon » par un caprice de Winston Churchill qui était opposé à ce débarquement. Il déclara y avoir été « contraint » (dragooned en anglais). Il souhaitait, lui, une percée des troupes déployées sur le front d’Italie vers les Balkans pour prendre en tenaille l’armée allemande en Europe centrale et surtout, arriver à Berlin avant les troupes soviétiques.
L’opération « Dragoon » incluait un atterrissage de planeurs (opération « Dove ») et un faux débarquement dans le Nord de l’Italie (opération « Span »).
Le 15 août 1944, l’occupant fait sauter les installations portuaires : plus de 200 navires sont coulés et le célèbre pont transbordeur de Marseille est détruit.
Le 19 août 1944, le général de Lattre de Tassigny (photo ci-dessous) reçoit l’ordre du général Patch, qui commande la VII° Armée américaine, de prendre Toulon et Marseille.
Deux groupements sont constitués pour attaquer simultanément les deux ports:
=> Le premier, aux ordres du général de Larminat, est chargé d’attaquer Toulon : il compte 52 000 hommes, principalement de la 1ère Division des Français Libres (1ère DFL) du général Diégo Brosset, et de la 9ème Division d’Infanterie Coloniale (9ème DIC) du général Magnan.
Après des combats aussi rudes qu’héroïques, le nettoyage de la ville est confié à la 9ème DIC.
La reddition de Toulon a lieu le 26 août 1944. Le bilan est lourd. Selon le général de Lattre, les pertes françaises sont de 2 700 tués ou blessés. Les pertes du seul 6ème Régiment de Tirailleurs Sénégalais (6ème RTS) commandé par le colonel Raoul Salan sont, pour la période du 18 au 25 août 1944, de 107 tués, 19 disparus et 461 blessés.
Les Allemands comptent environ 1 000 tués et 17 000 prisonniers.
=> Le second groupement est chargé d’attaquer Marseille : 12 000 hommes, essentiellement de la 3ème Division d’Infanterie Algérienne (3ème DIA) aux ordres du général de Goislard de Monsabert, des Groupements de Tabors Marocains (GTM) et de la 1ère Division Blindée (1ère DB).
Le lundi 21 août, les FFI de Marseille, commandés par Henri Simon, lancent l’insurrection accompagnée d’un mot d’ordre de grève générale. Ils occupent rapidement quelques bâtiments et carrefours mais, mal armés et peu nombreux, leur position est critique jusqu’à l’arrivée des Tirailleurs Algériens de la 3ème DIA du général de Monsabert et des Goumiers Marocains du général Guillaume, appuyés par la 1ère DB, qui pénètrent dans Marseille le mercredi 23. Les combats seront d’une rare violence jusqu’à la capitulation du général Schaeffer le 28 août.
La encore, le bilan est lourd : 1800 tués ou blessés du côté français. Du côté allemand, on dénombre plus de 2 000 tués et 11 000 prisonniers.
Le Général de Montsabert écrira dans son rapport sur la bataille: « Onze mille prisonniers, un grand nombre de pièces d’artillerie intactes, des stocks de munitions et de vivres, les installations portuaires sauvées de la destruction totale sont le bilan de cette libération victorieuse… »
On me dit souvent que j’oublie « le poids considérable de la Résistance ».
Non, je n’oublie rien et j’ai un profond respect pour les vrais résistants. Ceux qui n’ont pas attendu les deux débarquements pour voler au secours de la victoire (4). Mais la Résistance, d’après l’historien Basil H. Liddell Hart, a représenté l’équivalent de deux divisions ; deux… sur les 500 venues à bout du Nazisme.
Il faut se souvenir aussi que, lors de la Libération, l’armée a réussi à incorporer – péniblement – moins de 100 000 résistants alors que, sur les trois départements d’Algérie, le général Giraud était arrivé à mobiliser 300 000 hommes. Les chiffres parlent d’eux-mêmes !
Pourquoi nos manuels d’histoire ont-ils oublié l’Armée d’Afrique ?
D’abord parce que ces troupes magnifiques ont été appelées « l’Armée du Maréchal ».
En effet, beaucoup de commandants d’unités étaient des hommes de Vichy qui vouaient un profond respect à la personne du Maréchal Pétain, ce qui entache le mythe gaulliste.
Sans doute, aussi, pour faire oublier qu’après une guerre gagnée militairement, le 19 mars 1962, la France a lâchement, tragiquement, honteusement, abandonné les « pieds noirs » et les musulmans venus la libérer en 1944… Ces derniers ont espéré, en vain, un renvoi d’ascenseur.
Si Emmanuel Macron était honnête – ce dont je doute -, il rendrait hommage aux « pieds noirs » pour l’effort consenti pour libérer la métropole.
Il oublierait l’influence néfaste des Stora et consorts, reconnaîtrait les bienfaits de l’œuvre française en Algérie et demanderait pardon de l’avoir qualifiée de « crime contre l’humanité ».
Mais, s’il était honnête, il ne serait pas président de la « Ripoux-blique » !
Éric de Verdelhan10 août 2022 1)- « Histoire de l’Armée française en Afrique » d’Anthony Clayton, (Albin Michel, 1994).
2)- En particulier depuis la sortie du film de propagande « Indigènes » réalisé par Rachid Bouchareb, en 2006. Avec ce film, Jacques Chirac découvrait, parait-il, le rôle des musulmans dans la libération de la France. En réalité ce film était encore un prétexte pour une séance de « lèche-babouches ».
3)- J’ai traité ce sujet dans mon livre « Mythes et Légendes du Maquis » (Editions Muller, 2018).
4)- Pas les salopards-revanchards qui punissaient la «collaboration horizontale» à coup de tondeuse !