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Sujet: Le massacre d'Oran du 5 juillet 1962 . Dim Juil 05 2020, 17:48
Le massacre d'Oran du 5 juillet 1962
Le dernier épisode de la guerre d'Algérie a lieu à Oran le 5 juillet 1962, le jour même de la proclamation officielle de l'indépendance algérienne et deux jours après son indépendance effective.
Cette grande ville de la côte occidentale (400.000 habitants) était la seule à majorité européenne pendant la période coloniale.
De nombreux pieds-noirs y étaient encore présents au lendemain de l'indépendance.
D'autres, fuyant le bled (la campagne), s'y étaient installés dans l'attente d'un hypothétique exode.
La ville d'Oran bouclée par l'armée
Une ville sous tension
Du 1er juillet, date du vote de l’indépendance, jusqu’au 4, il n’y a en ville que quelques défilés de voitures surchargées de musulmans, hommes et femmes hurlant des slogans et des you-you, plutôt bon enfant…
Le 5 juillet 1962, la radio donne l'ordre aux habitants d’ouvrir les magasins, les bureaux et de reprendre le travail.
Mais dès le matin, une foule déferle des quartiers arabes vers les quartiers européens, de la place Kargentah vers la Place d’Armes, « pour un défilé pacifique ».
La plupart des manifestants n'en sont pas moins armés.
À 11 heures, un coup de feu retentit sur la place d’Armes, un signal sans doute.
Des cris jaillissent :
« L’OAS, c’est l’OAS qui nous tire dessus ! »
Assertion invraisemblable car nul n'aurait été assez fou pour provoquer ainsi une foule déjà surexcitée.
C'est le début d'un carnage :
Une chasse à l’Européen commence, sauvage, systématique, dans toute la ville.
On égorge, on tue au revolver ou à la mitraillette, on prend des rues en enfilade, tuant tout ce qui bouge, on pénètre dans les restaurants, les magasins, les appartements, assassinant les pauvres gens avec des raffinements de cruauté, arrachant des yeux, coupant des membres.
Les auxiliaires de l'armée algérienne, les ATO, emmènent les Européens prisonniers par longs cortèges vers le commissariat central où ils sont battus et tués, ou vers le Petit Lac, ou vers la Ville Nouvelle.
Pourtant, dans cette folie sanguinaire, des musulmans sauvent des Européens, d’autres font délivrer des prisonniers.
Le général Joseph Katz, qui commande les 18.000 soldats français encore à Oran, survole la ville à plusieurs reprises.
Il téléphone au président Charles de Gaulle pour l’informer de l’ampleur du massacre et demander l'autorisation d'intervenir. «
Surtout, ne bougez pas ! » lui est-il répondu.
Par les accords d'Evian, en effet, le gouvernement français a accepté - contre l'avis des militaires - que le maintien de l'ordre relèverait exclusivement des autorités algériennes à compter du jour de l'indépendance.
Les soldats restent donc dans les casernes.
Le général Katz, le boucher d'Oran
La tuerie dure près de six heures.
Lorsque, à 17 heures, les gendarmes français sortent enfin dans la rue, le calme revient aussitôt.
Les cadavres jonchent la ville, on en trouve pendus aux crocs des bouchers, dans des poubelles…
Dans la chaleur de juillet, la puanteur est horrible.
Soldats français et algériens déversent par camions les cadavres dans le Petit Lac et les couvrent de chaux vive. Nul ne sait le bilan exact du massacre.
On parle dans les semaines qui suivent de plusieurs centaines de morts.
Les représentants des pieds-noirs évoquent le chiffre de 2.000 non compris quelques centaines de disparus…
Des disparus qui seront signalés plus tard dans les mines de l’Algérie, dans des prisons, des maisons closes et des bars à soldats...
Le drame d'Oran va accélérer l'exode des pieds-noirs vers la métropole et mettre fin à l'espoir d'une cohabitation entre anciens colons et musulmans dans l'Algérie indépendante.
Le massacre d’Oran a été occulté par l’Histoire *
De tous les événements liés à la guerre d’Algérie, aucun n’a subi une occultation aussi complète que le massacre subi à Oran, le 5 juillet 1962, soit quelques mois après les accords d’Évian, par une partie de la population européenne de la ville.
C’est pourtant celui dont le bilan est, de très loin, le plus lourd : en quelques heures, près de 700 personnes ont été tuées ou ont disparu sans laisser de traces.
Survenu quelques jours après la ratification des accords d’Évian par le référendum algérien du 1er juillet 1962, et après la reconnaissance de l’indépendance de l’Algérie par le général de Gaulle le 3 juillet, le massacre d’Oran ne pouvait pas passer totalement inaperçu ; mais il fut très largement sous-estimé parce qu’à ce moment, après plus de trois mois d’escalade de la violence du fait de l’OAS, la très grande majorité des Français voulait croire, comme le gouvernement, que l’heure de la paix en Algérie était enfin arrivée.
Dans l’après-midi du 5 juillet, le député Pierre de Bénouville avait pourtant signalé, en pleine Assemblée nationale, que « le sang coul[ait] à Oran » ; mais quelques jours plus tard on pouvait lire dans Libération-Champagne :
« Les horreurs du Congo nous ont été épargnées. Il n’y eut qu’une fusillade à Oran. On s’attendait à pire. »
On sait maintenant que le ministre des Affaires algériennes Louis Joxe déclara au Conseil des ministres du 11 juillet :
« À Oran, une grande inquiétude règne. Il faut tenter de rassurer les Français et ralentir l’exode. Il y a des disparus. »
Et que le président de la République lui-même, sans jamais parler publiquement du cas d’Oran, déclara au Conseil du 18 juillet :
« À part quelques enlèvements, les choses se passent à peu près convenablement. »
Pourtant, le grand hebdomadaire illustré Paris Match avait publié le 14 juillet le témoignage alarmant de ses reporters Serge Lentz et Jean-Pierre Biot, qui avaient failli partager le sort tragique des disparus d’Oran, mais seulement en pages intérieures, pour réserver sa « une » à la Lolita de Stanley Kubrick…
Dans les jours qui suivirent, la multiplication des enlèvements de Français d’Algérie et de « harkis » devint une évidence impossible à nier ; mais le tragique événement d’Oran se perdit dans la masse des mauvaises nouvelles d’Algérie.
Occultation
Ainsi s’explique le fait, après coup étonnant, que quelques livres consacrés à l’Algérie française ou à la guerre d’Algérie, ayant choisi de la terminer avec le dernier jour de la souveraineté française, ont de ce fait oublié de parler du 5 juillet.
Par exemple l’excellente Histoire de l’Algérie française, rédigée entre juin 1961 et le 8 septembre 1962 par l’historien Claude Martin, n’en dit pas un mot pour cette raison.
Beaucoup plus étonnant est le cas du journaliste Yves Courrière. Publiant en 1971 le dernier des quatre volumes de sa Guerre d’Algérie, sous le titre Les Feux du désespoir, il terminait son récit en évoquant l’annonce des résultats du référendum du 1er juillet ratifiant l’indépendance de l’Algérie, écoutée sur un navire chargé de « rapatriés » quittant le port d’Alger.
Un an plus tard, il termina de même son film de montage intitulé La Guerre d’Algérie en images en donnant les résultats du référendum d’autodétermination, pour conclure :
« Les électeurs d’Algérie se prononcent pour l’indépendance dans la coopération avec la France. Sept ans et huit mois d’une guerre qui n’a jamais dit son nom. »
Et pourtant, quelques minutes plus tôt, le film avait montré d’une manière confuse des images non identifiées, ni datées ni localisées, des derniers combats contre l’OAS à Alger et à Oran, en les commentant ainsi :
« Tandis qu’à Alger l’Organisation secrète et le FLN entreprennent de difficiles négociations pour permettre aux Pieds-Noirs de rester en Algérie, Oran voit se multiplier les combats entre l’OAS, la force locale musulmane et les forces de l’ordre. »
Enfin, un autre ouvrage important publié en 1972 par l’ancien militaire Philippe Tripier, Autopsie de la guerre d’Algérie, qu’on ne peut soupçonner de vouloir cacher ou minimiser cet événement tragique, dépasse la date du 19 mars 1962 dans son épilogue qui mentionne des milliers de personnes disparues, mais néglige lui aussi de citer le massacre du 5 juillet à Oran.
* Extrait de "Oran, 5 juillet 1962 - Leçon d'histoire sur un massacre", de Guy Pervillé, publié aux éditions Vendémiaire, 2014.
Ce livre a été sélectionné dans Lectures pour tous: http://www.judaicalgeria.com/pages/oran-5-juillet-1962-lecon-d-histoir-sur-un-massacre.html Lire la tribune de Léon Mazella parue dans "Le Monde " du 5 juillet 2012 :
5 juillet 1962 à Oran, un massacre oublié https://www.lemonde.fr/idees/article/2012/07/05/5-juillet-1962-souvenir-du-massacre-d-oran_1729190_3232.html
Se référer également à l'ouvrage de Guillaume Zeller :
"Oran, 5 juillet 1962 - Un massacre oublié" séléctionné dans Lectures pour tous dans la page :https://www.judaicalgeria.com/pages/oran-5-juillet-1962-un-massacre-oublie.html
Lire le dossier de Jean Claude Rosso "Oran 5 juillet 1962" avec l'article de José Castano "Le massacre des innocents " Oran 5 juillet 1962Oran 5 juillet 1962
Lettre ouverte du comité Véritas :
Témoignages oculaires et témoignage du lieutenant Rabah Khélif , seul officier français ayant refusé d’obéir aux ordres du général Katz de ne pas intervenir et qui a sauvé beaucoup de vies :
Lettre ouverte
« Le 5 juillet 1962, des renseignements alarmants me parviennent de la ville d'ORAN, me disant qu'on est en train de ramasser les Pieds-Noirs, les musulmans francophiles et c'est effectif. On les embarquait dans des camions, on les emmenait vers ce que l'on appelait " le petit lac ", qui se trouvait entre ORAN et l'aéroport et là, on les fusillait comme faisaient les SS, puis on les jetait dans le petit lac. (Il paraît que maintenant on a cimenté le petit lac).
Je demande donc des ordres à mon chef de bataillon, le général KATZ qui commandait à ce moment-là en Oranie, et qui avait donné des ordres pour que les troupes françaises, quoi qu'il arrive, ne sortent pas des cantonnements. C'était un ordre écrit (que nous avions d'ailleurs, tous émargé) ; l'adjoint au commandant me dit : "Mon garçon tu connais les ordres, le général KATZ a dit de ne pas bouger ".
J'étais le seul officier musulman commandant de compagnie à l'intérieur du bataillon. Je téléphone à mes camarades commandants de compagnies, tous européens, je leur explique ce que j'ai appris, ils me disent avoir les mêmes renseignements, mais qu'ils ne peuvent pas bouger vu les ordres. " Mais enfin, ce n'est pas possible leur ai-je dit, on ne va pas laisser les gens se faire trucider comme ça sans lever le petit doigt. Moi, je ne peux pas, ma conscience me l'interdit ".
Je téléphone à l'échelon supérieur, au colonel commandant le secteur. Je tombe sur son adjoint et lui explique mon cas, il me répond : " Ecoutez mon garçon, nous avons les mêmes renseignements que vous, c'est affreux, faites selon votre conscience, quant à moi je ne vous ai rien dit ". En clair, je n'étais pas couvert.
J'embarque l'équivalent de quelques sections dans les camions dont je pouvais disposer et je fonce, sans ordres, sur ORAN. J'arrive à la Préfecture : il y avait là une section de l'A.L.N. (Armée de Libération Nationale), des camions de l'A.L.N. et des colonnes de femmes, d'enfants et de vieillards dont je ne voyais pas le bout. Plusieurs centaines en colonnes par 3 ou 4 qui attendaient là, avant de se faire zigouiller.
J'avise une espèce de planton devant la préfecture et lui demande ou se trouve le préfet, il me dit : "Mon lieutenant regardez, c'est ce Monsieur qui monte ". En 4 ou 5 enjambées, je rattrape ce gros Monsieur avec une chéchia rouge. Je crois lui avoir dit : " Monsieur le Préfet je vous donne cinq minutes pour libérer tous ces gens-là, sinon on fera tout sauter ". Il ne m'a pas répondu, il a descendu l'escalier, s'est dirigé vers le responsable de la section A.L.N.. Ils ont discuté quelques minutes et la section A.L.N. est partie.
Le Préfet est venu et m'a dit : " C'est fait mon lieutenant ", et a dit aux gens : " Mesdames, Messieurs vous êtes libres, vous pouvez rentrer chez vous ".
Je reverrai toujours cette scène hallucinante de femmes d'enfants et de vieillards qui pleuraient, poussaient des cris hystériques, courant, tombant les uns sur les autres… Quelqu'un est venu me trouver et m'a signalé qu'il y avait des gens blessés. Je les ai fait mettre à l'abri pour les faire soigner.
Puis j'ai installé des patrouilles sur les axes routiers qui menaient au port ou à l'aéroport, car j'ai appris qu'on arrêtait les gens qui fuyaient, qu'ils soient musulmans ou européens d'ailleurs. C'était la population ou des gens armés ne faisant même pas partie de l'A.L.N., qui les arrêtaient, les volaient, les tuaient.
J'ai donc mis des contrôles pour éviter cela et je les arrachais littéralement aux mains de la population. Au risque de ma vie, souvent, je les escortais jusqu'au port, parfois seul dans ma Jeep, ou avec simplement mon chauffeur et mon garde du corps. J'ai fait cela en ayant le sentiment de ne faire que mon devoir. "
En transgressant les ordres et en déployant ses hommes sur plusieurs kilomètres le lieutenant KHELIF a sauvé de très nombreuses vies françaises, pour cela il a été SANCTIONNE !
Le général KATZ, qui l'a convoqué, a osé lui dire :
"Si vous n'étiez pas un Arabe, je vous casserais !"
Le lieutenant KHELIF a, d’ailleurs, été immédiatement muté et rapatrié en France. *****
"Combien de temps va t-il encore falloir attendre pour que ce jour affreux trouve enfin la page toujours blanche qui l’attend dans les livres d’histoire ?
Combien de temps va t-il encore falloir attendre pour que soient sondés les charniers du Petit Lac ?
Combien de temps va t-il encore falloir attendre pour que s’ouvrent toutes les archives, et que la France ait la grandeur de reconnaître sa complicité dans ce crime d’abandon de son propre peuple ?
Et, comme pour ceux d’Oradour-sur-Glane, recevoir en son sein la mémoire de ces Disparus qui n’avaient cessé de croire en elle.
Oui, combien de temps encore ?"
Témoignages :
"Mon mari a disparu le 5 juillet 1962" :
Huguette Husté n'a jamais revu son mari, disparu le 5 juillet 1962.
L'enlèvement et le massacre de centaines de Français, après le 19 mars 1962, reste un sujet tabou.http://www.ladepeche.fr/article/2012/03/15/1306841-mon-mari-a-disparu-le-5-juillet-1962.html
"Oran, 5 juillet 1962, c'était la débandade "
Claire Benkimoun :
Oran,5 juillet 1962 c’était la débandade http://www.lemonde.fr/afrique/article/2012/07/05/oran-5-juillet-1962-temoignage-de-claire-benkimoun_1729851_3212.html *****
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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Sujet: Re: Le massacre d'Oran du 5 juillet 1962 . Dim Juil 05 2020, 18:41
je ne sais pas quoi répondre .Chut ,faut pas faire de vagues ,c'est pas du racisme dans ce sens la .
Commandoair40 aime ce message
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Sujet: Re: Le massacre d'Oran du 5 juillet 1962 . Dim Juil 05 2020, 19:44
Eh oui , mon Joël , j'avais 16 ans .
J'étais en Tunisie , mais cette période , restera gravée a jamais dans mon cerveau .
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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Sujet: Re: Le massacre d'Oran du 5 juillet 1962 . Dim Juil 05 2020, 20:19
Et voici , je pense , le dernier rapport véridique sur ce "Crime contre l'Humanité"
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».