Il y a dix ans, en Libye, la liquidation du colonel Kadhafi...
Le 20 octobre 2011, le colonel Mouammar Kadhafi était liquidé après plus de 40 années d'un règne quasi absolu. Il avait pris le pouvoir en 1969 à l’occasion d’un putsch militaire qui avait déposé le roi Idris et renversé la monarchie. Très éclectique dans ses choix politiques, inspiré par le panarabisme, disciple de Nasser, mais aussi admirateur du général de Gaulle et de Mao, il rêvait – comme beaucoup d’extrémistes musulmans – , de constituer une vaste union des pays arabes.
Bénéficiant de la manne pétrolière, il finança toutes les organisations terroristes possibles, considérant que tout ce qui était anti américain et anti occidental comptait parmi ses alliés naturels. Il réussit à constituer (entre 1971 et 1973) une éphémère fédération Libye – Syrie - Egypte, assez vite déconstruite par l’égyptien Anouar El Sadate. Il signa ensuite en 1974 avec Bourguiba à Djerba un vague accord entre la Libye et la Tunisie et se mit ensuite à financer avec frénésie tous les mouvements subversifs possibles, sous condition expresse qu’ils fussent les ennemis de l’Occident. Jusqu’à l’attentat de Lockerbie en décembre 1988, explosion en vol et crash d’un avion de ligne de la Panam au-dessus de l’Ecosse qui fit 260 morts (équipage, passagers et personnes au sol) et dont il fut vraisemblablement l’organisateur, bien que ne l’ayant jamais reconnu officiellement.
Personnage dangereux, paranoïaque, fantasque et imprévisible, il changea radicalement de braquet en 2000, souhaitant se faire reconnaitre auprès des grandes puissances comme… le chantre de la guerre contre le terrorisme ! « Plus c’est gros, mieux ça passe », avait coutume de dire Chirac, qui en connaissait un rayon, reprenant ainsi - sans doute sans le savoir - une citation de Joseph Goebbels !
Dans la mouvance du « printemps arabe », Kadhafi dut faire face à une soulèvement intérieur en 2011 et sera proprement liquidé. Par des éléments subversifs libyens et/ou peut-être même par des services spéciaux français, disent les mauvaises langues, lesquelles prétendent que Sarkozy avait tout intérêt à faire disparaitre le principal témoin des prétendus financements occultes de sa campagne présidentielle par le régime de Tripoli. Pour plus d’informations à ce sujet, consultez Mediapart…
Entretemps, le dictateur libyen avait eu le temps d’être reçu à Paris comme un prince en décembre 2017 lors d’un voyage officiel, dressant même sa tente de bédouin à l’hôtel Marigny, face à l’Elysée, devant un Sarkozy subjugué par les contrats militaires mirobolants en jeu (plus de 10 milliards d’euros - qui ne seront jamais concrétisés).
On notera, par souci de vérité et d’objectivité, la réaction négative de Kouchner, qui évita le « dîner d’honneur » à l’Elysée, prétextant une « obligation » à Bruxelles, et une déclaration courageuse de Rama Yade dans « Le Parisien », précisant que « la France n’est pas un paillasson sur lequel un dirigeant – terroriste ou non – peut venir s’essuyer ses pieds ensanglantés ».
On reste interrogatif sur les raisons du revirement de Sarkozy qui sera, 4 ans plus tard, l’un des bras armés de la coalition de l’OTAN partie à l’assaut de la Libye et de son dictateur... jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Eh bien voyez, vous, chers lecteurs, c'est sans doute qu'il faut savoir choisir ses amis et ses conseillers !
En l’occurrence, ce fut l'insupportable arrogant et prétentieux Bernard Henri Lévy, toujours prêt à se faire mousser là où il faut être pour être vu, qui incita le président Sarkozy à partir en guerre contre un tyran, reçu en grandes pompes à Paris un peu plus tôt.
Le motif ? Le « printemps arabe » ! Ce fameux « printemps arabe » que le grand visionnaire et futurologue inspiré BHL imaginait balayer tous les miasmes sur son passage et apporter dans la joie et l'allégresse la démocratie au monde musulman…
Pour ce qui concerne la Libye, on connait la suite et ses conséquences. Notamment migratoires !… Bravo, BHL !
Marc Le Stahler |