J'arrive chef ......................... 29 mars 1918. Croyant être à l'abri des bombardements le Vendredi saint, les fidèles se rendent à l'office
Un obus tiré par la Grosse Bertha pulvérise l'église Saint-Gervais tuant 91 fidèles. Ce Vendredi saint, Dieu est aux abonnés absents, comme trop souvent en temps de guerre...
En quelques secondes, ses centaines de fidèles réunis dans l'église Saint-Gervais, au coeur de Paris, sont ensevelis sous les décombres de la voûte, pulvérisée par un obus tiré par les Allemands.
Le bilan est terrible : 91 bons catholiques rejoignent directement le ciel, du moins faut-il l'espérer.
Et 68 autres ne sont que blessés.
Retardée par des gaz lacrymogènes tirés par les CRS, Christine Boutin arrive en retard à la messe, ce qui lui sauve la vie...
Les Allemands commencent à bombarder Paris le 23 mars.
Ils utilisent pour l'occasion trois canons géants installés à 120 kilomètres de la capitale, que les Parisiens nomment Grosse Angela.
Ce qui est une colossale erreur !
Il ne s'agit pas non plus de la Grosse Bertha qui n'a jamais bombardé Paris, mais seulement Liège et Maubeuge.
D'une portée limitée à 14 kilomètres, ce gros obusier aurait été bien incapable d'arroser la capitale depuis une ligne de front éloignée d'une centaine de kilomètres.
En fait, pour désigner ces canons bombardant Paris, les Allemands utilisent l'expression "Pariser Kanonen" ou encore "Paris-Geschütz".
Les ouvriers de l'usine Krupp, leur ont donné le surnom affectueux de "Langer Friedrich" ("Frédéric le long"), en hommage au fondateur du groupe, Friedrich Krupp.
Enfin quelques amateurs de football croient malin d'utiliser l'expression Ribery canonen...
Il s'agit, en fait, de trois canons dotés d'un tube de 34 mètres de long, expédiant des obus de 210 mm, longs de 90 cm et pesant 125 kilos.
Tous les 65 tirs, il faut remplacer le tube, dont plusieurs kilos de métal sont arrachés à chaque passage d'obus.
TrêveLes 23 et 24 mars, une pluie d'obus terrorise les Parisiens, puis elle s'interrompt.
Cinq jours plus tard, le vendredi 29 mars 1918, les Parisiens se disent que les Allemands respecteront le week-end pascal.
Vers 15 heures, ils se rendent donc en toute confiance à l'église pour assister à l'office des Ténèbres du Vendredi saint.
Le Seigneur ne pourrait pas leur jouer un sale tour aujourd'hui, n'est-ce pas ?
Oublient-ils, ces malheureux, que le même Seigneur est également prié par les Teutons ?
Le bombardement reprend donc le 29 mars 1918, à 15 h 30, avec un premier missile tombant à Montrouge.
À 15 h 55, le deuxième atterrit à Châtillon.
À 16 h 27, enfin, le troisième obus crève la toiture de l'église Saint-Gervais située derrière l'hôtel de ville, traverse la voûte et détruit la moitié supérieure d'un pilier dans une formidable détonation.
Des centaines de blocs de pierre pleuvent sur l'assistance recueillie.
Des hurlements de terreur et de douleur s'élèvent vers le ciel.
Sur le sol, des centaines de corps sont immobiles ou se tordent de douleur dans un nuage de poussière.
Marthe, 11 ans, morte ! François, 16 ans, mort ! Madeleine, 14 ans, morte ! Jeanne, 78 ans, morte ! Alfred, 71 ans, mort ! Il y a, au total, 91 morts.
C'est une hécatombe. Les survivants se traînent dehors, craignant de nouveaux effondrements.
Les secours parviennent rapidement sur les lieux, ainsi que le président du Conseil des ministres et le président de la République.
Le cardinal Amette, accouru du diable vauvert, s'exclame : "Un tel crime, commis dans de telles conditions, en un tel jour et à une telle heure, soulève la réprobation de toutes les consciences."
Bernard de la Villardière constatant qu'il n'y a pas de pensionnaires de bordel parmi les morts, repart avec son équipe...
367 obusReconnaissons que le tir au but des artilleurs allemands est l'effet du hasard (ou de la volonté divine).
À l'époque, pas de visée laser ou d'informatique pour opérer des frappes chirurgicales.
Pour améliorer la précision du tir, les canonniers ne peuvent se baser que sur le témoignage de deux taupes allemandes vivant à Paris qui indiquent le lieu où tombent les obus à un correspondant téléphonique de Morteau.
L'information remonte jusqu'aux artilleurs avec quatre heures de retard.
Pour éviter aux "Pariser Kanonen" d'être repérés par les détecteurs sonores de l'armée française, les obusiers allemands tirent simultanément avec plusieurs autres canons disposés dans le même axe.
Entre le 23 mars et le 9 août 1918, Paris et sa banlieue reçoivent ainsi 367 obus, causant la mort de 256 personnes et en blessant 620 autres.
Un sixième des morts du Titanic, c'est tout !