Quizz 479

Bonjour
Restons dans le secteur évoqué dans le quizz 478.
Les paras américains n'ont pas été les premiers à s'y frotter aux soldats de Rommel.
Que s'est-il donc passé, quatre ans auparavant, dans ce lieu situé à un peu plus de 18 kilomètres à l'ouest-sud-ouest d'Iron Mike?
JJ

Oui, JP, c'est effectivement dans cette direction qu'il faut chercher...
JJ

Bonsoir
La balle est dans votre camp!
Vous êtes tous d'anciens militaires, d'active où de réserve.
Vous avez donc des connaissances en topographie.
Il me semble qu'avec les données que je vous ai fournies, il ne doit pas être bien difficile de trouver cet endroit.
Qui a un rapport avec Notre Seigneur Jésus-Christ.
Google Earth, vous connaissez?
Bon dimanche
JJ

Source : Normandy Victory Museum
[size=30]Le 17 juin 1940, dans la Manche…
par Patrick FISSOT | 24 Mar 2020 | Les batailles
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Doit-on considérer que le soldat français de 1940 n’a finalement rien fait pour enrayer la vague déferlante et mécanisée de l’armée allemande ? Que le commandement était bien souvent inefficace et que, parfois, il avait même tout bonnement disparu, au milieu de la bataille ? Ce casque français modèle 26, a été trouvé en 2005, lieudit La Basseneuvillerie, à Saint Sauveur de Pierrepont et ramassé sur le champ de bataille en juin 1940. Il témoigne d’une toute autre histoire…

Saint Sauveur de Pierrepont et la drôle de guerre de 39

Saint-Sauveur de Pierrepont était avant-guerre un paisible village que rien ne destinait à devenir un symbole des combats de 1940 dans la Manche. Surplombant les marais, la petite bourgade se situait à la sortie de la Haye-du-Puits, sur la route des Pieux et de Cherbourg. Dès septembre 1939, les hommes étaient partis à la guerre, comme partout dans le pays, appelés par la mobilisation générale. Pendant des mois, on n’avait guère entendu parler du « front » vu qu’il ne s’y passait pas grand’chose, hormis quelques coups de main. Les vieux de 14 grommelaient dans leurs moustaches, estimant que ce n’était plus comme de leur temps, qu’à leur époque, « …on attaquait les Boches tous les jours… ». Mais rien n’y faisait, c’était la « Drôle de guerre », autrement dit une période où les deux camps s’observaient, se faisaient face sans envisager d’offensive, dans l’attente d’une meilleure mobilisation industrielle qui donnerait l’avantage. A Saint-Sauveur-de-Pierrepont, on est alors loin du front, les préoccupations sont toutes autres. Régulièrement, les mobilisés de la commune écrivent que, là où ils sont, « …il ne se passe rien… ».

1940, La Blitzkrieg partie des Pays-bas avance plus vite que la marée jusqu’aux terres Cotentines

La situation est bouleversée à compter du printemps 1940, lorsqu’Hitler lance ses divisions blindées et parachutistes à la conquête des pays scandinaves. A compter du 10 mai, ses troupes envahissent les Pays-Bas, la Belgique et traversent les Ardennes vers le nord de la France. Surprise par une manière de faire la guerre inédite, basée sur la « Blitzkrieg », l’offensive-éclair théorisée par Guderian et les généraux allemands, l’armée française doit battre en retraite, après de sévères combats. Tous les jours, le soldat français est mitraillé sans répit par l’aviation allemande, il doit parcourir des kilomètres à pied, avec les blindés ennemis sur ses talons. Parfois, d’héroïques combats d’arrière-garde ont lieu, de la Belgique à Dunkerque en passant par la Meuse ou les bords de Loire, mais partout, une impression domine. C’est la débâcle.

Mai 1940, entre attente, angoisse et espoir

Le 27 mai, la Préfecture de la Manche annonce que le département est désormais inclus dans la zone des armées, donc susceptible de connaître des opérations militaires d’envergure. Pourtant, jusqu’au début juin, Saint-Sauveur-de-Pierrepont vit finalement loin de la guerre, qu’elle suit par les journaux et la radio. On n’a toutefois plus guère de nouvelles des soldats, le courrier est plus irrégulier. La région de Cherbourg devient la cible des bombardiers allemands et les alertes s’y multiplient, comme les tirs de DCA. Le 9 juin, on apprend que les Allemands sont à Rouen. Inexorablement, la guerre se rapproche. Les colonnes de réfugiés qui traversent la Manche colportent les nouvelles les plus improbables, aggravant l’angoisse. Mais le moral revient bientôt à Saint-Sauveur-de-Pierrepont à la vue des nombreux convois anglais qui passent le bourg et filent vers Cherbourg.

L’arrivée de Rommel et les courageux défenseurs

Tout change le 17 juin, dans la Manche. Venues de l’Orne par Vire, deux colonnes blindées allemandes traversent le sud du département, l’une prenant la direction de Saint-Lô puis Carentan, l’autre passant par Gavray et Coutances. Ce sont les unités avancées de la 7ème division blindée, commandée par un jeune général audacieux, Erwin Rommel. Hitler lui a assigné un objectif clair, prendre Cherbourg, ce qu’il entend bien faire le plus rapidement possible.
Le 17 juin 1940, alors que tout semble perdu, que partout on entend « …la guerre est finie, c’est Pétain qui l’a dit… », une poignée de soldats irréductibles s’accroche encore aux lignes de défense, dans le Cotentin. Ce sont des marins, des artilleurs, des tirailleurs sénégalais, des fantassins plus ou moins âgés que le destin a placé là, sur la ligne de défense établie à la hâte le long des marais du Cotentin. Equipés de quelques canons, d’un matériel parfois datant de l’autre guerre, ils doivent à eux seuls, arrêter les Panzer de Rommel, pour permettre le rembarquement des troupes anglaises qui affluent dans Cherbourg ainsi que des forces françaises et de toutes les administrations essentielles.
Les premiers combats se déroulent au nord de la Haye-du-Puits, au soir du 17 juin. Après une traversée de la Manche sans résistance, Rommel voit ses troupes immobilisées sur la route de Cherbourg, à Denneville. La nuit tombe, les Allemands décident de ne pas prolonger l’engagement. A l’aube, l’artillerie se déchaîne et réduit au silence la position défensive française. Déplorant de nombreux tués et blessés, l’unité française résiste mais doit se replier, tandis que les Allemands capturent la position et reprennent leur marche en avant.

Une lutte inégale et la victoire de Rommel

A quelques kilomètres, un autre point d’appui français connaît sensiblement le même sort, c’est celui qui s’est installé à Saint-Sauveur-de-Pierrepont. Equipée de deux canons, la position commandée par l’ingénieur du Génie maritime Ramas doit ralentir les Allemands le plus longtemps possible. Acceptant le sacrifice, ces hommes luttent à un contre dix, surclassés par la puissance mécanique allemande. En quelques minutes, les pièces d’artillerie sont détruites, les servants blessés se replient, comme les fantassins et les Sénégalais qui combattaient à leurs côtés. Le chef de position est tué ainsi que deux marins, de nombreux blessés gisent sur le champ de bataille, labouré par les obus allemands. Le dernier verrou ayant cédé, Rommel peut se ruer sur Cherbourg.
Sur la côte ouest, près de Carentan, des combats retardateurs ont également lieu, mais ne parviennent pas à enrayer l’avancée des Panzer bien longtemps. La bataille pour Cherbourg débute alors, elle s’achève au 19 juin. Rommel tient enfin sa victoire !

Bonjour
Bravo, belle recherche...
Je développerai ces événements cet après-midi, mais voici déjà quelques photos.
JJ


Ce canon de 90 mm Mle 1877 sur affût Mle 1916 exposé en mémorial dans le cimetière de 
Saint-Sauveur-de-Pierrepont, est une pièce unique en France. Pour en voir un autre, il faut aller...
à Bizerte, au fort d'Espagne. Ce n'est pas ce type de canon qui armait la batterie de Saint-Sauveur


La plaque apposée derrière le canon


Le pont sur le Gorget

Merci JJ pour les photos 

Bravo pour moi Jean-pierre???? c'est l'ami jojo qui a répondu.

Bonjour
Le 16 juin 1940, l'Amirauté reçoit confirmation, via une source britannique, que l'objectif de Rommel et de sa 7e Pz est bien Cherbourg. Mais dès le 17 mai, devant l'évolution de la situation dans le Nord, la mise en état de défense des "Lignes de Carentan" est entreprise. Du golfe des Veys à la côte ouest du Cotentin, la Douve et les zones marécageuses ne laissent qu'une zone insubmersible de 7 kilomètres de large, à l'ouest de Saint-Sauveur-de-Pierrepont. Cette zone n'est franchissable que par la route, à cause du compartimentage du terrain, le "bocage", qui causera tellement de soucis aux Américains en 1944.
Le Cotentin est donc assez facilement défendable, pourvu que l'on dispose des effectifs suffisant.
Quels sont ces effectifs au moment de l'arrivée des forces allemandes?
La Marine nationale fournit les moyens d'artillerie, essentiellement des canons de 75 sur affût de bord ou de côte, et les personnels pour les servir, les moyens radio, ainsi que plusieurs bâtiments du guerre chargés de l'appui d'artillerie lourde: 
- groupe Courbet, à l'est de la presqu'île: cuirassé Courbet, torpilleurs Flore et Melpomène, et aviso Amiens
- groupe Léopard, à l'ouest: contre-torpilleur Léopard, aviso colonial Savorgnan de Brazza.
Les effectifs de la Guerre ne comptent que trois bataillons d'infanterie et deux compagnies de mitrailleurs, dérisoires pour tenir un front de 30 kilomètres.
Face aux Lignes de Carentan, Rommel peut utiliser deux itinéraires pour atteindre son objectif:
- le plus direct, par la nationale 13, qui file directement sur Cherbourg, par Valognes
- le second permet de contourner la Douve et ses marécages, via la Haye-du-Puits et Saint-Sauveur-de-Pierrepont. Après ce village, une route permet de gagner Cherbourg, via les Pieux, et une autre permet de rattraper la N13 à Valognes. Saint-Sauveur est donc un carrefour de la plus haute importance.
La défense est organisée autour d'une ligne de points d'appui, dotés ou non de canons de 65 ou 75 sur affût Mle 1916, sur plateformes en béton ou en chêne. Voici la liste des PA dotés d'artillerie, d'Ouest en Est.
Sous-secteur Ouest, PC à Saint-Sauveur-le-Vicomte
- Saint-Lô-d'Ourville, deux canons de 75
- Denneville, passage à niveau, un canon de 75
- Marcanville, passage à niveau, deux canons de 75
- Saint-Sauveur-de-Pierrepont, deux canons de 75 
- Haut-Mesnil-la-Sangsurière, un canon de 65.
Sous-secteur est, PC à Sainte-Mère-Eglise:
- Pont-l'Abbé, un canon de 65
- Beuzeville-la-Bastille, un canon de 65
- Saint-Côme-du-Mont, quatre canons de 75.
Ce dernier PA, qui commande la N13, étant particulièrement difficile à faire sauter, Rommel, pousse ses reconnaissances sur l'itinéraire La-Haye-du-Puits-Saint-Sauveur-de-Pierrepont. Le 17 juin, à 22 heures, celles-ci se heurtent au PA de Denneville, commandé par l'enseigne de vaisseau Allary. Outre son canon, ce PA est défendu par une section du 6e bataillon du 208e RI, et par une section de mitrailleurs du 27e RICMS. Deux, et peut-être trois blindés sont détruits, ainsi que plusieurs side-cars. Le 18 à l'aube, un tir d'artillerie allemand tue un second-maître, et blesse plusieurs hommes, dont Allary. La position est évacuée à 10 heures.
Au PA de Marcanville, commandé par le lieutenant Jacquin, deux blindés sont également détruits, mais le lieutenant Le Lann, commandant la section de mitrailleurs du 27e RICMS, est tué, avec cinq de ses hommes, par l'explosion accidentelle d'une mine. Mais, là aussi, l'avance allemande est stoppée.
A Saint-Sauveur-de-Pierrepont, la position, commandée par l'ingénieur du génie maritime de deuxième classe (lieutenant) Ramas, comprend, outre ses deux canons de 75, une section de fusiliers-voltigeurs, et quatre sections de mitrailleurs du 27e RICMS. Cette position clé est donc confiée à un officier, certes valeureux, mais sans connaissances particulières du combat d'infanterie.
Les Allemands, comme dans beaucoup d'autres endroits, vont faire à Ramas le "coup de l'armistice". Précédés de drapeaux blancs, des parlementaires, porteurs de tracts barrés de tricolores faisant référence au discours de Pétain assurant qu'il faut "cesser le combat", se présentent à l'entrée du PA. Privé de liaison téléphonique, Ramas envoie alors une estafette cycliste pour demander des ordre. Mais il commet l'imprudence fatale de laisser les parlementaires ennemis pénétrer sur sa position. Aussi, lorsque l'estafette est de retour avec l'ordre de repousser les Allemands, les parlementaires, de retour dans leurs lignes, font déclencher, à partir de 04 heures, un violent tir d'artillerie, ciblé sur les canons de 75, et sur les positions des mitrailleurs. A 06 heures, les canons sont détruits, et Ramas et deux de ses hommes ont été tués. Il y a beaucoup de blessés. Les Allemands n'ont plus qu'à abattre le barrage de tronc d'arbres érigé en travers de la chaussée, et la route de Cherbourg leur est ouverte. Seules quelques escarmouches les retarderont.
Seul le manque d'officiers expérimentés peut expliquer le choix de Ramas pour le commandement d'un PA aussi essentiel. Mais c'est la Marine qui était aux commandes, et elle a certainement eu à cœur de mettre en avant le sacrifice de son représentant. Il n'en est pas moins vrai que celui-ci s'est fait rouler par les Allemands dans cette affaire. Il est mort pour la France. Gloire à lui pour l'éternité.
Rommel ne cherchera pas à forcer les défenses du sous-secteur Est, l'estimant trop bien défendu. Quant aux deux groupes de soutiens navals, les quelques centaines de projectiles qu'ils vont expédier (105 coups de 305 pour le Courbet), mal observés, et donc mal réglés, ne causeront guère que quelques frayeurs aux troupes de Rommel. Faute de pouvoir regagner Cherbourg, les navires gagneront Portsmouth, et constitueront plus tard l'embryon des FNFL. Cherbourg tombera le 19 juin, mais c'est une autre histoire.
La courte résistance des lignes de Carentan aura, malgré tout, permis le rembarquement de la 52e division d'infanterie britannique, imprudemment mise à terre les jours précédent.
JJ


Un des canons de 75 du PA des Ponts-Douve, à Saint-Côme-du-Mont, après son occupation par les Allemands


La position de Saint-Sauveur-de-Pierrepont


Le cuirassé Courbet, peint dans l'usine électrique d'un ouvrage de la ligne Maginot


Le monument de Saint-Sauveur-de-Pierrepont est érigé à côté de l'ancienne église, détruite par 
les Allemands lors des combats de la Libération

Quel travail formidable,merci beaucoup JJ