29 octobre 1922

Il y a 99 ans, Mussolini organisait la Marche sur Rome. Un quadrumvirat composé de Bianchi (un syndicaliste révolutionnaire), de Bono (général des bersaglieri), Balbo (il se rendra célèbre par ses vols transatlantiques) et de Vecchi, un monarchiste  gère l'aspect technique. Trois colonnes se dirigent sur Rome sous une pluie battante. Il suffit que le roi Victor Emmanuel III donne l’ordre de stopper la marche pour que l’armée, le Regio Esercito,  en vienne à bout. Il laisse faire par calcul. Mussolini est resté à Milan pour observer les événements,  si ça tourne mal il part pour la Suisse qu’il connaît bien depuis ses années d’exil lorsqu'il était socialiste révolutionnaire. Dans la nuit, un coup de fil du Quirinal, sa femme Rachele décroche. C'est le cabinet du roi. Mussolini doit se rendre à Rome et former un nouveau gouvernement.
Le bluff a marché.

Ps, c'est un peu succinct mais j’y reviendrai.

Des quatre quadrumvirs (beau pléonasme), Bianchi mourra de la tuberculose dans les années 30, Italo Balbo, nommé gouverneur de Libye sera tué à bord de son Savoia Marchetti SM 79 par un tir de la défense antiaérienne italienne de Tobrouk qui a confondu l’appareil à un Blenheim et de Vecchi et de Bono trahiront Mussolini durant le vote de la motion Grandi le 25 juillet 1943. De Bono sera exécuté suite aux procès de Vérone avec Ciano le gendre du Duce.

Merci Alex 

Pour comprendre cet événement il faut remonter à sa genèse. Justement je dois faire un article pour l'année prochaine. Je ferai ici une espèce d’histoire parallèle qui commence en 1922, mous par mois. Donc à partir de janvier prochain..

J'avais écrit un préambule sur les chemises noires,Camicie Nere  en italien pour une revue concernant les légions de la MVSN,la milice du parti parties combattre en URSS.


De la genèse du squadrisme aux bataillons d'assaut M .
 
Pour l'Italie, la Première Guerre Mondiale s'achève par une victoire au goût amer avec un bilan humain très lourd : 650000 morts, 1 million de blessés dont beaucoup de mutilés, mais aussi avec une économie exsangue, une monnaie dévaluée, une crise morale, des tensions sociales sur fond de troubles révolutionnaires. Pour les soldats démobilisés dont un bon nombre d'Arditi[url=#_ftn1][1][/url], la désillusion est immense, rien a changé dans l'Italietta, ils ne se reconnaissent pas dans l'état libéral giolittien[url=#_ftn2][2][/url] pour lequel les plus grands sacrifices avaient été consentis. Dans les rues des grandes villes, la chasse aux officiers est ouverte, ils sont rendus responsables des malheurs du pays. Ces rescapés de l'enfer des tranchées refusent la « victoire mutilée » comme l'appelle le poète-condottiere Gabriele d'Annunzio, ils aspirent à la reconnaissance de cette nouvelle aristocratie des tranchées (trinceocrazia) et se regroupent en associations d'anciens combattants comme l'ANAI  (Association Nationale d'Arditi d'Italia) créée par les futuristes Mario Carli et Filippo Tommaso Marinetti[url=#_ftn3][3][/url]. Ils sont soutenus par d'Annunzio et Benito Mussolini qui se fait leur porte-parole dans son journal Il Popolo d'Italia . Regroupés en squadre d'azione ou escouades de combat, ils vont former les troupes de choc au service de Mussolini.
Des étudiants, des syndicalistes-révolutionnaires  viennent grossir les rangs de ces squadre, encadrés par des Ras[url=#_ftn4][4][/url] et c'est au son de Giovinezza , chant des Arditi,qu'ils partent à bord de camions mener des expéditions punitives. Ces squadriste, vêtus de chemises noires, empruntent également aux Arditi le fez noir, le poignard au ceinturon ainsi que leur style martial et  se donnent des noms rappelant l'aventure fiumaine : me ne frego, la disperata...
Benito Mussolini , ex-socialiste passé au nationalisme-révolutionnaire,  crée le 23 mars 1919 dans la salle de la chambre de commerce de Milan, piazza San-Sepolcro les premiers fasci de combattimento ou faisceaux de combat. Le terme faisceau fait référence aux ligues de gauche, l'évocation de la Rome des Césars ne viendra que plus tard, lorsque Mussolini transformera le mouvement en parti-milice lors du 3eme congrès fasciste de Rome (7-10 novembre 1921).
 Ainsi, les squadre d'azione dont certains Ras contestaient à Mussolini la légitimité de chef du mouvement  sont encadrées et mises au pas  dans le nouveau Parti National Fasciste (PNF)
Après la marche sur Rome (28 octobre 1922) à laquelle les Chemises Noires prennent une  part prépondérante,  la MVSN (Milizia Volontaria Sicurezza Nazionale) est créée le 14 janvier 1923 (décret royal n°31)  avec entrée en vigueur le1° février 1923 . La milice a initialement des compétences de maintien de l'ordre, elle est composée de volontaires inscrits au PNF, dégagés des obligations militaires qui doivent prêter sermon au roi, le recrutement est régional, ainsi chaque bataillon a le nom du lieu de casernement et la zone correspond à une région, ainsi la 1ere zone CCNN est le Piémont, la 2eme la Lombardie... La structure de la milice évoque le passé prestigieux de la Rome impériale : 3 manipules (sections) forment une centurie (compagnie), 3 centuries une cohorte (bataillon), 3 cohortes une légion et 3 légions une zone (division).

---

[url=#_ftnref1][1][/url]Arditi : soldats des troupes de choc à l'instar des Stosstruppen allemandes ou autrichiennes. Le chef d'une de ces unités fut le major Messe (IX Reparto Arditi), futur commandant  du CSIR
[url=#_ftnref2][2][/url]Giolitti Giovanni (1842-1928) : homme d'état italien, libéral, 5 fois chef du gouvernement
[url=#_ftnref3][3][/url]Filippo Tommasi Marinetti (1876-1944) : fondateur du mouvement futuriste, rédacteur du Manifeste du Futurisme faisant l'apologie de la guerre « seule hygiène su monde », de la vitesse  et de la modernité.
[url=#_ftnref4][4][/url]Ras : chef de guerre abyssin

Je te l’ai envoyé avec de belles illustrations.

Merci Alexderome …. Très intéressant

Merci beaucoup Alex,oui vraiment intéressant 

Bravo pour cet essai historique. Je n'avais pas trop de détails sur ces faits, mais j'étais au courant pour Galeazzo Ciano, le gendre de Mussolini, exécuté sur ordre du Parti faciste.
Marin

Marin a écrit:

Bravo pour cet essai historique. Je n'avais pas trop de détails sur ces faits, mais j'étais au courant pour Galeazzo Ciano, le gendre de Mussolini, exécuté sur ordre du Parti faciste.
Marin

Une présentation de Ciano tirée de min livre Complot à l’italienne.

Depuis le remaniement de février 1943, les rapports de Ciano avec Mussolini se limitent aux strictes relations familiales. Isolé, le comte sait qu’il est haï par le peuple, détesté par les fascistes les plus intransigeants et suspect aux yeux des modérés. Sa belle-mère, Rachele, le déteste cordialement et ce, depuis le début de son mariage avec sa fille, en avril 1930. La femme du Duce, d’origine paysanne, juge Ciano trop mondain, trop conservateur, trop éloigné de ce que doivent être, selon elle, les fascistes authentiques, c'est-à-dire des révolutionnaires. Sa fortune, Galeazzo la doit à son père, Costante Ciano, officier de marine de la Grande Guerre, fasciste de la première heure et modèle du prévaricateur. À la tête du ministère des Communications puis comme président de la Chambre, Costante a usé de sa position pour conclure de juteux contrats.

IMAGE 7
Galeazzo Ciano.

Pour ne rien arranger, le couple Ciano fait l’objet de vilaines rumeurs sur sa vie dissolue. Edda est bien connue des tables de poker où elle dépense des fortunes. Lui, collectionne les conquêtes féminines, très vite délaissées. Son ami l’écrivain toscan Curzio Malaparte, évoque dans son livre Kaputt cette cour de maîtresses négligées appelées les « veuves de Ciano ». Vaniteux et capricieux, le gendre du Duce est un habitué des salons de l’aristocratie romaine, notamment celui de la princesse Isabelle Colonna où, adulé, il aime briller par son imitation caricaturale de Mussolini qu’il appelle « testone » (grosse caboche). On le retrouve également au golf-club de l’Acquasanta. Au bord de la piscine, un verre de martini ou de champagne à la main, dans la salle de restaurant ou autour de quelque table de poker. Une dolce vita, sans tickets de rationnement, à mille lieux des souffrances de la guerre et des privations imposées à la population.